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Ligne de Chorges Ă  Barcelonnette

La ligne de Chorges à Barcelonnette est une ligne de chemin de fer qui devait relier Chorges (Hautes-Alpes) à Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence), mais qui n'a jamais été achevée.

Ligne de
Chorges Ă  Barcelonnette
Image illustrative de l’article Ligne de Chorges à Barcelonnette
La ligne de l’Ubaye près du village en ruine de Roche-Rousse, entre Ubaye et Le Lauzet (état actuel).
Pays Drapeau de la France France
Villes desservies Chorges, Barcelonnette
Historique
Mise en service Ligne inachevée
Concessionnaires Ch. de fer PLM (1904 – 1938)
SNCF (1938 – 1941)
Ligne déclassée (depuis 1941)
Caractéristiques techniques
NumĂ©ro officiel 916 000
Longueur 43 km
Écartement standard (1,435 m)
Électrification Non électrifiée
Pente maximale 25ʉۡ
Nombre de voies Anciennement Ă  voie unique

Histoire

Les prémices du projet

Le plan Freycinet, promulguĂ© par la loi du 1879, prĂ©voyait que toutes les prĂ©fectures et sous-prĂ©fectures de France seraient reliĂ©es au rĂ©seau ferrĂ© national. La rĂ©alisation de ce plan fut presque totale. La desserte de Barcelonnette, sous-prĂ©fecture des Alpes-de-Haute-Provence, situĂ©e dans la vallĂ©e de l'Ubaye, fut prĂ©vue au no 128 sous l'intitulĂ© de « Savines (Hautes-Alpes) Ă  Barcelonnette Â» par une ligne Ă  voie unique mais Ă  Ă©cartement standard se dĂ©tachant Ă  proximitĂ© de Chorges de la ligne reliant Veynes Ă  Briançon[1]. Ce mĂŞme plan prĂ©voyait au no 138 une ligne de « Digne Ă  la ligne de Savines Ă  Barcelonnette Â». Cette dernière n'a pas connu de commencement d'exĂ©cution.

La ligne est concédée à titre éventuel à la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée par une convention signée entre le ministre des Travaux publics et la compagnie le 1902. Cette convention est approuvée par une loi le [2]. La ligne est déclarée d'utilité publique et concédée à titre définitif à la compagnie du PLM par une loi le 1904[3].

Modification du projet

Parallèlement au projet ferroviaire, des Ă©tudes sont menĂ©es en vue de rĂ©aliser un barrage sur la Durance Ă  Serre-Ponçon : bien plus petit que celui effectivement rĂ©alisĂ© plus tard, son lac n'aurait mĂŞme pas touchĂ© l'ancien village de Savines, aujourd'hui noyĂ©[4]. Sa hauteur est en effet estimĂ©e, selon les sources, Ă  50 Ă  80 mètres[4] - [5]. Cependant, afin de tenir compte de ce projet, le tracĂ© de la ligne est modifiĂ© et son nouveau plan est approuvĂ© par dĂ©cision de l'État du [6].

Le tracé ferroviaire est ainsi rallongé vers l'amont de la vallée de façon à pouvoir franchir celle-ci à plus grande distance du projet de barrage. Ce nouveau projet est décrit comme suit[6] :

« Au lieu de rester accolé à la voie actuelle de Gap à Briançon jusque vers le kilomètre 5,9, le nouveau tracé s’en détache au kilomètre 7,703, s’infléchit immédiatement à droite pour franchir le torrent des Moulettes, au moyen d’un viaduc dit de Chanteloube, de 60 mètres de haut (…), rentre en souterrain pour retourner à angle droit vers la vallée, franchit la Durance au moyen d’un viaduc dit des Hyvans (…). Le tracé rentre ensuite dans le contrefort du Sauze par un souterrain de 2036 mètres et se dégage enfin suivant la direction indiquée par la décision du 25 janvier 1911 sur le flanc droit de la vallée de l’Ubaye pour se raccorder, après la gare d’Ubaye, avec le tracé adopté. »

Ainsi les plus importants ouvrages de la ligne, le viaduc des Hyvans, celui de Chanteloube, le long tunnel du Sauze, ont-ils été rendus nécessaires par le projet de barrage. Pourtant, une quarantaine d'années plus tard, ils seront noyés (et détruit pour le viaduc des Hyvans) en raison de la création d'un barrage beaucoup plus haut qu'on ne pouvait l'imaginer au début du XXe siècle, le barrage de Serre-Ponçon.

Abandon définitif des travaux

La construction commença en 1909. La Première Guerre mondiale ralentit les travaux auxquels participent cependant des prisonniers de guerre allemands[7]. La paix revenue les travaux reprennent, la population locale a bon espoir de voir arriver le train Ă  Barcelonnette[8]. En 1935, la construction de nouvelles lignes n'Ă©tait plus Ă  l'ordre du jour. Alors que les terrassements et la plupart des ouvrages d'art Ă©taient bien avancĂ©s ou achevĂ©s jusqu'au lieudit le Martinet, Ă  15 kilomètres de Barcelonnette, les travaux furent suspendus[9].

La ligne a été déclassée par la loi no 5023 du 1941[10] (tout comme la ligne voisine du Champsaur).

En 1955, le projet de construction du barrage de Serre-Ponçon prĂ©voyait de noyer les vallĂ©es de la Durance et de l'Ubaye, aux alentours de leur confluence, oĂą justement passait la ligne en souffrance. Alors que la ligne de Briançon, elle aussi partiellement noyĂ©e, Ă©tait reconstruite sur les flancs des collines bordant la Durance, il fut dĂ©cidĂ© que la plateforme et les ouvrages de celle de Barcelonnette ne seraient pas remplacĂ©s. Le tronçon compris entre le lieudit Chanteloube, oĂą elle se sĂ©parait de la ligne principale, et le « grand pont Â» de la route nationale 100 sur l'Ubaye fut donc noyĂ© lors de la mise en eau du barrage en 1959.

Sur le tronçon noyé par la retenue de Serre-Ponçon, la ligne comportait quatre ouvrages importants :

  • le viaduc de Chanteloube (dit aussi des Moulettes) franchissant le vallon des Moulettes, achevĂ© et qui fut laissĂ© intact ;
  • le viaduc des Hyvans, dit aussi de Prego-Dieu, sur la Durance, dont les estacades Ă©taient achevĂ©es et les piles partiellement construites (trois piles Ă©taient achevĂ©es sur les cinq prĂ©vues, les deux dernières restaient inachevĂ©es). Le tablier mĂ©tallique ne sera pas posĂ©, les estacades et les piles ont Ă©tĂ© dĂ©molies[11] ;
  • le tunnel des Hyvans, de 255 mètres de longueur, qui fut noyĂ©[11] ;
  • le long tunnel du Sauze, le plus long des Hautes-Alpes avec ses deux kilomètres, qui fut noyĂ© Ă©galement[12].

État actuel

La plateforme libérée par la déviation de la ligne de Briançon, ainsi que l'embranchement de Barcelonnette, ont été aménagés en route d'accès au site de Chanteloube, devenu centre d'activités nautiques.

Viaduc sur le défilé de l'Ubaye en aval du Lauzet

Le viaduc de Chanteloube, noyé à l'exception de la rampe d'accès nord, est devenu une attraction touristique : dès que le niveau des eaux de la retenue s'abaisse, de manière saisonnière ou au gré des contraintes d'exploitation du barrage, le tablier du viaduc réapparaît. Selon les circonstances, il devient accessible aux promeneurs, et permet parfois une traversée complète, quoique non sécurisée puisqu'il ne dispose d'aucun gardecorps.

Au-delà de l'ancien village d'Ubaye, les emprises ferroviaires furent réemployées de plusieurs manières :

  • un premier tunnel a Ă©tĂ© transformĂ© en tunnel routier (Ă  sens unique) sur la nouvelle route nationale 854 (aujourd'hui dĂ©partementale 954) reliant Savines-le-Lac au Lauzet par le Sauze-du-Lac (un second tunnel a Ă©tĂ© construit pour la voie descendante) ;
  • un autre tunnel a Ă©tĂ© transformĂ© en entrepĂ´t ;
  • une section de plate-forme d'environ quatre kilomètres entre le Lauzet et le Martinet a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e pour dĂ©doubler la route (deux chaussĂ©es Ă  sens unique) ;
  • une autre section au-dessus du nouveau pont sur l'Ubaye a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e en voie de promenade accessible aux VTT.

Immédiatement en aval du village du Lauzet, on peut encore accéder à un viaduc qui franchit un impressionnant défilé de l'Ubaye ; le tunnel qui le prolonge est emprunté par un itinéraire balisé pour les VTT, mais est trop long pour être traversé sans éclairage.

Notes et références

  1. « N° 8168 - Loi qui classe 181 lignes de chemin de fer dans le réseau des chemins de fer d'intérêt général : 17 juillet 1879 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 19, no 456,‎ , p. 6 - 12 (lire en ligne).
  2. « N° 41987 - Loi ayant pour objet l'approbation d'une convention avec la compagnie Paris-Lyon-Méditerranée pour la concession des lignes suivantes : de Nice à la frontière d'Italie ; de Chorges à Barcelonnette ; de Moutiers à Bourg-Saint-Maurice ; de Bourron à Melun ; De Chamborigaud à Bessèges, d'Aigues-Mortes au Grau-du-Roi : 18 juillet 1902 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, xII, vol. 65, no 2376,‎ , p. 645 - 646 (lire en ligne).
  3. « N° 44270 - Loi déclarant d'utilité publique, à titre d'intérêt général, l'établissement d'un chemin de fer de Chorges à Barcelonnette : 12 février 1904 », Bulletin des lois de la République Française, xII, vol. 68, no 2525,‎ , p. 1501 - 1502 (lire en ligne).
  4. Bernard Mahiou et Pierre Balland, Le barrage de Serre-Ponçon : Retour d’expérience socio-économique de sa construction et évolution de son exploitation multi-usages, Comité français des barrages et réservoirs, (lire en ligne).
  5. Rapport du Conseil général des Hautes-Alpes, septembre 1910
  6. Rapport du Conseil général des Hautes-Alpes, avril 1913
  7. Frédéric Médard, Les prisonniers en 14-18. Acteurs méconnus de la Grande Guerre, Saint-Cloud, SOTECA, , 350 p. (ISBN 978-2-916385-62-4), p. 62
  8. Le chemin de fer de Chorges Ă  Barcelonnette sur ubaye-en-cartes
  9. Ligne de chemin de fer de Chorges Ă  Barcelonnette sur Structurae
  10. « N° 5023 - Loi du 30 novembre 1941 prononçant le déclassement de certaines lignes d'intérêt général (zone non-occupée) », Journal officiel de l'État Français, Paris, Imprimerie Nationale, no 326,‎ , p. 5226 - 5227 (lire en ligne).
  11. Fiche Tunnel des Hyvans et Viaduc de Prego-Dieu
  12. Fiche Tunnel du Sauze

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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