Liens entre nationalistes basques et bretons
Les liens entre nationalistes basques et bretons ou relations d'entraide entre Basques et Bretons sont anciennes : la Bretagne a accueilli pendant la Guerre d'Espagne et après la victoire du franquisme des réfugiés basques. La famille de Paco Rabanne est accueillie dans le Nord-Finistère[1].
Histoire
Immédiatement après la défaite et la reddition au corps expéditionnaire italien de l'armée basque, un bateau amène des réfugiés à Saint-Nazaire. L'ouest du Morbihan en accueille 61, 39 à Gourin, 8 à Le Saint, 7 à Le Faouët et autant à Plouray. Certains se sont d'ailleurs définitivement installés en Bretagne.
Un militant se suicide en prison
Avant 1999, les derniers gros ennuis des militants bretons résultaient principalement de l'hospitalité accordée aux Basques.
C'est ainsi que, arrêté parce que des Basques de nationalité espagnole en situation irrégulière avaient été interpellés dans un local qu'il louait, Jean Groix, vétérinaire à Rezé, mêlé à tort de manière délibérée à une sordide affaire de crime (enlèvement et meurtre d'une fillette) survenue dans son voisinage, se suicida en prison en 1991 ; la police française a récemment reconnu la présence de Michel Fourniret et de sa compagne tout près de là à la même époque ; à noter que lors des arrestations et des gardes à vue de militants bretons ayant hébergé des Basques, des policiers de la 6e D.C.P.J. (ancêtre de la Division nationale anti-terroriste, DNAT) se sont employés à continuer de salir ce militant et à essayer de casser psychologiquement les gardés à vue en leur montrant des photographies du cadavre de la fillette. Ils affirmaient toujours à l'époque être convaincus de la culpabilité du militant breton dans cette affaire. Par vagues successives, des centaines de personnes furent interpellées en Bretagne à partir de . Des procès suivirent à Paris. Ainsi, fin 1995, plusieurs dizaines de Basques et de Bretons sont jugés à Paris. À la suite de nouvelles arrestations en , une manifestation émaillée d'incidents se déroule à Guingamp. Trois manifestants sont condamnés. L'un d'eux obtient la condamnation de la France devant la Cour européenne des droits de l'homme le pour procédure inéquitable.
Le , neuf Bretons sont condamnés à des peines variant de trois ans de prison avec sursis à quatre mois avec sursis ; dans la même affaire, un Basque devenu Breton par son mariage avec la fille du couple qui l'hébergeait est condamné à sept ans de prison ferme.
Des assignations à résidence
En 1984, des réfugiés basques sont assignés à résidence dans le Finistère. L'explication officielle, provenant de la sous-préfecture française de Bayonne, est le danger que représente pour eux les tueurs des GAL. Les six premiers arrivent dans plusieurs localités du Finistère Sud où ils sont hébergés chez des militants volontaires avant d'être regroupés dans un appartement mis à leur disposition par la mairie de Carhaix dans un logement HLM. Les six suivants seront hébergés ensemble dans un logement associatif à Brest, puis ce sont six autres qui arrivent dans les Côtes-d'Armor, principalement dans la région de Guingamp. Dans un premier temps, les préfectures de Quimper et de Saint-Brieuc leur fournissent des titres de séjours d'un mois renouvelables. Quand ils se représentent pour le renouvellement de leurs titres, ils sont renouvelés pour les six premiers; les autres sont invités à quitter le territoire avant quinze jours. Ils deviennent hors-la-loi.
Des échanges variés
Dans le domaine culturel, et en particulier pour ce qui est des revendications linguistiques, Basques et Bretons ont pris l'habitude de travailler ensemble.
Dans le domaine politique, les partis bretons et basques ont l'habitude de se concerter régulièrement.
Des liens clandestins
Les relations entre ETA et ARB se résumeraient à une aide logistique de l'ARB à des membres de l'organisation séparatiste basque, souvent entrés en clandestinité.
Des liens entre les deux organisations se seraient tissés, à partir de 1984, lorsque la France interdit aux militants basques demandeurs d'asile de s'installer dans le sud-ouest de la France à cause des activités des GAL et de crainte que ne se développe une base arrière d'ETA en France. L'hébergement se structure et s'organise dès l'été 1984. C'est le travail de José Luis Alvarez Santa Cristina "Txelis", présenté par les autorités espagnoles comme le « numéro 2 » d'ETA lors de son arrestation en 1992, et de Michel Herjean, militant indépendantiste breton, ex-membre du FLB-ARB entre 1974 et 1981.
De nombreux Basques viennent alors en Bretagne où ils trouvent des points communs idéologiques avec le mouvement indépendantiste local, partageant avec les nationalistes bretons le même sens de la lutte contre l'État-Nation, le même amour pour la terre des ancêtres et la volonté de libération nationale, même si le degré de violence n'est pas comparable. À partir de 1989, l'hébergement de Basques dont certains sont « entrés en clandestinité » tout simplement parce qu'ils ne bénéficient pas du statut de réfugié politique se structure grâce à Faustino Villanueva Herrera, dit Txapu, natif de Guernica, qui, bénéficiant du statut de réfugié politique depuis l'époque du franquisme, est incarcéré en France puis assigné à résidence avant de retourner finalement dans son pays sans être l'objet de poursuites.
Txapu interpellé
L'interpellation de Txapu en 1992 ainsi que le démantèlement d'une partie de son réseau affaibliront les capacités d'hébergement par des militants bretons au profit de Basques présentés officiellement comme des membres d'ETA. Difficile pour autant de dire si la participation supposée et jamais démontrée de sympathisants de l'ARB au vol de Plévin, aux côtés d'Etarras, constituait les prémices d'une collaboration plus active entre les deux organisations.
Vol d'explosifs
Le gouvernement espagnol estime toujours qu'une partie de la direction d'ETA est cachée en Bretagne. Les hommes d'ETA avaient déjà tenté un autre vol d'explosif en Bretagne, à Fleurigné (35), le . Les etarras tissent des liens avec certains militants bretons susceptibles de leur apporter un soutien logistique. Des militants bretons sont mis en cause pour avoir accueilli des Basques peu avant le vol d'explosifs de Plévin, dans les Côtes-d'Armor, en . C'est l'affaire de Plévin. Lors du procès, Guillaume Bricaud, porte-parole de la Coordination antirépressive de Bretagne affirme que « cette union sacrée entre Bretons et Basques n'existe pas. Tout cela, c'est un fantasme des médias ».
Notes et références
- Le Télégramme, dimanche .
Bibliographie
- Breizh Euskadi, histoire d'une solidarité (Editions Breizh-Info, 1998) Annick Lagadec avec Mikel Gil Cervera
- Bretagne, Pays-Basque la solidarité et l'hospitalité réprimées ! Spered Gouez - Carhaix. 1995.