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Mokélé-mbembé

Le Mokélé-mbembé (nom donné par les Pygmées de la région des marais du Likouala et qui signifie « celui qui peut arrêter le flot de la rivière ») désigne un animal légendaire supposé vivre, ou avoir vécu, dans les affluents du fleuve Congo qui sert de frontière naturelle entre la République démocratique du Congo et la République du Congo.

Mokélé-mbembé
Description de l'image Mokele-mbembe ill artlibre jnl.png.
Créature
Autres noms Mbokäle-muembe, Diba, Songo, Badigui, Ngakoula-ngou, Guanérou, Nyamala, Amali
Groupe Cryptide
Caractéristiques Taille semblable à l'éléphant, longue queue, long cou, peau grise et lisse, longue corne ou dent parfois mentionnée.
Habitat Fleuves et marais.
Proches Chipekwé, Isiququmadevu, sauropodes
Origines
Région Gabon, Cameroun, Centrafrique, Congo Brazzaville.
Première mention 1913

Par sa taille et sa morphologie, il pourrait faire penser à un dinosaure sauropodomorphe mais il est parfois décrit comme un mammifère aquatique. Cette créature est un cryptide et relève du domaine de la cryptozoologie[1], du fait de l'absence de preuve matérielle de son existence.

Description

La créature est souvent dépeinte comme étant d'une taille supérieure ou égale à celle de l'éléphant, de couleur brun-gris, avec une peau lisse, un cou élancé et terminé par une petite tête reptilienne, et un puissant appendice caudal. Selon certaines des observations reportées, il aurait parfois sur le cou une rangée de crêtes ou de piquants, parfois une petite corne sur le museau, ce qui peut laisser penser à un dimorphisme sexuel. Généralement, les autochtones désignent des images de dinosaures sauropodes dans les livres d'Histoire naturelle comme étant des représentations du Mokélé-mbembé.

Sauropode (illustration). Le Mokélé-mbembé est-il un Dinosaure ?

Le Mokélé-mbembé se déplacerait selon le niveau des cours d'eau, plus ou moins hauts selon la saison (saison humides et saison sèche. Plusieurs récits racontent comment des pirogues ont été renversées d'un simple coup de queue ou de patte de la créature, qui serait extrêmement agressive et territoriale (mais non carnivore), s'acharnerait sur les hommes tombés à l'eau, et tuerait hippopotames et lamantins sans jamais les dévorer, ni laisser aucune blessure apparente. Il est à remarquer que la population d'hippopotames des marais du Likouala est très faible par rapport à celle d'autres régions.

D'après les Pygmées de la région des marais du Likouala, cet imposant animal (qu'ils différencient parfaitement de l'éléphant) se nourrit principalement des fruits d'une plante locale, le Malombo (ou Saba senegalensis), riche en vitamine C, en thiamine, en riboflavine, en niacine, et en vitamine B6.

La créature est appelée Nyamala et Amali au Gabon, Mbokiile-muembe ou Wokélé-mbêmbe au Cameroun et au Congo Brazzaville, Diba, Songo, Badigui ou Ngakoula-ngou en Centrafrique[2].

Témoignages et expéditions

Premières mentions

La présence du « Mokélé-mbembé » est rapportée dans la rivière Ngoko, aux confins du Congo, du Cameroun et de la Centrafrique, à partir du vingtième siècle, lors d'explorations menées par les occidentaux[2].

Le Dja, aussi appelé rivière Ngoko, long d'environ 720 km.

Il existe cependant une mention antérieure rapportée en 1776[3] par l'abbé Lievin Bonaventure Proyart dans son ouvrage Histoire de Loango, Kakonga et autres royaumes d'Afrique, qui relate l'étrange découverte d'un groupe de missionnaires au Congo :

« Il doit être monstrueux. Les empreintes de ses griffes que l'on a vues par terre ont laissé des traces d'une circonférence d'environ trois pieds. En observant chacune des empreintes et leur disposition, ils ont conclu qu'il n'avait pas couru dans cette partie du chemin, malgré la distance de sept ou huit pieds qui séparait chacune des empreintes »[4].
Carte du bassin du Congo.

Des témoignages sur de grands animaux amphibies sont rapportés au fur et à mesure de l'exploration et de la colonisation du continent africain, d'abord au Tchad, en Tanzanie et surtout en Zambie, mais ceux-ci semblent souvent se rapporter davantage à des poissons ou à des lamantins qu'à des reptiles. Néanmoins, marqués par la récente découverte des dinosaures (des fossiles de Brachiosaures sont notamment exhumés en Tanzanie en 1907), beaucoup d'explorateurs, armés de leurs préjugés racistes selon lesquels l'Afrique serait une terre mystérieuse et restée "figée dans le passé", pensent que des dinosaures pourraient survivre sur place. Le climat marécageux et luxuriant du bassin du Congo paraît de surcroît identique au climat du Mésozoïque tel que les scientifiques l'imaginaient alors. Enfin, les causes de l'extinction des dinosaures et les violentes mutations climatiques subies par l'Afrique ces derniers millions d'années étant inconnues à l'époque, certains pensaient alors que les dinosaures n'auraient pas disparu subitement à la fin de l'ère secondaire, mais qu'ils se seraient éteints progressivement. Quelques uns, des "fossiles vivants", pourraient ainsi avoir survécu jusqu'à nos jours dans des régions inexplorées à l'instar du sphenodon ou des tortues géantes des Galapagos. Le marchand d'animaux et directeur du zoo de Hambourg, Carl Hagenbeck contribue à répandre ces théories dans son livre Von Tieren und Menschen, paru en 1909[2] - [5].

Peinture de Charles Knight représentant des Brontosaures (1897). Cette vision erronée des sauropodes comme des animaux aquatiques se rapproche cependant du Mokélé-mbembé selon les témoignages.

En 1913, le capitaine Freiherr von Stein zu Lausnitz participe à une expédition dans le Cameroun allemand de l'époque (aujourd'hui nord du Congo-Brazzaville). Il entend parler d'une étrange créature appelée Mokélé-mbembé par les indigènes : « L'animal aurait la peau lisse et de couleur gris-brun. Sa taille serait à peu près celle de l'éléphant, celle au moins de l'hippopotame en tout cas (...) Les pirogues qui s'approchent de la bête seraient attaquées sur-le-champ et renversées, et les occupants en seraient tués, mais non dévorés. La créature doit se retirer de préférence au sein des cavernes creusées sous la surface de l'eau, dans les berges argileuses (...) La plante favorite de la bête serait une sorte de liane riveraine à grandes fleurs blanches, qui sécrète un latex capable de fournir du caoutchouc et donne des fruits ressemblant à des pommes (...) » [6].

La presse à sensation à tôt fait de reprendre les récits, rapidement exagérés et suivis par des canulars montés de toutes pièces (notamment en 1919), contribuant ainsi à créer un certain engouement pour la créature mais décrédibilisant également de potentielles recherches auprès des milieux scientifiques. Une situation confuse a tôt fait d'émerger, beaucoup de créatures signalées à travers l'Afrique étants invariablement présentées comme des «Brontosaures», apparences et noms étant souvent mal retranscrits[2].

Depuis les années 1950

Bernard Heuvelmans, père fondateur de la cryptozoologie, pensait dès 1955 dans son livre Sur la piste des bêtes ignorées, que le Mokélé-mbembé pouvait être le « dernier dragon d'Afrique », et plus précisément un dinosaure du sous-ordre des Sauropodes. Dans un ouvrage ultérieur paru en 1978, il n'exclut cependant pas qu'il pourrait s'agir d'un mammifère ayant acquis par un phénomène de convergence évolutive une apparence semblable à celle d'un sauropode[2].

En 1979, l’herpétologiste James Powell et le biologiste Roy Mackal de l'Université de Chicago se rendent en RDC pour rechercher une créature inconnue dans la région de Likouala. Sur la rivière Oubangui, ils rencontrent le révérend Eugène Thomas, un missionnaire ayant entendu parler du Mokélé-mbembé : « Les témoins décrivent l'animal avec une tête de serpent, une longue queue fine, de courtes pattes munies de trois griffes (...) ». Mackal est retourné au Congo en 1980 puis en 1981, accompagné d'une plus grosse équipe. Il rapporte avoir vu un énorme sillage comme si un énorme animal venait de plonger, alerté par le bruit de la pirogue à moteur, près du lac Télé[7] - [8].

La même année, l'ingénieur Herman Regusters a mené sa propre expédition en compagnie de son épouse, pour atteindre le lac. Regusters a photographié une créature émergeant de l'eau à environ 30 pieds de leur radeau pneumatique[6].

Depuis, de nombreux témoignages ont circulé à propos de la créature, provenant de populations autochtones, d'explorateurs, de pasteurs et de scientifiques. Le français Michel Ballot entreprend régulièrement des expéditions dans le bassin du Congo pour percer à jour le mystère[9] - [10].

On peut cependant constater une diminution importante des témoignages, déjà peu abondants auparavant. depuis la fin des années 1980. L'animal se serait raréfié selon les autochtones, conséquence des activités humaines qui bouleversent l’écosystème de la forêt pluviale du Congo (braconnage et déforestation).

Une existence controversée

Schéma d'un squelette de Diplodocus, en comparaison avec la taille d'un humain actuel.

Jusqu'à ce jour, aucune expédition n'a pu observer le Mokélé-mbembé, ni trouver de preuve infaillible de son existence. Mais certaines traces de pas d'un animal inconnu ont été observées. Il existe aussi quelques photos ainsi que des images aériennes prises en 1988 par une expédition japonaise survolant le lac Télé. La vidéo a été dévoilée en 1992 dans un documentaire de la BBC, Spirits of The Forest [11].

Quelques cryptozoologues pensent que le Mokélé-mbembé pourrait être une espèce de dinosaure sauropode descendant directement des titanosaures du Crétacé supérieur. Cependant le Mokélé-mbembé est décrit comme un animal amphibie, ce qui ne correspond pas au mode de vie des sauropodes selon l'état actuel des connaissances scientifiques. D'autres pencheraient plutôt pour l'hypothèse d'un mammifère de grande taille, au mode de vie amphibie comme les Hippopotamidae[2].

Pour les zoologues et ethnologues, le Mokélé-mbembé est un élément de la mythologie pygmée, dont la légende est transmise oralement depuis des générations. Il pourrait aussi s'agir d'une incompréhension par les zoologues du vocabulaire pygmée, puisque certains d'entre eux auraient désigné un rhinocéros par le même nom. Pour d'autres, les apparitions de Mokélé-mbembé seraient tout simplement la vision d'un groupe de crocodiles mâles suivant une femelle dans un lac pendant la saison des amours.

On retrouve le même problème zoologique que pour le Monstre du Loch Ness ou tout autre « monstre » célèbre : pour qu'une espèce de cette taille survive à travers les âges par reproduction sexuée, il lui faudrait un grand nombre de représentants, de l'ordre d'un millier. Or aucun témoignage ne mentionne l’apparition de deux Mokélé-mbembé en même temps, et encore moins d’individus juvéniles (de même qu'aucun site de nidification n'a été découvert).

Expéditions récentes

Documentaires

Radio

Notes et références

  1. L'étude et la recherche d'animaux non encore officiellement répertoriés et dont l'existence controversée pourrait néanmoins être établie sur base de preuves testimoniales, circonstancielles, ou même autoscopiques.
  2. Bernard Heuvelmans, Les derniers dragons d'Afrique, Plon, , 507 p.
  3. Une époque où l'on avait cessé de croire aux dragons depuis longtemps, mais où l'on ne connaissait pas encore les dinosaures.
  4. Liévin-Bonaventure Proyart, Histoire de Loango, Kakongo, et autres royaumes d'Afrique : rédigée d'après les mémoires des préfets apostoliques de la Mission françoise., éditeurs C. P. Berton et N. Crapart à Paris et Bruyset-Ponthus à Lyon, 1776 pp. 38-39 Lire en ligne
  5. Éric Buffetaut, La Fin des dinosaures : comment les grandes extinctions ont façonné le monde vivant, Fayard,
  6. In Search Of the Congo Dinosaur by William J. Gibbons]
  7. (en) Roy Mackal, « The search for evidence of the Mokele mbembe in the people's republic of the Congo », Cryptozoology, vol. 1, 1982, p. 62-72 (lire en ligne)
  8. The hunt for Mokele-mbembe: Congo's Loch Ness Monster (BBC)
  9. Sur les traces du dragon africain, Le Point.fr
  10. A la recherche du Mokélé-Mbembé, une aventure de Michel Ballot, Un Monde d’Aventures
  11. Spirits of the Forest : Documentary series looking at the natural history of one of Africa's least-explored regions - BBC, 1992.
  12. Mokele-mbembe Expedition Update, Cryptomundo
  13. Mokélé-mbembé Expeditions
  14. Sur la piste du cousin bantou du monstre du loch Ness, Le Monde.fr
  15. [écouter à ±20 min Sur la piste des animaux inconnus, France Inter]
  16. , sur rtl.fr

Annexes

Bibliographie

  • Bernard Heuvelmans, Les derniers dragons d'Afrique, Plon, 1978
  • « La chasse au mokélé-mbembé du Congo... », Science et Vie no 768, septembre 1981
  • Éric Joly et Pierre Affre, Les monstres sont vivants, Grasset, 1995 (ISBN 2246495911).
  • Alfred Jean-Paul Ndanga, « Réflexion sur une légende de Bayanga : le mokèlé-mbèmbé », revue Zo no 3, 2000.
  • Michel Ballot, A la recherche du Mokélé-Mbembé, Éditions du Trésor, 2014 (ISBN 979-1091534116).
  • Pierre Achach, Il était une fois le Mokélé Mbembé,

Fictions

  • Redmond O'Hanlon, O'Hanlon au Congo, Flammarion, 1998 (ISBN 9782080672865)
  • Fred Bernard et François Roca, Jeanne et le Mokélé, Albin Michel, 2001, collection Jeunesse, (ISBN 978-2226119049)
  • Fred Bernard, La tendresse des crocodiles, Seuil, 2004 (ISBN 9782020531412)
  • 1985 : Baby : Le Secret de la légende oubliée, film d'aventure américain réalisé par Bill L. Norton pour Walt Disney Pictures
  • 2012 : The Dinosaur Project, film d'aventure britannique réalisé par Sid Bennett et Tom Pridham.
  • Yannick Nory, L'expédition du Mokélé-Mbembé, Versant Sud, 2017 (ISBN 978-2930358888)

Article connexe

Liens externes

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