Mohammed Al-Issa
Mohammed ben Abdel Karim al-Issa (arabe : محمد بن عبد الكريم العيسى, Muḥammad b. ʿAbd al-Karīm al-ʿĪsā), né le , est un homme politique saoudien, ministre de la Justice de 2009 à 2015 et secrétaire général de la Ligue islamique mondiale depuis 2016.
Mohammed Al-Issa (ar) محمد العيسى | |
Fonctions | |
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Secrétaire général de la Ligue islamique mondiale | |
En fonction depuis le (6 ans, 10 mois et 19 jours) |
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Prédécesseur | Abdallah ben Abdel Mohsen at-Turki (en) |
Ministre de la Justice (en) | |
– (5 ans, 11 mois et 15 jours) |
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Monarque | Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud Salmane ben Abdelaziz Al Saoud |
Prédécesseur | Abdallah ben Mohammed Al ach-Cheikh (en) |
Successeur | Walid ben Mohammed as-Samani |
Vice-président du Comité des griefs (ar) | |
– (1 an, 9 mois et 25 jours) |
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Président | Ibrahim Chaya Al Hogaïl (ar) |
Monarque | Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud |
Successeur | Ali ben Abderrahmane Al Hammad (ar) |
Biographie | |
Date de naissance | |
Nationalité | saoudienne |
Diplômé de | Université islamique Mohammed ben Saoud (en) |
Situation personnelle
Formation
Mohammed Al-Issa est titulaire d'une licence en jurisprudence islamique (fiqh) de l'université islamique Mohammed ben Saoud (en) ainsi que d'un master et d'un doctorat en droit comparé de l'Institut supérieur de la magistrature (ar)[3].
Carrière
Carrière professionnelle
Après ses études, Al-Issa enseigne à l'Institut supérieur de la magistrature (ar) (dont il est lui-même diplômé) ainsi qu'au département de droit public de la faculté de droit et de sciences politiques de l'université du Roi-Saoud[4].
Carrière politique
Il est ensuite nommé vice-président du "Comité des Griefs (un organe juridique pour l'arbitrage dépendant directement du Roi d'Arabie Saoudite) en 2007, charge qu'il occupe jusqu'en 2009.
À la tête du ministère de la Justice (2009-2015)
Le , le roi Abdallah surprend une partie des observateurs internationaux en nommant à des postes ministérielles une femme (Norah Al-Fayez) mais aussi plusieurs hommes réputés pour leurs convictions « progressistes » parmi lesquels Mohammed Al-Issa[5]. Ce dernier échoie du ministère de la Justice (en), auparavant dirigé par le conservateur Abdallah ben Mohammed (en), membre des Al ach-Cheikh, la famille de savants (ouléma) wahhabites avec lesquels la dynastie régnante des Al Saoud se partage le pouvoir depuis la fondation du premier État saoudien en 1744[6].
Durant son passage à la tête du ministère, le nombre d'exécutions dans le royaume connait une hausse « sans précédent », passant de 27 en 2010 à 158 en 2015[7] - [8].
En 2011, la Saoudienne Amina Nasser est décapitée pour sorcellerie et en 2014, l'activiste Raif Badawi est condamné à 10 ans de prison et à 1 000 coups de fouet pour avoir lancé un forum de débat politique en ligne qui « viole les valeurs islamiques et propage la pensée libérale »[6] - [9]. Mohammed Al-Issa se dit étranger à ces décisions, qui ont choqué les organisations de défense des droits de l'homme, et se désavoue des juges (qoudah) conservateurs les ayant rendues[6].
Codification des décisions de justice
Mohammed Al-Issa transforme le système judiciaire saoudien en profondeur en faisant adopter un projet de codification (taqnine) des décisions de justice qui avait été rejeté trois décennies auparavant, notamment en raison de l'opposition du Conseil des oulémas. Siégeant lui-même au sein de cette instance, Mohammed Al-Issa parvient à convaincre ses différents collègues de ne pas s'opposer à cette réforme qui vise à homogénéiser le droit saoudien afin que des affaires similaires ne se soldent pas par des verdicts diamétralement opposés du fait de la grande liberté d'interprétation (ijtihad) laissée aux juges (qoudah) de la loi islamique (charia)[10] - [11].
Ouverture des licences d'avocat aux femmes
En , il ouvre la profession d'avocat aux femmes du royaume, concrétisant ainsi une promesse du ministère de la Justice datant de 2006[11] - [12].
À la tête de la Ligue islamique mondiale (depuis 2016)
Le , il est nommé secrétaire général de la Ligue islamique mondiale[6]. Succédant à Abdallah ben Abdel Mohsen at-Turki (en), il prend ses fonctions une semaine plus tard, le [13].
Opinions
Issa a soutenu lors d'une conférence à l'Université islamique Imam Muhammad bin Saud de Riyad en 2012 que le salafisme n'est qu'une approche de l'islam et qu'il ne doit pas être considéré comme l'islam dans sa globalité. Il a en outre souligné que l'approche salafiste est modérée. Il a déclaré que le salafisme est la croyance et l'obéissance aux valeurs ancestrales de l'islam[14].
Issa reconnaît l'horreur de l'Holocauste et a dénoncé les tentatives de négation de l'Holocauste. Il plaide pour que les immigrants musulmans dans les pays occidentaux s'intègrent socialement.
Notes et références
- « Minister of Justice » [archive du ], Saudi Embassy Washington (consulté le )
- « Mohamad bin Abdul Karim Issa », GLP (consulté le )
- (ar) Mohammed Salamah, « موسم حج 2022.. انتهاء رفع سرعات دوائر الربط والإنترنت لترجمة خطبة عرفة », sur Al-Ain News (ar), (consulté le )
- (en) « PROFILES » [archive du ], Saudi Gazette,
- (en) Mohammed Jamjoom, « Saudi King appoints first woman to council », CNN, (consulté le )
- Jean-Pierre Perrin, « Si tous les musulmans du monde… », Politique internationale, no 168, , p. 295-304 (lire en ligne)
- Ian Geoffrey Timberlake, « Hausse «sans précédent» des exécutions en Arabie saoudite », Le Temps, (consulté le )
- « Peine de mort: un record d'exécutions en 2015 », Le Matin, (consulté le )
- (en) « Saudi website editor gets seven years in prison and 600 lashes for liberal forum », Reuters, (consulté le )
- (ar) « قضاة ينتقدون الإصلاحات في السعودية », Sky News Arabia, (consulté le )
- (ar) Omar Ali al-Badawi, « محمد العيسى مهندس الاعتدال في كبرى المؤسسات الإسلامية », Al-Arab (en), (consulté le )
- (ar) Oussama Al Jamaan, « المرأة السعودية محامية بعد ست سنوات من وعود وزارة العدل », Al Riyadh, (consulté le )
- (en) « Dr. Al-Issa took office as Secretary General of the Muslim World League », Ligue islamique mondiale, (consulté le )
- « Salafism is only an approach, says justice minister », The Muslim Times (consulté le )