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Lambert Sigisbert Adam

Lambert Sigisbert Adam, dit Adam l'Aîné, né à Nancy le , et mort à Paris le , est un sculpteur lorrain[1].

Lambert Sigisbert Adam
Jean-Baptiste Perronneau, Portrait de Lambert Sigisbert Adam (1753), Paris, musée du Louvre.
Biographie
Naissance
Décès
(à 58 ans)
Paris
Activité
Père
Fratrie
Parentèle
Clodion (neveu)
Autres informations
Membre de
Maître
Influencé par
Distinctions
Prix de Rome ()
Pensionnaire de la Villa Médicis (d) (-)

Biographie

Enfance et formation

Fils aîné du sculpteur Jacob Sigisbert Adam, il se forma dans l’atelier de ce dernier. Il se rendit à Metz durant l’hiver 1718, avant de partir à Paris en mai 1719. Alors admis à l’école du modèle de l’Académie royale de peinture et de sculpture, il obtint en 1723 son brevet de pensionnaire à l’Académie de France à Rome, avant même de remporter le premier prix de sculpture le jour suivant[1].

Séjour à Rome

Il arriva à Rome en septembre 1723 en compagnie d’Edme Bouchardon, et y resta dix ans. L'Académie de France était alors logée au Palais Capranica et n'occupera le Palais Mancini qu'en 1725. Il y étudia principalement la sculpture antique, notamment par le biais des originaux des collections romaines et des moulages de l’Académie de France à Rome, mais aussi les œuvres des grands maîtres de la Renaissance. Également confronté au baroque, il se prit de fascination pour Le Bernin[1].

Son séjour se traduisit par une activité considérable, à la fois dans la restauration d’antiques et la création de compositions originales, telles que les bustes de Neptune et Amphitrite acquis par le cardinal Melchior de Polignac. En janvier 1724, il fut commissionné avec Bouchardon pour la réalisation de statues de saints en travertin prévues pour orner l’escalier reliant la place d’Espagne et le couvent de la Trinité-des-Monts. Même si le décor fut abandonné, cette commande témoigne de la considération accordée à ces jeunes artistes, alors seulement élèves[1].

Selon le règlement de l’Académie de France à Rome, les élèves étaient tenus de réaliser une copie en marbre d’après l’antique pour le roi. Grâce à l’intervention du cardinal Melchior de Polignac, chargé des affaires de France auprès du Saint-Siège, dont il gagna la protection durant son séjour, Lambert Sigisbert eut la possibilité de mouler le Mars Ludovisi, tandis que son collègue Bouchardon choisit le Faune Barberini. Les deux œuvres arrivèrent à Paris en 1732[1].

Même si cela était contraire au règlement de l’Académie, Lambert Sigisbert travaillait en parallèle pour le cardinal de Polignac. En effet, les fouilles suivies par ce dernier sur la via Latina avaient permis de mettre au jour de nombreuses statues antiques, dont il confia en grande majorité la restauration à Lambert Sigisbert. Parmi ses interventions, on peut citer le Persée assis, le Relief avec le Triomphe de Bacchus, ou le Bacchus. Il fut rejoint à Rome par ses frères Nicolas Sébastien en 1726 et François Gaspard à la fin de 1729. En août 1730, le pape Clément XII demanda de nouveau dessins pour la fontaine de Trevi à Rome après l’interruption du chantier du fait de la mort de Benoit XIII. Adam et son compatriote Bouchardon soumirent chacun un projet pour celle-ci et Lambert-Sigisbert Adam remporta le concours, mais les pressions des artistes locaux écarter un projet d'étranger et la conception fut confiée au second l’architecte Nicola Salvi en octobre 1732[1].

Avant son retour en France, Lambert Sigisbert réalisa un bas-relief pour la chapelle Corsini, élevée au Latran par l’architecte Alessandro Galilei entre 1732 et 1734 sur demande du pape Clément XII. Cette commande prestigieuse lui fut probablement confiée sur recommandation du cardinal de Polignac. Au même moment, Lambert Sigisbert intégra l’Académie de Saint-Luc le 19 novembre 1732[1].

Il quitta Rome le 23 janvier 1733, visitant Florence, Bologne et Venise sur la route du retour[1].

Au service du roi de France

Le 25 avril 1733, Adam fut agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture et devint sculpteur du roi. Il reçut sa première commande du duc Louis d’Orléans pour la cascade du parc de Saint-Cloud, pour laquelle il réalisa La Seine et La Marne. Il entretenait une certaine rivalité avec Bouchardon, qui reprit ce sujet pour sa fontaine rue de Grenelle[1].

Louis XV en Apollon, 1749, Nancy, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain.

En 1735, l’administration des Bâtiments du roi décida d’offrir à Germain Louis Chauvelin deux statues pour orner le parc de son château de Grosbois. Leur réalisation fut confiée à Lambert Sigisbert et Bouchardon, qui exécutèrent respectivement un Chasseur prenant un lion dans ses filets et un Athlète domptant un ours. La même année, le duc d’Antin confia à Lambert Sigisbert la conception du groupe central ornant le bassin de Neptune dans le parc du château de Versailles. Son œuvre représentant le Triomphe de Neptune et d’Amphitrite fut réalisée de 1735 à 1740 sous la direction de Jacques V Gabriel, avec la participation de ses frères Nicolas Sébastien et François Gaspard Adam[1].

Parallèlement, Lambert Sigisbert acheva son morceau de réception à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1737 représentant Neptune calmant la tempête, accompagné d’un triton. Il fut reçu le 27 mai et la même année, il exposa au Salon quatre bustes représentant Les Quatre Eléments. Nommé professeur adjoint en 1737, professeur en 1744. Dans les années 1730, il fut appelé par Germain Boffrand avec Jean-Baptiste II Lemoyne pour la décoration de l’appartement du prince de Soubise au rez-de-chaussée de son hôtel parisien, et exécuta quatre bas-reliefs pour le salon ovale[1].

Il participa avec son frère Nicolas Sébastien à la décoration en bronze des autels latéraux de la chapelle royale de Versailles. A cette occasion, il réalisa Sainte Adélaïde impératrice faisant son dernier adieu à saint Odilon, abbé de Cluny, dont le modèle en plâtre fut exposé au Salon de 1738[1].

Dans les années suivantes, il exposa de nombreux modèles et œuvres au Salon à savoir La Pêche (Salon de 1739) et son pendant La Chasse (Salon de 1747), l’Enfant au Homard (Salon de 1740, aujourd’hui disparu), et le saint Jérôme (Salon de 1745). En 1755, fut publié le Recueil de Sculptures antiques Grecques et Romaines, contenant soixante-deux planches gravées d’après les dessins du sculpteur, et faisant état de la collection qu’il souhaitait vendre. Il mourut à Paris le 13 mai 1759, sans avoir réussi à se défaire de celle-ci[1].


Dès les années 1740, beaucoup d’esquisses et de modèles ne furent jamais exploités par l’artiste. En effet, son style, bien que brillant, se révéla en décalage avec le goût de son temps. Son attachement à l’expressivité et au mouvement ne correspondait plus à la nouvelle esthétique d’apaisement des formes incarnée par son rival Bouchardon[1].

Å’uvres

La période romaine

Restaurations d’œuvres antiques

  • Tête d’Ulysse, 1729-1732, marbre, 41 x 27,5 x 29,5 cm, Potsdam, Palais de Sanssouci[1].
  • Tête d’une fille de Lycomède, 1729-1732, marbre, 36 x 22 x 23 cm, Potsdam, Palais de Sanssouci[1].
  • Tête de Déidamie, 1729-1732, marbre, H. 34,5 cm, Potsdam, Palais de Sanssouci[1].
  • Tête d’une autre Fille de Lycomède, 1729-1732, marbre, H. 32 cm, Potsdam, Palais de Sanssouci[1].
  • Tête de la fille aînée de Lycomède, 1729-1732, marbre, H. 36 cm, Potsdam, Palais de Sanssouci[1].
  • Jeune fille à la sandale, avant 1735, marbre, 101 x 88 x 38 cm (torse antique 38 cm), Potsdam, Palais de Sanssouci[1].
  • Persée assis, Rome, probablement Ier siècle, 170 x 85 x 105 cm, vers 1732, Paris, Sénat, palais du Luxembourg[1].
  • Relief avec le Triomphe de Bacchus, Rome, milieu du IIe siècle, marbre, 94,5 x 94 x 27,3 cm, 2e quart du XVIIIe siècle, Los Angeles, J. Paul Getty Museum[2].
  • Bacchus, Rome, 2nde moitié du Ier siècle, marbre, H. 159 cm, vers 1729-1732, Berlin, Bode-Museum[1].

Carrière en France

  • Chasseur prenant un lion dans ses filets, vers 1735, sanguine, 176 x 130 mm, Boston, collection Jeffrey E. Horvitz[1].
  • Triomphe de Neptune et Amphitrite, 1740, plomb, 3,60 x 11,86 x 7,15 m, Versailles, parc du château, bassin de Neptune[1].
  • Neptune calmant la tempête accompagné d’un triton, 1737, marbre, 85 x 59,5 x 48 cm, Paris, musée du Louvre, département des Sculptures[3].

Les Quatre Eléments :

  • L’Eau, 1730, marbre, 81,5 x 53 x 30,5 cm, collection particulière[1].
  • L’Air, entre 1737 et 1746, marbre, 81,5 x 64,5 x 37,5 cm, collection particulière[1].
  • Le Feu, entre 1737 et 1746, marbre, 89 x 62 x 31 cm, collection particulière[1].
  • La Terre, entre 1737 et 1746, marbre, 81,5 x 58 x 43 cm, collection particulière[1].
  • La Peinture et la Poésie, vers 1735-1740, stuc, Paris, Archives nationales, hôtel de Soubise, salon ovale du prince[1].
  • La Musique, vers 1735-1740, stuc, Paris, Archives nationales, hôtel de Soubise, salon ovale du prince[1].
  • La Justice, vers 1735-1740, stuc, Paris, Archives nationales, hôtel de Soubise, salon ovale du prince[1].
  • L’Histoire avec le Temps et la Renommée, vers 1735-1740, stuc, Paris, Archives nationales, hôtel de Soubise, salon ovale du prince[1].
  • Sainte Adélaïde quittant saint Odilon, 1743, bronze, 82,3 x 142 x 11 cm, Versailles, chapelle royale du château[1].
  • La Pêche, 1749, marbre, H. 230 cm, Potsdam, Palais de Sanssouci[1].
  • La Chasse, 1749, marbre, H. 239 cm, Potsdam, Palais de Sanssouci[1].
  • Garçon au homard, 1750, marbre, non localisé[1].
  • Saint Jérôme, 1752, marbre, 278 x 130 x 135 cm, Paris, église Saint-Roch[1].
  • Louis XV en Apollon, 1749, marbre, 86 x 70 x 45 cm, collection particulière[1].
  • Louis XV en Apollon, 1749, terre cuite, 87 x 76 x 46 cm, Nancy, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain[1].
  • La Poésie lyrique, 1752, marbre, 207 x 113 x 87,5 cm, Paris, musée du Louvre, département des Sculptures[4].
  • Demi-plan et élévation pour la fontaine du parvis de Reims, 1754, sanguine, 310 x 420 mm, Reims, bibliothèque municipale[1].
  • Le Temps découvre les ruines du palais de Marius en 1729, 1754 dans Recueil de Sculptures antiques Grecques et Romaines, Paris, 1755, eau-forte, 284 x 209 mm, Nancy, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain[1]
  • Buste de Jean François Rogier, 1757, terre cuite, 75 cm, non localisé ou détruit[1].
  • L’Abondance répandant ses dons sur la terre, 1752-176., marbre, 210 x 130 x 112 cm, Versailles, château[5].

Galerie

Élèves

Notes et références

  1. Pénet, Pierre-Hippolyte HerausgeberIn. Scherf, Guilhem HerausgeberIn., Les Adam la sculpture en héritage (ISBN 978-94-6161-623-4 et 94-6161-623-6, OCLC 1280397973, lire en ligne)
  2. (en) « Relief with the Indian Triumph of Bacchus (Getty Museum) », sur The J. Paul Getty in Los Angeles (consulté le )
  3. Lambert-Sigisbert Adam et France, Neptune calmant les flots irrités, (lire en ligne)
  4. Lambert-Sigisbert Adam et France, La Poésie, (lire en ligne)
  5. « Chefs-d'œuvre retrouvés », sur Château de Versailles, (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Abbé Joseph de La Porte, « Sculpteurs et leurs ouvrages : Adam l'aîné », dans La France litteraire ou les beaux arts, Paris, chez Duchesne libraire, (lire en ligne), p. 238
  • Antoine Nicolas Dezailler d’Argenville, Vies des fameux sculpteurs depuis la renaissance des arts avec la description de leurs ouvrages, tome II, Paris, Debure l’Aîné, 1787.
  • Albert Jacquot, Les Adam et les Michel et Clodion, Paris, Rouam, 1898. (ISBN 2012730752)
  • Albert Jacquot, Essai de répertoire des artistes lorrains. Sculpteurs, Paris, Librairie de l’art ancien et moderne, 1901.
  • « Musée de Nancy. Un bas-relief de L.-S. Adam », Beaux-Arts, Revue d’information artistique, 19, 15 novembre 1925, p. 328.
  • Terence Hodgkingson, « A Bust of Louis XV by Lambert Sigisbert Adam », The Burlington Magazine, n°587, vol. XCIV, février 1952, p. 37-40.
  • Peter Fusco, « Lambert Sigisbert’s ‘’Bust of Neptune’’ », Los Angeles County Museum of Art Bulletin, 21, 1975, p. 12-25.
  • Peter Fusco, « L.-S. Adam’s adieu to Rome », Antologia di Belle Arti, 7/8, 1978, p. 225-232.
  • Philippe Martial, « Adam et l'antique : le ‘’Persée’’ du Luxembourg », Revue de l'Art, n°95, 1992, p. 71-72.
  • Astrid Dostert, « Recueil de Sculptures antiques grecques et romaines. Der Bildhauer Lambert-Sigisbert Adam und die Skupturen des Kardinals Melchior de Polignac », dans Thomas Weiss (dir.), Von der Schönheit weissen Marmors. Zum 200. Todestag Bartolomeo Cavaceppis (Wissenschaftliche Bestandskataloge der Kulturstiftung Dessau-Wörlitz, volume II, Mayence, Verlag Philipp von Zabern, 1999, p. 35-49.
  • Geneviève Bresc-Bautier, Isabelle Leroy-Jay Lemaistre (sous la direction de Jean-René Gaborit, avec la collaboration de Jean-Charles Agboton, Hélène Grollemund, Michèle Lafabrie, Béatrice Tupinier-Barillon), Musée du Louvre. département des sculptures du Moyen Âge, de la Renaissance et des temps modernes. Sculpture française II. Renaissance et temps modernes. vol. 1 Adam - Gois, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1998.
  • Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières. 1715 - 1789, Paris, Robert Laffont, Coll. « Bouquins », 2003 (ISBN 2221048105).
  • Alexandre Maral, « Neptune et Amphitrite : le chef-d’œuvre des frères Adam », L’Estampille/l’Objet d’art, 486, janvier 2013, p. 21-22.
  • Guilhem Scherf, « The Rediscovered Marble Busts of the Four Eléments by Lambert-Sigisbert Adam », dans Carolyn H. Miner (dir.), The Eternal Baroque Studies in Honor of Jennifer Montagu (actes du colloque, Londres, Wallace Collection, 6-7 septembre 2013), Milan, Skira et Sotheby’s, 2015, p. 519-534.
  • Anne-Lise Desmas, « Les frères Adam à Rome. » dans Pierre-Hippolyte Pénet et Guilhem Scherf (dir.), Les Adam, La sculpture en héritage, catalogue de l’exposition (Nancy, musée des Beaux-Arts, 18 septembre 2021 – 9 janvier 2022), Gand, Editions Snoeck, 2021, p. 87-97. (ISBN 9461616236)
  • Guilhem Scherf, « Lambert Sigisbert Adam (1700-1759). ‘’Tout formait trous dans ses ouvrages’’ » dans Pierre-Hippolyte Pénet et Guilhem Scherf (dir.), Les Adam, La sculpture en héritage, catalogue de l’exposition (Nancy, musée des Beaux-Arts, 18 septembre 2021 – 9 janvier 2022), Gand, Editions Snoeck, 2021, p. 121-133. (ISBN 9461616236)

Articles connexes

Liens externes

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