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Maureen O'Hara

Maureen O'Hara est une actrice américano-irlandaise née Maureen FitzSimons le à Dublin (Irlande) et morte le à Boise (Idaho, États-Unis)[1]. Elle commence une carrière au cinéma à 19 ans, dirigée par Alfred Hitchcock dans La Taverne de la Jamaïque et dans Quasimodo où elle est Esmeralda pour William Dieterle. Elle commence une carrière à Hollywood sous contrat à la RKO (qui la céde bientôt à la Fox). Actrice fétiche de John Ford depuis Qu'elle était verte ma vallée (1941), il la dirige encore à quatre reprises. Elle est aussi la partenaire féminine préférée de John Wayne avec qui elle partage l'affiche pour cinq films, Rio Grande, L'Homme tranquille et L'aigle vole au soleil trois réalisations de Ford, puis Le Grand McLintock et Big Jake.

Maureen O'Hara
Description de cette image, également commentée ci-après
Maureen O'Hara en 1947.

Biographie

Des débuts prometteurs

Maureen O'Hara en 1950.

Maureen O'Hara est la fille de Marguerita Lilburn, une contralto et comédienne irlandaise[2], dont très tôt elle suit les conseils, en prenant des leçons de diction et de danse. Possédant une voix de soprano, elle rêvera longtemps d’une carrière de cantatrice[3]. Son père, Charles FitzSimons, gère une entreprise à Dublin ; il est également propriétaire d’une équipe de football « Le Shamrock Rovers[4] ».
Maureen O'Hara participe, dès l’âge de dix ans, à un show radiophonique[5]. Puis elle se forme au théâtre et à 15 ans, intègre le prestigieux Abbey Theatre en Irlande[6] où elle pratique le théâtre classique et l'opéra[4]. Son père ne croit pas aux aspirations de sa fille et insiste pour qu’elle apprenne un métier. Elle prend des cours de comptabilité et de dactylo, une compétence qui s’avérera bien utile quand John Ford lui demandera de taper ses notes et le script lors de la mise en chantier de L'Homme tranquille[3].

Elle est remarquée dans une interprétation d’une pièce de Shakespeare par Harry Richman, un chanteur populaire de music-hall américain. Il la recommande dans un de ses films, pour un petit rôle, Kicking the Moon Around (1938) comédie musicale de Walter Forde[7].
Le célèbre acteur Charles Laughton la remarque[6] également dans un bout d’essai et est tout de suite séduit par le charisme de l’Irlandaise, ses yeux verts et sa flamboyante chevelure rousse[8]. Il la présente à son associé Erich Pommer le producteur et lui fait signer un contrat de sept ans dans leur société de production Mayflower Pictures Corporation[3]. Sur les conseils de Pommer, Maureen Fitzsimons change son nom en O’Hara[9].
Elle est tout de suite dirigée aux côtés de Charles Laughton par Alfred Hitchcock, dans sa dernière réalisation britannique, L'Auberge de la Jamaïque. Film d’aventures maritimes qui remporte un grand succès commercial malgré de mauvaises critiques[10]. Enthousiasmé par sa prestation, Charles Laughton déclara qu’elle avait fini par voler la vedette à tous les acteurs et que non seulement c’était une comédienne mais de plus une très bonne actrice[10]. Il embarque avec la jeune actrice sur le Queen Mary et appareille pour l’Amérique, direction Hollywood pour tourner un nouveau film pour la RKO[3].

Maureen O'Hara dans Quasimodo.


Laughton est désigné pour incarner le Bossu de Notre-Dame et Maureen est proposée par l’acteur pour interpréter le rôle d’Esméralda dans une super production particulièrement coûteuse[11] Quasimodo d'après le roman Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, remarquable adaptation[12] dirigée par William Dieterle. La RKO fit construire d’immenses studios et Van Nest Polglase, le décorateur, reconstitua la façade de Notre-Dame et tout un quartier médiéval avec trois mille cinq cents figurants en costumes[11]. Le film est un nouveau succès.
La société de production RKO rachète alors le contrat de Maureen O’Hara à Charles Laughton[3]. Profitant du talent de chanteuse et de danseuse de l’actrice, la RKO l’emploie dans divers films musicaux comme Dance, Girl, Dance ou They Met in Argentina mais malgré ses capacités pour la comédie musicale elle ne sera que très rarement employée dans ce genre.

La reine du Technicolor

Son prochain film va être décisif pour la suite de sa carrière. L’attention d’un grand réalisateur, John Ford, va se porter vers cette rousse aux yeux verts qui lui rappelle ses origines irlandaises[13]. John Ford vient de reprendre les rênes d’un film commencé par William Wyler et choisit Maureen O’Hara pour interpréter le rôle d’Angharad dans Qu'elle était verte ma vallée à la place de Katharine Hepburn et de Gene Tierney alors pressenties[13]. Ce bouleversant hommage d’une communauté de mineurs gallois, révèle la véritable nature passionnée et volontaire de l’actrice. Maureen O’Hara trouvera ses meilleurs rôles dans les films de John Ford et tournera avec lui quatre autres films. Elle est désormais star à la 20th Century Fox qui a racheté son contrat à la RKO.

Son tempérament et ses aptitudes sportives cultivées pendant l’enfance lui valent d’être spécialisée dans de nombreux films d’aventures exotiques et de films de cape et épée. Magnifiquement mise en valeur par la couleur elle sera surnommée « La Reine du Technicolor[9] » et un journaliste écrira : « photographiée en Technicolor, Maureen O'Hara est plus éblouissante qu'un coucher de soleil[8] ».

Maureen O'Hara et Tyrone Power dans Le Cygne noir.

Elle sera remarquable dans un des meilleurs films de pirates de l’histoire du cinéma[14] Le Cygne noir d'Henry King. Elle sera encore au cœur de la piraterie avec des films comme Pavillon noir, Tripoli ou À l'abordage ou l’épée à la main en fille d’Athos dans Les Fils des Mousquetaires, elle jouera les princesses exotiques dans des fantaisies orientales Sinbad le marin, Bagdad ou Flame of Araby. Beaucoup de ses films auront des connotations exotiques : Les Rivages de Tripoli, Aventure en Libye, Kangaroo, Malaga, L'Homme de Lisbonne, Notre Agent à La Havane...
De tous ces films, bien souvent tournés avec des réalisateurs médiocres et sur des scénarios légers[14] certains sont des classiques du genre. Comme Le Cygne noir, premier film de pirates entièrement en couleurs (Technicolor)[15], où elle est aux côtés de Tyrone Power digne successeur d’Errol Flynn et de son Capitaine Blood[15] et de George Sanders remarquable en « méchant » arborant tignasse et barbe rousses[16].
La RKO fait souvent appel à elle, notamment pour un autre classique de films de pirates, Pavillon noir. Maureen demande Frank Borzage comme metteur en scène après un rendez-vous manqué en 1944 pour le film Till We Meet Again[17].C’est son retour à l’écran après une absence causée par sa maternité[17] et la naissance de sa fille Bronwyn[4].
À la fois exercice de style et œuvre de commande, Pavillon noir est conduit par l’enthousiasme communicatif des interprètes et la réalisation flamboyante de Borzage rehaussée par le Technicolor. Couvert d’éloges, il reçoit un accueil triomphal du public et les recettes sauveront momentanément la RKO alors en difficulté[17].

Elle fait désormais partie des plus célèbres rousses d’Hollywood, aux côtés de Rita Hayworth et de Susan Hayward, sans oublier deux autres "rouquines", dans cette "bagarre".

Du mélodrame au western

Pendant vingt ans Maureen O’Hara va tourner énormément, elle enchaîne film sur film et ne fera pas que des films d’aventures. Après sa composition dramatique de Qu'elle était verte ma vallée, elle joue dans plusieurs drames dont Aventure en Libye et La Fière Créole de John M. Stahl qui la dirigera trois fois[18], Vivre libre avec son ami Charles Laughton, réalisé par Jean Renoir alors exilé aux États-Unis. La RKO « emprunte » à nouveau la vedette à la Fox pour Secret de femme, un mélodrame mis en scène par Nicholas Ray, alors à ses débuts, mais le film est accueilli par les sarcasmes des critiques et s’avère décevant[19]. En 1944, elle tourne son premier Western, Buffalo Bill de William A. Wellman, un genre qu’elle pratiquera fréquemment dans les années 1950.

Mais c’est avec un film auquel personne ne croit qu’elle va connaître un de ses plus grands succès populaires. Le Miracle de la 34e rue, comédie sentimentale qui raconte avec une gentillesse et un optimisme à la Capra[20] l’histoire d’un vieil homme (Edmund Gwenn) qui prétend être le Père Noël. Succès retentissant, le film recevra 3 oscars et sera l’un des plus programmés de la télévision américaine à l’occasion des fêtes de Noël[21].

Après cette décennie variée et marquée par de grands réalisateurs comme Henry Hathaway, Henry King, John M. Stahl, Jean Renoir, William Wellman, Frank Borzage, Nicholas Ray... Maureen O’Hara va aborder les années 1950 avec son réalisateur fétiche John Ford. Il va lui offrir avec les personnages de Kathleen, Mary Kate, Mary et Min ses plus beaux rôles qui donneront au réalisateur une brillante période de maturité dans ses portraits féminins[22].

L'héroïne fordienne

John Wayne, Maureen O'Hara et Victor McLaglen dans Rio Grande de John Ford.

Depuis l’expérience heureuse de Qu'elle était verte ma vallée, l’équipe du film se retrouve chaque année autour de John Ford[23]. Un lien fort presque familial continuait à unir les interprètes du film et Maureen a même prénommé sa fille Bronwyn, prénom du rôle que tenait Anna Lee dans le film[23].

De son côté, John Ford a toujours dans l’idée de retravailler avec son Angharad de Qu'elle était verte ma vallée. Un projet lui tient d’ailleurs particulièrement à cœur. Depuis 1936, il a acquis les droits d’une nouvelle de Maurice Walsh, The Quiet Man, qu’il n’arrive pas à monter faute de producteur désireux de le financer[24] et très vite il voit John Wayne et Maureen O’Hara comme les meilleurs interprètes capables de jouer les rôles principaux[25] mais la production s’éternise à se monter.

Entre-temps, John Ford monte une pièce de Maxwell Anderson What Price Glory en 1949 pour un spectacle de bienfaisance donné pour les vétérans décorés de la Purple Heart, décoration attribuée aux blessés de guerre (Military Order of the Purple Heart)[26]. Il réunit une partie de sa « famille » cinématographique John Wayne, Maureen O’Hara, George O'Brien, Ward Bond, Harry Carey Jr.... mais également Gregory Peck pour quelques représentations en février/[27].

À son grand mécontentement, Ford ne peut pas reprendre John Wayne et Maureen O’Hara pour l’adaptation filmée en 1952 de What Price Glory[28]. De même pour sa comédie Planqué malgré lui où Maureen avait été le premier choix du réalisateur, la 20th Century Fox lui préférant pour les deux films une nouvelle venue, Corinne Calvet, avec qui Ford s’entendra mal[29].

Vie privée

Maureen O'Hara a été mariée avec :

  • George H. Brown (1939-1941)
  • William Houston Price (1941-1953)
    • une fille : Bronwyn FitzSimons Price
  • GĂ©nĂ©ral Charles F. Blair, Jr. (en) (1968-1978)

Elle a eu une relation avec Enrique Parra, un banquier et homme politique mexicain, de 1953 Ă  1967.

Filmographie

Années 1930

Années 1940

Maureen O'Hara dans Qu'elle était verte ma vallée (1941)

Années 1950

Années 1960

Télévision
  • 1960 : Mrs. Miniver de Marc Daniels : Mrs. Miniver
  • 1960 : DuPont Show of the Month de Marc Daniels : Lady Marguerite Blakeney
  • 1963 : Hallmark Hall of Fame de George Schaefer : Susanna Cibber
  • 1966 : The Garry Moore Show (sĂ©rie TV) : Sara Longstreet
  • 1967 : Off to See the Wizard (sĂ©rie TV) : Mother Goose
Cinéma

Années 1970

Cinéma
Télévision

Années 1990

Cinéma
Télévision
  • 1995 : The Christmas Box (en) de Marcus Cole : Mary Parkin
  • 1998 : Un taxi pour le Canada (Cab to Canada) de Christopher Leitch : Katherine Eure
  • 1998 : Une dernière danse (The Last Dance) de Kevin Dowling : Helen Parker

Voix françaises

  • Nadine Alari dans :
    • Ă€ l'abordage
    • Madame de Coventry
    • La FiancĂ©e de papa
    • M. Hobbs prend des vacances
    • La Montagne des neuf Spencer
  • Jacqueline Porel (*1918 - 2012) dans :
    • Ce n'est qu'un au revoir
    • L'Aigle vole au soleil
    • Rancho Bravo
    • Big Jake
  • Colette Adam dans :
    • Qu'elle Ă©tait verte ma vallĂ©e
    • Le Cygne noir (1er doublage)
  • Camille Fournier dans :
    • Buffalo Bill
    • Miracle sur la 34e rue
  • Claire Guibert dans :
    • Rio Grande
    • Notre agent Ă  La Havane

et aussi :

  • Françoise Page dans Quasimodo le bossu de Notre Dame
  • RenĂ©e Simonot dans L'Auberge de la JamaĂŻque
  • Monique MĂ©linand (*1916 - 2012) dans Vivre libre
  • Raymonde Devarennes dans Pavillon noir
  • Marianne Georges dans Sinbad le marin
  • Lita Recio (*1906 - 2006) dans L'Homme tranquille
  • Evelyn Selena dans Le Cygne noir (2e doublage)

Références

  1. Le Monde avec AP, « Mort de l’actrice irlandaise Maureen O’Hara » Accès libre, sur lemonde.fr, (consulté le ).
  2. L'encyclopédie du cinéma - Tome 2 - Roger Boussinot - Les Savoirs Bordas (ISBN 2-04-027052-3)
  3. wikipedia anglais
  4. Biographie IMDb
  5. allmovie.com
  6. Dictionnaire du cinéma - les acteurs - Jean Tulard - Éditions Robert Laffont – 2004 – (ISBN 2-221-10259-2)
  7. Alice cinéma
  8. Biographie Allociné
  9. Films des années 1940 - Jürgen Muller - Éditions Taschen - 2005 - (ISBN 3-8228-3985-X) p. 53.
  10. Alfred Hitchcock par Robert A. Harris et Michael S. Lasky – Henri Veyrier (ISBN 2-85199-214-7)
  11. William Dieterle, un humaniste au pays du cinéma – Hervé Dumont – CNRS éditions Cinémathèque française (ISBN 978-2271060013)
  12. Le film obtient 100 % de critiques positives sur le site Rotten Tomatoes. (en) « The Hunchback of Notre Dame », sur rottentomatoes.com (consulté le 18 avril 2019).
  13. À la recherche de John Ford - Joseph McBride - Institut Lumière/Actes Sud (ISBN 978-2742768301) p. 445.
  14. Encyclopédie alpha du cinéma - Le cinéma d’aventures Volume 2 - Éditions Grammont S.A. - Alpha Éditions
  15. Le Cinéma d'Aventures, Patrick Brion, Éditions de la Martinière, (ISBN 978-2732421575)
  16. Le Cinéma Grande histoire illustrée du 7e art. Volume 3. Éditions Atlas
  17. Frank Borzage - Sarastro à Hollywood – Hervé Dumont- Mazzotta – Cinémathèque française – (ISBN 88-202-1065-7)
  18. Le troisième sera une comédie Father Was a Fullback.
  19. Roman américain – Les vies de Nicholas Ray – Bernard Eisenschitz - Christian Bourgois, 1990 (ISBN 2-267-00648-0).
  20. 50 ans de cinéma américain par Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier – Éditions Nathan - 1991, 1995 - (ISBN 2-258-04027-2).
  21. commeaucinema.com.
  22. John Ford – Le pionnier du 7e art 1884/1973 Scott Eyman/Paul Duncan – Éditions Taschen (1973) (ISBN 3-8228-3092-5).
  23. À la recherche de John Ford - Joseph McBride - Institut Lumière/Actes Sud (ISBN 978-2742768301) p. 446.
  24. dvdclassik.com
  25. Allocine
  26. John Ford en était alors le président.
  27. John Ford - Patrick Brion - Éditions de la Martinière – 2002 (ISBN 978-2732421575)
  28. John Ford – Andrew Sinclair – Éditions France Empire, 1980.
  29. À la recherche de John Ford - Joseph McBride - Institut Lumière/Actes Sud (ISBN 978-2742768301) p. 662.

Liens externes

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