Accueil🇫🇷Chercher

Massif du Makay

Le massif du Makay est un massif montagneux de Madagascar situé au nord du massif de l'Isalo, dans l'ouest du pays. Le grès du Jurassique forme un relief ruiniforme, d'origine érosif, sur le site. Il bénéficie d'une hydrographie abondante et abrite une biodiversité remarquable, dont plusieurs espèces endémiques et plusieurs types de lémuriens. Malgré les perturbations occasionnées par les activités humaines, une forêt-galerie relictuelle existe toujours dans les crevasses du massif.

Massif du Makay
Localisation du massif du Makay Ă  Madagascar.
GĂ©ographie
Altitude 1 034 m, Dafimavo[1]
Longueur 150 km
Largeur 40 km
Superficie 4 000 km2
Administration
Pays Drapeau de Madagascar Madagascar
RĂ©gions Atsimo-Andrefana, Menabe
GĂ©ologie
Âge Jurassique inférieur
Roches Grès

Depuis 2007, plusieurs expĂ©ditions scientifiques s'y sont succĂ©dĂ©. Une « nouvelle aire protĂ©gĂ©e Â» y est crĂ©Ă©e en 2017. L'association promotrice concilie des objectifs sociaux et environnementaux, comme la construction d'Ă©coles et le reboisement.

GĂ©ographie

Situation

Le massif du Makay est situé dans le Sud-Ouest de l'île de Madagascar, à cheval sur les districts de Beroroha (dans la région de l'Atsimo-Andrefana) et de Mahabo (dans la Menabe), sur la rive droite (nord) du fleuve Mangoky.

Il s'Ă©tend sur 150 km du nord au sud avec une largeur maximum est-ouest de 40 km, sa surface plane atteint ainsi les 4 000 km2.

Topographie

La plaine environnant la rivière Makay est situĂ©e entre 250 et 360 m d'altitude, les falaises de grès du massif du Makay s'Ă©lancent Ă  760 m[2]. Le point culminant du massif est le Dafimavo Ă  1 034 m, dans sa partie nord. Le Vohibe-Makay a une altitude de 977 m.

Hydrographie

La nature géologique du massif en fait un véritable château d'eau naturel. La majorité des cours d'eau qui en descendent s'écoulent vers l'est puis le sud dans le Mangoky, le plus long fleuve de l'île de Madagascar. Du nord se déversent les rivières Manampada et Sakapala qui rejoignent le Sakena puis le Tsiribihina et enfin jusqu'au nord du canal du Mozambique. Le fleuve Morondava prend également sa source dans le Makay avant de se diriger vers le nord.

GĂ©ologie

Canyons caractéristiques du massif.

Le massif du Makay est un dédale de grès jurassiques, ce type de relief est qualifié de « ruiniforme » en géologie, une forme de lapiaz sur-érodé. Les épaisses couches de grès blanc, du bloc est du massif, sont faiblement cimentées, mais renforcées par une armature compacte de diaclases siliceuses, elles sont entrecoupées de veines d’argiles vertes, grises ou rouges. Le bloc ouest du massif est constitué de grès rouges qui forme une cuesta à sa limite avec le précédent. La formation du Makay correspond à celle de la partie moyenne du groupe de l'Isalo. Sur sa partie orientale, il est constitué de collines basses. Il est plus érodé en se rapprochant du fleuve. Des tronc d'arbres fossilisés sont visibles sur ce site[1].

L'érosion a creusé de profondes galeries dans l'ensemble du massif rocheux. On constate l'action récente de l'eau sur ces reliefs aux niveaux des lavakas.

Climat

Les dernières donnĂ©es mĂ©tĂ©orologique pour la rĂ©gion datent de 1993. La tempĂ©rature annuelle relevĂ©e Ă©tait alors de 25-26 °C en moyenne, avec une pluviomĂ©trie de 796 mm Ă  la station de Beroroha. Juillet et aoĂ»t sont les mois les plus froids, la pĂ©riode la plus chaude s'Ă©tend des mois d'octobre Ă  dĂ©cembre[2].

Biodiversité

Le massif du Makay abrite une biodiversitĂ© remarquable, avec de nombreuses espèces endĂ©miques ou micro-endĂ©miques, dont plus d'une centaine identifiĂ©es ces dix dernières annĂ©es. Il a Ă©tĂ© recensĂ© 10 espèces de lĂ©muriens, dont le propithèque de Verreaux, 10 de chiroptères, 11 de poissons, 7 d'amphibiens, 28 de reptiles, plus de 2 000 insectes et myriapodes, et plus de 60 oiseaux[3]. En ce qui concerne les vĂ©gĂ©taux, 38 espèces de PtĂ©ridophytes, 50 de Bryophytes ont Ă©tĂ© recensĂ©es. Les plantes supĂ©rieurs comptent 7 espèces de XĂ©rophytes dont 2 sont endĂ©miques strictes du Makay. Ce site abrite une espèce de poivrier qui n'avait pas Ă©tĂ© trouvĂ©e depuis 1924 et la plus importante station de Ravenea rivularis.

Les inventaires récents ont permis la description de nouvelles espèces endémiques dans plusieurs embranchements du vivant. Parmi ces découvertes, on peut citer le scorpion Grosphus makay[4] (décrit en 2015), une cicadelle Giffardia bifurcata[5] (décrit en 2019). La botanique n'est pas en reste avec la description de Catharanthus makayensis, une nouvelle pervenche de Madagascar qui se distingue des autres espèces de son genre par son cœur d'un violet profond[6].

Au-delà de ces découvertes, les expéditions ont relevé la présence de la fossa, plus gros mammifère carnivore de Madagascar, dans le massif du Makay. Les herpétologues noteront le serpent-liane « à nez de feuille » Langaha madagascariensis[7] et la tortue Erymnochelys madagascariensis. Parmi les oiseaux, l'Ibis huppé et le Glaréole malgache sont des espèces particulièrement menacées.

Pour les chauves-souris, une expédition menée en 2010 a permis de localiser trois colonies de reproduction : une proche de l'oued d'Ampalavanash, dont la localisation précise n'est pas connue, pour l'espèce Mormopterus jugularis, Otomops madagascariensis dans une grotte au bout du lac Anosilahy et Pteropus rufus dans la ripisylve au bord de ce même lac[8].

ForĂŞt-galerie

Ce qui reste de végétation forestière dans le massif du Makay a été fortement perturbé par les activités humaines, notamment par les feux et le pâturage. Le canyon de la rivière Zobiandro et la forêt de Manarikitro, le long de la Makay face à la colline Vohimalaza, abritent ces forêts :

  • Manarikitro est une forĂŞt sèche typique avec le genre Commiphora (Burseraceae) et Tamarindus indicus (Fabaceae), espèce probablement d'origine malgache malgrĂ© son nom ;
  • le canyon Zobiandro abrite des pandanus, espèce des forĂŞts humides, en plus de la vĂ©gĂ©tation commune avec le prĂ©cĂ©dent site.

LĂ©muriens

Traditionnellement la chasse aux lémuriens a été pratiquée comme complément alimentaire en période de creux entre deux cultures. Plusieurs projets, détaillés plus bas, ont été lancés, pour assurer la protection des lémuriens et de la nature en général. Ils associent la sensibilisation et l'apport de nouvelles ressources aux communautés locales.

Les dix espèces répertoriées sont réparties dans quatre familles, trois sont des espèces diurnes et six nocturnes :

En 2013, la présence de deux espèces était mentionnée par les villageois locaux, mais pas encore confirmée par des recherches scientifiques :

La présence de scientifiques et de militants de la conservation de la nature, en continu entre 2010 et 2013, puis après, semble avoir été le meilleur moyen d'assurer la sauvegarde de ces espèces[9].

Histoire

Le Makay est une région isolée qui fait figure de terre « vierge »[10]. On y a cependant trouvé des peintures rupestres dont la date de création s'étale du VIIIe au XXe siècle d'après la datation au carbone 14[11].

Les premières installations dans le massif, au XIXe siècle, seraient le fait de l'ethnie Sakalava. Ces habitants auraient été chassés par les Mérinas des hauts-plateaux, qui ne s'installent pas durablement. Rapidement après ces épisodes le peuple d'éleveurs nomade Bara se fixe dans la région. Le nouveau royaume Bara poursuivra son extension jusqu'au milieu du XXe siècle. Ce n'est qu'au tournant des années 1950-1960 que les premiers villages ceinturant le massif commencent à se bâtir.

Population et activités humaines

S'il n'y a pas d'habitants permanents dans le massif du Makay proprement dit, plusieurs communautĂ©s se sont installĂ©es autour de la montagne. Entre 5 000 et 6 000 habitants sont rĂ©partis dans une soixantaine de villages. Le principal groupe ethnique reprĂ©sentĂ© est l'ethnie Bara, dont l'activitĂ© est l'Ă©levage de zĂ©bu essentiellement. La majoritĂ© de la population est analphabète.

« Nouvelle aire protĂ©gĂ©e Â»

Nouvelle aire protégée du
Massif du Makay
Eulemur rufus, l'un des lémuriens du parc.
GĂ©ographie
Pays
RĂ©gion
RĂ©gion
Province
Coordonnées
21° 20′ 00″ S, 45° 10′ 00″ E
Ville proche
Beroroha (au Sud)
Superficie
4 000 km2
Population
Pas d'habitant permanents dans le massif
Administration
Catégorie UICN
Inconnue
Création
2017
Administration
Association NaturEvolution Madagascar
Site web
Carte

Le massif est révélé au grand public français par Nicolas Hulot qui survole la région en montgolfière dans son émission Ushuaïa Nature en novembre 2001. Il attire l'attention du photographe Evrard Wendenbaum, qui tente sans succès d'atteindre le Makay à VTT depuis Antananarivo en 2004. Une nouvelle expédition atteint le massif du Makay en 2007.

En aoĂ»t 2009, Evrard Wendenbaum fonde avec Émeric Mourot l’association Naturevolution vouĂ©e Ă  la protection de l'environnement local menacĂ© par les feux de brousse. En 2017, la rĂ©gion obtient le statut de « nouvelle aire protĂ©gĂ©e Â». C'est la première aire protĂ©gĂ©e mixte, Ă  la fois culturelle et naturelle[12] - [13].

Statut légal et gestion

Depuis sa rĂ©forme en 2015, le « code de gestion des aires protĂ©gĂ©es Â» de Madagascar prĂ©voit de nouvelles catĂ©gories d'aires protĂ©gĂ©es tournĂ©es vers davantage de participation des populations locales et vers le dĂ©veloppement durable. Les « nouvelles aires protĂ©gĂ©es Â» sont crĂ©Ă©es en deux Ă©tapes : dans un premier temps le promoteur, ici l'association Naturevolution, demande un classement temporaire pendant lequel l'exploitation minière est interdite. Pendant cette pĂ©riode, il doit organiser une consultation des populations locales. Au bout de deux ans le ministre de l'environnement signe le dĂ©cret classant l'aire protĂ©gĂ©e.

La période de protection temporaire a débuté en 2017.

L'aire protĂ©gĂ©e est dĂ©coupĂ©e en plusieurs « noyaux durs Â» enchâssĂ©s dans une zone tampon qui couvre l'ensemble du massif montagneux.

Dès 2013, les promoteurs de la nouvelle aire protégée affichaient leur ambition d'obtenir un classement au patrimoine mondial de l'UNESCO, au titre des sites culturels, en raison de la présence des peintures rupestres.

Éducation

Les financements apportés par l'association promotrice ont permis la construction de trois écoles : Tsivoko et Beronono en 2015-2016 et Tsiazorambo en 2019. Une bibliothèque avait été construite en 2011 à Beroroha. Comme en Europe, des projets pédagogiques d'éducation à l'environnement sont mis en place auprès des scolaires.

Apiculture

Le miel est très consommé à Madagascar et pendant la période coloniale l'île exportait de grande quantité de miel. Certaines régions pratiquent une apiculture moderne, ce qui n'était pas le cas dans le massif du Makay où le miel avait pour origine la cueillette, méthode destructive, qui, de plus fournit un produit de faible qualité. Le projet a démarré une phase pilote en 2018 : achat de matériel moderne (ruche Dadant), formation et construction d'un réseau de vente sont prévus.

Reboisement

Le gouvernement malgache entend lutter contre la dĂ©forestation, notamment au travers de projets de reboisement sur tout son territoire. Un objectif de 40 000 ha reboisĂ©s en 2019 a Ă©tĂ© fixĂ©.

Dans le Makay en particulier, le projet vise à planter des arbres fruitiers, des espèces mellifères et médicinales comme l'artemisia, utilisée contre le paludisme et la bilharziose. Des essences à croissances rapide (Acacia, Eucalyptus...) adaptées à la demande en bois de chauffe au quotidien, vont être associées à des espèces au bois à croissance lente (Katafray, par exemple) qui sert à la construction des cases.

Écotourisme

Le développement de l'écotourisme vise à apporter aux villageois locaux des revenus qui ne soient pas liés à l'agriculture.

Recherche scientifique

Plusieurs expéditions à vocation scientifique ont eu lieu dans le massif du Makay, organisées par Naturevolution. Les domaines étudiés touchent aussi bien l'archéologie que les disciplines naturalistes. En 2017, cinq expéditions ont réuni 119 participants, dont 93 scientifiques, spécialistes de différents domaines. En 2018, l'Institut de recherche pour le développement a mis en place un dispositif d'étude sociologique sur le modèle du réseau des observatoires ruraux, ailleurs à Madagascar.

Notes et références

  1. Naturevolution (association), « La géologie du Makay », sur www.makay.org/ site officiel
  2. H. Rakotondravony et S. Goodman, « Rapid Herpetofaunal Surveys in Western Madagascar », Herpetological Conservation and Biology, no 6(2),‎ , p. 297–311 (lire en ligne)
  3. Document de l'IRD, p. 5.
  4. Wilson Lourenço et Lucienne Wilmé, « Scorpions collected in the Makay mountain range, Madagascar (Scorpiones : Hormuridae, Buthidae) and with description of a new species », Revista Ibérica de Aracnología, no 26,‎ , p. 55-61 (ISSN 1576-9518, lire en ligne)
  5. V. Gnezlidov, « First record of the genus Stenogiffardia (Auchenorrhyncha: Cicadellidae) from Madagascar, with description of a new species and a key to species », Acta entomologica Musei nationalis Pragae, no 59(2),‎ , p. 549-555 (DOI 10.2478/aemnp-2019-0047, lire en ligne)
  6. L. Alorge, P. Phillipson et R. Razakamalala, « Catharanthus makayensis L. Allorge, Phillipson & Razakamal. (Apocynaceae), a new species from Madagascar », Candollea, no 70(1),‎ , p. 61-66 (DOI 10.15553/c2015v701a7, lire en ligne)
  7. Benoît Gilles, « Makay 2017 : Compte-rendu de mission d'exploration », sur passion-entomologie.fr,
  8. V. Prié, « Les chauves-souris du massif du Makay (Madagascar). Premier inventaire chiroptérologique », Vespère, MNHN, no 2,‎ , p. 107-1203 (lire en ligne)
  9. Evrard Wendenbaum, Anne Laudisoit et Jean-Michel Bichain, « Makay », dans Lemur of Madagascar : A strategy for their conservation 2013-2016, Union internationale pour la conservation de la nature, , 109-112 p. (lire en ligne)
  10. Pauline Vallée, Voyage dans les derniers coins de la planète “oubliés” par l’Homme, Télérama, 5 juillet 2018.
  11. Erik Gonthier, « Premières peintures rupestres découvertes à Madagascar »
  12. Naturevolution(association), « Histoire de la conservation du Makay », sur www.makay.org/ site officiel
  13. Document de l'IRD, p. 4.

Liens externes

Bibliographie

  • StĂ©phanie Carrière, Christian Culas, Emmanuel Pannier, Mireille Razafindrakoto et François Roubaud, Mise en place d’un dispositif de connaissance, suivi et Ă©valuation socio-Ă©conomique et environnemental de la Nouvelle Aire ProtĂ©gĂ©e (NAP) du Makay, Madagascar (Document de travail (littĂ©rature grise)), Paris, Institut de recherche pour le dĂ©veloppement, umr: DIAL, , 32 p. (prĂ©sentation en ligne, lire en ligne)


Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.