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Mammaliaformes

Les mammaliaformes (Mammaliaformes) constituent un clade de cynodontes probainognathiens qui contient le groupe-couronne Mammalia et leurs plus proches branches disparues[1]. Les cynodontes ont Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©s lors de l'extinction du Trias-Jurassique et les survivants ont subi une radiation Ă©volutive menant principalement aux mammaliaformes. Ceux-ci regroupent le clade originaire du plus rĂ©cent ancĂȘtre commun de Morganucodon et du groupe-couronne des mammifĂšres ; ce dernier Ă©tant le clade originaire des plus rĂ©cents ancĂȘtres communs aux monotrĂšmes, marsupiaux et placentaires[2]. En plus de Morganucodon et de Mammalia, les mammaliaformes incluent aussi les Docodonta et des genres basaux comme Hadrocodium ainsi que Tikitherium, le membre le plus ancien connu du groupe[3] - [4].

Mammaliaformes
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
De haut en bas et de gauche Ă  droite, plusieurs exemples de mammaliaformes : Castorocauda, Ornithorhynchus, Megazostrodon et Morganucodon.

Clade

Mammaliaformes
Rowe (d), 1988

Taxons de rang inférieur

Le taxon Mammaliaformes est un terme de la classification phylogĂ©nĂ©tique. En revanche, l'attribution d'organismes Ă  Mammalia a traditionnellement Ă©tĂ© fondĂ©e sur des traits et, sur cette base, les mammifĂšres sont lĂ©gĂšrement plus inclusifs que les mammaliaformes. En particulier, la taxonomie basĂ©e sur les traits inclut gĂ©nĂ©ralement Adelobasileus et Sinoconodon dans Mammalia, bien qu'ils ne relĂšvent pas de la dĂ©finition des mammaliaformes. Ces genres sont inclus dans le clade plus large des mammaliamorphes, dĂ©fini phylogĂ©nĂ©tiquement comme le clade originaire du dernier ancĂȘtre commun des tritylodontidĂ©s et du groupe couronne des mammifĂšres[2].

L'origine du groupe couronne des mammifĂšres remonte au Jurassique, avec des dĂ©couvertes importantes dans les affleurements du Jurassique supĂ©rieur du Portugal et de la Chine. Certains spĂ©cimens fossilisĂ©s possedaient dĂ©jĂ  de la fourrure, indiquant que les ancĂȘtres des mammifĂšres avaient dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ© cette caractĂ©ristique majeur qui les dĂ©finis.

Description

Les plus anciens mammaliaformes connus ressemblent gĂ©nĂ©ralement Ă  des musaraignes en apparence et en taille, et la plupart de leurs caractĂ©ristiques distinctives Ă©taient internes. En particulier, la structure des mĂąchoires des mammaliaformes (incluant les mammifĂšres) et la disposition des dents sont presque uniques. Au lieu d'avoir de nombreuses dents qui sont frĂ©quemment remplacĂ©es, les mammifĂšres ont un ensemble de dents de lait et plus tard un ensemble de dents adultes qui s'emboĂźtent avec prĂ©cision. On pense que cela aide Ă  broyer les aliments pour les rendre plus rapides Ă  digĂ©rer[5]. Les animaux Ă  sang chaud ont besoin de plus de calories que ceux Ă  sang froid, donc accĂ©lĂ©rer le rythme de la digestion est une nĂ©cessitĂ©. L'inconvĂ©nient de la dentition fixe est que les dents usĂ©es ne peuvent pas ĂȘtre remplacĂ©es, comme cela est possible pour les ancĂȘtres reptiliomorphes des mammifĂšres. Pour compenser, les mammifĂšres dĂ©veloppent un Ă©mail prismatique, caractĂ©risĂ© par des discontinuitĂ©s de cristallites qui permettent de rĂ©partir la force de la morsure[6].

On pense Ă©galement que la lactation, parmi d'autres traits propres mammifĂšres, caractĂ©risent les mammaliaformes, mais ces Ă©lĂ©ments sont difficiles Ă  Ă©tudier dans les archives fossiles. Des preuves de lactation sont prĂ©sentes chez les morganucodontes (en), via des schĂ©mas de remplacement des dents[7]. CombinĂ© avec les tritylodontidĂ©s plus basaux qui affichent Ă©galement des preuves de lactation[8], cela semble impliquer que le lait est une caractĂ©ristique ancestrale dans ce groupe. Cependant, le Sinoconodon assez dĂ©rivĂ© semble avoir complĂštement rejetĂ© le lait. Avant l'Ă©closion, les glandes mammaires fourniraient de l'humiditĂ© aux Ɠufs coriaces, une situation que l'on trouve encore chez les monotrĂšmes[9].

Les premiers mammaliaformes disposent de glandes de Harder. Chez les mammifĂšres modernes, cela est utilisĂ© pour nettoyer le pelage, ce qui indique que contrairement Ă  leurs ancĂȘtres cynodontes, ces derniers auraient eu une fourrure. Un revĂȘtement isolant est nĂ©cessaire pour garder au chaud un animal homĂ©otherme s'il est trĂšs petit, moins de 5 centimĂštres de long[10]. Hadrocodium, mesurant 3,2 centimĂštres, devait donc avoir de la fourrure, mais Morganucodon, mesurant 10 centimĂštres n'en aurait peut-ĂȘtre pas eu besoin. Le docodonte semi-aquatique Castorocauda, plus Ă©loignĂ© du groupe-couronne des mammifĂšres que Hadrocodium, aurait deux couches de fourrure, des poils de garde et un sous-poil, comme les mammifĂšres actuels[11].

Il est possible que les premiers mammaliaformes aient eu des vibrisses ; Les Tritheledontidae, un groupe de cynodontes, auraient probablement eu cette caractĂ©ristique[12]. Un ancĂȘtre commun Ă  tous les mammifĂšres thĂ©riens l'aurait Ă©galement eue[13]. MĂȘme Homo sapiens possĂšde des muscles vibrisseaux vestigiaux dans la lĂšvre supĂ©rieure[14]. Ainsi, il est possible que le systĂšme sensoriel des moustaches ait jouĂ© un rĂŽle important dans le dĂ©veloppement des mammifĂšres, plus gĂ©nĂ©ralement[13].

Comme les monotrĂšmes d'aujourd'hui, les pattes des premiĂšres formes de mammifĂšres Ă©taient quelque peu Ă©talĂ©es, donnant une dĂ©marche plutĂŽt « reptilienne ». Cependant, il y a une tendance gĂ©nĂ©rale Ă  avoir des membres antĂ©rieurs plus dressĂ©s, certains comme les eutriconodontes ayant mĂȘme une anatomie des membres antĂ©rieurs fondamentalement moderne tandis que les membres postĂ©rieurs restent « primitifs »[15], tendance en quelque sorte encore observĂ©e chez les mammifĂšres thĂ©riens modernes, qui ont souvent des membres postĂ©rieurs plus Ă©tendus[16]. Dans certaines formes, les pattes postĂ©rieures portent probablement un Ă©peron semblable Ă  ceux trouvĂ©s chez les monotrĂšmes. Un tel Ă©peron aurait Ă©tĂ© reliĂ© Ă  une glande Ă  venin jouant un rĂŽle pour se dĂ©fendre ou dans la compĂ©tition sexuelle[17].

Hadrocodium n'a pas les multiples os de la mùchoire inférieure que l'on voit chez les reptiles. Ceux-ci sont toujours conservés, cependant, dans les mammaliaformes antérieurs[18].

À l'exception possible de Megazostrodon et Erythrotherium (ainsi que des mammifĂšres placentaires[19]), tous les mammifĂšres possĂšdent des os Ă©pipubiens, une synapomorphie possible avec les tritylodontidĂ©s, qui en ont Ă©galement[20]. Ces os pelviens renforcent le torse et soutiennent la musculature abdominale et postĂ©rieure. Cependant, ils empĂȘchent l'expansion de l'abdomen et forcent ainsi les espĂšces qui les possĂšdent soit Ă  donner naissance Ă  des jeunes larves (comme chez les marsupiaux), soit Ă  produire de minuscules Ɠufs qui Ă©closent en jeunes larves (comme chez les monotrĂšmes)[21]. La plupart des mammaliaformes auraient donc probablement les mĂȘmes contraintes, et certaines espĂšces auraient pu porter des poches.

Phylogénie

Le cladogramme ci-dessous suit l'analyse de Luo et de ses collĂšgues en [22] :

Mammaliamorpha

†Tritylodontidae




†Pachygenelus


Mammaliaformes

†Adelobasileus



†Sinoconodon




†Morganucodonta




†Docodonta

†Haldanodon



†Castorocauda






† Haramiyida


†Thomasia



†Haramiyavia





†Megaconus




†Shenshou





†Eleutherodon



†Sineleutherus





†Arboroharamiya



†Xianshou








Mammalia







Développé d'en haut

Trechnotheria

†Spalacotheriida




†Henkelotherium


Cladotheria

†Dryolestes




†Amphitherium


Zatheria

†Peramus



†Vincelestes



†Nanolestes









Cladogramme basé sur Rougier et al. en [23] avec Tikitherium inclus à la suite de Luo et Martin en [3].

Mammaliamorpha

†Tritylodontidae




†Adelobasileus




†Sinoconodon


Mammaliaformes

†Morganucodontidae

†Morganucodon









Notes et références

Notes

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Mammaliaformes » (voir la liste des auteurs).

Références

  1. (en) F. Abdala, « Redescription of Platycraniellus Elegans (Therapsida, Cynodontia) from the Lower Triassic of South Africa, and the cladistic relationships of eutheriodonts », Palaeontology, vol. 53, no 3,‎ , p. 591–618 (DOI 10.1111/j.1475-4983.2007.00646.x)
  2. (en) T. Rowe, « Definition, diagnosis, and origin of Mammalia », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 8, no 3,‎ , p. 241–264 (DOI 10.1080/02724634.1988.10011708, lire en ligne)
  3. (en) Zhe-Xi Luo et Thomas Martin, « Analysis of Molar Structure and Phylogeny of Docodont Genera », Bulletin of Carnegie Museum of Natural History, vol. 39, no 39,‎ , p. 27–47 (DOI 10.2992/0145-9058(2007)39[27:AOMSAP]2.0.CO;2, lire en ligne [archive du ], consultĂ© le )
  4. (en) P. M. Datta, « Earliest mammal with transversely expanded upper molar from the Late Triassic (Carnian) Tiki Formation, South Rewa Gondwana Basin, India », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 25, no 1,‎ , p. 200–207 (DOI 10.1671/0272-4634(2005)025[0200:EMWTEU]2.0.CO;2)
  5. (en) Edwin H. Colbert, Michael Morales et Eli C. Minkoff, Colbert's evolution of the vertebrates: a history of the backboned animals through time, New York, Wiley, , 5th Ă©d. (ISBN 978-0-471-38461-8)
  6. (en) S. R. P. Line et P. D. Novaes, « The development and evolution of mammalian enamel: Structural and functional aspects », Brazilian Journal of Morphological Sciences, vol. 22, no 2,‎ , p. 67–72 (ISSN 0102-9010, lire en ligne)
  7. (en) E. Panciroli, R. B. J. Benson et S. Walsh, « The dentary of Wareolestes rex (Megazostrodontidae): a new specimen from Scotland and implications for morganucodontan tooth replacement. », Papers in Palaeontology, vol. 3, no 3,‎ , p. 373-386 (DOI 10.1002/spp2.1079 AccĂšs payant)
  8. Y. Hu, J. Meng et J. M. Clark, « A new tritylodontid from the Upper Jurassic of Xinjiang, China », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 54, no 3,‎ , p. 385–391 (DOI 10.4202/app.2008.0053 AccĂšs libre)
  9. (en) O.T. Oftedal, « The mammary gland and its origin during synapsid evolution », Journal of Mammary Gland Biology and Neoplasia, vol. 7, no 3,‎ , p. 225–252 (PMID 12751889, DOI 10.1023/A:1022896515287, S2CID 25806501)
  10. (en) Ruben, J.A. et Jones, T.D., « Selective Factors Associated with the Origin of Fur and Feathers », American Zoologist, vol. 40, no 4,‎ , p. 585–596 (DOI 10.1093/icb/40.4.585 AccĂšs libre)
  11. (en) Qiang Ji et al., « A Swimming Mammaliaform from the Middle Jurassic and Ecomorphological Diversification of Early Mammals », Science, vol. 311, no 5764,‎ , p. 1123–27 (PMID 16497926, DOI 10.1126/science.1123026, S2CID 46067702)
  12. (en) « Your Inner Fish: Episode Guide », sur PBS, (consulté le )
  13. (en) B. Mitchinson, R. A. Grant, K. Arkley, V. Rankov, I. Perkon et T.J. Prescott, « Active vibrissal sensing in rodents and marsupials », Phil. Trans. R. Soc. B, vol. 366, no 1581,‎ , p. 3037–3048 (PMID 21969685, PMCID 3172598, DOI 10.1098/rstb.2011.0156)
  14. (en) Yuichi Tamatsu, Kazue Tsukahara, Mitsuyuki Hotta et Kazuyuki Shimada, « Vestiges of vibrissal capsular muscles exist in the human upper lip », Clin Anat, vol. 20, no 6,‎ , p. 628–31 (PMID 17458869, DOI 10.1002/ca.20497, S2CID 21055062)
  15. Zofia Kielan-Jaworowska, Richard L. Cifelli, Zhe-Xi Luo, Mammals from the Age of Dinosaurs: origins, evolution, and structure, New York, Columbia University Press, , 216–248 (ISBN 0-231-11918-6, lire en ligne AccĂšs limitĂ©), « Chapter 7: Eutriconodontans »
  16. Z. Kielan−Jaworowska et J. H. Hurum, « Limb posture in early mammals: Sprawling or parasagittal », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 51, no 3,‎ , p. 393-406
  17. (en) J.H. Hurum, Luo, Z-X et Kielan-Jaworowska, Z., « Were mammals originally venomous? », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 51, no 1,‎ , p. 1–11 (lire en ligne)
  18. (en) T. S. Kemp, The Origin and Evolution of Mammals, Oxford University Press, (ISBN 0-19-850760-7, lire en ligne AccÚs limité), 149
  19. (en) Jason A. Lillegraven, Zofia Kielan-Jaworowska, William A. Clemens, Mesozoic Mammals: The First Two-Thirds of Mammalian History, University of California Press, 17/12/1979 - 321
  20. (en) Stephen Reily and Thomas White, Hypaxial Motor Patterns and the Function of Epipubic Bones in Primitive Mammals, ARTICLE in SCIENCE 299(5605):400-2 · FEBRUARY 2003, Department of Biological Sciences, Ohio University, Athens, OH 45701, USA. Impact Factor: 33.61 · DOI 10.1126/science.1074905 · Source: PubMed
  21. (en) Michael L. Power, Jay Schulkin. The Evolution Of The Human Placenta. pp. 68–.
  22. (en) Zhe-Xi Luo, Stephen M. Gates, Farish A. Jenkins Jr., William W. Amaral et Neil H. Shubin, « Mandibular and dental characteristics of Late Triassic mammaliaform Haramiyavia and their ramifications for basal mammal evolution », PNAS, vol. 112, no 51,‎ , E7101-9 (PMID 26630008, PMCID 4697399, DOI 10.1073/pnas.1519387112 AccĂšs libre)
  23. (en) G. W. Rougier, J. R. Wible et J. A. Hopson, « Basicranial Anatomy of Priacodon fruitaensis (Triconodontidae, Mammalia) from the Late Jurassic of Colorado, and a Reappraisal of Mammaliaform Interrelationships », American Museum of Natural History, no 3183,‎ (ISSN 0003-0082, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Références taxonomiques

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