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Yvette Feuillet

Yvette Feuillet ( à Paris - [1] 1943 à Auschwitz) est une résistante française, déportée et assassinée à Auschwitz[2].

Yvette Feuillet
Yvette Feuillet à 18 ans sur une carte postale anonyme publiée après guerre.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  23 ans)
Auschwitz
Nationalité
Activité
Autres informations
Membre de
Grade militaire
Plaque commémorative apposée au pied de sa maison de la rue des Rosiers.

Biographie

Yvette Feuillet naît le , dans le 14e arrondissement de Paris[3]. Son père, boulanger, meurt alors qu'elle n'a que 10 ans et sa mère, originaire des Landes[3], l'élève seule, avec sa sœur Henriette, en faisant des extras comme cuisinière.

Elle entre rapidement en apprentissage dans une usine de lampes électriques, rue Sedaine dans le 11e arrondissement[4], près de la Bastille. Elle est souffleuse de verre et travaille très dur devant des fours. En , quand l’usine se met en grève, Yvette est élue déléguée syndicale de son atelier.

En 1937, elle intègre la nouvelle Union des jeunes filles de France, et y milite activement : elle accepte le poste de trésorière[3] du foyer du 4e arrondissement (où toute la famille habite désormais, au no 26 de la rue des Rosiers), et parvient à animer de manière généreuse la vie de quartier (comme en témoigne l'une de ses amies[3], qui relate également l'admiration d'Yvette Feuillet pour Paul Vaillant-Couturier, cofondateur du Parti communiste français, quand elle le croise dans le quartier du Marais).

L'engagement dans la RĂ©sistance

Quand l'Occupation survient, les deux sœurs, Henriette et Yvette s'engagent activement dans la résistance. Sa sœur Henriette est agente de liaison entre Auguste Garnier, membre du comité central du PCF, et un certain « Louis ».

Le , Henriette est arrĂŞtĂ©e (après une perquisition de la police française au domicile d’Auguste Garnier). Le journal collaborationniste L’œuvre du rapporte qu'elle dĂ©clare alors : « Je servais d’intermĂ©diaire entre un nommĂ© Louis et les Ă©poux Garnier. » On lui demande des dĂ©tails, mais elle rĂ©pond seulement : « C’est une personne très sympathique » et reste silencieuse. La police fait aussitĂ´t une perquisition dans le petit logement de la rue des Rosiers, y trouve un carnet de rendez-vous, y voit qu’elle a reçu 3 500 francs de Louis, et trouve les lieux de rendez-vous avec « d’autres militants communistes » : un cafĂ© de la place d’Italie pour l’architecte Roger Gainsburger, arrĂŞtĂ© la veille, la place du Châtelet pour Suzanne Dubois (« l’un et l’autre Ă©taient porteurs de tracts communistes», prĂ©cise le journal[3]). Henriette est incarcĂ©rĂ©e Ă  la maison d’arrĂŞt de la SantĂ©, Ă  Paris.

De son côté, Yvette reconstitue secrètement le syndicat dissous par décret à l’atelier. De plus, elle est agente de liaison du comité central clandestin du Front national universitaire (« une tâche importante et très dangereuse auprès des dirigeants du Parti communiste qui organisèrent la lutte nationale contre la trahison et l’occupation », témoigne une amie codétenue[3]).

L'arrestation et la déportation

Le , Yvette Feuillet est arrĂŞtĂ©e après une sĂ©rie de filatures policières menĂ©es dans le cadre de l’« affaire Pican-Cadras-Politzer »[3]. Elle est longuement interrogĂ©e dans les locaux des Renseignements gĂ©nĂ©raux, Ă  la PrĂ©fecture de police. Le , elle est remise aux Nazis qui la transfèrent dans la division allemande de la maison d’arrĂŞt de la SantĂ©. Le , elle est envoyĂ©e sous le matricule no 648 au Fort de Romainville, avec 35 autres dĂ©tenues suspectĂ©es dans la mĂŞme affaire. Le , elle est transfĂ©rĂ©e en camion au camp de Royallieu Ă  Compiègne[3]. Le lendemain, le , elle est conduite, en camion, avec 230 autres prisonnières, Ă  la gare de marchandises de Compiègne. Elle monte dans l'un des quatre derniers wagons Ă  bestiaux du convoi dans lequel plus de 1 450 dĂ©tenus hommes ont Ă©tĂ© entassĂ©s la veille. Le train dĂ©marre. En gare de Halle (Allemagne), le train se divise: les hommes sont dirigĂ©s sur le KL Sachsenhausen, les femmes vers Auschwitz qu'elle atteignent le au soir. Le train y stationne toute la nuit. Le lendemain matin, après avoir Ă©tĂ© descendues et alignĂ©es sur un quai de dĂ©barquement de la gare de marchandises, les dĂ©tenues sont conduites Ă  pied au camp de femmes de Birkenau (B-Ia) oĂą elles entrent en chantant La Marseillaise.

Yvette Feuillet est enregistrée sous le numéro 31663 qu'on lui tatoue sur son avant-bras gauche. Au cours de l’interrogatoire pour établir sa fiche de détenue, elle se déclare sans religion (Glaubenslos). Elle est placée en quarantaine au Block n° 14 pendant deux semaines, provisoirement exemptée de travail dans les Kommandos. Le , elle est amenée à pied à Auschwitz-I où se trouve l’administration pour y être photographiée selon les principes de l’anthropométrie de la police allemande : vues de trois-quarts avec un couvre-chef (foulard), de face et de profil (3 clichés en témoignent où elle pose en costume rayé de détenue, les cheveux courts, l'air triste[3]). Le , elle est assignée au Block 26 et doit participer aux Kommandos de travail.

À peine deux mois plus tard, en , Yvette Feuillet est envoyée à l'infirmerie à la suite d'engelures aux chevilles qui se sont infectées et qui ont creusé des plaies profondes. Elle y contracte le typhus, et meurt le (d’après l’acte de décès établi par l’administration du camp, bien que des rescapées aient parlé du )[3]. Partageant des rumeurs optimistes, elle a le temps de se réjouir qu'il va être possible d'envoyer des lettres: « malgré toutes ses souffrances, elle conserve son entière lucidité. Elle ne peut parler tant elle a mal. Elle me regarde et je l’écoute balbutier lentement, très lentement: “Et… dire… qu’on… va… pou… voir… écri… re… en… Fran… ce…” », rapporte son amie codétenue). La famille ne reçoit aucun avis officiel de décès mais, en janvier ou en , quelqu’un – informé par la lettre d’une survivante en “quarantaine” – annonce la mort d’Yvette à sa sœur Henriette qui lui a survécu.

Sergente Ă  titre posthume

Yvette Feuillet est homologuée sergente FFI à titre posthume, et « citée à l'ordre de la Résistance ». À une date restant à préciser, une plaque commémorative est apposée sur l’immeuble où elle a habité: « Ici habitait Yvette Feuillet Sergent F.F.I. citée à l'ordre de la Résistance assassinée par les Nazis à Auschwitz à l'âge de 22 ans »[5] - [6] - [7] - [8]

Bibliographie

  • (en) Caroline Moorehead. A Train in Winter: An Extraordinary Story of Women, Friendship and Survival in World War II. Random House of Canada, 2011. (ISBN 0307366677) (ISBN 9780307366672)

Notes et références

  1. Discussion sur la date: 6 juillet selon les archives nazies; 8 juillet selon une amie codétenue. Cf. http://www.memoirevive.org/yvette-feuillet-31663/ et (en) Caroline Moorehead. A Train in Winter: An Extraordinary Story of Women, Friendship and Survival in World War II, 2011.
  2. Voir, Le convoi du 24 janvier 1943 dit convoi des 31000.
  3. « Mémoire Vive – Yvette Feuillet – 31663 », sur www.memoirevive.org (consulté le )
  4. On trouve le portrait d'Yvette Feuillet dans Antoine Porcu, Guerre 39-45. Héroïques femmes en résistance. Tome 1. Le Geai Bleu, 2006, 192 p. (ISBN 2-914670-36-2). Quelques indications biographiques sur
  5. Voir Plaque No 3249. Open Plaques.
  6. Voir Feuillet, Yvette, 4e, 26, rue des Rosiers. Sous nos yeux, photographies par Magalie Thireau.
  7. MemorialGenWeb.org - plaque commémorative sur Yvette Feuillet
  8. Voir Qui rapportera ces paroles? de Charlotte Delbo.

Articles connexes

Liens externes

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