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Ligue islamique mondiale

La Ligue islamique mondiale (LIM) (arabe : ۱ۧۚ۷۩ Ű§Ù„ŰčŰ§Ù„Ù… Ű§Ù„Ű„ŰłÙ„Ű§Ù…ÙŠ, Al Rabita al-alam el-islami ou Al Rabita ; anglais : Muslim World League ou MWL) est une ONG musulmane fondĂ©e en 1962 Ă  La Mecque par le prince Fayçal d'Arabie saoudite, en opposition, Ă  la Ligue arabe de Nasser[1]. Elle a un statut d'observateur Ă  l'Organisation des Nations unies (ONU).

Ligue islamique mondiale
Histoire
Fondation
1962
Cadre
Sigle
LIM
SiĂšge
5300 Old Jeddah Road, Ommul Joud,
La Mecque
Pays
Organisation
Fondateur
Secrétaire général
Site web

Elle est membre de plusieurs organisations mondiales, dont les plus notables sont : l'Assemblée mondiale de la jeunesse musulmane ; le Conseil international d'assistance et de prédication islamique ; la Conférence islamique internationale ; l'Organisation de la coopération islamique[2]. Elle bénéficie, par ailleurs, du statut consultatif auprÚs de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO)[3]. La LIM fut financée à l'origine par l''Aramco[1] puis par la Faysal bank et la banque Al Baraka[4].

Intimement liĂ©e au rĂ©gime saoudien, la LIM est basĂ©e Ă  La Mecque, et son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral doit ĂȘtre saoudien.

Objectifs

À la crĂ©ation en 1962

Les objectifs de la Ligue islamique mondiale apparaissaient, à sa création, selon le site principal[5] et le site de la mosquée de GenÚve[6] :

« propager l’islam, Ă©lucider les incertitudes concernant la religion, lutter contre les fausses allĂ©gations visant Ă  dĂ©truire l’unitĂ© (oumma) des musulmans ou Ă  jeter le doute dans leur esprit, convaincre [les musulmans] de la nĂ©cessitĂ© d’obĂ©ir Ă  Dieu tout en les aidant Ă  rĂ©soudre les problĂšmes rencontrĂ©s dans cette entreprise, entreprendre des projets en matiĂšre de propagande islamique, d’éducation et de culture. »

Selon un document remis Ă  la presse Ă  l’occasion de la rencontre en 2002 de son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral avec Nicolas Sarkozy, ministre de l’IntĂ©rieur : « bras religieux de l'islam dit “authentique”, la LIM s’efforce de faire connaĂźtre la charia et de rĂ©pandre l'enseignement islamique Ă  travers la construction d'Ă©coles et d'instituts musulmans, avec appuis et apports. »

Aujourd'hui

Mohammad Abdelkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale.

En est Ă©lu un nouveau secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Ligue : Mohammad Abdelkarim Al-Issa. Ancien ministre saoudien de la Justice, c'est un proche du prince hĂ©ritier Mohammed ben Salmane, qui s'Ă©tait notamment illustrĂ© par la condamnation en 2014 du blogueur Raif Badawi Ă  1 000 coups de fouet et 10 ans de prison[7]. Il a totalement redĂ©fini les objectifs et les missions de la Ligue, pour en faire un organe de soft power religieux du rĂ©gime[7].

Selon le site officiel de la Ligue[5] sa mission est de :

« clarifier la vĂ©ritable image de l'Islam, fournir de l’aide humanitaire, crĂ©er des ponts de dialogue et de coopĂ©ration avec les autres religions, engager des initiatives d'ouverture vers les autres cultures et civilisations, contribuer Ă  faire vivre le message de l'Islam, dans le sens qui est le sien : celui de l'Ă©quilibre et de la modĂ©ration, combattre les mouvements qui prĂŽnent la violence, s'engagent dans le terrorisme, et pratiquent l'exclusion, pour construire un monde de paix, de justice, et de coexistence harmonieuse[8]. »

En 2017, Ă  l'occasion de sa rencontre avec le pape François, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral rappelait Ă  nouveau que la mission de l'organisation est « la sensibilisation et la dissĂ©mination du vrai message de l’islam dans le monde, qui est un message de paix, d’amour et de respect, et notamment le respect, par les musulmans, des lois et des institutions des pays et territoires oĂč ils vivent. »

Lors d'une interview donnĂ©e au journal Le Monde, le , il prĂ©cise qu'il s'agit Ă©galement de « lutter contre les mouvances qui ont instrumentalisĂ© l’islam et aussi contre l’islamophobie, qui a beaucoup servi Ă  des mouvements terroristes comme Daech [
] Ă  recruter des adeptes[9]. »

La LIM contribue financiÚrement à la création de mosquées et de lieux d'enseignement, à la condition qu'ils respectent les principes d'un Islam humaniste et modéré. Elle participe également aux aides humanitaires engagées par les organismes laïcs ou liés aux autres religions.

Statut

La Ligue a statut d’observateur (catĂ©gorie A) Ă  l’ONU et statut consultatif auprĂšs de l’Ecosoc.

Elle est accrĂ©ditĂ©e par l’UNICEF. Elle a statut d’observateur Ă  toutes les confĂ©rences de l’Organisation de la confĂ©rence islamique.

Elle est membre fondateur de l’International Supreme Council for Dawah and Relief.

Elle est considérée par les gouvernements européens comme une organisation gouvernementale internationale.

Prédication islamique

La vision des années 1970

La prĂ©dication islamique et l’éclaircissement des doutes en matiĂšre doctrinale sont les deux premiĂšres missions citĂ©es dans la liste des objectifs de la Ligue.

James Woolsey, ancien directeur de la CIA, estime que les Saoudiens ont depuis le milieu des annĂ©es 1970 dĂ©pensĂ© prĂšs de 90 milliards de dollars pour exporter l’idĂ©ologie islamique dans le monde[10]. Le royaume des Saoud tient particuliĂšrement Ă  ce que l’islam mondial conserve sa « puretĂ© non entachĂ©e d’innovations »[11].

L'approche de la LIM aujourd'hui

Cette vision de la mission de la ligue, largement diffusĂ©e par les milieux conservateurs amĂ©ricains, a considĂ©rablement Ă©voluĂ©, notamment grĂące au « tour du monde » effectuĂ© par Mohammad Abdelkarim Al-Issa, destinĂ© Ă  clarifier, auprĂšs de ses interlocuteurs, la nature et la mission de la LIM : non pas la diffusion d'une vision particuliĂšre de l'Islam, comme cela a pu l'ĂȘtre dans le passĂ©, mais celle d'un Islam tolĂ©rant et Ă©clairĂ©. Ce « tour du monde » du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Ă©tait, aux yeux de celui-ci, indispensable pour ne pas laisser sans rĂ©ponse des informations jugĂ©es inexactes sur l'organisation.

Fortement opposée aux tentations interventionnistes dans le domaine politique, aux idéologies intégristes, telles que celles proposées par les FrÚres musulmans, la LIM définit, sur son site internet[12], ses missions dans les termes suivants :

« Nous nous engageons Ă  inviter tous les pays Ă  se concurrencer dans le domaine du bien pour l’ensemble de l’humanitĂ©, pour parvenir Ă  une justice sociale entre ses composantes et Ă  Ɠuvrer pour une meilleure sociĂ©tĂ© humaine.

Nous prenons Dieu à témoin que nous nous ne voulons ni corrompre, ni commander, ni contrÎler ou dominer qui ou quoi que ce soit.

Nous nous engageons à faire tout notre possible pour unifier la parole des musulmans et éliminer les facteurs de divergence dans toutes les sociétés musulmanes à travers le monde.

À soutenir tout ce qui permet de rĂ©pandre le bien.

À dĂ©clarer l’interdiction du populisme et du racisme dans l'Islam. »

La Ligue islamique mondiale dĂ©ploie aujourd'hui ses efforts pour combattre la vision pan-islamiste, ainsi que les affirmations lui prĂȘtant des liens avec les FrĂšres musulmans, rappelant notamment que l'idĂ©ologie interventionniste de ceux-ci est totalement incompatible avec le principe absolu de neutralitĂ© de la Ligue.

Cette volonté a été matérialisée par la signature de la Charte de La Mecque.

La Charte de La Mecque

Le , la Ligue islamique mondiale invitait pour la premiĂšre fois Ă  la Mecque l'ensemble des courants et variantes de l'Islam : Sunnites, Chiites, Druzes, etc. pour la confĂ©rence « La modĂ©ration et la tempĂ©rance dans le Coran et la Sunna » Ă  l'issue de laquelle 1 200 muftis et savants musulmans venus des 139 pays ont signĂ© La Charte de La Mecque.

Cette charte définit les droits et les devoirs des musulmans, l'attitude à avoir à l'égard des non-musulmans, croyants ou non, et de la société en général. La Charte appuie systématiquement ses principes sur des commandements issus du Coran ou de la Sunna (tradition prophétique).

  • RĂ©sumĂ© de la Charte
  1. Les hommes avec leurs diffĂ©rentes ethniques ont tous la mĂȘme origine et sont tous Ă©gaux dans leur humanitĂ©.
  2. Le rejet de toute forme de racisme religieux et ethnique, la dĂ©nonciation de toute forme d’arrogance basĂ©e sur une prĂ©tendue prĂ©fĂ©rence octroyĂ©e.
  3. Le respect de la diffĂ©rence entre les nations humaines dans leurs croyances, leurs cultures, leurs natures et leurs modes de pensĂ©e, conditions pour Ă©tablir l’harmonie et la paix.
  4. La divergence religieuse et culturelle dans les sociĂ©tĂ©s n’implique pas nĂ©cessairement le conflit, mais elle devrait plutĂŽt inciter Ă  coopĂ©rer, Ă  Ă©tablir des relations positives pour dialoguer, Ă  se dĂ©passer pour ĂȘtre au service de l'humanitĂ© ainsi que de son bonheur, Ă  rechercher des dĂ©nominateurs communs fĂ©dĂ©rateurs, Ă  s’investir dans la construction d'une citoyennetĂ© globale, fondĂ©e sur les valeurs, la justice, les libertĂ©s lĂ©gitimes, les Ă©changes respectueux et la recherche du bien pour tous.
  5. Le dialogue civilisĂ© a pour vocation de s’efforcer de comprendre au mieux l'autre, d’approfondir les dĂ©nominateurs communs, de surmonter les obstacles Ă  la coexistence, de surmonter les problĂšmes, car cela incite Ă  reconnaĂźtre l'autre ainsi que son droit Ă  exister, Ă  reconnaĂźtre ses droits lĂ©gitimes. En rĂ©pandant la justice, rĂ©concilier ceux qui sont divisĂ©s, passer outre aux querelles et aux animositĂ©s passĂ©es.
  6. Les religions et les philosophies doivent ĂȘtre dissociĂ©es des erreurs de leurs adeptes, qui sont seuls responsables de leurs actes, les religions Ă  l’origine appellent uniquement au culte du CrĂ©ateur, Ă  s’approcher de Lui en Ă©tant utile Ă  ses crĂ©atures, en prĂ©servant leurs dignitĂ©s, en amĂ©liorant au mieux le comportement dans la sociĂ©tĂ© de façon positive.
  7. Mettre un terme Ă  l’ùre de la destruction de l’Homme et du monde. Il faut travailler pour le Bien de l’humanitĂ©, en faisant des alliances internationales pour passer outre au stade des thĂ©ories et des slogans de façon Ă  combler le trouble civilisationnel dont l’une des consĂ©quences est le terrorisme.
  8. L'adoption de lĂ©gislations dissuasives contre les promoteurs de la haine, les instigateurs de la violence, du terrorisme, ainsi que des affrontements entre les civilisations, en vue d’attĂ©nuer les causes des conflits religieux et ethniques.
  9. La lutte contre le terrorisme et l’oppression, le rejet de l’exploitation des peuples, le respect des droits de l’homme pour tous, sans aucune discrimination car l’éthique juste refuse toute disparitĂ©, le refus de toute entrave Ă  la justice.
  10. La Nature dans laquelle nous Ă©voluons est un don gĂ©nĂ©reux du CrĂ©ateur pour les hommes, Il a mis Ă  notre disposition tout ce qui se trouve dans les cieux et la Terre pour en jouir et se dĂ©velopper. Le fait de porter prĂ©judice aux ressources et de les gaspiller est une forme d’irresponsabilitĂ©, tout comme c’est un non- respect des droits des gĂ©nĂ©rations futures.
  11. La thĂšse du conflit de civilisation, l'appel Ă  l'affrontement, la peur de l’autre sont diffĂ©rentes expressions de l'isolement, de l'arrogance gĂ©nĂ©rĂ©e par un sentiment raciste, de la domination culturelle nĂ©gative, du renfermement sur soi ; tout ceci est au mieux une erreur de mĂ©thodologie, un manquement intellectuel ou encore un sentiment de faiblesse en ce qui concerne la construction civilisationnelle.
  12. Le phĂ©nomĂšne « d’islamophobie » est en partie dĂ» Ă  la non connaissance de l’Islam, de son aspect civilisationnel unique ainsi que de ses nobles objectifs ; Ă  ce titre il est nĂ©cessaire d’abord de se dĂ©barrasser de tous les prĂ©jugĂ©s pour pouvoir faire comprendre ses vrais principes et fondements, tout comme il ne faut pas s’accrocher Ă  des positions insolites pour faire mentir la Charia en vue de justifier des idĂ©ologies dĂ©viantes.
  13. L’intervention dans les affaires des États constitue une violation inacceptable, en particulier en ce qui concerne les mĂ©thodes d’hĂ©gĂ©monie politique avec leurs ambitions Ă©conomiques ou autres, la propagation de visions sectaires ou le fait d’imposer des fatwas dans des contextes diffĂ©rents Ă  leur situation et Ă  leurs coutumes particuliĂšres.
  14. Appeler à suivre un plan de développement international efficient, lutter contre la corruption, commencer à véritablement sensibiliser les gens pour changer les modes de consommation qui freinent les programmes de développement, qui gaspillent les richesses et qui épuisent les ressources.
  15. Toutes les institutions Ă©ducatives, d’enseignement avec tous leurs moyens Ă  disposition se doivent de protĂ©ger la jeunesse, mĂȘme chose pour toutes les plates-formes d’influence telles que les jours du sermon du Vendredi, les associations civiles 
 ; il s’agit de canaliser leur ferveur religieuse, de bien leur faire comprendre la valeur de la modĂ©ration, de la tempĂ©rance, de bien les mettre en garde contre l’exagĂ©ration en ce qui concerne les thĂ©ories du complot, les conflits religieux, le fait de propager la frustration au sein de la communautĂ© ou encore d’avoir des prĂ©jugĂ©s vis-Ă -vis des autres.
  16. ƒuvrer Ă  Ă©quilibrer la vie commune entre toutes les composantes religieuses, ethniques et culturelles de la planĂšte ; appeler les dirigeants du monde, les organisations internationales Ă  ne pas faire de diffĂ©rence en ce qui concerne l’aide politique, Ă©conomique ou humanitaire, tout comme ce qui a trait au secours, Ă  la protection ou au dĂ©veloppement, et ce pour quelque raison que ce soit, la religion, l’ethnie ou autre.
  17. Une attaque contre un lieu de culte est un acte criminel qui nécessite de solides garanties législatives, politiques et sécuritaires, le tout en s'attaquant aux idées extrémistes qui les encouragent.
  18. Promouvoir des programmes pour lutter contre la faim, la pauvretĂ©, les maladies, le racisme, la dĂ©gradation de l’environnement, Ă©tablir une coopĂ©ration totale entre toutes les entitĂ©s responsables dans des projets communs en vue d’amĂ©liorer les conditions de vie de l’Homme, de protĂ©ger sa dignitĂ© et ses droits.
  19. Le respect des droits de la femme est absolu, et ne doit pas ĂȘtre marginalisĂ©, en le minimisant ou en entravant ses chances, que ce soit dans les domaines religieux, scientifique, politique, social ou autre, sans discrimination aucune, y compris ce qui concerne l’égalitĂ© des salaires et des chances. Le fait d’empĂȘcher que cette justice soit rendue est un prĂ©judice contre les femmes en particulier et pour la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral.
  20. Les soins pour les enfants en matiĂšre de santĂ©, d’éducation et d’enseignement ont une place prĂ©pondĂ©rante dans les responsabilitĂ©s des États, des organismes publics et privĂ©s compĂ©tents, sans parler du rĂŽle de la famille ; notamment dans l’élaboration de la rĂ©flexion, le fait d’élargir les horizons et d’amĂ©liorer les capacitĂ©s, ainsi que les possibilitĂ©s de crĂ©ativitĂ© et de communication.
  21. Les jeunes musulmans doivent ĂȘtre protĂ©gĂ©s contre les idĂ©es du choc des civilisations, contre l'extrĂ©misme intellectuel avec sa duretĂ©, sa violence ou son terrorisme. Il faut renforcer les compĂ©tences de communication des jeunes avec les autres de sorte qu’ils aient conscience des vastes horizons de l'Islam avec son Ă©thique qui attire les cƓurs, surtout en ce qui concerne les valeurs de tolĂ©rance, de coexistence pacifique et harmonieuse qui comprennent l'existence de l'autre, prĂ©servent sa dignitĂ© et ses droits, qui prennent en considĂ©ration les systĂšmes qui rĂ©gissent les pays dans lesquels ils rĂ©sident, avec une coopĂ©ration et des Ă©changes bĂ©nĂ©fiques. Les acteurs de cette charte soulignent l’importance de la crĂ©ation d’un forum mondial qui traite des affaires de la jeunesse en gĂ©nĂ©ral et qui, dans ses programmes se basera sur la communication par le biais du dialogue constructif entre les jeunes, Ă  l’intĂ©rieur et Ă  l’extĂ©rieur du monde musulman, en adoptant de maniĂšre claire les aspirations des jeunes et leurs problĂšmes.
  22. Les dĂ©cisions, les initiatives et les programmes doivent dĂ©passer le stade de la thĂ©orie et de la forme, de sorte qu’ils aient un impact positif et tangible qui reflĂšte la crĂ©dibilitĂ© et la force du systĂšme, en particulier en ce qui concerne l’instauration de la paix et de la sĂ©curitĂ© internationales, de plus il faut condamner les mĂ©thodes gĂ©nocidaires, le nettoyage ethnique, le dĂ©placement de population forcĂ©, le trafic d'ĂȘtres humains.
  23. Les affaires de la communautĂ© musulmane ne doivent ĂȘtre traitĂ©es que par les savants rĂ©unis en groupe comme cela a Ă©tĂ© le cas pour cette confĂ©rence en ce qui concerne cette charte, et non par des individus qui ne reprĂ©sentent qu'eux-mĂȘmes. Sachant que le travail religieux et humanitaire en commun pour l’intĂ©rĂȘt de tous doit ĂȘtre menĂ© par tous sans racisme ou discrimination contre les adeptes de religion ou les diverses ethnies.

Branches et affiliations

À la Ligue islamique mondiale sont rattachĂ©es l’AcadĂ©mie du droit musulman (al-Majma‘ al-fiqhĂź al-islĂąmĂź) et l’International Islamic Relief Organization (IIRO), ONG humanitaire.

La LIM et L’IIRO font partie du Saudi Joint Relief Committee avec Al Haramain (dĂ©sormais persona non grata auprĂšs des organisations internationales), le Croissant-Rouge saoudien et la WAMY (AssemblĂ©e mondiale des jeunes musulmans).

Dans chaque pays oĂč la Ligue est prĂ©sente est crĂ©Ă© un bureau de l’organisation de la LIM (BOLIM, en arabe Rabitat), habilitĂ© Ă  financer des projets de construction de mosquĂ©es et de centres islamiques, dont les centres saoudiens de Rome, Vienne, Madrid, Bruxelles, Londres, Sarajevo, Lyon et GenĂšve.

Pakistan

Comme pour le CongrĂšs mondial musulman (Motamar al-Alam al-Islami) et pour l'Organisation de la confĂ©rence islamique (OIC[13]), le Pakistan joue un rĂŽle pivot pour la Ligue mondiale musulmane (Rabita al-Alam al-Islami), et il a mis Ă  sa disposition des moyens humains pour soutenir les projets pan-islamistes crĂ©Ă©s ou promus par l’Arabie saoudite[14] - [15] - [16].

Relations avec les autres religions

En 2017, Mohammad Abdelkarim Al-Issa a visitĂ© la cathĂ©drale Notre-Dame de Paris ; il a prĂŽnĂ© un « message de modĂ©ration »[17] et a souhaitĂ© resserrer les liens avec l'Église catholique. En , cette volontĂ© se concrĂ©tisait par une rencontre au Vatican, avec le pape François.

Lors d'une conférence donnée à Rome le , Mohammad Abdelkarim Al-Issa rappelle que « l'Islam est une religion de tolérance et de bienveillance. » Entretenir des relations étroites avec les autres religions est, dit-il, l'une des missions essentielles de la Ligue.

Lors de sa visite Ă  la synagogue Park East de New York, il rappelle, conjointement avec le rabbin Arthur Schneier, que toutes les religions sont des victimes potentielles de l'extrĂ©misme. AprĂšs l'attaque de la mosquĂ©e de Christchurch en Nouvelle-ZĂ©lande, de la synagogue de Pittsburgh aux États-Unis, et l'attaque contre trois Ă©glises au Sri-Lanka, il est temps, ont-ils affirmĂ©, que les responsables de toutes les religions s'associent pour protĂ©ger les lieux de cultes et les lieux saints et luttent ensemble contre le terrorisme[18].

Le , Mohammad Al-Issa signait à New York, avec le président de l'American Jewish Committee, David Harris, un Mémorandum d'amitié et de coopération[19], aux termes duquel les deux hommes se rendraient ensemble à Auschwitz en pour la célébration de la libération des camps nazis.

En , le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la LIM rencontrait le patriarche de l'Église orthodoxe de Moscou Cyrille Ier.

La signature d'un acte similaire à celui de New York a lieu en France à l'occasion de la Conférence internationale de Paris pour la paix et la solidarité qui s'est tenue à Paris le [20], et à laquelle était associée la Fondation de l'islam de France. Toutefois, l'organisation de cette conférence a fait débat[21].

Relations avec la citoyenneté

Un des principes fondamentaux prÎné aujourd'hui par la Ligue islamique mondiale a été défini par son secrétaire général lors de la signature de la Charte de la Mecque, et rappelé à chacune de ses visites à l'étranger :

« Tout musulman a le devoir de respecter les lois et la constitution du pays oĂč il se trouve. »

Lors de son allocution à la synagogue Park East de New York, en [22], et lors d'une interview donnée en à l'occasion de la Conférence de Paris, Mohammad Abdelkarim Al-Issa a précisé que la lutte contre toute forme d'extrémisme et contre l'utilisation de la violence fait également partie des missions prioritaires de la LIM[23].

Présence dans les zones francophones

Belgique

En 1968, le gouvernement belge offre le « pavillon oriental » du parc du Cinquantenaire Ă  Bruxelles au roi Fayçal. Lorsque l'État belge reconnaĂźt l’islam en 1974, le pavillon est converti en un centre culturel islamique sous le contrĂŽle direct de la Ligue islamique mondiale.

En , le roi Khaled se rend en Belgique pour, entre autres, promouvoir l’importance du centre qui obtient cette mĂȘme annĂ©e par le biais du Pacte scolaire des subventions lui permettant de rĂ©munĂ©rer six cents enseignants religieux dans le primaire et le secondaire.

En 1989 est inaugurĂ© un institut de formation d’imams, dont le directeur est habilitĂ© par le ministĂšre belge de l’Éducation nationale Ă  dĂ©signer les enseignants des cours de religion islamique et d’arabe dans les Ă©coles publiques[24].

Suisse

Dans les annĂ©es 1970, le besoin se fait sentir pour les Saoudiens de plus en plus prĂ©sents sur les bords du LĂ©man d’avoir un lieu de culte qui leur convienne rĂ©ellement. La seule institution musulmane notable, soutenue financiĂšrement par la LIM, est alors le centre islamique de GenĂšve du Suisse SaĂŻd Ramadan.

En 1978 est inaugurĂ©e la mosquĂ©e de GenĂšve (par le roi Khaled et le prĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration suisse) et l’Association culturelle islamique de GenĂšve (par le prince Fahd), toutes deux financĂ©es par la LIM.

France

Le BOLIM de France, tout d’abord dirigĂ© par Daniel-Youssof Leclercq[25], puis par le Saoudien Abdulaziz Sarhan, est installĂ© dans les locaux attenants Ă  la mosquĂ©e Ibn Abdelaziz de Mantes-la-Jolie. Construite en 1981 grĂące Ă  des dons libyens, elle se rapproche officiellement des Saoudiens en 1997 lorsque le prince Abdelaziz vient inaugurer le centre culturel islamique attenant. Le , la Ligue islamique mondiale rachĂšte l'ensemble pour une somme symbolique et y prend ses quartiers.

La mosquĂ©e d'Évry a Ă©tĂ© construite grĂące Ă  une collaboration entre la LIM (environ 9 millions d’euros) et la Fondation Hassan II (dĂ©coration intĂ©rieure). La LIM payait (2002) les taxes. En 2002 un conflit, toujours non rĂ©solu en 2007, s’est Ă©levĂ© entre la Fondation Hassan II et la LIM pour le contrĂŽle de la mosquĂ©e[26].

La grande mosquée de Lyon, inaugurée en 1994, a été financée par un don personnel du roi Fahd (environ 4 millions d'euros) et la Ligue islamique mondiale[27].

La Ligue est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©e comme l’un des principaux bailleurs de fonds pour les mosquĂ©es, Ă©coles et centres culturels.

En 2002, son reprĂ©sentant Ă  Paris dĂ©clarait avoir reçu en deux ans plus de 30 demandes de financement de mosquĂ©es ou d'Ă©coles coraniques Ă©manant de toute la France. NĂ©anmoins, certains considĂšrent qu’elle n’exerce pas sur ces Ă©tablissements une influence idĂ©ologique aussi importante que ses investissements financiers le laisseraient supposer, du fait de la rĂ©sistance des autres participants au projet, comme le montre l’exemple de la mosquĂ©e d’Évry[28].

Aujourd'hui, le bureau français de la Ligue est installé rue Cler, à Paris, et dirigé par Amjed Hussein Bedewi, ancien ambassadeur d'Arabie saoudite au Cameroun.

La Ligue s’associe en gĂ©nĂ©ral aux plaintes dĂ©posĂ©es par les organisations musulmanes pour atteinte Ă  l'islam, comme lors des procĂšs contre Michel Houellebecq (2002) et Charlie Hebdo (affaire des caricatures de Mahomet, 2007).

Perception de la LIM et critiques

Bien qu’elle a toujours affirmĂ© ĂȘtre indĂ©pendante de l’État saoudien, selon une audition de la commission judiciaire du SĂ©nat des États-Unis, la LIM est contrĂŽlĂ©e Ă©troitement par le gouvernement saoudien, dĂ©crite par Le Canard enchaĂźnĂ© comme « le bras religieux du rĂ©gime »[7]. Son action est en ligne avec la politique du gouvernement en matiĂšre religieuse et humanitaire.

Par ailleurs, le contenu arabophone du site de la MWL semble indiquer que l’Europe occupe une place de plus en plus importante dans les efforts prosĂ©lytes de l’organisation[29]. Avant la crĂ©ation en 1978 de la mosquĂ©e de GenĂšve, premier Ă©tablissement europĂ©en officiellement fondĂ© par la LIM, cette derniĂšre aurait soutenu financiĂšrement d’autres groupes d’esprit pan-islamiste, comme le Centre islamique de GenĂšve fondĂ© et dirigĂ© par SaĂŻd Ramadan, FrĂšre musulman[30]. L’engagement saoudien direct aurait dĂ©butĂ© avec le rĂšgne du roi Khaled.

Selon la presse française, beaucoup d’argent est offert pour la construction de mosquĂ©es ou de centres d’activitĂ©s avec l’espoir que les assistĂ©s embrassent l'islam[31].

Selon Michel Renard, converti et ancien directeur de la revue Islam de France, la Ligue islamique mondiale « est persuadée que, dans cent ans, elle aura converti une grande partie de la population française. »

En , à l'occasion de la « conférence pour la paix et la solidarité réunissant divers représentants religieux, politiques, académiques[32] », des critiques s'élÚvent[21]. Ainsi, l'anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, dans une tribune du Monde, considÚre que :

« cet organisme basĂ© Ă  La Mecque (Arabie saoudite) et peu connu des Français [est] un organe sous influence saoudienne de prĂ©dication du salafisme wahhabite, version agressive de l’islam dont l’objectif est la da’wa, cette “invitation” Ă  faire adhĂ©rer le monde Ă  sa version fondamentaliste de l’islam. Il le fait Ă  bas bruit, distribuant mĂ©thodiquement depuis quarante ans ses pĂ©trodollars sur tous les continents aussi bien dans les quartiers pauvres de Dakar que dans le Quartier latin Ă  Paris, partout oĂč il peut installer ses centres et bureaux affiliĂ©s[32]. »

Au Canada, la Ligue a Ă©tĂ© Ă  l’origine de la tentative de lĂ©galisation de tribunaux islamiques[33].

Notes et références

  1. Conesa, Pierre, et Hubert VĂ©drine. Dr. Saoud et Mr. Djihad : la diplomatie religieuse de l’Arabie saoudite. Le monde comme il va. Paris: Robert Laffont, 2016.
  2. (en) Muslim World League, « Membership of Muslim World League in Global Organizations », sur http://en.themwl.org
  3. UNESCO, « List of non-governmental organizations in consultative status with the Economic and Social Council as of 1September 2014 », sur http://csonet.org,
  4. Alexandre Del Valle, La stratégie de l'intimidation : Du terrorisme jihadiste à l'islamiquement correct, l'Artilleur, , 516 p. (ISBN 978-2-8100-0823-0, lire en ligne)
  5. MWL anglais.
  6. Mosquée de GenÚve.
  7. JĂ©rĂŽme Canard, « Le show humaniste des Saoudiens Ă  Paris », Le Canard enchaĂźnĂ©, no 5159,‎ .
  8. « Ligue islamique mondiale », sur Site officiel.
  9. HelĂšne Sallon, « Ligue islamique mondiale : "Nous luttons contre les ultrarigoristes et les extrĂ©mistes" », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  10. Intervention au American Enterprise Institute : « Saudi Government Propaganda in the United States: Avowed Ally or Secret Enemy ? », 16 février 2005.
  11. Dr Salakh Ramadan et Dr Mohammed Mansur, enseignants d’Al-Azhar.
  12. Site internet de la Ligue.
  13. Pour Organization of the Islamic Conference.
  14. Pande A. (2015). Friends of last resort: Pakistan’s relations with China and Saudi Arabia. Pakistan’s enduring challenges, 256-277 (rĂ©sumĂ©).
  15. Khan S.S. (2003). Pakistan and the Organization of Islamic Conference. Pakistan Horizon, 56(1), 59-77
  16. Nyang S.S (1984) « The Role of Pakistan in the Organization of Islamic Conference ». American Journal of Islamic Social Sciences, 1(2), 51.
  17. AFP, « A Paris, le no 1 de la Ligue islamique mondiale prĂŽne un "message de modĂ©ration" », Challenges,‎ (lire en ligne).
  18. (en) « An interreligious call to protect houses of worship », sur America Magazine, (consulté le ).
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Voir aussi

Bibliographie

  • Florence Bergeaud-Blackler : Le FrĂ©risme et ses rĂ©seaux, PrĂ©face Gilles Kepel, 2023, Ă©d. Odile Jacob, (ISBN 9782415003555),
  • Reinhard Schultze, Islamischer Internationalismus im 20. Jahrhundert. Untersuchung zur Geschichte der islamischen Weltliga, Leyde, New York, Copenhague, Cologne : E.J. Brill, 1990

Articles connexes

Liens externes

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