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Maurice Chappaz

Maurice Chappaz, né à Lausanne le et mort à Martigny le [2], est un écrivain et poète suisse.

Maurice Chappaz
Maurice Chappaz en 1983.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  92 ans)
Martigny
Nationalité
Activités
Autres informations
Distinctions
Archives conservées par
Archives littéraires suisses (CH-000015-0: ALS-MC)[1]

Biographie

Né en 1916, Maurice Chappaz passe son enfance entre Martigny et l'abbaye du Châble, dans le canton suisse du Valais. Issu d'une famille d'avocats et de notaires, neveu du conseiller d'État valaisan Maurice Troillet, il fait ses études au collège de l'abbaye de Saint-Maurice, puis il s'inscrit à la Faculté de droit de l'Université de Lausanne, mais la quitte bientôt pour s'inscrire à la Faculté des lettres de l'Université de Genève, qu'il quitte également au bout de quelques mois.

Convaincu que seule la création peut lui enseigner la littérature, Maurice Chappaz publie, sous le pseudonyme de Pierre, son premier texte : Un homme qui vivait couché sur un banc, en décembre 1939, à l'occasion d'un concours organisé par la revue Suisse Romande. Il reçoit les encouragements de Charles-Ferdinand Ramuz et de Gustave Roud. Une importante amitié doublée d'une correspondance commence ainsi entre ce dernier et Chappaz, qui ne s'arrêtera qu'avec la mort de Roud[3].

Mais dès l'été 1940, la guerre interrompt sa disponibilité[4]. Il est alors amené à parcourir les frontières suisses et publie dans la revue Lettres Lettres plusieurs textes qui formeront en 1944 Les Grandes Journées de Printemps, saluées par Paul Éluard. En 1942, il rencontre S. Corinna Bille, qu'il épousera en 1947 et avec qui il aura trois enfants, Blaise, Achille et Marie-Noëlle. Après le décès de Corinna en 1979, il se remariera, en 1992, avec Michène Caussignac, veuve de l'écrivain Lorenzo Pestelli[5].

Après la guerre, Maurice Chappaz voyage en Europe. Sans profession régulière et désirant consacrer son temps à l'écriture, Chappaz est correspondant occasionnel pour la presse (collaboration régulière à la revue Treize Étoiles entre 1960 et 1980) et parallèlement gère le domaine viticole de son oncle en Valais. Traversant une grave crise personnelle, il multiplie les errances et les questions, et s'essaye à plusieurs métiers, travaillant notamment comme ouvrier sur le chantier de la Grande Dixence, expérience dont il tirera un livre.

En 1953, la publication du Testament du Haut-Rhône couronne une quête poétique d’une dizaine d’années. L’œuvre, remarquée par Charles-Albert Cingria[6], est un succès (son auteur se voit décerner le Prix Rambert[7]), cependant, sa réalisation et sa réussite même remettent à nouveau le poète en question et le plongent dans un désespoir profond[8]. Pour aborder le monde sous un nouvel angle, il décide de s’engager sur le chantier du barrage de la Grande Dixence où il jouera le rôle d’aide-géomètre. Cette expérience le réconcilie avec la poésie[9] et se traduit par l’écriture du Chant de la Grande-Dixence (écrit dès 1959, mais publié en 1965). Suivront Le Valais au Gosier de Grive (1960), le Portrait des Valaisans en Légende et en Vérité (1965), Office des Morts (écrit en 1963, et publié en 1966) ou encore Tendres Campagnes (écrit en 1962, et publié en 1966).

Maurice Chappaz accomplit encore de nombreux périples autour du globe : Laponie (1968), Paris (1968), Népal et Tibet (1970), Mont Athos (1972), Russie (1974 et 1979), Chine (1981), Liban (1974), Québec et New York (1990).

Très engagé dans la protection de l'environnement, il se mobilisera à plusieurs reprises contre l'envahissement de sites naturels (notamment la forêt de Finges) par l'armée ou l'industrie immobilière. Dans les années 1970, la publication de son ouvrage les Maquereaux des Cimes Blanches (1976, réédité et augmenté en 1984), qui est un pamphlet contre l'industrie du tourisme qui saccage le Valais authentique, divisera la presse et la population valaisannes. C'est à cette occasion que des étudiants de Saint-Maurice inscriront en gigantesques capitales blanches Vive Chappaz sur la falaise qui domine l'abbaye[10].

Dès la mort de Corinna Bille, en 1979, il quitte Veyras, où ils avaient emménagé en 1957, et il s'établit dans l'abbaye maternelle du Châble, dans la vallée de Bagnes. Il publie alors des poèmes balancés entre le burlesque et le ton funèbre (À rire et à mourir, 1983), commence un Journal de 6000 pages, tenu sans interruption de 1981 à 1987, et rédige un récit et des proses poétiques sur le thème du deuil (Octobre 79 et Le Livre de C., 1986).

Préoccupé d'éditer les inédits laissés par Corinna Bille à sa mort, reprenant la traduction de Virgile pour les éditions Gallimard (1987) et Les Idylles de Théocrite (1992), il ébauche une évocation de l’antique civilisation alpine, Valais-Tibet (2000).

En 1997, Maurice Chappaz obtient le plus prestigieux des prix helvétiques, le Grand Prix Schiller, et il se voit attribuer cette même année, en France, la Bourse Goncourt de la poésie pour l'ensemble de son œuvre. À l’automne 2001, l'Évangile selon Judas, récit de théologie-fiction, paraît chez Gallimard.

En 2002, il écrit un texte intitulé Lettre d'une forêt à l'autre qui paraît dans la revue d'art Trou (n° 12) ; l'édition de tête (100 exemplaires numérotés et signés) contient le fac-similé du manuscrit de son discours de remerciements pour son titre de Commandeur des Arts et des Lettres, prononcé à Martigny à l'automne 2001 à l'intention de l'Ambassadeur de France. En 2008, paraît aux éditions de la Revue Conférence son ultime livre, La pipe qui prie & fume, méditation sur la nature, l'âge, le temps et l'approche de la mort.

Maurice Chappaz est mort le à l'hôpital de Martigny. Son fonds d'archives se trouve aux Archives littéraires suisses à Berne.

En 2016, les éditions Zoé publient sous le titre Jours fastes. Correspondance 1942-1979, les lettres échangées par Maurice Chappaz et Corinna (décédée en 1979). Cet ensemble épistolaire offre un éclairage sur la vie culturelle et littéraire de la Suisse romande.

Prix et distinctions

Maurice Chappaz en 1983

Ĺ’uvres

  • Les Grandes JournĂ©es de printemps, Porrentruy, Aux portes de France, 1944, 56 p.; rĂ©Ă©d. Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1966, 71 p.
  • Grand Saint-Bernard, 80 photographies d'Oscar Darbellay, Lausanne, J. Marguerat, 1953, 23 p. et 80 pl.
  • Testament du Haut-RhĂ´ne, Lausanne, Rencontre, 1953, 99 p.; rĂ©Ă©d. Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1966, 100 p.; rĂ©Ă©d. ill. par GĂ©rard de PalĂ©zieux, Saint-ClĂ©ment-de-Rivière, Fata Morgana, 2003, rĂ©Ă©d par les Éditions Plaisir de Lire.
  • Le Valais au gosier de grive, Lausanne, Payot, 1960, 77 p.
  • Les GĂ©orgiques de Virgile, traduction, Lausanne, Éditions Plaisir de Lire.
  • Chant de la Grande Dixence, Lausanne, Payot, 1965, 60 p., rĂ©Ă©d. par les Éditions de L'Aire, 1995.
  • Un homme qui vivait couchĂ© sur un banc, Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1966 et Éditions Plaisir de Lire, 110 p.
  • Office des morts, Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1966, 79 p.
  • Tendres Campagnes, Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1966, 66 p.
  • Verdures de la nuit, Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1966, 53 p.
  • Le Match Valais-JudĂ©e, [2e Ă©d.], dessins d'Étienne Delessert, Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1969, 207 p, rĂ©Ă©d par les Éditions Plaisir de Lire avec prĂ©face de Jacques Chessex.
  • La Tentation de l'Orient : lettres autour du monde, Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1970, 150 p.
  • La Haute route, suivi du Journal des 4 000, Ed Galland, 1974; rĂ©Ă©dition Ed HoĂ«beke 1995; 2007; 2011.
  • Lötschental secret : les photographies historiques d'Albert Nyfeler, ill. d'A. Nyfeler, Lausanne, Éd. 24 heures, 1975, 155 p.
  • Les Maquereaux des cimes blanches, Vevey, B. Galland, 1976, 68 p.
  • Portrait des Valaisans : en lĂ©gende et en vĂ©ritĂ©, [5e Ă©d.], Vevey, B. Galland, 1976, 187 p. ; rĂ©Ă©d. par les Editions de L'Aire, 1983.
  • Adieu Ă  Gustave Roud, avec Philippe Jaccottet et Jacques Chessex, Vevey, B. Galland, 1977, 85 p.
  • Pages choisies : avec un inĂ©dit, prĂ©face d'Étiemble, Lausanne-Paris, A. Eibel-Ophrys, 1977, 282 p.
  • PoĂ©sie, prĂ©face de Marcel Raymond, Vevey-Paris, B. Galland-Payot, 1980
  • Ă€ rire et Ă  mourir : rĂ©cits, paraboles et chansons du lointain pays, Vevey, B. Galland, 1983, 241 p.
  • Les Maquereaux des cimes blanches, prĂ©cĂ©dĂ© de La Haine du passĂ©, Genève, Éd. ZoĂ©, 1984, 99 p.
  • Journal des 4000, ill. de Claire Colmet Daâge, Briançon, Passage, 1985, 89 p.
  • Le Livre de C, [nouv. Ă©d. revue], Lausanne, Éditions Empreintes, 1987, 151 p.
  • Le Garçon qui croyait au paradis, rĂ©cit, Lausanne, Éd. 24 heures, 1989, 100 p.; rĂ©Ă©d. par les Editions de L'Aire, 1996.
  • La VeillĂ©e des Vikings, rĂ©cits, Lausanne, Éd. 24 heures, 1990, 134 p.; rĂ©Ă©d. par les Editions de L'Aire, 1995.
  • Les Idylles, de ThĂ©ocrite, traduction, Lausanne, Éditions Plaisir de Lire.
  • Journal de l'annĂ©e 1984 : Ă©criture et errance, postfaces de Marius Michaud et de StĂ©phanie CudrĂ©-Mauroux, Lausanne, Éd. Empreintes, 1996, 240 p.
  • La Tentation de l'Orient : lettres autour du monde, M. Chappaz et Jean-Marc Lovay, prĂ©f. de Nicolas Bouvier, post. de JĂ©rĂ´me Meizoz, Genève, Éd. ZoĂ©, 1997, X-141 p.
  • Bienheureux les lacs, ill. de GĂ©rard PalĂ©zieux, Genève, Slatkine, 1998, 108 p.
  • Partir Ă  vingt ans, prĂ©f. de Jean Starobinski, Genève, La Joie de lire, 1999, 216 p.
  • Évangile selon Judas, rĂ©cit, Paris, Gallimard, 2001, 167 p.
  • Le Voyage en Savoie : du renard Ă  l'eubage, photos et rĂ©al. graphique Matthieu GĂ©taz, Genève, La Joie de lire, 2001, 94 p.
  • Ă€-Dieu-vat !, entretiens avec JĂ©rĂ´me Meizoz, Sierre, Monographic, 2003, 221 p.
  • La Pipe qui prie & fume, avec 26 reprod. de monotypes de Pierre-Yves Gabioud, Éd. ConfĂ©rence, 2008, 200 p.
  • Journal Intime d'un Pays, Maurice Chappaz, Éd. ConfĂ©rence, 2011, 1232 p.
  • OrphĂ©es noirs, Leo Frobenius et Maurice Chappaz, prĂ©f. de Jacques Chessex, Ă©d. par les Editions de L'Aire, 2006.
  • Hors de l'Église, pas de salut, Maurice Chappaz, Ă©d. par les Editions de L'Aire, 2007.

Correspondance

  • Le Gagne-pain du songe : correspondance 1928-1961, M. Chappaz et Maurice Troillet, Lausanne, Éd. Empreintes, 1991, 283 p.
  • Se reconnaĂ®tre poète ? : correspondance 1935-1953, M. Chappaz et Gilbert Rossa, Ă©d. par Françoise Fornerod, Genève, Slatkine, 2007, 397 p.
  • Autour de libertĂ© Ă  l'aube. Correspondance 1967-1972, Alexandre Voisard et Maurice Chappaz, Fontenais, Ed. des Malvoisins, 2010, 160 p.
  • Jours fastes. Correspondance 1942-1979. Corinna Bille et Maurice Chappaz. Genève, Éditions ZoĂ©, 2016, 1200 p.
  • Maurice Chappaz, Philippe Jaccottet, Correspondance (1946–2009), Paris, Gallimard, coll. « Les Cahiers de la NRF », 2023

Bibliographie

  • Christophe Carraud, Maurice Chappaz, suivi d'une Anthologie des grands textes en prose et en vers de Maurice Chappaz, Seghers, coll. « Poètes d'aujourd'hui », 2005, 334 p. (ISBN 2-232-12252-2)
  • Bertil Galland, Une aventure appelĂ©e littĂ©rature romande, Slatkine, Genève, 2014.
  • JĂ©rĂ´me Meizoz, « Maurice Chappaz », dans Histoire de la littĂ©rature en Suisse romande. Nouvelle Ă©dition, Carouge-Genève, Editions ZoĂ©, (ISBN 978-2-88182-943-7), p. 855-868.
  • Pierre-François Mettan, Claire Jaquier, Claude Dourguin, Jacques Lèbre, Alain Bernaud, JĂ©rĂ´me Meizoz, Marion Rosselet, Denis Bussard, Vincent Yersin, JosĂ©-Flore Tappy, Europe, no 1127, mars 2023, p. 147-242

Documentaries[11]

  • 1988 - MĂĽrra Zabel - Wallis. Ein verlorenes Biotop
  • 1997 - Bertil Galland - Plans-fixes , n° 1014
  • 1998 - MĂĽrra Zabel - Poesie und Politik
  • 2001 - Jean-NoĂ«l Christiani & JĂ©rĂ´me Meizoz - Les hommes-livres: Maurice Chappaz

Notes et références

  1. « https://www.helveticarchives.ch/detail.aspx?ID=165037 » (consulté le )
  2. Article dans Le Matin, 15 janvier 2009
  3. Gustave Roud - Maurice Chappaz, Correspondance 1939-1976, Zoé, , 451 p. (ISBN 978-2-88182-181-3)
  4. Maurice Chappaz, Partir à vingt ans, Gerstenberg - La Joie de Lire, coll. « QUI SUIS JE ? », , 222 p. (ISBN 978-2-88258-154-9)
  5. « Maurice Chappaz » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  6. Poésie de Maurice Chappaz par Jean-Louis Kuffer
  7. « Liste des lauréats | Le Prix Rambert », sur www.prix-rambert.ch (consulté le )
  8. Maurice Chappaz, Le Garcon qui Croyait au Paradis, Aire, , 145 p. (ISBN 978-2-88108-331-0)
  9. Maurice Chappaz, un film de Jean-Noël Cristiani, 2001, 52 min
  10. Maurice Chappaz, Les Maquereaux des Cimes Blanches, Zoé, , 110 p. (ISBN 978-2-88182-204-9)
  11. « Maurice Chappaz - Notice Biographique - Bibliographie - Articles - Journal intime d'un pays », sur culturactif.c (consulté le )

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