Livyatan
Livyatan melvillei
Livyatan (LĂ©viathan, en hĂ©breu) est un genre Ă©teint de cachalots dont l'unique espĂšce connue est Livyatan melvillei (littĂ©ralement « LĂ©viathan de Melville »), dĂ©couverte dans la formation de Pisco au PĂ©rou. Elle a vĂ©cu au milieu du MiocĂšne (Tortonien), il y a environ 9,9 Ă 8,9 millions d'annĂ©es. Cependant, une dent australienne implique que cette espĂšce ou un parent proche a survĂ©cu au PliocĂšne, il y a environ 5 millions d'annĂ©es[1] - [2] - [3]. Il Ă©tait probablement un superprĂ©dateur qui chassait des calmars de grande taille, des cĂ©tacĂ©s et des phoques ou des bancs de poissons, au mĂȘme titre que certains requins et l'orque actuelle.
Taxonomie
DĂ©couverte
En novembre 2008, un crĂąne partiellement prĂ©servĂ©, ainsi que des dents et la mĂąchoire infĂ©rieure, appartenant Ă Livyatan melvillei, le spĂ©cimen holotype MUSM 1676, ont Ă©tĂ© dĂ©couverts dans le dĂ©sert cĂŽtier du PĂ©rou dans les sĂ©diments de la formation Pisco, Ă 35 km au sud-ouest de la ville d'Ica[4] - [5]. Klaas Post, chercheur au MusĂ©um d'histoire naturelle de Rotterdam aux Pays-Bas, est tombĂ© sur eux le dernier jour d'une visite sur le terrain[6] - [7]. Les fossiles ont Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s Ă Lima et font maintenant partie de la collection du MusĂ©e d'histoire naturelle de l'UniversitĂ© nationale de Lima Ă San Marcos[6] - [8]. Les premiers fossiles de Livyatan du PĂ©rou Ă©taient datĂ©s d'environ 13 Ă 12 millions d'annĂ©es Ă l'Ă©poque du Serravallien au MiocĂšne, mais ils ont Ă©tĂ© rĂ©visĂ©s Ă 9,98,9 Ma Ă l'Ăąge de Tortonien. En 2016, Ă Beaumaris Bay, en Australie, une grande dent de cachalot mesurant 30 cm (spĂ©cimen NMV P16205) a Ă©tĂ© dĂ©couverte dans les strates du PliocĂšne par un habitant du nom de Murray Orr. La dent a Ă©tĂ© donnĂ©e au Museum de Victoria Ă Melbourne. Bien quâaucune dĂ©signation dâespĂšce ne lui ait Ă©tĂ© attribuĂ©e, la dent ressemble Ă celle de Livyatan, ce qui indique quâelle Ă©tait un proche parent[1] - [2] - [3]. La dent est datĂ©e d'environ 5 millions d'annĂ©es, elle est donc plus jeune que le spĂ©cimen pĂ©ruvien de L. melvillei d'environ 4 ou 5 millions d'annĂ©es[4].
Phylogénie
Livyatan faisait partie d'un groupe de fossiles de cachalots prĂ©dateurs, aux cĂŽtĂ©s de Brygmophyseter, Acrophyseter, Zygophyseter et Aulophyseter, tous Ă©tant des baleines Ă©teintes. Ce groupe est connu pour avoir de grandes dents fonctionnelles sur les mĂąchoires supĂ©rieure et infĂ©rieure, qui Ă©taient utilisĂ©es pour capturer de grandes proies et qui avaient un revĂȘtement en Ă©mail. Ă l'inverse, le cachalot moderne (Physeter macrocephalus) manque d'Ă©mail, de dents dans la mĂąchoire supĂ©rieure et ne peut utiliser ses dents pour attraper une proie. Livyatan appartient Ă une lignĂ©e diffĂ©rente des autres cachalots prĂ©dateurs, lâaugmentation de la taille et le dĂ©veloppement de lâorgane spermaceti, organe caractĂ©ristique des cachalots, auraient Ă©voluĂ© indĂ©pendamment des autres cachalots prĂ©dateurs. Les grandes dents des cachalots prĂ©dateurs ont soit Ă©voluĂ© une fois dans le groupe avec un ancĂȘtre commun semblable aux espĂšces de la famille des Basilosauridae, soit indĂ©pendamment Ă Livyatan. On pense que la grande fosse temporale dans le crĂąne des cachalots prĂ©dateurs est un trait plĂ©siomorphique, c'est-Ă -dire un trait hĂ©ritĂ© d'un ancĂȘtre commun. Puisque les dents des cachalots modernes (Physeter macrocephalus) sont recouvertes d'un Ă©mail avant d'ĂȘtre recouvertes de cĂ©ment, on pense que cet Ă©mail est Ă©galement une caractĂ©ristique ancienne basale. L'apparition de cachalots prĂ©dateurs dans les archives fossiles coĂŻncide avec la diversification des baleines Ă fanons du MiocĂšne, ce qui implique qu'elles ont spĂ©cifiquement Ă©voluĂ© pour exploiter les baleines Ă fanons. Il a Ă©galement Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© de placer les cachalots prĂ©dateurs dans la sous-famille des Hoplocetinae, Ă cĂŽtĂ© des genres Diaphorocetus, Idiorophus, Scaldicetus et Hoplocetus, connus du MiocĂšne au PliocĂšne infĂ©rieur. Cependant, la plupart de ces taxons restent trop fragmentaires ou ont Ă©tĂ© utilisĂ©s comme taxons de corbeille. Cette sous-famille se caractĂ©rise par ses dents robustes et Ă©maillĂ©es[9] - [4] - [10] - [11].
Ătymologie
En juillet 2010, les découvreurs ont attribué le nom anglais du monstre biblique Léviathan, à la baleine appelée Leviathan melvillei. Cependant, le nom scientifique Leviathan est également le synonyme junior du genre de proboscidiens éteint Mammut, erreur que les auteurs ont corrigé en août 2010 en créant un nouveau nom de genre pour la baleine, Livyatan, en référence au nom d'origine hébraïque du monstre. Le nom de l'espÚce melvillei fait référence à Herman Melville, auteur du livre Moby Dick, qui présente un gigantesque cachalot comme principal antagoniste. Certains scientifiques le surnomment en anglais «The real Moby Dick», qui signifie La vraie Moby Dick , alors que le cachalot qui pourrait avoir inspiré Moby Dick était Mocha Dick, un cachalot de 20 mÚtres de long, mort au début du XIXe siÚcle.
Description
Le crùne de Livyatan melvillei mesure 3 mÚtres de long pour une longueur du corps estimée entre 13,5 et 17,5 mÚtres[4] soit similaire à son cousin actuel, le grand cachalot. Cette espÚce constituerait l'un des plus grands prédateurs marins à avoir jamais existé, seulement rivalisé ou dépassé en taille par le mégalodon qui était son contemporain et par la baleine bleue. à la différence des cachalots actuels qui se nourrissent de calmars par succion, Livyatan melvillei mordait ses proies à la maniÚre des orques actuels. Ses dents avaient des dimensions gigantesques avec 12 cm de diamÚtre et jusqu'à 36 cm de longueur[4]. Avec cette taille, il est l'un des plus grands représentants des Physeteroidea, avec le grand cachalot.
Habitat
Livyatan melvillei vivait dans l'ocĂ©an Pacifique au PĂ©rou oĂč il cohabitait avec Aulophyseter morricei et Brygmophyseter shigensis. Comme ses cousins actuels, il vivait en eau profonde oĂč il trouvait ses proies.
Publication originale
- (en) O. Lambert, G. Bianucci, K. Post, C. de Muizon, R. Salas-Gismondi, M. Urbina & J. Reumer, 2010, The giant bite of a new raptorial sperm whale from the Miocene epoch of Peru. Nature 466(7302): p. 105â108.
Notes et références
- Andy Jeffrey, « Giant killer sperm whales once cruised Australia's waters (and we have a massive tooth to prove it) », sur Earth Touch News Network, (consulté le )
- « Huge Tooth Reveals Prehistoric Moby Dick in Melbourne », Australasian Science Magazine (consulté le )
- F. McSweeney et J. Buckeridge, The Fossils of the Urban Sanctuary, Cheltenham, Victoria, Australia, Greypath Productions, (ISBN 978-1-76056-338-7, lire en ligne), p. 62
- Olivier Lambert, Giovanni Bianucci, Klaas Post, Christian de Muizon, Rodolfo Salas-Gismondi, Mario Urbina et Jelle Reumer, « The giant bite of a new raptorial sperm whale from the Miocene epoch of Peru », Nature, vol. 466, no 7302,â , p. 105â108 (PMID 20596020, DOI 10.1038/nature09067, Bibcode 2010Natur.466..105L, lire en ligne)
- (en) « Livyatan melvillei », sur fossilworks.org,
- Janet Fang, « Call me Leviathan melvillei », Nature News,â (DOI 10.1038/news.2010.322, lire en ligne)
- Pallab Ghosh, « 'Sea monster' whale fossil unearthed », BBC News,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Ian Sample, « Fossil sperm whale with huge teeth found in Peruvian desert », The Guardian,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (es) A. Toscano, M. Abad, F. Ruiz, F. Muñiz, G. Ălvarez, E. GarcĂa et J. A. Caro, « Nuevos Restos de Scaldicetus (Cetacea, Odontoceti, Physeteridae) del Mioceno Superior, Sector Occidental de la Cuenca del Guadalquivir (Sur de España) » [« New Remains of Scaldicetus (Cetacea, Odontoceti, Physeteridae) from the Upper Miocene, Western Sector of the Guadalquivir Basin »], Revista Mexicana de Ciencias GeolĂłgicas, vol. 30, no 2,â (lire en ligne)
- (en) O. Lambert, G. Bianucci et C. de Muizon, « Macroraptorial Sperm Whales (Cetacea, Odontoceti, Physeteroidea) from the Miocene of Peru », Zoological Journal of the Linnean Society, vol. 179,â , p. 404â474 (DOI 10.1111/zoj.12456, lire en ligne)
- A. Berta, The Rise of Marine Mammals : 50 Million Years of Evolution, Baltimore, Maryland, Johns Hopkins University Press, , 112â113 p. (ISBN 978-1-4214-2326-5, lire en ligne)