AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Laurent SĂ©galat

Laurent Ségalat, né le à Paris, est un généticien, essayiste, libraire et juriste français.

Laurent SĂ©galat
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Nationalité
Activités
Autres informations
Directeur de thĂšse
Jean-Antoine Lepesant (d)
Condamné pour

Il a été au centre d'une affaire judiciaire connue en Suisse sous le nom de l'« affaire Ségalat », par laquelle il a été condamné pour meurtre, culpabilité confirmée par le Tribunal fédéral, à 14 ans d'emprisonnement par la Cour d'appel pénale du canton de Vaud, condamnation confirmée par la Cour européenne des droits de l'homme.

Biographie

Activité scientifique

AprĂšs un doctorat en biologie soutenu Ă  l'universitĂ© Paris-VII obtenu en 1992[1] - [2], Laurent SĂ©galat termine ses Ă©tudes de 1993 Ă  1995 Ă  l'universitĂ© Harvard aux États-Unis[3] - [4].

RecrutĂ© au CNRS en 1995 avec le grade de chargĂ© de recherches, il est l'un des premiers gĂ©nĂ©ticiens Ă  rĂ©introduire en France le modĂšle animal Caenorhabditis elegans. Avec le soutien du CNRS, Laurent SĂ©galat crĂ©e une Ă©quipe de recherche Ă  l'institut de pharmacologie molĂ©culaire et cellulaire du CNRS de Sophia Antipolis, oĂč il effectue des travaux pionniers en dĂ©montrant le potentiel de Caenorhabditis elegans pour l’étude des maladies humaines[5].

Son Ă©quipe se concentre notamment sur l’étude des myopathies[6], et en particulier de la myopathie de Duchenne. Il reçoit Ă  ce titre de nombreux financements de l'association française contre les myopathies (AFM) Ă  partir de 1996.

En 1999, Laurent SĂ©galat transfĂšre son Ă©quipe de recherche au centre de gĂ©nĂ©tique molĂ©culaire et cellulaire du CNRS, localisĂ© Ă  Villeurbanne, Ă  proximitĂ© de Lyon. Il est nommĂ© directeur de recherches au CNRS en 2000, fonctions qu’il exerce jusqu’en 2010.

Essais sur la science

En parallĂšle Ă  ses travaux de recherche, Laurent SĂ©galat s’investit dans la diffusion des connaissances scientifiques auprĂšs du grand public. Il donne de nombreuses confĂ©rences dans des maisons de la culture, des centres associatifs et des Ă©tablissements scolaires. Il devient un membre actif de l’association 1001 sciences, qui organise des dĂ©bats scientifiques dans la rĂ©gion lyonnaise. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation sur la gĂ©nĂ©tique.

Avec ses collĂšgues Marie-Anne FĂ©lix et Michel Labouesse, il est l’auteur du premier ouvrage en français consacrĂ© au modĂšle animal Caenorhabditis elegans : Caenorhabditis elegans : un organisme modĂšle en biologie (Éditions Hermann)[7].

En 2008, en pleine controverse sur le clonage, il publie un essai dans lequel il tente de dĂ©dramatiser la question du clonage animal et humain La Fabrique de l’Homme[8].

En 2009, Laurent SĂ©galat publie un essai remarquĂ© sur la recherche scientifique La Science Ă  bout de souffle ? (Éditions du Seuil), dans lequel il critique avec virulence le systĂšme de financement de la recherche publique, basĂ© sur le recours systĂ©matique Ă  l'appel Ă  projets, et le mode d’évaluation des chercheurs. Cet essai lui vaut de nombreux articles de presse et plusieurs passages Ă  la radio et la tĂ©lĂ©vision[9] - [10] - [11].

Libraire et romancier

LassĂ© par la mutation de la recherche publique qu’il dĂ©nonce dans La Science Ă  bout de souffle ?, Laurent SĂ©galat engage dĂšs 2008 une reconversion professionnelle vers le monde des livres, monde qu’il dĂ©crit comme « ses premiĂšres amours professionnelles ».

Il réduit son activité de chercheur au CNRS pour seconder son pÚre Roger-Jean Ségalat, libraire renommé en livres anciens à Lausanne en Suisse. Il apprend ainsi le métier de libraire en livres anciens, avec le projet de reprendre à terme la libraire familiale.

ParallĂšlement, il rĂ©dige un roman La Vie de Morgan[12], premier volet de la trilogie Les Temps modernes, roman qui ne paraĂźtra finalement qu’en 2013 aux Ă©ditions Michalon. Ce roman dĂ©crit un monde futuriste et dĂ©shumanisĂ©, dans lequel les libertĂ©s individuelles ont disparu sous l’emprise de rĂ©glementations tatillonnes investissant chaque parcelle de la vie des individus.

Le deuxiÚme volet de la trilogie, intitulé La Vie de Joseph[13] - [14] paraßt en 2015. Inspiré du ProcÚs de Kafka, ce roman est une réflexion sur le monde numérique et ses dérives.

Juriste

En , il obtient un master M2 de droit de la propriĂ©tĂ© intellectuelle Ă  l'universitĂ© Lyon-III. La mĂȘme annĂ©e, il se prĂ©sente au concours d’entrĂ©e Ă  l’Ecole des Avocats de Lyon (EDARA), qu’il obtient avec la plus haute note de sa promotion[15]. Il intĂšgre l’EDARA en . Cependant, en raison de sa condamnation pour meurtre et du mandat d'arrĂȘt international Ă©mis Ă  son encontre , il ne peut mener sa formation Ă  terme[15].

Épicier

Actuellement et depuis 2016, Laurent Ségalat est le gérant des magasins rue des producteurs à Lyon. Il dirige quatre magasins dont le concept principal est le circuit court[16].

L’affaire SĂ©galat

DĂ©cĂšs suspect de Catherine SĂ©galat

Le , à 21h15[17], Laurent Ségalat contacta les services d'urgence par téléphone depuis la villa de son pÚre, alors hospitalisé, et de sa belle-mÚre, Catherine Ségalat, dans la commune du Vaux-sur-Morges, en Suisse. Il prétend avoir retrouvé cette derniÚre dans la buanderie, au rez-de-chaussée, en bas de l'escalier menant à l'étage.

Lors de l'arrivée des secours, le cadavre de Catherine Ségalat avait été déplacé dans une piÚce attenante à la buanderie. Selon les constatations du médecin présent sur place, Laurent Ségalat présentait des éraflures fraßches, de couleur rouge vif, sur les articulations des doigts des deux mains et des griffures sur les pommettes de son visage. En outre, des traces ADN de la victime furent retrouvées par la suite sous les ongles de Laurent Ségalat[18].

Quant Ă  la police, aprĂšs avoir constatĂ© que le cadavre avait Ă©tĂ© dĂ©placĂ©, elle se rendit compte que les lieux du drame avaient Ă©tĂ© « soigneusement nettoyĂ©s »[18], le sol Ă©tant encore humide, et que Laurent SĂ©galat avait changĂ© de vĂȘtements, cela avant l'arrivĂ©e des secours.

Le cadavre de Catherine Ségalat présentait des plaies au visage, sur le cuir chevelu et le pavillon auriculaire gauche, une fracture de la calotte crùnienne, ainsi que des ecchymoses, dermabrasions et plaies au niveau du visage et des membres supérieurs, notamment aux mains, dont un ongle avait été arraché du cÎté de la lunule au deuxiÚme doigt gauche. Les pieds de la victime étaient ensanglantés, ce qui indiquait qu'elle avait marché dans son propre sang avant son décÚs.

Au vu de ces éléments, la thÚse du meurtre fut privilégiée par la police.

DĂ©clarations de Laurent SĂ©galat

Lors de son audition le , Laurent SĂ©galat a indiquĂ© ĂȘtre arrivĂ© entre 19h30 et 20h30 au domicile de la victime. Cette derniĂšre gisait sur le sol, mais Ă©tait consciente et il lui semblait qu'elle respirait encore[18]. Il indiqua n'avoir pas appelĂ© immĂ©diatement les secours mais avoir tentĂ© une rĂ©animation cardiaque, faute pour lui de connaĂźtre le numĂ©ro des services d'urgence suisse. Il avait Ă©galement piquĂ© la victime avec l'aide d'un poinçon, afin de voir si celle-ci rĂ©agissait, ce qui ne fut pas le cas. AprĂšs une heure de rĂ©animation, il indiqua avoir pris conscience que sa belle-mĂšre Ă©tait dĂ©cĂ©dĂ©e. Il consulta un annuaire tĂ©lĂ©phonique au premier Ă©tage de la maison et appela les services de secours.

Laurent Ségalat confirma aux policiers avoir lavé le sang présent sur le sol uniquement, avant l'arrivée de secours, et avoir changé sa chemise une seule fois. Il indiqua avoir nettoyé les traces de sang au sol car il trouvait « inconvenant » de faire marcher les services de secours dans une flaque de sang, cela pour atteindre la victime. Il justifia également son comportement en indiquant qu'il avait horreur du sang. Quant aux traces d'ADN de la victime retrouvées sous ses ongles, elles s'expliqueraient selon lui par sa tentative de réanimation.

S'agissant des blessures prĂ©sente sur ses mains, Laurent SĂ©galat indiqua qu'elle provenait du dĂ©givrage du pare-brise de sa voiture. Les blessures sur son visage provenaient, selon Laurent SĂ©galat, des bagues de la victime, lors de sa tentative de rĂ©animation[19]. Il indiqua Ă©galement qu'il Ă©tait possible qu'il se soit lui-mĂȘme griffĂ© en procĂ©dant Ă  la rĂ©animation. Par la suite, lors d'une audition distincte, il dĂ©clara qu'il avait souvent le visage Ă©gratignĂ©, notamment par le rasage, les jeux avec ses enfants ou sa vie conjugale, indiquant qu'il « arrive souvent que [sa] compagne [le] griffe[19] ».

EnquĂȘte de la Police

Lors de l'enquĂȘte menĂ©e par la police sur les lieux du crime, une chemise bleue, de marque Filmark, partiellement ensanglantĂ©e, fut retrouvĂ©e dans un sac plastique, dĂ©posĂ© devant la machine Ă  laver. Une seconde chemise, de marque Celio, fortement ensanglantĂ©e et dont deux boutons manquaient au niveau du col, ainsi qu'un t-shirt avec des traces de sang, au niveau du col, furent retrouvĂ©s dans le lave-linge, cachĂ©s sous d'autres habits qui, eux, ne prĂ©sentaient aucune trace de sang. La prĂ©sence de deux chemises ensanglantĂ©es laissait penser pour la police que Laurent SĂ©galat s'Ă©tait vraisemblablement changĂ© Ă  deux reprises avant d'effectuer son appel d'urgence.

AprĂšs la pulvĂ©risation d'un rĂ©vĂ©lateur chimique (luminol), les policiers constatĂšrent que des traces de sang Ă©taient prĂ©sentes sur une surface d'environ 28 m2, lavĂ©e par Laurent SĂ©galat, notamment sur le sol de la buanderie, les deux faces de la porte de l'escalier, des parois et ce, jusqu'Ă  1,40 m de hauteur, le lavabo, des portes d'armoire, la machine Ă  laver et la chaudiĂšre. Un nettoyage, mĂȘme effectuĂ© de maniĂšre dynamique, ne pouvait expliquer de telles projections de sang, notamment au niveau du col de la chemise de Laurent SĂ©galat. L'hypothĂšse selon laquelle ce dernier avait lui-mĂȘme assĂ©nĂ© des coups Ă  la victime pouvait ĂȘtre considĂ©rĂ©e par les experts scientifiques de la police comme « trĂšs probable »[17].

Quant au pÚre de Laurent Ségalat, il indiqua que ce dernier était venu lui rendre visite le jour du drame, dans l'aprÚs-midi. Questionné, il indiqua que, au moment de sa visite, Laurent Ségalat ne présentait aucune marque ou griffure sur le visage[19]. Enfin, la compagne de Laurent Ségalat indiqua n'avoir jamais griffé ce dernier et que, le jour du drame, il ne présentait également aucune marque au visage[19].

Expertises médico-légales

L'expertise effectuée par l'Institut médico-légal de Lausanne, indique, dans son rapport du , que l'importance des lésions constatées sur la victime indiquait l'intervention d'un tiers. Quant aux lésions présentes au visage et au cou de Laurent Ségalat, elles étaient « difficilement compatibles »[17] avec les déclarations de ce dernier lors de son audition.

Laurent SĂ©galat mandata un expert privĂ©, mĂ©decin lĂ©giste et anatomopathologiste Ă  Paris, qui, sur la base du contenu gastrique de la victime tel que ressortant du dossier de l'autopsie, estima, dans un rapport du , que le dĂ©cĂšs pourrait ĂȘtre intervenu entre 20h et 22h, en prenant un compte un arrĂȘt de la vidange gastrique Ă  17h00. Les lĂ©sions crĂąniennes de la victime pouvait s'expliquer par une chute dans l'escalier et les traces de sang retrouvĂ©es sur les chemises par une rĂ©animation « frĂ©nĂ©tique » telle que dĂ©crit par Laurent SĂ©galat[17].

AprĂšs avoir pris connaissance de cette expertise, l'Institut mĂ©dico-lĂ©gal de Lausanne rĂ©pondit que l'analyse de la vidange gastrique, pour dĂ©terminer l'heure du dĂ©cĂšs, Ă©tait considĂ©rĂ©e par la communautĂ© mĂ©dico-lĂ©gale comme extrĂȘmement alĂ©atoire en raison de sa trop grande imprĂ©cision. Enfin, une chute dans l'escalier ne pouvait expliquer l'ensemble des lĂ©sions constatĂ©es sur la victime. De mĂȘme, les lĂ©sions cutanĂ©es constatĂ©es sur Laurent SĂ©galat, notamment son visage, ne pouvaient s'expliquer par une victime, selon ses dires, inconsciente ou lors d'une rĂ©animation cardiaque[17].

En raison des conclusions contradictoires, le ministÚre public vaudois mandata une seconde expertise médico-légale, confiée à un professeur portugais en médecine légale et en sciences médico-légales, le prof. Duarte Nuno Vieira, sommité mondiale en la matiÚre[20]. Selon ce dernier, le rapport de l'Institut médico-légal de Lausanne avait été effectué dans les rÚgles de l'art et en totale adéquation avec les protocoles internationaux. L'analyse du contenu gastrique n'était pas un moyen fiable pour déterminer l'heure du décÚs. Enfin, les lésions constatées sur la victime n'étaient pas compatibles avec une chute dans l'escalier mais correspondaient, avec une trÚs haute probabilité, à une situation d'agression avec une tentative de défense de la victime. Quant aux lésions constatées sur Laurent Ségalat, elles ne pouvaient s'expliquer par la situation décrite par l'intéressé (frottement de bague de la victime sur son visage), mais plutÎt par une situation de lutte avec mouvement de défense de la victime[17].

S'agissant du contenu du rapport d'expertise privée du présenté par Laurent Ségalat, le Prof. Duarte Nuno Vieira indiqua[17] :

« Non seulement contient-il des affirmations et des diagnostics qui ne sont pas corrects (nous le verrons plus loin), mais encore (et nous le déplorons vivement) est-il rédigé dans une perspective qui ne peut apparaßtre que tendancieuse, l'argumentation et les justifications formulées à propos de chaque lésion traumatique ne prenant en considération que l'explication ou les explications susceptibles de soutenir la thÚse de la défense »

.

Suites judiciaires

Le au soir, Catherine SĂ©galat, Ă©pouse en troisiĂšmes noces de Roger-Jean SĂ©galat, pĂšre de Laurent SĂ©galat, est retrouvĂ©e morte Ă  son domicile de Vaux-sur-Morges. Laurent SĂ©galat, qui a averti la police, prĂ©tend avoir trouvĂ© sa belle-mĂšre agonisante au bas d'un escalier et avoir tentĂ© une rĂ©animation infructueuse, mais la police le soupçonne de s'ĂȘtre battu avec sa belle-mĂšre.

Les enquĂȘteurs ne sont pas convaincus par les explications qu'il donne au sujet des traces de griffure qu’il porte au visage et au cou, du temps qu'il a fallu pour contacter les secours, du fait qu'il a dĂ©placĂ© le corps, de la raison pour laquelle il a changĂ© de chemise et lavĂ© les traces de sang au sol. Par la suite, l'Institut mĂ©dico-lĂ©gal de Lausanne atteste dans un rapport la thĂšse de coups portĂ©s Ă  la tĂȘte[21].

Le lendemain, le , Laurent SĂ©galat est inculpĂ© de meurtre par un juge d’instruction du canton de Vaud et immĂ©diatement incarcĂ©rĂ© Ă  Lausanne. Il passera 29 mois en dĂ©tention prĂ©ventive. Sa famille et ses amis crĂ©ent pour le soutenir « L'association de soutien Ă  Laurent SĂ©galat[22] ».

Au cours des deux ans d'instruction, en dĂ©pit de recherches extensives, les enquĂȘteurs ne parviennent Ă  trouver ni arme, ni mobile. Selon tous les tĂ©moins interrogĂ©s, Laurent SĂ©galat et Catherine SĂ©galat Ă©taient proches et s’entendaient bien[23]. Ni l’un ni l’autre n’étaient connus pour des accĂšs de violence[24].

Alors que le ministĂšre public du canton de Vaud soutient la thĂšse du meurtre et de la culpabilitĂ© de Laurent SĂ©galat, deux experts mĂ©dicaux commis par la dĂ©fense, les professeurs Dominique Lecomte et MichaĂ«l Fried, rendent des rapports concluant respectivement Ă  la thĂšse d’une chute dans l’escalier et Ă  l’impossibilitĂ© pour Laurent SĂ©galat d’avoir Ă©tĂ© prĂ©sent sur place au moment du traumatisme crĂąnien ayant causĂ© la mort de Catherine SĂ©galat[25] - [26].

Acquittement en premiĂšre instance

Le s’ouvre devant le tribunal criminel de La CĂŽte le procĂšs pour meurtre de Laurent SĂ©galat. Celui-ci est dĂ©fendu par les avocats suisses Marie-Pomme Moinat et Stefan Disch et par l’avocat français Gilles-Jean Portejoie. Le , Ă  l’issue de huit jours de procĂšs, Laurent SĂ©galat est acquittĂ© au bĂ©nĂ©fice du doute et libĂ©rĂ©[27]. Dans ses conclusions, le tribunal de La CĂŽte se montre convaincu de l'agression de Catherine SĂ©galat mais, malgrĂ© les lĂ©sions inexpliquĂ©es sur le visage de Laurent SĂ©galat[21], elle considĂšre « qu’il existe d'un point de vue objectif un doute sĂ©rieux sur le dĂ©roulement des faits ainsi que sur l'implication de Laurent SĂ©galat dans le dĂ©cĂšs[28] ».

Le , le procureur général du canton de Vaud fait appel du jugement de premiÚre instance.

Condamnation en appel

Le , Laurent SĂ©galat est rejugĂ© en appel par la Cour d’appel pĂ©nale du canton de Vaud. Laurent SĂ©galat est rapidement interrogĂ© sur des questions relatives Ă  son Ă©tat civil et Ă  ses revenus depuis sa libĂ©ration. Puis, la parole est donnĂ©e au ministĂšre public et aux avocats et, aprĂšs quatre heures de plaidoiries, l’audience est close. Le lendemain, le , le verdict est rendu par les trois magistrats de la Cour d’appel pĂ©nale. Laurent SĂ©galat, qui rĂ©side en France, ne s'est pas prĂ©sentĂ© Ă  l'annonce du verdict. Il est dĂ©clarĂ© coupable de meurtre et condamnĂ© Ă  seize ans de prison[29]. Un juriste a exprimĂ© sa dĂ©sapprobation de l’absence de rĂ©els dĂ©bats devant la cour d‘appel[30] - [31].

Le [32], le Tribunal fĂ©dĂ©ral confirme le verdict de culpabilitĂ© mais casse la condamnation Ă  seize ans de prison au motif que « la culpabilitĂ© a Ă©tĂ© apprĂ©ciĂ©e Ă  l’aune d’élĂ©ments sans pertinence et qu’elle est insuffisamment motivĂ©e. » L’affaire est renvoyĂ©e devant la cour d’appel de Lausanne, qui statue dans la mĂȘme composition et sans audience, et prononce une nouvelle condamnation de quatorze ans de prison[33]. La Suisse lance alors un mandat d'arrĂȘt international contre Laurent SĂ©galat[34]. Celui-ci ne peut toutefois pas ĂȘtre extradĂ© de France, car la France n’extrade pas ses nationaux.

Saisine de la Cour européenne des droits de l'homme

En , les avocats de Laurent Ségalat introduisent un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour violation des rÚgles du procÚs équitable. Le , la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) juge irrecevable tous les éléments avancés par Laurent Ségalat dans son recours[35]. « De l'avis de la Cour, bien que l'audience n'ait duré que cinq heures et que la juridiction d'appel n'ait pas réentendu directement les témoins et les experts, il ressort du jugement de cinquante-huit pages que tous les éléments de preuve ont été appréciés pour déterminer la culpabilité du requérant »[36].

En , la Suisse saisit officiellement la France d’une demande d’incarcĂ©ration de Laurent SĂ©galat en France au titre de la dĂ©lĂ©gation d’exĂ©cution des condamnations pĂ©nales[37]. Le , faute de base lĂ©gale[38], la France refuse la demande malgrĂ© le fait qu'elle ne remette pas en cause le verdict de culpabilitĂ©, ce qui suscite de nombreuses rĂ©actions indignĂ©es de personnalitĂ©s et de mĂ©dias[39].

En , saisi d’une question Ă©crite du dĂ©putĂ© suisse Olivier Feller[40], le Conseil fĂ©dĂ©ral fait savoir qu’il prĂ©conise la tenue d’un nouveau procĂšs en France de Laurent SĂ©galat, plutĂŽt qu’une dĂ©lĂ©gation d’exĂ©cution, seul moyen juridique selon le Conseil fĂ©dĂ©ral pour que Laurent SĂ©galat puisse Ă©ventuellement purger une peine de prison en France[41]. Le ministĂšre public du canton de Vaud s’oppose alors Ă  cette idĂ©e, exposant qu’un nouveau jugement français anĂ©antirait juridiquement la condamnation suisse[42]. Laurent SĂ©galat et son avocat maĂźtre Gilles-Jean Portejoie ont fait savoir qu’ils sont favorables Ă  un nouveau procĂšs en France[43].

Publications

  • 2002 : Caenorhabditis elegans : un organisme modĂšle en biologie (en collaboration avec M-A FĂ©lix et M Labouesse) (ISBN 978-2-7056-6427-5)
  • 2007 : La ThĂ©rapie gĂ©nique : RĂ©volution mĂ©dicale entre rĂȘve et rĂ©alitĂ© (ISBN 978-2729835774)
  • 2008 : La Fabrique de l’Homme (ISBN 978-2849411018)
  • 2009 : La Science Ă  bout de souffle ? (ISBN 978-2021002683)
  • 2013 : La Vie de Morgan (ISBN 978-2-84186-704-2)
  • 2015 : Roger SĂ©galat et l’aventure de la librairie Melisa Ă  Lausanne (ISBN 978-2-88474-749-3)
  • 2015 : La Vie de Joseph (ISBN 979-10-302-0014-0)

Bibliographie sur l’affaire SĂ©galat

  • Dans Le ProcĂšs SĂ©galat : un acquittement contestĂ© de Jacques SecrĂ©tan (2012), l’auteur relate en dĂ©tail le dĂ©roulement du procĂšs de [44].
  • Dans L’Affaire SĂ©galat ou la prĂ©somption de culpabilitĂ© (2013), le journaliste français Ian Hamel dĂ©crit ce qu’il perçoit comme un acharnement de la justice vaudoise envers Laurent SĂ©galat[45].
  • Dans Une condamnation bĂątie sur du sable, l’affaire SĂ©galat (2015) de Jacques SecrĂ©tan[46],
  • Dans La condamnation scandaleuse de Laurent SĂ©galat ou « L’État de droit » dĂ©masquĂ©, publiĂ© en 2016, Gerhard Ulrich, fondateur d'Appel au peuple, donne son avis sur l'affaire.
  • L’affaire SĂ©galat a aussi fait l’objet de plusieurs Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es[47] comme par exemple Faites entrer l'accusĂ© : Nuit tragique au moulin. (saison 16, Ă©mission 12).

Notes et références

  1. Étude structurale et fonctionnelle du gĂšne pourquoi-pas? de Drosophila, thĂšse de biologie, universitĂ© Paris-7 (1992).
  2. « Présentation dans le catalogue Worldcat »
  3. Édouard Launet, « Laurent SĂ©galat. Nimbus et lac de sang », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne)
  4. Laurent SĂ©galat, « Drug discovery: here comes the worm », ACS chemical biology, vol. 1,‎ , p. 277-278 (ISSN 1554-8937, PMID 17163755, DOI 10.1021/cb600221m, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. Ségalat, L : « Drug discovery: here comes the worm ». ACS Chem Biol. (2006) vol. 1 Review.
  6. « Invitation presse - 10 novembre - Un front uni contre les maladies rares - Communiqués et dossiers de presse - CNRS », sur www2.cnrs.fr (consulté le )
  7. Caenorhabditis elegans : un organisme modĂšle en biologie (en collaboration avec M-A FĂ©lix et M Labouesse), Hermann,
  8. La Fabrique de l’Homme, François Bourin Ă©diteur,
  9. StĂ©phane Foucart, « "La Science Ă  bout de souffle ?", de Laurent SĂ©galat : recherche ou bureaucratie ? », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  10. David Larousserie, « La science Ă  bout de souffle ? », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne)
  11. Christian Chavagneux, « La science Ă  bout de souffle par Laurent SĂ©galat », Alternatives Ă©conomiques, no 284,‎ (lire en ligne)
  12. « Catalogue des Éditions Michalon », sur michalon.fr
  13. « Catalogue des Éditions Fauves », sur fauves-editions.fr
  14. « « La Vie de Joseph » de Laurent Ségalat ou la dictature du renseignement », sur www.wukali.com (consulté le )
  15. Loubna Chlaikhy, Condamné pour meurtre en Suisse, Laurent Ségalat voulait devenir avocat en France, Le Figaro, 18 avril 2016.
  16. « La compagnie des circuits courts (Lyon 7Úme) », sur www.societe.com (consulté le )
  17. « 6B_200/2013 (26.09.2013) », sur relevancy.bger.ch (consulté le )
  18. « Recherche des décisions: Décision / 2012 / 961 », sur www.findinfo-tc.vd.ch (consulté le )
  19. Faites entrer l'accusé, « Faites entrer l'accusé - Nuit tragique au moulin », (consulté le )
  20. « L’expert lĂ©giste portugais a enfoncĂ© Laurent SĂ©galat », sur 24heures.ch/ (consultĂ© le )
  21. L’affaire SĂ©galat, Zone d'ombre du 5 octobre 2011, RTS.
  22. « Association de soutien à Laurent Ségalat », sur assosoutienlsegalat.wordpress.com
  23. JérÎme Sage, « http://archive.francesoir.fr/actualite/faits-divers/laurent-segalat-un-suspect-trop-parfait-58651.html », sur francesoir.fr,
  24. Ian Hamel, L’affaire SĂ©galat ou la prĂ©somption de culpabilitĂ©, Editions du BelvĂ©dĂšre,
  25. Jacques Secrétan, Le procÚs Ségalat : un acquittement contesté, Editions Mon Village,
  26. Jacques SecrĂ©tan, Une condamnation bĂątie sur du sable, l’affaire SĂ©galat, Editions Mon Village,
  27. « Laurent Ségalat est acquitté! », sur http://www.24heures.ch
  28. « Le Tribunal criminel explique l’acquittement de Laurent SĂ©galat », sur 24heures.ch,
  29. « Laurent Ségalat condamné à 16 ans de prison en appel », sur lemonde.fr,
  30. Georges-Marie BĂ©cherraz, « Affaire SĂ©galat : "Cela gĂ©nĂšre en moi un grand malaise" », 24 heures,‎ (lire en ligne)
  31. Capus, Lelieur, La Sala, « Juger en appel sans rĂ©administrer les preuves ? », La Revue de l'Avocat/ Anwalts,‎ , p. 359-372
  32. ArrĂȘt n° 6B_200/2013 du 26 septembre 2013.
  33. « «Aucun doute raisonnable.» Laurent Ségalat prend 16 ans », sur 24heures.ch/ (consulté le )
  34. « Le mandat d'arrĂȘt contre SĂ©galat Ă©tendu Ă  l'international », sur 24heures.ch/ (consultĂ© le )
  35. « HUDOC - European Court of Human Rights », sur hudoc.echr.coe.int (consulté le ).
  36. La Cour des droits de l'homme déboute Laurent Ségalat, 16 février 2015 Tribune de GenÚve.
  37. « La Suisse veut que Ségalat purge sa peine en France », sur 24heures.ch/ (consulté le )
  38. Les personnes condamnées en Suisse ne pourront plus échapper à une peine en rentrant dans leur pays, Le Nouvelliste, 4 juin 2019.
  39. « Laurent SĂ©galat, dĂ©crit comme “criminel avĂ©rĂ©â€, peut dormir tranquille », sur www.letemps.ch (consultĂ© le ).
  40. « Feller dépose une motion pour éviter une autre affaire Ségalat », sur 24heures.ch/ (consulté le )
  41. « Affaire SĂ©galat: Berne pourrait “actionner” Paris », sur 24heures.ch/ (consultĂ© le )
  42. « 20 minutes - L'affaire Ségalat secoue une nouvelle fois le pays - Vaud », sur 20 Minutes (consulté le )
  43. « Eric Cottier ne veut pas que la France juge Ségalat », sur 24heures.ch/ (consulté le )
  44. « Éditions Mon Village - Catalogue », sur www.editions-monvillage.ch (consultĂ© le )
  45. « Éditions du BelvĂ©dĂšre - L'affaire SĂ©galat ou la prĂ©somption de culpabilitĂ© EPUISE », sur www.editions-belvedere.com (consultĂ© le )
  46. « Éditions Mon Village - Catalogue », sur www.editions-monvillage.ch (consultĂ© le )
  47. Voir notamment : Histoires en sĂ©rie, France 2, 2 avril 2013 ; Zone d’ombre, radio tĂ©lĂ©vision suisse (RTS), 26 novembre 2014.

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.