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Maladie d'Unverricht-Lundborg

La maladie d'Unverricht-Lundborg (en abrégé ULD ou EPM1) est la forme la plus commune d'un groupe rare de troubles génétiques de l'épilepsie, appelés épilepsies myocloniques progressives[1]. Elle est provoquée par une mutation du gène de la cystatine B (CSTB)[2]. La maladie est nommée d’après Heinrich Unverricht et Herman Bernhard Lundborg. Heinrich Unverricht l’a décrite en 1891[3] - [4], et Herman Bernhard Lundborg l'a étudié plus en détail en 1901[5] et 1903[6]. Les symptômes apparaissent chez les enfants entre 6 et 16 ans; parfois vers 18 ans[7]. La plupart des cas provenaient de la région balte de l'Europe, bien que beaucoup aient été signalés par des pays de la Méditerranée[2].

Maladie d'Unverricht-Lundborg
Référence MIM 254800
Transmission RĂ©cessive
Chromosome 21q22.3
Gène CSTB
Mutation Expansion de triplet
Porteur sain Sans objet
PrĂ©valence 1 sur 25 000 naissances en Finlande
Maladie génétiquement liée Aucune
Diagnostic prénatal Possible
Liste des maladies génétiques à gène identifié

Le début de la maladie est caractérisé par des secousses myocloniques et des crises tonico-cloniques[7]. Les cas précoces entraînaient souvent le besoin d'un fauteuil roulant et la mort avant l'âge de 24 ans[8], mais de nouveaux traitements et médicaments ont augmenté l'espérance des personnes atteintes d'ULD, voire proches de celles d'un individu non affecté[7].

SymptĂ´mes

La maladie provoque des secousses myocloniques, ainsi que des crises tonico-tonique chez l’enfant entre 6 et 16 ans. Ses secousses myocloniques se produisent dans les muscles proches du torse sur les bras ou les jambes. Elles sont dĂ©clenchĂ©es par diffĂ©rents stimulus externes[7]. Les crises dĂ©butent le plus souvent vers 11 ans, et les myoclonies vers 12 ans[8]. Cette maladie est souvent confondue avec une Ă©pilepsie plus commune, comme l’épilepsie myoclonique juvĂ©nile. Son diagnostic ne peut donc se faire que par test gĂ©nĂ©tique[7].

Causes

La cause de l’ULD est une mutation du gène CSTB qui produit la cystéine B[2] Les deux parents doivent être porteurs de la maladie pour que l’enfant en hérite. L’individu est malade s’il porte deux copies du gêne muté. On parle d’un gène récessif[2]. Les frères et sœurs des personnes malades n’ont qu’un seul gène muté. Il ne montre généralement pas de signe de la maladie. Dans certains cas, des symptômes bénins peuvent être observés[9].

De nouvelles recherches montrent que la cystatine B n'est peut-être pas le seul facteur impliqué dans la maladie d'Unverricht-Lundborg. Dans une étude, il a été déterminé que les patients atteints d'ULD avaient plus de récepteurs de la dopamine dans certaines zones de leur cerveau que les individus non affectés[10]. Les chercheurs ont choisi d’enquêter sur les récepteurs de la dopamine, car ils sont connus pour être une facteur de myoclonies. Ces facteurs sont une partie importante des symptômes de l’ULD. Les résultats de cette étude indiquent que la cause de la maladie est peut-être plus complexe que ce qui est admis actuellement.

MĂ©canisme de la maladie

Si l’on connait la cause gĂ©nĂ©tique de l’ULD, son mĂ©canisme, lui, n’est pas entièrement connu. La recherche actuelle pourrait mener Ă  une connaissance prĂ©cise du mĂ©canisme. Une recherche effectuĂ©e sur des souris dont on a gène de la production de cystatine B retirĂ©, pour fournir un ensemble similaire de symptĂ´mes aux personnes atteintes d'ULD[11]. Le mĂ©canisme actuellement soutenu par la recherche est très similaire Ă  un autre, celui de l’épilepsie connue sous le nom de « kindling Â» en anglais.

DĂ©but

Selon les recherches actuelles, la cystatine B est lié à la production de neurones inhibiteurs connus sous le nom de neurones GABAergiques. Il a montré que l'absence de cystatine B due à une mutation du gène CSTB entraîne une diminution du nombre de neurones inhibiteurs. Or ce manque d'inhibition rend les cellules du cerveau plus excitables, en particulier dans l’hippocampe. Il est supposé que cette augmentation de l'excitabilité est ce qui provoque les saccades myocloniques et les crises tonico-cloniques chez les patients atteints d'ULD[11].

Progression

La recherche prouve Ă©galement que la cystatine B peut ĂŞtre un type de molĂ©cule «protectrice» dans le cerveau. Normalement, après une crise, la prĂ©sence de cystatine B empĂŞche les neurones de mourir en raison des niveaux toxiques de neurotransmetteurs. L'absence de cystatine B conduirait Ă  la mort des neurones affectĂ©s, Conduisant ainsi Ă  une dĂ©tĂ©rioration d’une partie du cerveau. Ces pertes  sont plus importantes dans le cas de la maladie, car les cellules ont une excitabilitĂ© accrue. Cela rend la maladie d'Unverricht-Lundborg progressive[11].

Diagnostic

La seule mĂ©thode actuelle de diagnostic de la maladie d’Unverricht-Lundborg est un test gĂ©nĂ©tique vĂ©rifiant la prĂ©sence du gène de la cystatine B mutĂ©. Ce teste peut confirmer des suspicions, si le gène est trouvĂ© chez l’individu. Le problème de ce test est son coĂ»t, car la maladie est rare, donc le teste est très spĂ©cifique[12]. Les premiers symptĂ´mes de l'ULD sont gĂ©nĂ©raux et, dans de nombreux cas, similaires Ă  d'autres Ă©pilepsies plus courantes, telles que l'Ă©pilepsie myoclonique juvĂ©nile[7]. C’est pour ces raisons que le test de l’ULD est souvent fait en dernière option face Ă  ces symptĂ´mes. Dans la plupart des cas, un diagnostic erronĂ© n’est pas prĂ©judiciable au patient, plusieurs des mĂ©dicaments prescrits pour diffĂ©rentes Ă©pilepsies traitent aussi l’ULD. Cependant, certains mĂ©dicaments contre l’épilepsie peuvent augmenter l'incidence des crises Ă©pileptiques et des crises myocloniques chez les patients atteints d'ULD. Cela peut entraĂ®ner une augmentation de la vitesse de progression. C’est le cas des mĂ©dicaments suivants : la phĂ©nytoĂŻne, la fosphĂ©nytoĂŻne, les inhibiteurs sodiques, les mĂ©dicaments GABA, la gabapentine et la prĂ©gabaline[7].

D'autres méthodes de diagnostic de la maladie d'Unverricht-Lundborg sont actuellement explorées. Les crises de l’ULD sont généralisées dans tout le cerveau, ce qui complique le diagnostic à l’EEG. Sans une région spécifique à repérer, il est difficile de distinguer avec précision une lecture d'EEG d'un individu avec ULD d'un individu avec un autre type d'épilepsie caractérisée par des crises cérébrales généralisées. L’utilité de l’EEG comme outil de diagnostic peut augmenter avec les recherches récentes, liant les lésions cérébrales ULD à l'hippocampe[11].

L'imagerie par résonance magnétique (IRM) est également souvent utilisée lors du diagnostic de patients atteints d'épilepsie. Au début de la maladie, une IRM d’un malade est généralement similaire à celle d’un individu sain. Par contre, les IRM prises une fois que la maladie a progressé montrent des dommages caractéristiques[7], ce qui peut aider à corriger un mauvais diagnostic.

L’ULD est une maladie rare, et la difficulté à confirmer son diagnostic augmente le risque que cette maladie soit sous-diagnostiquée[2].

Traitement

Il n’y a pas de traitement pour rĂ©parer le gène CSTB mutĂ©. Cependant plusieurs mĂ©dicaments antiĂ©pileptiques sont efficaces pour rĂ©duire les crises et aider les patients atteints d'ULD Ă  gĂ©rer les symptĂ´mes. 

MĂ©thodes actuelles 

L'acide valproïque et le lévétiracétam sont souvent proposé pour réduire les crises généralisées et la myoclonie. Le clonazépam et le piracétam à haute dose peuvent également soulager la myoclonie. De même, topiramate et zonisamide sont courants pour traiter l’ULD. En revanche, La carbamazépine, l'oxcarbazépine, la tiagabine, la vigabatrine, la gabapentine et la prégabaline peuvent aggraver la myoclonie et les crises myocloniques[13]. La phénytoïne risque aussi accélérer la neurodégénérescence, et augmenter les crises.

Simplement réduire l’exposition du patient aux stimuli déclencheurs peut permettre de réduire la probabilité de crises[7]. En raison du caractère progressif de la maladie, elle est parfois accompagnée de dépressions. Le soutien d’amis, de la famille, ou de d’autres malades atteints d’ULD peut être très bénéfique[8].

Pronostic de la maladie

Pour les premiers patients atteints de la maladie d'Unverricht-Lundborg, la maladie progressait rapidement à cause de l’absence de traitements efficaces. Dans de nombreux cas, le malade se déplaçait en fauteuil roulant, et mourrait à un jeune âge[8].

Aujourd’hui, les connaissances sur la maladie et le développement du traitement et des médicaments ont entraîné une amélioration spectaculaire du pronostic chez les personnes atteintes d'ULD. La diminution du nombre de crises et de myoclonies grâce aux médicaments limite les dommages causés au cerveau ou au corps (dû aux chutes). Ces conditions permettent aux malades de se passer de l’utilisation de fauteuils roulant, éliminant les complications lié à ce mode de déplacement[12]. Alors que les premiers patients atteints d'ULD avaient une espérance de vie d'environ 24 ans[8], il a été récemment rapporté des cas d'individus vivant à des âges proches de la normale[7].

Épidémiologie

Le seul pays oĂą l'incidence de la maladie d'Unverricht-Lundborg a Ă©tĂ© signalĂ©e se situe en Finlande, oĂą il serait prĂ©sent chez 4 personnes sur 100 000[7]. Cependant, cette maladie est seulement devenu bien dĂ©fini que rĂ©cemment, et est probablement encore sous-diagnostiquĂ©[2].A cause de cela, l'incidence rĂ©elle est surement diffĂ©rente des chiffres actuelles. D'autres pays ont des cas connus, notamment les États-Unis, ainsi que des pays de la rĂ©gion mĂ©diterranĂ©enne : l'Italie, la France, la Tunisie, l'AlgĂ©rie et le Maroc[7].

Histoire

La maladie d'Unverricht-Lundborg a d'abord été connue comme l'une des deux maladies différentes. Le nom changeait en fonction de la localisation de l'individu qui l'a eu: Myoclonus balte ou Myoclonus méditerranéen[7]. La raison de ces différents noms était en partie régionale, mais aussi parce que les traitements différaient entre ces régions, amenant à des pronostics différents. Finalement, les deux ont été réalisés pour être la même maladie, l'ULD.

Recherches sur la maladie

De nombreuses études ont été réalisées récemment pour étudier la cause, le mécanisme et la base chimique de la maladie d'Unverricht-Lundborg.

Sur les caractéristiques de la cystatine B

Une étude récente a tenté de décrire le comportement de la cystatine B normale et mutée telle qu'elle est exprimée dans le corps. Les résultats montrent que la cystatine B a une structure polymérique et que la forme mutée de la cystatine B (présent chez les malades de l’ULD), forme des amas de molécules en attirant d’autres molécules de cystatine B. Les chercheurs suggèrent que cette action de coagulation des molécules de la cystatine B pourrait être l'un des facteurs responsables de la progression de l'ULD[14].

Étude de souris hétérozygotes

Chez l'homme, un patient exprime les symptĂ´mes de l’ULD que s’il possède  deux fois le gène CSTB rĂ©cessifs (on parle de gènes rĂ©cessifs homozygotes). Une Ă©tude rĂ©cente a tentĂ© de trouver de potentiels symptĂ´mes chez des souris ne portant qu'un seul gène rĂ©cessif CSTB (hĂ©tĂ©rozygotes). Les chercheurs ont analysĂ© les souris normales et hĂ©tĂ©rozygotes en leur faisant effectuer diverses tâches. L’étude a rĂ©vĂ©lĂ© un comportement semblable Ă  celui des souris saines en dĂ©but d’exercice. Cependant, lorsque la tâche se poursuivait ou devenait plus complexe, les souris hĂ©tĂ©rozygotes Ă©taient plus susceptibles d'Ă©chouer. Les rĂ©sultats concluent donc que porter un seul gène CSTB mutĂ© peut avoir de lĂ©gers effets indĂ©sirables, au moins chez la souris[9].

Analyse d’EEG pendant la progression de la maladie Unverricht-Lundborg 

Actuellement, l'électroencéphalographie (EEG) n'est pas très efficace comme outil de diagnostic de la maladie d'Unverricht-Lundborg. Cette étude cherche plutôt à caractériser le changement de l'EEG des patients ULD à mesure que la maladie progresse. Les chercheurs ont étudié vingt-cinq patients atteints de l’ULD et suivi leur EEG au fil du temps. Les résultats montrent que certaines ondes cérébrales présentes au début de la maladie sont également présentes chez les individus non touchés. Dû à la progression de la maladie d’Unverricht-Lundborg, ces ondes tendent à diminuer (après 10 à 15 ans)[15].

Sources

  1. (en) « Myoclonic Seizures », sur Epilepsy Foundation (consulté le )
  2. (en) Joensuu T, Lehesjoki AE, Kopra O, « Molecular background of EPM1-Unverricht-Lundborg disease. », Epilepsia,‎
  3. (de) Heinrich Unverricht, Die myoclonie, Leipzig und Wien, F. Deuticke,
  4. (de) Unverricht Heinrich, Ueber familiäre Myoklonie, Dtsch Z Nervenheilk,
  5. (de) Herman Bernhard Lundborg, Ueber Degeneration und degenerierte Geschlechter in Schweden. I. Klinische Studien und Erfahrungen hinsichtlich der familiären Myoklonie und damit verwandter Krankheiten, Stockholm, Marcus’ Boktr.-Aktiebolag,
  6. (de) Herman Bernhard Lundborg, Die progressive Myoklonus-Epilepsie (Unverricht’s Myoklonie), Upsala, Almqvist und Wiksell’s Buchdruckerei,
  7. (en) Kälviäinen R1, Khyuppenen J, Koskenkorva P, Eriksson K, Vanninen R, Mervaala E, « Clinical picture of EPM1-Unverricht-Lundborg disease. », Epilepsia,‎
  8. (en) Chew NK, Mir P, Edwards MJ, Cordivari C, Martino D, et al., « The natural history of Unverricht-Lundborg disease: A report of eight genetically proven cases. », Movement Disorders,‎
  9. (en) Kaasik A, Kuum M, Aonurm A, Kalda A, Vaarman A, Zharkovsky A., « Seizures, Ataxia, and Neuronal Loss in Cystatin B Heterozygous Mice », Epilepsia,‎
  10. (en) Korja M, Kaasinen V, Lamusuo S, Parkkola R, Nagren K, Marttila R., « Substantial Thalamostriatal Dopaminergic Defect in Unverricht-Lundborg Disease. », Epilepsia,‎
  11. (en) Franceschetti S, Sancini G, Buzzi A, Zucchini S, Paradiso B, et al., « A pathogenetic hypothesis of Unverricht-Lundborg disease onset and progression. », Neurobiology of Disease,‎
  12. Warmouth G., Emory University Department of Epilepsy, interviewed by M. Scrudato, Nov. 19, 2008
  13. (en) Kälviäinen, R.; Khyuppenen, J.; Koskenkorva, P.; Eriksson, K.; Vanninen, R.; Mervaala, E., « Clinical picture of EPM1-Unverricht-Lundborg disease. », Epilepsia,‎ (PMID 18325013, DOI 10.1111/j.1528-1167.2008.01546.x)
  14. (en) Cipollini E, Riccio M, Di Giaimo R, Dal Piaz F, Pulice G, Catania S, Caldarelli I, Dembic M, Santi S, Melli M., « Cystatin B and its EPM1 mutants are polymeric and aggregate prone in vivo. », Biochimica et Biophysica,‎
  15. (en) Ferlazzo E, Magaudda A, Striano P, Vi-Hong N, Serra S, Genton P., « Long-term evolution of EEG in Unverricht-Lundborg disease. », Epilepsy Research,‎
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