Lola Noyr
Alix Marie Nicolas dite Lola Noyr[1], née le dans le 3e arrondissement de Paris[2] et morte le dans le 7e arrondissement de Lyon[3], est une actrice française de théâtre et de cinéma muet de la Belle Époque.
Naissance | |
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Décès |
(Ă 68 ans) 7e arrondissement de Lyon |
Nom de naissance |
Alix Marie Nicolas |
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Ă partir de |
Biographie
Issue d'une famille ouvrière du quartier du Marais[note 1], Alix Nicolas fréquente dès l'adolescence le milieu des peintres montmartrois dont elle sera un de leurs modèles les plus recherchés. Grande, mince et dotée d'une flamboyante chevelure auburn, elle devient entre autres le modèle préféré de Jean-Jacques Henner dès les années 1885[4]. Sa Femme rousse, aujourd'hui au musée de Grenoble, est une des plus parfaites illustrations de sa beauté. Elle entame par la suite une carrière théâtrale au Théâtre-Libre puis une carrière lyrique au Trianon-Concert sous le nom de Lola Noyr[5].
En décembre 1887, elle accouche à 19 ans d'une fille prénommée Isabelle Ernestine Alix[6] qu'elle reconnaîtra mais qu'elle n'élèvera pas. Dans l'acte de son mariage à Auxerre en décembre 1910, Isabelle Nicolas déclarera d'ailleurs avoir toujours ignoré l'adresse de sa mère[7].
Lola Noyr défraie la chronique mondaine en août 1896 avec le procès qui l'oppose à Charles Wells, un ancien amant fils d'un riche industriel parisien, qui l'accuse d'avoir fabriqué et encaissé quatre faux billets à ordre d'un montant total de 20.000 francs en imitant son écriture et sa signature[8]. Malgré une expertise graphologique défavorable, elle sera finalement acquittée par la Cour d'assises de la Seine[9].
En 1897, Lola Noyr intente un procès à deux censeurs Georges Gauné et Marcel Fouquier[10] qui ont interdit au Grand Guignol de programmer une pièce intitulée La Voyageuse, de Georges Docquois et Émile Codey, dans laquelle elle devait créer l'unique rôle de femme[11].
Ă€ Paris, elle est l'amie du chroniqueur et romancier GĂłmez Carrillo[12].
Pendant la première guerre mondiale, elle quitte sa carrière pour se porter volontaire comme infirmière[13]. Elle est infirmière militaire d'abord à l'hôpital Voltaire[note 2], puis aux Quinze-Vingts militaires, qu'elle quitte pour aller vers le front. Elle embarque à Marseille, en 1916, toujours comme infirmière militaire[14].
Après la guerre, les années folles succèdent à la Belle Époque et le nom de Lola Noyr tombe dans l'oubli. On ignore à quelle date et dans quelles circonstances elle se retire à Lyon. C'est dans son numéro du 3 octobre 1936 que le journal Lyon républicain annonce les obsèques le même jour d' « Alice [sic] Nicolas, dite Lola Noyr, 68 ans, église du Bon-Pasteur, 9 heures » sans autre commentaire[15]. L'acte de décès précise qu'elle était dactylographe.
Carrière au théâtre
- 1889 : La Casserole, d'Oscar Métènier, Théâtre-Libre, La rouquine[16].
- 1897 : La Joueuse d'orgue, de Xavier de Montépin et Jules Dornay, au théâtre de l'Ambigu-Comique, Mariani[17].
- 1897 : Hortense, couche-toi !, de Georges Courteline, au Grand Guignol, 15 mars, Hortense[18] - [19].
- 1897 : La Peur du carnet, de Jean Drault, au Grand Guignol[20].
- 1898 : LĂ©zard, de Paul Dornans, au Grand Guignol, 1er mars, Ernestine[21].
- 1898 : Pour un nuit d'Amour, de Jane de la Vaudière d'après Emile Zola, au Grand Guignol, 16 mai, Françoise[22] - [23] - [24].
- 1898 : Mesure pour mesure, de William Shakespeare, au théâtre de l'Œuvre, la dame surmenée[25].
- 1899 : Elle !, de Trébla et John Crozier, à l'Eldorado, 25 février, Marie Pottier[26].
- 1900 : À Saint-Lazare, de Régine Martial en collaboration avec Camille Clermont, au Grand Guignol, 9 juin[27] - [28].
- 1902 : L'Aile, de Jeanne Marni, Madame Bouledoy[29].
- 1902 : L'École du déshonneur, drame en 3 tableaux de M. Revetta, traduction française de M. Lécuyer, au théâtre de La Bodinière (13 mai)
- 1903 : Par délicatesse, de Jean Myrès, aux Mathurins, 28 mars, Mme Palaiseau[30].
- 1903 : P'tit Jeune Homme, de Willy et Luvey, aux Bouffes-Parisiens, 29 avril, Eugénie Gibot[30].
- 1903 : L'Homme du jour, de Pierre Morgand et Claude Roland, au théâtre du Gymnase , le 1er septembre, Mme Lafargue[31] - [32] - [30].
- 1903 : Antoinette ou le Retour du mari, de Tristan Bernard, aux Mathurins, 10 octobre[30].
- 1903 : La Faute, de Jacques Vivien et Serge Basset, aux Mathurins, 4 novembre, Emmeline[33] - [30].
- 1905 : La Dot de Virginie, d'Yves Mirande et René Guy, aux Mathurins, 2 mars, Mme Rabourdin[34].
- 1905 : Le Marchand d'Amour, de Camille Clermont et SĂ©verin Malafayde, aux Mathurins, 2 mars, Elise[34].
- 1905 : L'Oncle Berlin, de Ferdinand Bloch, aux Mathurins, 10 avril, Caroline[34].
- 1905 : L'Échéance, de Pierre de Sancy, au théâtre Molière, 4 mai, Thérèse Chartrain[34].
- 1905 : Monsieur s' amuse, de Georges de Buysieulx et Roger Max, au théâtre Molière, 4 mai, Mme de Burnham[34].
- 1905 : Oui, Benoist !, de Rito de Marghy[35], aux Mathurins, 29 mai, Martsa[34].
- 1906 : Francillon, d'Alexandre Dumas fils, au Royalty Theatre (en), Londres, 5 juillet, Elisa[36].
- 1907 : La Fille des chiffonniers, d'Anicet Bourgeois et Ferdinand Dugué, reprise au théâtre de l'Ambigu, Térésa[37].
- 1908 : La Fille de pilate, de René Fauchois, au théâtre des Arts, 13 avril, La nourrice;
- 1908 : La Dernière Dulcinée, d'Albert du Bois, avec les Escholiers, au théâtre Fémina[38].
- 1908 : La Patronne, de Maurice Donnay, au théâtre du Vaudeville, 6 novembre, Mme Latrille[39] - [40].
- 1909 : L'Ex, de Léon Gandillot, au théâtre du Vaudeville, la baronne Louvard[41] - [42] - [43].
- 1910 : L'Avare, de Molière, reprise au théâtre du Parc à Bruxelles, Frosine[44].
- 1910 : Le Secret de Polichinelle, de Pierre Wolf, reprise au théâtre du Vaudeville, Mme Langeac.
- 1910 : La Maison de danses, de Fernand Nozière et Charles Muller, reprise au théâtre du Vaudeville, Tomasa[45].
- 1910 : Le Marchand de Bonheur, d'Henry Kistemaeckers fils, au théâtre du Vaudeville, 15 octobre, Valto[46].
- 1911 : Monsieur de Preux, de Gabriel Nigond, aux Escholiers[47] - [48].
- 1912 : Agnès, dame galante, comédie en 4 actes d'Henri Cain et Louis Payen, aux Bouffes-Parisiens (28 mars)[49].
- 1912 : La Petite Jasmin de Georges Docquois, Willy et Marchais, au théâtre Impérial, 21 septembre, Mme Jasmin[50] - [51].
- 1913 : Berné-sur-Odon, de Séverin Le Paslier, au théâtre Malakoff[52]
- 1913 : Un fil Ă la patte, de Georges Feydeau, reprise Ă la Renaissance[53].
- 1913 : Le Petit sac, comédie en 3 actes d'Henry Darcourt et Maurice Lupin, à la Comédie-Royale (24 octobre) : la baronne de Mazelles[54]
- 1914 : L'Honnête Fille, de Gabriel Nigond, première au théâtre Antoine, 30 avril, Solange[55].
Carrière au cinéma
- 1908 : Le Mouchoir de Marie, film muet (245 m) de Maurice de FĂ©raudy
- 1910 : Athalie d'Albert Capellani, d'après la tragédie de Jean Racine
- 1910 : Les Suicidés de Louf , film muet français de Michel Carré : Madame Landore
- 1910 : Sur la pente, film muet en 2 actes de Michel Carré : la mère
- 1910 : Le Four à chaux, film muet de Michel Carré : la faneuse
- 1910 : La Mort et le Bûcheron, film muet (184 m) de Maurice de Féraudy d'après la fable de Jean de La Fontaine
- 1911 : La Bonne Ă tout faire / La Servante, film muet (235 m) de Georges Denola
- 1911 : La Gouvernante, film muet (265 m) de Georges Denola
- 1912 : Rigadin domestique, film muet français (225 m) de Georges Monca.
- 1912 : Rigadin et la Tante à héritage, film muet français (225 m) de Georges Monca.
- 1912 : Rigadin rosière / Rigadin et la rosière, film muet français (165 m) de Georges Monca
- 1912 : Tire-au-flanc, film muet (410 m) d'un réalisateur anonyme français d'après la pièce d'André Mouëzy-Éon et André Sylvane : Madame Blondin
- 1914 : Sans famille, film muet (2.180 m) de Georges Monca d'après le roman d'Hector Malot : la mère Barberin
- 1914 : En famille, film muet (1.855 m) de Georges Monca d'après le roman d'Hector Malot
- 1914 ; La Main leste, film muet (334 m) de Maurice de FĂ©raudy : Madame Alsoon
- 1914 : Seule dans Paris, film muet en 3 parties (1.164 m) d'un réalisateur anonyme français d'après le roman de Pierre Elzéar.
Notes et références
Notes
- Son père était mécanicien et sa mère polisseuse.
- L'hôpital complémentaire n°24 fonctionne au Lycée Voltaire sis 101 avenue de la République (Paris).
Références
- Tribunaux. Les billets de l'amant. L'Éclair, 23 août 1896, p. 3, à lire en ligne sur Gallica.
- Acte de naissance n° 291 (vue 21/31) sans mention marginale. Archives en ligne de la Ville de Paris, état-civil du 3e arrondissement, registre des naissances de 1868.
- Acte de décès n° 787 (vue 109/142). Archives municipales de Lyon en ligne, état-civil du 7e arrondissement, registre des décès de 1936. L'acte précise qu'elle était célibataire.
- Chronique des tribunaux. Phryné devant l'aéropage. Le Journal, 22 août 1896, p. 6, à lire en ligne sur Gallica. L'orthographe Lola Myr est une coquille typographique du journal.
- Parfois orthographié Lola Noir. L'origine de ce nom de scène est inconnue.
- Acte de naissance n° 1953 (vue 11/11) avec mentions marginales de la reconnaissance, du mariage et du décès. Archives en ligne de la Ville de Paris, état-civil du 3e arrondissement, registre des naissances de 1887.
- Acte de mariage n° 130 (vue 276/416). Archives départementales de l'Yonne, état-civil d'Auxerre, registre des mariages de 1910.
- Tribunaux. Journal des débats, 22 août 1896, p. 4, à lire en ligne sur Gallica.
- Tribunaux. La femme rousse de Henner. La Lanterne, 24 août 1896, p. 2, à lire en ligne sur Gallica.
- « Marcel Fouquier (1866-1961) », sur data.bnf.fr (consulté le )
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- (es) Guillermo Jimenez et González de Mendoza, Amado Nervo y la critica literaria, Mexico, A. Botas e hijo, (lire en ligne)
- (en) Margaret H. Darrow, « French Volunteer Nursing and the Myth of War Experience in World War I », The American Historical Review, vol. 101, no 1,‎ , p. 80-106 (lire en ligne, consulté le ).
- « Le Figaro », sur Gallica, (consulté le )
- Funérailles d'aujourd'hui. Premier arrondissement. Lyon républicain, 3 octobre 1936, p. 5, à lire en ligne sur Gallica. Le lieu de l'inhumation n'est pas précisé.
- Oscar Métènier, La casserole : drame en un acte, en prose, Paris, Flammarion, (lire en ligne)
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- Comœdia illustré du 5 avril 1913 sur Gallica
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- Le Frou-Frou, 16 novembre 1913 sur Gallica
- Édouard Noël et Edmond Stoullig, « Les Annales du théâtre et de la musique », sur Gallica, (consulté le ), p. 269-272
Bibliographie
: documents utilisés comme source pour la rédaction de cet article :
- Le MĂ©nestrel, Paris, 1833-1940 (lire en ligne), lire en ligne sur Gallica
- Camille Clermont, Souvenirs de Parisiennes en temps de guerre, Paris-Nancy, Berger-Levrault, (OCLC 644574998)
- Raymond Chirat et Éric Le Roy, Catalogue des films français de fiction de 1908 à 1918, éditions de la Cinémathèque française, Paris, 1995.