De ordine palatii
De ordine palatii (L'organisation du palais) est un traité en latin écrit en 882 par Hincmar de Reims, archevêque de Reims et conseiller influent de Charles le Chauve, lors de l'accession au trône de Francie occidentale du roi Carloman II. Il y décrit les devoirs du roi ainsi que l'organisation politique et administrative dans l'empire carolingien dans les premières années du IXe siècle, à l'époque de Charlemagne et de Louis le Pieux.
Le traité
Hincmar indique s'être inspiré d'un traité du même nom écrit par l'abbé Adalard de Corbie, mort en 826, maire du palais de l'empereur Charlemagne et tuteur puis conseiller de Pépin, roi d'Italie ; ce document n'a pas survécu.
Le traité, écrit « pour l'instruction du roi et la restauration de la paix dans l'église et le royaume », relève du genre médiéval du miroir des princes, écrit par un conseiller à l'attention d'un souverain, composé de conseils et de préceptes moraux destinés à montrer au souverain la voie à suivre pour régner selon la volonté de Dieu. Hincmar avait déjà composé en 873 un texte de même nature, le De regis persona et regio ministerio. S'y ajoute une description du palais[1] et des institutions carolingiennes[2]. Le texte est organisé en deux parties : la première traite des responsabilités respectives des évêques et du roi, et du rapport entre le pouvoir séculier et l’Église ; la seconde est consacrée au gouvernement du royaume et de la cour, Hincmar le présentant de manière théorique (chapitres 4 et 5) puis abordant la gestion du royaume en pratique[3].
Hincmar a écrit le De ordine palatii à un âge avancé, après le , date de la mort du roi Louis III, et peu avant sa propre mort, le . Il a pu « déformer les institutions d'un passé déjà reculé »[4] et c'est « un document qu’il faut utiliser avec précaution » [5].
Manuscrits et éditions
Aucun manuscrit d'époque médiévale du De ordine Palatii n'est conservé au XXIe siècle. Une édition imprimée est publiée en 1602 à Mayence par le jésuite néerlandais Jean Buys (Johannes Busaeus en latin) dans ses Hincmari Rhemensis archiepiscopi, ante annos L. supra DCC. in Galliis celeberrimi epistolae[6] d'après un manuscrit du Xe siècle conservé à la cathédrale de Spire en Allemagne[7] ; ce manuscrit disparaît le dans l'incendie de la cathédrale. L'édition de Buys est rééditée à plusieurs reprises jusqu'à la fin du XIXe siècle[8] et l'édition de Maurice Prou publiée en 1885 est basée sur celle-ci.
En 1930, Karl Christ identifie à la bibliothèque de l’université de Bâle une copie de la seconde moitié du XVIe siècle du De ordine palatii dans une compilation de textes d'Hincmar de Reims qui appartenait à l'historien d'art, érudit et collectionneur bâlois Remigius Fesch ; l'édition publiée par Thomas Gross et Rudolf Schieffer s'appuie sur ce manuscrit[9].
Bibliographie
Éditions
- De ordine palatii Epistola, édition de Maurice Prou, Paris, F. Vieweg (collection : Bibliothèque de l'École des hautes études. Sciences philologiques et historiques ; 58), 1884, XLI-98 p. ; texte latin et traduction en français Lire en ligne sur remacle.org .
- De ordine palatii. Hinkmar von Reims ; herausgegeben und übersetzt von Thomas Gross und Rudolf Schieffer, Hanovre, Hahn, 1980 (collection : Monumenta Germaniae historica. Fontes juris Germanici antiqui), 119 p. (ISBN 3-7752-5127-8) ; texte latin et traduction en allemand Lire en ligne[10].
Études
- Louis Halphen, « Le De Ordine Palatii d'Hincmar », dans Revue Historique, tome 183, fasc. 1, 1938, p. 1-9 Aperçu en ligne.
- (de) Jakob Schmidt, Hinkmars De ordine palatii und seine Quellen, thèse, université de Francfort, 1962.
- (de) Carl Richard Brühl, « Hinkmariana I. Hinkmar und die Verfasserschaft des Traktats De ordine palatii », dans Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, n° 29, 1964, p. 48-54.
- Jean Devisse, Hincmar, archevêque de Reims, 845-882, Genève, Droz, 1975-1976, 3 vol., tome 3, p. 990-201.
Notes et références
- Le palais (palatium en latin) désigne l’entourage du roi, incluant les détenteurs d’offices palatins, ainsi que l’ensemble des « grands » laïques du royaume, qui, sans détenir d’office, entretiennent une relation privilégiée avec le roi (les comtes et les vassaux)
- Michel Kaplan, Christophe Picard et Michel Zimmermann, Le Moyen Âge, IVe- Xe siècle, Paris, Éditions Bréal, 1994 (ISBN 2853947319) Lire en ligne.
- Maurice Prou 1885.
- Ferdinand Lot, « Le premier capitulaire de Charlemagne », dans École pratique des hautes études, Section des sciences historiques et philologiques. Annuaire 1924-1925, 1924, p. 7-13 Lire en ligne.
- Philippe Depreux, « Lieux de rencontre, temps de négociation : quelques observations sur les plaids généraux sous le règne de Louis le Pieux », dans La royauté et les élites dans l’Europe carolingienne (du début du ixe aux environs de 920), Lille, Publications de l’Institut de recherches historiques du Septentrion, 1998 (ISBN 9782905637994), p. 213-231 Lire en ligne.
- « Notice », sur catalogueSUDOC.
- Auguste Molinier, « Hincmar, archevêque de Reims », dans Les Sources de l'histoire de France - Des origines aux guerres d'Italie (1494). I. Époque primitive, mérovingiens et carolingiens, Paris : A. Picard et fils, 1901, p. 262-263 Lire en ligne.
- Thomas Gross et Rudolf Schieffer 1980, p. 18.
- (en) Rosamond Mckitterick, « Short Notice [sur l'édition de Gross et Schieffer] », dans The English Historical Review, vol. XCVIII, n° CCCLXXXIX, octobre 1983, p. 842 Lire en ligne.
- B. M. Tock, « Hinkmar von Reims. De ordine palatii, éd. R. Schieffer », compte-rendu, dans Revue d'Histoire Ecclésiastique, vol. 84, n° 1, janvier 1989, p. 112-113.