Madeleine Passot
Madeleine Passot, épouse Jégouzo, aussi connue sous le nom de Betty Langlois, née le dans le 15e arrondissement de Paris[1] - [2] - [3] et morte le dans le 11e arrondissement de la même ville, est une Résistante et militante communiste française[4].
Naissance | |
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Décès |
(Ă 95 ans) 11e arrondissement de Paris |
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Yves JĂ©gouzo (d) |
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Biographie
Fille unique de Jean-Captiste Passot, un ouvrier boulanger devenu métallurgiste incarcéré en 1914 pour avoir participé à des manifestations anti-guerre lancée par Jean Jaurès, elle grandit dans une famille très marquée par l'engagement socialiste[3]. Enfant, elle est surnommée « la petite communiste » par son père[5]. Dans les années 1920, elle adhère à l'Union des jeunes filles de France[6]. Après deux ans d'études dans une école normale primaire[2], elle devient secrétaire de direction dans une entreprise de cosmétiques et commence à militer dans les syndicats de la mode en faveur des Républicains espagnols[4]. En 1936, elle adhère au Parti communiste français[3].
Deux ans plus tard, on lui propose un poste dans le « service illégal » de René Mourre et Madeleine Passot prend le pseudonyme de Gervaise[3]. Elle est chargée de préparer l'entrée du PCF dans la clandestinité en trouvant des planques, des boîtes aux lettres et en classant les archives à cacher[3]. Après l'arrestation de Mourre, elle travaille avec Arthur Dallidet sous les ordres de Benoît Frachon pour maintenir les contacts entre les branches du PCF partout en France, notamment celui avec Jacques Duclos à Tarbes[4]. Plus tard, elle parlera de la Drôle de guerre comme d'un « vide »[7].
Aux débuts de l'Occupation, elle est envoyée en province avec Claudine Chomat et après avoir visité plusieurs villes, elle se retrouve bloquée par l'arrêt du trafic ferroviaire à Marseille[4]. Elle retourne finalement à Paris porter un message de désapprobation de Frachon vis-à -vis des membres du comité de L'Humanité souhaitant obtenir des autorités d'Occupation la parution légale du journal[4]. Surnommée Betty par ses camarades et « ongles rouges » par la direction du Parti, devenue agent de liaison du comité national des Francs-tireurs et partisans[8] sous la fausse identité de Lucienne Langlois (c'est sous ce nom que Charlotte Delbo parle d'elle dans Le convoi du [8]), elle traverse régulièrement la ligne de démarcation en train, vélo ou à pied[3]. Lors de certains passages, elle s'assoit avec des soldats allemands tout en transportant de l'argent caché dans le double fond de sa valise[5]. Elle est certaines fois fouillée, sans succès[5].
Dans le cadre de l'« affaire Pican-Cadras » (le démantèlement du groupe de Georges Politzer[6]) menée par la police nationale, elle est arrêtée par les Brigades spéciales le au 5 Cité Falguière à Paris[2]. Ce démantèlement mène aussi à l'arrestation de Germaine Pican, Marie Politzer, Charlotte Delbo, Hélène Solomon-Langevin et Danielle Casanova avec lesquelles elle sera déportée[3]. Internée en tant que Nuit et brouillard, elle est envoyée à la Conciergerie jusqu'au puis au secret à la Prison de la Santé où elle est interrogée et enfin, le au Fort de Romainville[8].
Le , elle est mise dans le Convoi des 31 000 à destination d'Auschwitz, convoi qui comporte 230 femmes Résistantes parmi lesquelles se trouvent Charlotte Delbo, Marie-Claude Vaillant-Couturier ou encore Yvette Feuillet, qui, pour survivre, vont se porter mutuelle assistance[4]. À l'arrivée le , le groupe passe le portail du camp en chantant La Marseillaise[4]. Recevant le numéro 31668[8], elle est nommée infirmière au revier du camp le grâce à Danielle Casanova, prise comme dentiste le jour de leur arrivée[2]. Elle est touchée par l'épidémie de typhus qui fait des ravages dans le camp en avril et et assiste Danielle Casanova dans ses derniers moments, alors que cette dernière est en train de mourir de l'infection le [3]. Comme toutes les membres survivantes du convoi, elle est mise en quarantaine le [9]. Le , elle est transférée à Ravensbrück où elle est opérée d'un phlegmon infecté au bras[4]. Elle est libérée le et revient à Paris le [2].
Devenue la secrétaire de Jean Jérôme, elle emménage à Casablanca avec son époux Mathurin Jégouzo en 1949 pour y fonder une société d'import-export[4]. Ils rentrent en France en 1962 et s'installent à Viroflay[4].
Dans les années 1980, elle développe ses activités dans des associations d'anciens déportés et d'anciens résistants, co-présidente de la branche du Var de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP)[4]. Madeleine Passot fait également partie des membres fondatrices de l'Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance avec Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Denise Vernay[3].
Elle meurt dans son appartement parisien le et incinérée au Cimetière du Père-Lachaise le 25[6].
Distinctions
- 1985 : chevalier de l'Ordre national de la LĂ©gion d'honneur
- 1995 : officier de l'Ordre national de la LĂ©gion d'honneur[4]
Elle est également titulaire de la Médaille militaire, de la Croix de guerre 1939-1945 avec palmes, de la Médaille de la Résistance française et de la Croix du combattant volontaire[3]. Elle a également été homologuée sergent dans la Résistance intérieure française[2].
Références
- Certaines sources, contrairement à l'état civil, la font naître le au Montet dans l'Allier, ce qui en fait était indiqué sur ses faux papiers délivrés au nom de Lucienne Langlois née Verrier, sous lequel elle a été arrêtée et déportée, comme précisé dans l'ouvrage Madeleine dite Betty: déportée résistante à Auschwitz-Birkenau p. 21
- Delbo 1965, p. 167.
- « Madeleine JÉGOUZO, née Passot, alias Lucienne Langlois, dite “Betty” – 31668 », sur Mémoire Vive (consulté le ).
- Jean-Pierre Besse, Marc Giovaninetti, « notice Jégouzo Madeleine [née Passot ; pseudonymes dans la clandestinité, Gervaise, Betty, Lucienne Langlois] », Maîtron,‎ (lire en ligne).
- Moorehead 2017, p. 51.
- « Mort de la résistante Madeleine Jégouzo », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
- Moorehead 2017, p. 54.
- Rameau 2008, p. 70-73.
- « Présentation du convoi du 24 janvier 1943, dit convoi des 31000 », sur Mémoire Vive (consulté le ).
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, .
- Yves Jégouzo, Madeleine dite Betty : déportée résistante à Auschwitz-Birkenau, Paris, L'Harmattan, , 223 p. (ISBN 978-2-296-55166-4, lire en ligne)
- Caroline Moorehead (trad. de l'anglais), Un train en hiver, Paris, Pocket, , 541 p. (ISBN 978-2-266-25872-2).
- Marie Rameau, Des femmes en Résistance : 1939-1945, Paris, Autrement, , 135 p. (ISBN 978-2-7467-1112-9), « Madeleine Jégouzo », p. 70-73.