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Monts Crary

Les monts Crary sont un groupe de volcans recouverts de glace dans la terre Marie Byrd, en Antarctique. Ils se composent de deux ou trois volcans boucliers — le mont Rees, le mont Steere et le mont Frakes — qui sont apparus au cours du Miocène et du Pliocène et dont les dernières Ă©ruptions datent d'environ 30 000 Ă  40 000 ans. Les deux premiers volcans sont tous les deux fortement incisĂ©s par des cirques, tandis que le mont Frakes, mieux conservĂ©, prĂ©sente une caldeira de 4 kilomètres de large Ă  son sommet. La crĂŞte de Boyd, situĂ©e au sud-est du mont Frakes, appartient aussi Ă  la chaĂ®ne de montagnes ; il pourrait s'agir de la partie Ă©mergente d'une plate-forme sous-jacente aux monts Crary.

Monts Crary
Carte topographique des monts Crary (Ă©chelle 1:250 000) de l'USGS.
Carte topographique des monts Crary (Ă©chelle 1:250 000) de l'USGS.
GĂ©ographie
Altitude 3 654 m, Mont Frakes
Administration
Pays Drapeau de l'Antarctique Antarctique
Revendication territoriale Aucune (Terre Marie Byrd)
GĂ©ologie
Âge Miocène
Roches Basalte, trachyte, phonolite

Les volcans sont principalement formés de basalte, de trachyte et de phonolite sous forme de coulées de lave, de scories et de formations hydrovolcaniques. L'activité volcanique ici est liée au système de rift antarctique occidental, responsable de l'apparition d'un certain nombre de volcans dans la région. La chaîne a été marquée par la glaciation et les interactions glacio-volcaniques.

Géographie et géomorphologie

La chaĂ®ne de montagnes se situe dans l'est de terre Marie Byrd, en Antarctique[1], Ă  environ 250 kilomètres de la cĂ´te de Bakutis[2] - [3]. Elle a Ă©tĂ© explorĂ©e pour la première fois en 1959–1960 et plusieurs affleurements accessibles ont permis de faire de l'Ă©chantillonnage. Son nom fait rĂ©fĂ©rence Ă  Albert P. Crary, qui Ă©tait alors scientifique en chef adjoint du programme antarctique amĂ©ricain IGY[4].

Les monts Crary sont une chaĂ®ne de trois volcans boucliers[5] - [3] de 50 kilomètres de long qui s'Ă©tend dans la direction nord-ouest-sud-est[1] - [6]. Le volume des volcans dĂ©passe les 400 km3 et les Ă©difices sont constituĂ©s de laves, de dĂ©pĂ´ts hydrovolcaniques comme l'hyaloclastite, de fragments de laves en coussin et de tufs, et de scories[7]. Contrairement Ă  de nombreuses autres montagnes de la terre Marie Byrd, qui, en raison d'un manque d'Ă©rosion, n'affichent que leurs parties les plus hautes et les plus jeunes, dans les monts Crary, la structure interne des volcans est bien exposĂ©e[8] en raison de l'Ă©rosion glaciaire[5]. Les monts Crary, plus Ă©levĂ©s du cĂ´tĂ© sud-ouest, forment une ligne de partage des eaux pour l'inlandsis Ouest-Antarctique[9] qu'ils endiguent[5]. Des raies de dĂ©bris ont Ă©tĂ© observĂ©es sur la glace près du pied de la chaĂ®ne[10].

Le volcan le plus au nord-est, le mont Rees, culmine Ă  2 709 m au pic Tasch. Des roches volcaniques affleurent Ă  Trabucco Cliff sur son flanc nord-est[6]. Il n'y a pas de caldeira[11]. L'Ă©rosion glaciaire a creusĂ© des cirques profonds dans le flanc oriental du mont Rees, et les affleurements volcaniques indiquent que les roches volcaniques alternent entre des formations sous-glaciaires et des formations subaĂ©riennes. Les affleurements sont constituĂ©s de brèches et de laves, qui dans un cas sont traversĂ©es par un dyke[2].

Au milieu de la chaĂ®ne se trouve le mont Steere avec une altitude de 3 558 m et une caldeira sommitale rectangulaire. Lie Cliff est un affleurement volcanique sur le flanc nord-est[6]. La montagne est fortement Ă©rodĂ©e[12], porte la preuve d'anciennes glaciations sous forme de moraines[13] et les cirques ont Ă©tĂ© creusĂ©s par Ă©rosion dans ses flancs nord et nord-est. Les roches volcaniques d'origines sous-glaciaire et sous-aĂ©riennes s'alternent, comme pour le mont Rees. Les affleurements prĂ©sentent des brèches et de la lave avec de nombreuses digues intrusives[2].

Au sud du mont Steere, se dresse le mont Frakes, Ă  3 654 m d'altitude, le plus haut sommet de la chaĂ®ne[6] et le moins Ă©rodĂ©[12]. Il possède une large caldeira sommitale circulaire de 4 kilomètres de diamètre et contrairement au mont Rees et au mont Steere, on y trouve aucune trace d'Éruption sous-glaciaire, probablement en raison du manque d'Ă©rosion qui aurait pu les exposer[14]. Les roches volcaniques affleurent Ă  la fois sur les flancs sud et ouest, respectivement Ă  Morrison Rocks et English Rock[6]. Ces affleurements sont des cĂ´nes de scories qui se sont formĂ©s sur les pentes du volcan[15]. Les rochers volcaniques et non volcaniques sur les pentes du mont Frakes peuvent ĂŞtre des xĂ©nolithes ou des blocs erratiques glaciaires[16].

La crĂŞte de Boyd est plus petite que les trois autres volcans[5] et situĂ©e au sud-est du mont Frakes, atteint une altitude de 2 375 mètres[6]. Runyon Rock affleure Ă  l'est[17] et demeure la seule zone de cette montagne non couverte de glace. Des cendres et une falaise d'hyaloclastite s'y trouvent[12].

Les volcans s'Ă©lèvent d'une plate-forme formĂ©e par des coulĂ©es de lave et des roches pyroclastiques[3]. Cette plate-forme se situe Ă  environ 2 700 Ă  2 800 m de haut et la crĂŞte de Boyd semble en ĂŞtre une extension vers le sud-est. Il semble que la plate-forme — qui n'affleure que sur le versant oriental des monts Crary — ait Ă©tĂ© inclinĂ©e vers l'ouest par des failles[18]. L'imagerie sismique et le sondage magnĂ©tique ont rĂ©vĂ©lĂ© la base des monts Crary dans la calotte glaciaire de l'Antarctique occidental, constatant que le terrain sous-jacent est escarpĂ© et flanquĂ© de creux Ă©troits[19]. Les montagnes sont associĂ©es Ă  une forte anomalie magnĂ©tique qui peut reflĂ©ter des roches sous-glaciaires contenant de la magnĂ©tite[20].

GĂ©ologie

Le volcanisme cénozoïque de la terre Marie Byrd accompagne le rift antarctique occidental et découle de l'activité d'un panache du manteau. Celui-ci est soit sous-jacent à la terre Marie Byrd et ses volcans, soit a émergé à la surface avant que l'Antarctique ne se sépare de la Nouvelle-Zélande au cours du Crétacé moyen et du volcanisme induit à travers les régions frontalières continentales du Pacifique Sud-Ouest. Dans cette dernière théorie, le volcanisme de la terre Marie Byrd est causé par une tête de panache restante sous le continent[1]. Le socle affleure le long de la côte et est constitué de granitoïdes et de sédiments métamorphiques laissés par un arc volcanique dévonien-crétacé[6].

Ce volcanisme se manifeste par 18 grands volcans et de nombreux autres petits, qui se trouvent en groupes, en rangĂ©es ou en systèmes diffus sur la terre Marie Byrd. Les plus grands centres ont produit de la phonolite, de la rhyolite, du trachyte et des roches de compositions intermĂ©diaires, et atteignent des altitudes de plus de 3 000 m[21]. Les centres les plus petits se trouvent au pied des plus grands, comme des cĂ´nes adventifs (ou Ă©vents parasites) sur leurs pentes ou le long de la cĂ´te. Ces Ă©vents ont produit du basalte alcalin, de la basanite et de l'hawaiite[6].

Composition

Le basalte est présent sur les quatre volcans. La distribution des autres minéraux est variable.

mont Rees mont Steere mont Frakes
phonolite
rhyolite
trachyte

Les phénocristaux comprennent le clinopyroxène, la magnétite, l'olivine et le plagioclase[12]. Le magma déversé dans les monts Crary est né dans le manteau et a subi une cristallisation fractionnée après sa formation[22].

Histoire géologique

Les monts Crary Ă©taient actifs, entre 9,3 et 0,04 millions d'annĂ©es (40 000 ans) avant le prĂ©sent[1], pendant le Miocène et le Pliocène[23]. Les dates les plus rĂ©centes ont Ă©tĂ© obtenues par datation argon-argon sur le mont Frakes et rĂ©vèlent une Ă©ruption il y a 35 000 Â± 10 000 Ă  32 000 Â± 10 000 ans[24]. Ces mesures concernent le site d'English Rock, oĂą les Ă©poques de 826 000 Â± 79 000 Ă  851 000 Â± 36 000 ans[25] et de 1,62 Â± 0,02 millions d'annĂ©es ont aussi Ă©tĂ© relevĂ©es[26]. Les gisements de tephra dans les carottes de glace rĂ©cupĂ©rĂ©es Ă  la station Byrd peuvent provenir des volcans de la terre Marie Byrd tels que ceux des monts Crary[27].

L'âge maximum de chaque volcan diminue vers le sud-est, passant de 9,34 Â± 0,24 millions d'annĂ©es au mont Rees Ă  2,67 Â± 0,39 millions d'annĂ©es Ă  la crĂŞte de Boyd. Un schĂ©ma de migration du volcanisme le long de la chaĂ®ne a Ă©tĂ© observĂ© avec d'autres chaĂ®nes de montagnes telles que la chaĂ®ne du ComitĂ© ExĂ©cutif, oĂą il opère Ă  un rythme de mm/an comme aux monts Crary. Il est dirigĂ© Ă  l'opposĂ© du centre de la province volcanique de terre Marie Byrd et peut reflĂ©ter la propagation d'une fracture dans la croĂ»te terrestre[12].

L'Antarctique occidental a Ă©tĂ© soumis Ă  la glaciation depuis l'Oligocène, oĂą une calotte glaciaire ou un dĂ©pĂ´t de neige peut-ĂŞtre local existait au mont Petras. Les volcans qui entrent en Ă©ruption Ă  travers la glace laissent des structures gĂ©ologiques spĂ©cifiques qui peuvent ĂŞtre utilisĂ©es pour reconstituer le moment et l'Ă©tendue des glaciations passĂ©es[28]. L'Ă©tude gĂ©ologique des monts Crary implique qu'un revĂŞtement glaciaire de l'Antarctique Ouest substantiel a existĂ© pendant le Miocène et que les fluctuations de sa taille peuvent avoir stressĂ© la croĂ»te et ont modulĂ© l'activitĂ© de volcans dans sa rĂ©gion[29]. Avant la formation de la chaĂ®ne, les monts Crary auraient pu ĂŞtre des Ă®les[30]. La glace y est apparue soit sous la forme de glace de pente lorsque les volcans sont sortis[31], soit sous la forme d'une Ă©paisse calotte glaciaire continentale[32]. Les glaciers Ă©taient Ă  base froide et ne produisaient donc pas de tillites ou de surfaces glaciaires[33], et Ă©taient probablement minces[26]. L'Ă©rosion glaciaire a eu lieu principalement entre 8,55 et 4,17 millions d'annĂ©es ; elle a formĂ© les cirques du mont Rees et du mont Steere[16] et a transportĂ© des blocs erratiques glaciaires dans les montagnes[34].

Références

Sources

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