Mammaliaformes
Les mammaliaformes (Mammaliaformes) constituent un clade de cynodontes probainognathiens qui contient le groupe-couronne Mammalia et leurs plus proches branches disparues[1]. Les cynodontes ont Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©s lors de l'extinction du Trias-Jurassique et les survivants ont subi une radiation Ă©volutive menant principalement aux mammaliaformes. Ceux-ci regroupent le clade originaire du plus rĂ©cent ancĂȘtre commun de Morganucodon et du groupe-couronne des mammifĂšres ; ce dernier Ă©tant le clade originaire des plus rĂ©cents ancĂȘtres communs aux monotrĂšmes, marsupiaux et placentaires[2]. En plus de Morganucodon et de Mammalia, les mammaliaformes incluent aussi les Docodonta et des genres basaux comme Hadrocodium ainsi que Tikitherium, le membre le plus ancien connu du groupe[3] - [4].
RĂšgne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Chordata |
Classe | Synapsida |
Ordre | Therapsida |
Sous-ordre | Cynodontia |
Clade | Prozostrodontia |
Clade | Mammaliamorpha |
Taxons de rang inférieur
- â Bocaconodon
- â Delsatia
- â Gondtherium
- â Hadrocodium
- â Tikitherium
- â Woutersia
- â Kuehneotheriidae
- â Morganucodonta
- â Docodonta
- â Haramiyida
- Mammalia (groupe-couronne)
Le taxon Mammaliaformes est un terme de la classification phylogĂ©nĂ©tique. En revanche, l'attribution d'organismes Ă Mammalia a traditionnellement Ă©tĂ© fondĂ©e sur des traits et, sur cette base, les mammifĂšres sont lĂ©gĂšrement plus inclusifs que les mammaliaformes. En particulier, la taxonomie basĂ©e sur les traits inclut gĂ©nĂ©ralement Adelobasileus et Sinoconodon dans Mammalia, bien qu'ils ne relĂšvent pas de la dĂ©finition des mammaliaformes. Ces genres sont inclus dans le clade plus large des mammaliamorphes, dĂ©fini phylogĂ©nĂ©tiquement comme le clade originaire du dernier ancĂȘtre commun des tritylodontidĂ©s et du groupe couronne des mammifĂšres[2].
L'origine du groupe couronne des mammifĂšres remonte au Jurassique, avec des dĂ©couvertes importantes dans les affleurements du Jurassique supĂ©rieur du Portugal et de la Chine. Certains spĂ©cimens fossilisĂ©s possedaient dĂ©jĂ de la fourrure, indiquant que les ancĂȘtres des mammifĂšres avaient dĂ©jĂ dĂ©veloppĂ© cette caractĂ©ristique majeur qui les dĂ©finis.
Description
Les plus anciens mammaliaformes connus ressemblent gĂ©nĂ©ralement Ă des musaraignes en apparence et en taille, et la plupart de leurs caractĂ©ristiques distinctives Ă©taient internes. En particulier, la structure des mĂąchoires des mammaliaformes (incluant les mammifĂšres) et la disposition des dents sont presque uniques. Au lieu d'avoir de nombreuses dents qui sont frĂ©quemment remplacĂ©es, les mammifĂšres ont un ensemble de dents de lait et plus tard un ensemble de dents adultes qui s'emboĂźtent avec prĂ©cision. On pense que cela aide Ă broyer les aliments pour les rendre plus rapides Ă digĂ©rer[5]. Les animaux Ă sang chaud ont besoin de plus de calories que ceux Ă sang froid, donc accĂ©lĂ©rer le rythme de la digestion est une nĂ©cessitĂ©. L'inconvĂ©nient de la dentition fixe est que les dents usĂ©es ne peuvent pas ĂȘtre remplacĂ©es, comme cela est possible pour les ancĂȘtres reptiliomorphes des mammifĂšres. Pour compenser, les mammifĂšres dĂ©veloppent un Ă©mail prismatique, caractĂ©risĂ© par des discontinuitĂ©s de cristallites qui permettent de rĂ©partir la force de la morsure[6].
On pense Ă©galement que la lactation, parmi d'autres traits propres mammifĂšres, caractĂ©risent les mammaliaformes, mais ces Ă©lĂ©ments sont difficiles Ă Ă©tudier dans les archives fossiles. Des preuves de lactation sont prĂ©sentes chez les morganucodontes (en), via des schĂ©mas de remplacement des dents[7]. CombinĂ© avec les tritylodontidĂ©s plus basaux qui affichent Ă©galement des preuves de lactation[8], cela semble impliquer que le lait est une caractĂ©ristique ancestrale dans ce groupe. Cependant, le Sinoconodon assez dĂ©rivĂ© semble avoir complĂštement rejetĂ© le lait. Avant l'Ă©closion, les glandes mammaires fourniraient de l'humiditĂ© aux Ćufs coriaces, une situation que l'on trouve encore chez les monotrĂšmes[9].
Les premiers mammaliaformes disposent de glandes de Harder. Chez les mammifĂšres modernes, cela est utilisĂ© pour nettoyer le pelage, ce qui indique que contrairement Ă leurs ancĂȘtres cynodontes, ces derniers auraient eu une fourrure. Un revĂȘtement isolant est nĂ©cessaire pour garder au chaud un animal homĂ©otherme s'il est trĂšs petit, moins de 5 centimĂštres de long[10]. Hadrocodium, mesurant 3,2 centimĂštres, devait donc avoir de la fourrure, mais Morganucodon, mesurant 10 centimĂštres n'en aurait peut-ĂȘtre pas eu besoin. Le docodonte semi-aquatique Castorocauda, plus Ă©loignĂ© du groupe-couronne des mammifĂšres que Hadrocodium, aurait deux couches de fourrure, des poils de garde et un sous-poil, comme les mammifĂšres actuels[11].
Il est possible que les premiers mammaliaformes aient eu des vibrisses ; Les Tritheledontidae, un groupe de cynodontes, auraient probablement eu cette caractĂ©ristique[12]. Un ancĂȘtre commun Ă tous les mammifĂšres thĂ©riens l'aurait Ă©galement eue[13]. MĂȘme Homo sapiens possĂšde des muscles vibrisseaux vestigiaux dans la lĂšvre supĂ©rieure[14]. Ainsi, il est possible que le systĂšme sensoriel des moustaches ait jouĂ© un rĂŽle important dans le dĂ©veloppement des mammifĂšres, plus gĂ©nĂ©ralement[13].
Comme les monotrĂšmes d'aujourd'hui, les pattes des premiĂšres formes de mammifĂšres Ă©taient quelque peu Ă©talĂ©es, donnant une dĂ©marche plutĂŽt « reptilienne ». Cependant, il y a une tendance gĂ©nĂ©rale Ă avoir des membres antĂ©rieurs plus dressĂ©s, certains comme les eutriconodontes ayant mĂȘme une anatomie des membres antĂ©rieurs fondamentalement moderne tandis que les membres postĂ©rieurs restent « primitifs »[15], tendance en quelque sorte encore observĂ©e chez les mammifĂšres thĂ©riens modernes, qui ont souvent des membres postĂ©rieurs plus Ă©tendus[16]. Dans certaines formes, les pattes postĂ©rieures portent probablement un Ă©peron semblable Ă ceux trouvĂ©s chez les monotrĂšmes. Un tel Ă©peron aurait Ă©tĂ© reliĂ© Ă une glande Ă venin jouant un rĂŽle pour se dĂ©fendre ou dans la compĂ©tition sexuelle[17].
Hadrocodium n'a pas les multiples os de la mùchoire inférieure que l'on voit chez les reptiles. Ceux-ci sont toujours conservés, cependant, dans les mammaliaformes antérieurs[18].
Ă l'exception possible de Megazostrodon et Erythrotherium (ainsi que des mammifĂšres placentaires[19]), tous les mammifĂšres possĂšdent des os Ă©pipubiens, une synapomorphie possible avec les tritylodontidĂ©s, qui en ont Ă©galement[20]. Ces os pelviens renforcent le torse et soutiennent la musculature abdominale et postĂ©rieure. Cependant, ils empĂȘchent l'expansion de l'abdomen et forcent ainsi les espĂšces qui les possĂšdent soit Ă donner naissance Ă des jeunes larves (comme chez les marsupiaux), soit Ă produire de minuscules Ćufs qui Ă©closent en jeunes larves (comme chez les monotrĂšmes)[21]. La plupart des mammaliaformes auraient donc probablement les mĂȘmes contraintes, et certaines espĂšces auraient pu porter des poches.
Phylogénie
Le cladogramme ci-dessous suit l'analyse de Luo et de ses collĂšgues en [22] :
Mammaliamorpha |
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Développé d'en haut
Trechnotheria |
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Cladogramme basé sur Rougier et al. en [23] avec Tikitherium inclus à la suite de Luo et Martin en [3].
Mammaliamorpha |
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Notes et références
Notes
Références
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