Littérature du IXe siècle
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Dates marquantes
Livre de Kells, folio 32.
- Vers 800 :
- le besoin de livres sacrés entraînent la multiplication des ateliers de miniaturistes et d'ivoiriers notamment à Saint-Denis, Tours, Metz, Corbie, Aix-la-Chapelle et Fulda.
- le savant anglo-saxon Alcuin interdit la lecture de Virgile à l'école de Tours[1].
- dans le scriptorium de l’abbaye Saint-Martin-de-Tours dirigé par Alcuin, on recopie des Bibles et des manuscrits de l’antiquité en minuscule caroline.
- Charlemagne ordonne de faire le recueil des chants germaniques[2].
- 832 : fondation à Bagdad d’une université avec un institut officiel de traduction sous l’impulsion d’Al-Mamun, une « maison de la sagesse » (Bayt al-hikma), sur le modèle des bibliothèques hellénistiques, qui attire les savants (astronomes, mathématiciens, penseurs, lettrés, traducteurs). Des textes grecs (philosophie et science), pehlvis et indiens sont traduits et mis à la disposition des musulmans. Les traductions s’accompagnent de réflexions et de commentaires, et une forme nouvelle de littérature apparaît[3].
- Le philosophe al-Kindi est employé comme traducteur, astrologue et encyclopédiste par al-Ma'mun (ses œuvres couvrent les sciences grecques, persanes et indiennes). Il nie l’opposition entre la philosophie (falsafa) et la Révélation prophétique. Il est l’auteur d’un traité d’optique.
- Vers 830 : première mention de l’histoire d’Arthur dans l’Histoire des Bretons, de Nennius[4].
- Composition de l'Heliand, poème en allemand sur la vie du Christ[5].
- Vers 835 : l’écriture minuscule remplace l’onciale à Byzance : copie dans l’atelier du Stoudiou du plus ancien manuscrit grec connu en minuscule, daté de 835.
- Vers 847 : Charles II de France nomme le philosophe irlandais Jean Scot Érigène précepteur à la cour et le charge de traduire en latin les ouvrages néoplatoniciens de Denys l'Aréopagite.
- 857-873 : Hunayn ibn Ishâk succède à Yahya ibn Masuyah (mort en 857) comme directeur de la Maison de la sagesse à Bagdad. Chrétien nestorien d’origine arabe, il traduit en arabe plusieurs textes grecs scientifiques et philosophiques (dont la majeure partie de l’œuvre de Galien), le plus souvent à partir de manuscrits syriaques. Son fils Ishâk (mort en 910) et son neveu Hubaysh ibn al-Hassan sont eux aussi de grands traducteurs.
- Vers 860 : Cyrille et Méthode inventent l'alphabet slave glagolitique.
- 867 : début de la Renaissance macédonienne dans l'Empire byzantin.
- Vers 870 : l’historien islandais du XIIIe siècle Snorri mentionne les scaldes à la cour de Harald Ier Haarfarger à Borre. La poésie scaldique célèbre le plus souvent les exploits des puissants. Les scaldes, qui appartiennent en général à l’aristocratie, voyagent de cour en cour. Ils deviennent parfois des conseillers écoutés des rois. D’autres mènent une vie aventureuse aux côtés des Vikings.
Œuvres majeures
- Vers 800 :
- Livre de Kells, chef-d’œuvre de l’art celtique irlandais[6]. C’est un recueil enluminé d’évangiles latins accompagnés de textes irlandais.
- apparition de la version arabe des Mille et Une Nuits.
- Après 802 : rédaction des annales Mettenses Priores, probablement à Chelles par la volonté de l’abbesse Gille, sœur de Charlemagne.
- 806-811 : Georges le Syncelle écrit une histoire du monde sous forme de table chronologique[7].
- Vers 807 : compilation du Livre d'Armagh.
- Vers 820 : le savant byzantin Nicéphore publie une chronologie de l'histoire du monde[8].
- 821-822 : Vie de Saint Philaretos (en), rédigée par le moine Nikétas[9].
- Vers 825 : l'évêque de Lisieux, Fréculf, commence ses chroniques, dédiées au chancelier Hélisachar.
Lettrine historiée tirée de la Vita Karoli Magni. Charlemagne assis. Abbaye Saint-Martial de Limoges, vers 1050
- Vers 830 :
- le chroniqueur franc Eginhard écrit La vie de Charlemagne (Vita Karoli Magni), dont il avait été le secrétaire. Elle est mentionnée dans le catalogue de Reichenau de 821/822 [10]. En 828, il écrit le récit humoristique d'un vol de reliques à Rome[11].
- rédaction du Chant de Hildebrand.
- traduction en arabe de la Métaphysique d'Aristote[12].
- Vers 836 : les chants du désert et les chants populaires arabes sont recueillis dans la Hamasa par le poète Abū Tammām[13].
- Vers 840 : traduction arabe des principaux traités politiques de Platon.
- 841-843 : Dhuoda, épouse de Bernard de Septimanie, écrit le Liber Manualis, premier traité d’éducation connu.
- 842-846 : De universo ou De rerum naturis (« De la Nature des choses »), encyclopédie en 22 tomes de Raban Maur assemblée sur la base des Etymologiæ d’Isidore de Séville.
- 844 : l'abbé de Corbie Radbert publie son traité sur l'eucharistie De corpore et sanguine Domini, rédigé en 831, dans lequel il déclare que le vin et le pain dans la sainte Cène sont le sang et la chair du Christ[14].
- 854-859 : L'ignominie des Mutazilistes, ouvrage rédigé par Ibn al-Rawandi, un ancien mutazilite qui nie la réalité de la prophétie de Mahomet et la valeur probante de l’inimitabilité du Coran qui l’appuie[15]. Il doit s’enfuir de Bagdad et serait mort en 860 à Al-Rahba, sur l’Euphrate (ou en 912 selon certaines sources)[16].
- 862-866 : Jean Scot Érigène rédige De divisione naturae (Sur la division de la Nature, œuvre qui souscrit à la doctrine du panthéisme. Érigène rejette la croyance de l’orthodoxie chrétienne dans la création de l’univers ex nihilo. Le monde de l’espace et du temps est la manifestation des idées contenues dans l’esprit de Dieu, point culminant de toute évolution. Comme il n’a pas soumis ses écrits à l’approbation du pape Nicolas Ier, il doit chercher refuge à la cour de Charles le Chauve, où il reste jusqu’à la mort du roi en 877.
- Vers 860 : Hunayn ibn Ishaq traduit la version des Septante de l'Ancien Testament en arabe.
Frontispice du Sūtra du Diamant
- : Sūtra du Diamant, le plus ancien livre imprimé, découvert dans les grottes de Mogao de Dunhuang.
- 868 : Ratramne de Corbie compose à la demande du pape Nicolas Ier Contra Graecorum opposita (publié en 868) qui défend le Filioque, le célibat des prêtres et la primauté de Rome[17].
- Vers 870 :
- Pierre de Sicile écrit l'Histoire des Pauliciens[18].
- traduction des Écritures, des ouvrages patristiques et de l’Histoire ecclésiastique de Bède le Vénérable en anglo-saxon à la cour d'Alfred le Grand.
- rédaction de la « Bibliothèque » de Photios Ier de Constantinople, inventaire et analyse de 279 ouvrages.
- la Chronographie de Théophane le Confesseur est traduite en latin par Anastase le Bibliothécaire vers 879[19]. Elle reprend une chronographie arrêté en 284. Avec Nicéphore, il est la seule source pour l'histoire byzantine pour une période qui va de 602 au IXe siècle.
- 882 : l'archevêque Hincmar de Reims écrit De ordine palatii, une description du palais et des institutions carolingiennes[20].
- Vers 880-881 : rédaction du premier texte littéraire écrit en roman, l'ancêtre de la langue d'oïl, la Séquence de sainte Eulalie, près de Valenciennes.
- 883-887: un moine de Saint-Gall, Notker le Bègue (« Balbulus ») rédige entre et une biographie de Charlemagne, les Gesta Karoli Magni[21].
- 887 : arrêt des dernières histoires officielles au Japon (Rikkokushi, les Six Histoires nationales)[22].
- Vers 890 :
- traduction en anglo-saxon des Consolation de la philosophie de Boèce par le roi Alfred de Wessex[23].
- début de la rédaction de la chronique anglo-saxonne : Alfred le Grand, roi du Wessex ordonne de rassembler les documents historiques antérieurs à son règne (écrits en latin) et de faire rédiger systématiquement les événements concernant l’Angleterre sous son autorité (en anglo-saxon). La chronique de Parker, sa version principale, est rédigée par un clerc jusqu’en 891. La tradition se perpétue sous les successeurs d'Alfred jusqu'en 1154[24].
- au Japon, édition d'un recueil de 125 récits d'aventures sentimentales, les contes d'Ise (Ise monogatari) ou Vantardises d'Ise.
- Vers 897 : le moine Abbon de Saint-Germain-des-Prés compose un récit du siège de Paris de 885-887 par les Vikings.
Naissances
- 805 : Loup de Ferrières, abbé, théologien et pré-humaniste.
- 865 : Abû Bakr al-Râzî.
- 872 : Al-Farabi, philosophe persan.
Décès
- mai 804 : Alcuin, abbé, théologien, savant, pédagogue, réformateur germanique et grand serviteur de Charlemagne.
- 821 : Théodulf d'Orléans, évêque d'Orléans, théologien, savant, poète et Missi dominici de Charlemagne.
- 840 : Éginhard, biographe et homme de confiance de Charlemagne.
- février 856 : Raban Maur, archevêque de Mayence et théologien germanique.
- 862 : Loup de Ferrières, abbé, théologien et pré-humaniste.
Articles connexes
Notes et références
- Jean Heuclin Hommes de Dieu et fonctionnaires du roi : en Gaule du Nord du Ve au IXe siècle Presses Univ. Septentrion, 1998 (ISBN 2-85939-551-2 et 9782859395513)
- Henri Pirenne, Mahomet et Charlemagne, Paris, Presses Universitaires de France, (lire en ligne)
- Souleymane Bachir Diagne Islam et société ouverte : la fidélité et le mouvement dans la philosophie de Muhammad Iqbal Maisonneuve & Larose, 2001 (ISBN 2-7068-1472-1 et 9782706814723)
- Antonia Gransden Historical Writing in England c 550 to C 1307 CRC Press, 1970 (ISBN 0-203-44203-2 et 9780203442036)
- Jacques Rossel Aux racines de l'Europe occidentale L'AGE D'HOMME, 1998 (ISBN 2-8251-1149-X et 9782825111499)
- Yves Denis Papin, Chronologie du Moyen Âge, Editions Jean-paul Gisserot, , 126 p. (ISBN 978-2-87747-592-1, présentation en ligne)
- Jules Pargoire L'Église byzantine de 527 à 847 V. Lecoffre, 1923
- Claude Fleury Histoire ecclésiastique, Volume 1 Pierre Aubouyn, Pierre Emery, Charles Cloutier, 1779
- Sergei Hackel The Byzantine saint St Vladimir's Seminary Press, 2001 (ISBN 0-88141-202-3 et 9780881412024)
- Dominique Iogna-Prat, Colette Jeudy, Guy Lobrichon L'Ecole carolingienne d'Auxerre de Murethach a Remi, 830-908 Editions Beauchesne, 1991 (ISBN 2-7010-1228-7 et 9782701012285)
- Les œuvres d'Éginhard traduites par Jean Baptiste Alexandre Théodore Teulet, Firmin Didot frères, 1856
- Recherches sur le Liber de Causis, de Cristina D'Ancona Costa
- Carolina R Duka The literatures of Asia & Africa Rex Bookstore, Inc., 2001 (ISBN 971-23-2957-7 et 9789712329579)
- Bernhard Blumenkranz, Gilbert Dahan Les auteurs chrétiens latins du Moyen Age sur les juifs et le judaïsme Peeters Publishers, 2007 (ISBN 9042918780 et 9789042918788)
- André Durand L'islam au risque de la laïcité : Emergences et ruptures Editions L'Harmattan, 2005 (ISBN 2-7475-9233-2 et 9782747592338)
- Josef W. Meri, Jere L. Bacharach Medieval Islamic civilization : an encyclopedia Taylor & Francis, 2006 (ISBN 0-415-96691-4 et 9780415966917)
- Patrick W. Carey et Joseph T. Lienhard, Biographical dictionary of Christian theologians, Greenwood Publishing Group, , 589 p. (ISBN 978-0-313-29649-9, présentation en ligne)
- (fr) Igor Dorfmann-Lazarev, Arméniens et byzantins à l'époque de Photius:deux débats théologiques après le triomphe de l'orthodoxie, éd. Peeters Publishers, 2004, p. 207
- Bollandists Analecta bollandiana,
- Michel Kaplan, Christophe Picard, Michel Zimmermann Le Moyen Âge, IVe- Xe siècle Éditions Bréal, 1994 (ISBN 2853947319 et 9782853947312)
- Guy Halsall Humour, history and politics in late antiquity and the early Middle Ages Cambridge University Press, 2002 (ISBN 0521811163 et 9780521811163)
- Seiichi Iwao,Teizō Iyanaga Dictionnaire historique du Japon, Volume 1, p. 2245 Maisonneuve & Larose, 2002 (ISBN 2706815752 et 9782706815751)
- Thomas Warton The history of English poetry Printed for T. Tegg, 1840
- Yves D Papin Chronologie du Moyen Âge Éditions Jean-paul Gisserot, 2001 (ISBN 2877475921 et 9782877475921)
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