Viaduc de Chanteloube
Le Viaduc de Chanteloube est un viaduc à destination ferroviaire, situé dans la commune de Chorges, département des Hautes-Alpes. La ligne de Chorges à Barcelonnette à laquelle il était destiné n'ayant pas été achevée, l'ouvrage n'a jamais reçu d'équipement ferroviaire et n'a vu passer aucun train.
Viaduc de Chanteloube | ||||
Le viaduc partiellement émergé au printemps 2009 | ||||
GĂ©ographie | ||||
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Pays | France | |||
RĂ©gion | Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur | |||
DĂ©partement | Hautes-Alpes | |||
Commune | Chorges (Ă 5 km) | |||
Coordonnées géographiques | 44° 30′ 36″ N, 6° 18′ 25″ E | |||
Fonction | ||||
Franchit | l'anse des Moulettes (lac de Serre-Ponçon) |
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Fonction | futur pont ferroviaire abandonné |
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Caractéristiques techniques | ||||
Type | Pont en maçonnerie | |||
Longueur | 300 m | |||
Matériau(x) | pierre | |||
Construction | ||||
Architecte(s) | Paul Séjourné | |||
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur
GĂ©olocalisation sur la carte : Hautes-Alpes
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Vingt-cinq ans après l'abandon du projet de chemin de fer, la mise en eau du barrage de Serre-Ponçon en 1960 a provoqué la submersion presque complète du viaduc.
Histoire
Le viaduc de Chanteloube constituait l'amorce de la ligne de chemin de fer de l'Ubaye, qui devait relier Chorges (Hautes-Alpes) à Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence). La construction de la ligne avait commencé en 1909 mais fut interrompue en 1935. Le viaduc n'a jamais été mis en service[1]. Lors de la construction du barrage de Serre-Ponçon, le niveau nominal du plan d'eau (780 mètres) était exactement l'altitude de l'avant-pont est du viaduc. Celui-ci fut donc totalement submergé en 1961, mais il réapparaît, au moins partiellement, au-dessus des eaux chaque fois que le niveau de celles-ci s'abaisse. Ce fut le cas notamment en 2003 lors d'une grande opération de vidange du lac (hauteur d'eau de -35 mètres), et à l'hiver 2008-2009 (-22 mètres)[2].
Situation
Le viaduc de Chanteloube franchit le vallon, aujourd'hui submergé, du torrent des Moulettes, petit affluent rive droite de la Durance, qui descend de Chorges et se jetait dans la Durance peu avant son confluent avec l'Ubaye. Avant l'établissement de la retenue, la ligne Veynes - Briançon suivait la rive gauche de ce vallon, et passait en tunnel la pointe de Chanteloube pour prendre la direction de l'est. La ligne de Barcelonnette s'en détachait sous le hameau de Chanteloube, et, amorçant sa descente, bifurquait vers le sud en traversant immédiatement le vallon par le viaduc, avant de franchir la Durance quelques kilomètres plus loin par un nouveau viaduc (inachevé à la date d'arrêt des travaux)[3].
Description
Le viaduc est du type pont en maçonnerie à plusieurs arches. Sa longueur totale est de trois-cents mètres[4]. Son profil en long est en forme de S inversé, avec raccordements paraboliques, de manière à assurer le raccordement de la voie sur chaque rive tout en effectuant une traversée presque perpendiculaire au vallon. Il est en déclivité constante de 21mm/m de la rive gauche (côté Chorges) vers la rive droite (côté Hyvans).
Le viaduc comporte une section centrale de six arches principales en voûtes légèrement surhaussées de vingt-sept mètres d'ouverture, prolongée de chaque côté par une estacade de quatre arches de neuf mètres et un avant-pont plein[5]. Entre les arches principales et les arches latérales deux piles massives assurent la stabilité de l'ensemble. La hauteur des piles est très inégale, compte tenu de la forme encaissée du vallon. L'arche centrale dominait le cours d'eau de soixante-et-un mètres[6].
Le style architectural est typique du « style Séjourné » : pas de chaîne d'angle empâtant les parements, pas de saillie du bandeau sur l'intrados, les voûtelettes d'élégissement, chères à Séjourné, sont ici cachées par les tympans[6]. Les parapets sont bas, le pont n'étant pas conçu pour des piétons ou des véhicules non guidés.
- Vue d'ensemble du viaduc
- Le profil en S inversé
- La pente du viaduc
- Une pile renforcée
« Il n'existe pas en France —et peut-être bien ailleurs— de viaduc voûté sur piles hautes d'une telle hardiesse de ligne[6]. »
Situation actuelle
Depuis la suppression des équipements ferroviaires et la création du lac, qui est ouvert aux loisirs aquatiques et de plaisance, le site de Chanteloube est accessible au public. La ligne Veynes - Briançon ayant été reconstruite plus au nord, l'ancienne plateforme du chemin de fer a été transformée sur un peu plus de deux kilomètres en route publique. Cette route emprunte le viaduc anciennement ferroviaire de Pralong, de moindre importance et rectiligne, établi sur un affluent du torrent. Cet ouvrage offre une vue plongeante sur le ravin des Moulettes ; on aperçoit au fond les vestiges de l'ancienne route nationale 94 qui descendait vers la Durance par le fond du vallon.
Une aire de loisirs nautiques est aménagée près du viaduc de Chanteloube.
Lors des vidanges et basses eaux de la retenue de Serre-Ponçon, l'accès au viaduc est possible à pied, y compris jusqu'à l'autre rive. La ligne de Briançon abandonnée est noyée au-delà de Chanteloube, mais en passant la pointe on peut en apercevoir quelques vestiges (soutènements) lors des basses eaux.
- Le viaduc de Pralong
- Le ravin des Moulettes vu du viaduc de Pralong
- Le site de Chanteloube en pleines eaux ; l'amorce du viaduc est visible.
- La voie vers Briançon abandonnée au-delà de Chanteloube (en basses eaux)
Notes et références
- Chemin de fer Valence - Gap - Briançon sur structurae
- Le Dauphiné libéré édition Hautes-Alpes, 4 juillet 2009, page 6.
- Ligne de chemin de fer Chorges - Barcelonnette sur structurae
- Viaduc de Chanteloube sur structurae
- Bulletin du PLM, mai 1935, cité par Pascal Reinhard, in Objectif Rail, n°22, juillet-août 2007.
- Auguste Jouret, Paul Séjourné, article dans Technica, revue de l'association des anciens élèves de l'École centrale de Lyon (aujourd'hui association des Centraliens de Lyon), n°76, mai 1946, page 13