La Famille Tot (film)
La Famille Tot[1] (Isten hozta, Ćrnagy Ășr! « Soyez le bienvenu, mon major ! ») est une comĂ©die dramatique hongroise sortie en 1969, rĂ©alisĂ©e par ZoltĂĄn FĂĄbri. Son scĂ©nario, Ă©crit par le rĂ©alisateur, est basĂ© sur le roman TĂłtĂ©k (La famille TĂłt) de lâĂ©crivain hongrois IstvĂĄn ĂrkĂ©ny.
Titre original | Isten hozta, Ćrnagy Ășr! |
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RĂ©alisation | ZoltĂĄn FĂĄbri |
Scénario | Zoltån Fåbri |
Acteurs principaux |
ZoltĂĄn Latinovits |
Sociétés de production | Mafilm |
Pays de production | Hongrie |
Genre | comédie dramatique |
Durée | 96 minutes |
Sortie | 1969 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Le film a eu un grand succÚs auprÚs du public, ses personnages les plus importants étant interprétés par Zoltån Latinovits et Imre Sinkovits (en).
Résumé détaillé
Le film commence par la prĂ©sentation du lieu de lâaction par un narrateur, dans le style des contes[2]. Câest un village agrĂ©able, tranquille, du Nord de la Hongrie. Lâun des personnages principaux et Lajos TĂłt, le chef de lâĂ©quipe de pompiers, homme important du village, respectĂ© de tous les habitants, Ă©tant amical et plein de dignitĂ©. Il a une vie de famille exemplaire. Sa femme, Mariska, lâadore, et pour sa fille grande adolescente, Ăgika, il reprĂ©sente tout ce qui est beau dans le monde.
Câest lâĂ©poque de la Seconde guerre mondiale. Le facteur du village est mobilisĂ© sur le front russe, Ă©tant remplacĂ© par Gyuri, un jeune homme handicapĂ© mental, lui aussi plein dâadoration pour TĂłt. Dans le village, on ne reçoit pas de mauvaises nouvelles du front, parce que Gyuri, qui sait quand mĂȘme lire, ne distribue pas le courrier par lequel elles sont annoncĂ©es.
Un jour, Gyuri apporte plein de joie une carte postale du fils de la famille Tót, instituteur dans la vie civile, qui est lui aussi sous-lieutenant sur le front. Il annonce à sa famille que le major[3] Varró, son supérieur, a les nerfs fragilisés par les attaques des partisans, et envoyé en congé pour deux semaines. Gyula lui a proposé de les passer chez sa famille. Il avertit ses parents que le major ne supporte pas le bruit et certaines odeurs, sans les préciser. En tout cas, Tót appelle les vidangeurs pour faire nettoyer les latrines du jardin.
Le narrateur dit que les parents sont trĂšs fiers de Gyula. Tous leurs visiteurs doivent admirer ses photos depuis quâil Ă©tait bĂ©bĂ©, exposĂ©es sur un mur.
Gyuri apporte une nouvelle carte, par laquelle Gyula annonce que le major partira dans deux jours et quâil tient beaucoup Ă la propretĂ©. La famille nettoie chaque recoin de la maison et envoie Ăgika emprunter aux habitants du village toutes sortes dâobjets dont ils pensent que le major pourrait avoir besoin. Ainsi, tout le village est impressionnĂ© par lâhonneur quâon fait Ă la famille TĂłt, et Ăgika fabule de plus en plus au sujet du major. Une autre carte vient annoncer que le major est insomniaque, ce qui fait TĂłt prier le chauffeur de lâautocar qui dessert le village de ne pas klaxonner pendant deux semaines, et enjoindre Ă Gyuri de ne pas exciter les chiens comme il le fait dâhabitude.
La famille va, avec la petite fanfare des pompiers, accueillir le major Ă lâarrĂȘt du car. Ils sâimaginent quâil doit ĂȘtre grand et avoir un maintien plein de prestance. Un tel officier descend bien du car, mais ce nâest pas le major. AprĂšs le dĂ©part du car, ils aperçoivent de lâautre cĂŽtĂ© de la route un homme assis recroquevillĂ© sur une valise. Câest lui le major. Son comportement est bizarre. Par moments, il se retourne brusquement, en portant la main Ă lâĂ©tui de son pistolet. Il dit Ă la famille de mener sa vie habituelle, comme sâil nây Ă©tait pas, quâil reste si seulement il ne les dĂ©range pas, mais Ă un moment, il reproche Ă TĂłt de regarder derriĂšre le major. Pour quâil ne soit pas dĂ©rangĂ©, Ăgika a lâidĂ©e que son pĂšre tire son casque de pompier sur les yeux. Il renĂącle Ă faire quelque chose qui est contre le rĂšglement, mais il le fait finalement Ă lâinsistance de sa femme et de sa fille. Câest une compromission de sa part, et il est conscient quâil nuit ainsi Ă sa propre dignitĂ©.
En chemin vers la maison, le major sâimagine quâil est sur le front et se comporte en consĂ©quence, une fois tirant mĂȘme un feu de pistolet, puis il tombe et sâendort brusquement.
Ă la maison, on lave le major et on le couche. Le lendemain, il est frais et dispos. Il est content, mange avec appĂ©tit et promet Ă la famille dâavoir soin que Gyula aille bien. Le soir, la famille, contente, reste assise sur le banc de la cour. Ă un moment, selon une habitude quâil a, TĂłt sâĂ©tire et gĂ©mit bruyamment, avec voluptĂ©. Le major sort irritĂ©. TĂłt doit cĂ©der une nouvelle fois, en renonçant Ă cette habitude.
Au beau milieu de la nuit, on entend le coucou de la pendule de la salle de sĂ©jour. Le major se prĂ©cipite de sa chambre, son pistolet Ă la main, arrĂȘte la pendule, puis il a lâimpression quâun ennemi a pĂ©nĂ©trĂ© Ă lâintĂ©rieur et il tire. Ensuite, il nâa plus sommeil, et ne se recouche pas. La famille, rĂ©veillĂ©e, lui tient compagnie. Le major propose Ă TĂłt de jouer aux Ă©checs, aux cartes ou au dominos, mais aucun de ses jeux nâest familier Ă TĂłt. Le major attire son attention sur le danger du manque dâactivitĂ©. Il dit que lui, pour refaire lâĂ©quilibre psychique de ses soldats, quand ils nâont rien Ă faire, il leur ordonne de couper leurs boutons et de les recoudre. Pour assurer au major quâils ne sont pas inactifs, Ăgika dit quâelle et sa mĂšre, quand elles nâont pas autre chose Ă faire, elles font des boĂźtes en carton pour une usine qui leur fournit la matiĂšre premiĂšre. Elle montre aussitĂŽt au major comment elles les font. LâidĂ©e plaĂźt au major. Il se met lui aussi Ă faire des boĂźtes, en fredonnant, ravi. Pendant ce temps, TĂłt somnole assis sur une chaise. Le major lâinvite Ă participer mais TĂłt sâesquive, en demandant ce quâon dirait dans le village si on savait quâil sâoccupe dâune chose pareille. Le major lui reproche de mĂ©priser cette activitĂ© et menace de partir le lendemain. TĂłt cĂšde Ă nouveau mais ses boĂźtes ne sont pas trĂšs rĂ©ussies. De plus, la famille a sommeil, contrairement au major. TĂłt pique du nez et baille une fois avec bruit, Ă quoi le major dit quâil sâen va tout de suite et se met Ă faire ses valises. La famille le prie de ne pas se fĂącher et, quand le major lui demande ce quâil aimerait faire, TĂłt rĂ©pond quâil voudrait faire encore des boĂźtes. Ils ne sâarrĂȘtent de travailler quâĂ lâaube.
Ce jour-lĂ , il arrive au bureau de poste un tĂ©lĂ©gramme annonçant la mort de Gyula, et en mĂȘme temps une carte de sa part. Gyuri dĂ©cide que seule la derniĂšre est valable et la porte avec joie Ă la famille.
La vie continue au rythme imposĂ© par le major. Lui, il dort dans la journĂ©e, pendant que les membres de la famille essayent de vaquer Ă leurs occupations en somnolant, et la nuit, ils font des boĂźtes. De plus, le major a une idĂ©e quâil met en application Ă des moments de la journĂ©e oĂč il ne dort pas : il peint en des couleurs criardes les portes et les lambris de lâintĂ©rieur.
Une nuit, quand ils font des boĂźtes, le major a de nouveau lâimpression que TĂłt regarde derriĂšre lui. Lâautre dit quâil suivait un papillon du regard. Le major lui fait avouer quâil pensait aussi Ă Ă©craser le papillon, puis il dĂ©veloppe lâidĂ©e quâil nâest pas bon que les subordonnĂ©s rĂ©flĂ©chissent pendant quâils doivent faire quelque chose, et que TĂłt se permet de penser parce que pendant ce temps lui, le major, travaille le plus. Il demande quelle est la cause de cette situation, Ă quoi câest encore Ăgika qui a une idĂ©e : il faudrait avoir un coupe-cartons plus grand, pour que tous soient bien occupĂ©s. Le major est enchantĂ© de lâidĂ©e et Ăgika aussi, parce que le major lui donne un bisou sur la joue. Ă lâaube, avant de se coucher, le major fait comprendre Ă TĂłt ce quâil a Ă faire. TĂłt, sa fille et un ouvrier vont chercher des matĂ©riaux sur un tas Ă©norme de ferraille. Lâouvrier cherche et trouve quelque chose qui correspond au but, pendant que TĂłt dort dans un grand tuyau de mĂ©tal.
Cette nuit-lĂ , Mariska et Ăgika peuvent enfin dormir, cette derniĂšre ayant des rĂȘves romantiques impliquant le major, pendant que celui-ci et TĂłt travaillent au dispositif. La nuit suivante, elles peuvent encore dormir mais seulement jusquâĂ minuit, quand le major les rĂ©veille, le coupe-cartons Ă©tant prĂȘt. Le major est ravi, le nouveau dispositif pouvant couper dix cartons dâun coup. Il manifeste sa reconnaissance Ă la famille en disant quâil hĂ©bergera leur fils dans sa chambre, le bĂątiment en cause ayant une garde doublĂ©e. Il se met aussitĂŽt au travail. La productivitĂ© augmente considĂ©rablement. La maison et la cour sâemplissent de plus en plus de boĂźtes.
Le major se sent rajeuni, les nerfs tranquilles. Il va avec TĂłt au bistrot, oĂč il fait lâĂ©loge de la confection de boĂźtes comme activitĂ© qui donne un sentiment dâĂ©lĂ©vation, dâune beautĂ© pure, la meilleure qui soit, la plus digne de lâĂȘtre humain. Il expose devant tous les clients rassemblĂ©s autour de lui lâidĂ©e quâil faudrait convaincre toute lâhumanitĂ© de se consacrer Ă cette activitĂ©, mais non pas de maniĂšre uniforme. Chaque nation ferait des boĂźtes de formes et de couleurs spĂ©cifiques. Les Russes aussi auraient le droit dâen faire, aprĂšs leur dĂ©faite, certes, mais seulement des petites, comme les boĂźtes dâallumettes. Si cette idĂ©e vainc, toute lâhumanitĂ© bĂ©nira le nom de celui qui lâa eue.
Une nuit, TĂłt ne peut pas se retenir de bailler pendant la confection des boĂźtes et le major, fĂąchĂ©, va faire ses valises. Mariska et Ăgika implorent TĂłt de demander pardon, mais il refuse. Sa femme ne le respecte plus. Elle lui reproche dâĂȘtre orgueilleux et de nâĂȘtre prĂ©occupĂ© que de son prestige, alors que pour elle, câest seul son fils qui est important. TĂłt finit tout de mĂȘme par demander pardon et le major lâoblige Ă tenir dans la bouche un objet qui lâempĂȘche de bailler. Le matin, TĂłt sâen va de chez lui.
Chez le curĂ© du village, celui-ci fait sa sieste sur son canapĂ©. Il se rĂ©veille en entendant des ronflements. Câest TĂłt qui dort sous le canapĂ©. Le curĂ© le rĂ©veille et TĂłt lui confie quâil a tout le temps envie de se cacher, mĂȘme Ă ce moment-lĂ , sous la soutane du curĂ©. Ă lâĂ©glise, Mariska prie pour que les quatre jours qui restent du congĂ© du major passent sans accroc et que son fils soit sain et sauf. Pendant quâelle prie, elle entend des ronflements. Ils viennent de sous lâautel oĂč dort cette fois TĂłt. Sa femme le reconduit chez eux, en lui faisant des reproches. Il se retire dans les latrines, oĂč il reste jusquâau dĂźner. La nuit, il participe Ă la confection des boĂźtes, et le matin, il se retire de nouveau dans les latrines.
Mariska va Ă lâĂ©glise aprĂšs avoir dit Ă Ăgika dâavoir soin que le major et TĂłt ne se rencontrent pas. Le major sort le chercher et, pendant ce temps, Ăgika enlĂšve sa robe et se met dans le lit de celui-ci. Le major trouve TĂłt, qui ne veut pas sortir des latrines. Furieux, le major rentre dans sa chambre. Il voit Ăgika mais ne fait quâexprimer sa colĂšre et il se met Ă faire ses valises. Ăgika sort en courant et va chercher sa mĂšre Ă lâĂ©glise. Ensemble, elles cherchent Ă empĂȘcher le major, qui est dĂ©jĂ sur le point de quitter la cour, ses valises Ă la main, de partir. NĂ©anmoins, Ă la demande de la femme, il va parler Ă TĂłt. Il lâaccuse de rester lĂ -dedans pour rĂ©flĂ©chir et ourdir qui sait quels plans, mais TĂłt rĂ©pond quâil ne fait quây rester pour profiter du calme. Il dit au major dâessayer lui aussi de voir comme on est bien dans les latrines. Celui-ci sây assoit et TĂłt Ă cĂŽtĂ© de lui. Le major apprĂ©cie le bruissement des feuilles et le bourdonnement dâun insecte. Mariska leur apporte de la biĂšre. Le major dit sa satisfaction que les mĂ©sententes quâil y a eu entre eux sont passĂ©es, et il est trĂšs gai et amical. TĂłt feint dâĂȘtre gai lui aussi.
Les trois derniers jours, il semble que les choses ont trouvĂ© leur Ă©quilibre. TĂłt arrive Ă faire des boĂźtes parfaites, mais on ne vient pas assez souvent de lâusine pour les prendre, ce qui fait quâelles nâont plus de place, ni dans la maison ni dans la cour, et les deux femmes vont en jeter une partie dans le ruisseau. Ă cause de la fatigue, la famille fait tout de travers pendant que le major dort, mais ils font trĂšs attention Ă ne pas le fĂącher.
Le jour du dĂ©part, la famille accompagne le major Ă lâarrĂȘt de car, celui-ci part et ils sont soulagĂ©s. ArrivĂ©s chez eux, ils jettent les boĂźtes de lâintĂ©rieur dans la cour et TĂłt remet la pendule en fonction. Il sort aussi le coupe-cartons de la maison, content que tout revienne Ă la normale. Le soir, la famille sâassoit sur son banc de la cour. TĂłt sâĂ©tire comme autrefois, mais son gĂ©missement est interrompu par lâapparition du major. Celui-ci dit quâen ville on a communiquĂ© que les trains vers le front ne rouleraient pas pendant trois jours Ă cause dâun pont dĂ©truit par les partisans. Il veut se remettre tout de suite Ă faire des boĂźtes mais sâaperçoit que le coupe-cartons nâest plus dans la piĂšce. TĂłt lui dit quâil est derriĂšre la maison et lâinvite Ă aller le rapporter. Les deux sortent et un moment aprĂšs on entend trois coups de coupe-cartons. Quand TĂłt rentre, Mariska lui demande sâil lâa coupĂ© en trois. Il rĂ©pond quâil lâa coupĂ© en quatre parts Ă©gales, et Mariska rĂ©plique que son bon et cher Lajos a toujours su quoi faire et comment.
Le film finit par la photo de Gyula qui brĂ»le lentement, sur le fond de laquelle le narrateur relate que ce jour-lĂ il est arrivĂ© de lâhĂŽpital de campagne la liste des quelques objets personnels du jeune homme, quâil Ă©numĂšre.
Fiche technique
- Titre français : La famille Tót
- Titre original hongrois : Isten hozta, Ćrnagy Ășr!
- RĂ©alisation : ZoltĂĄn FĂĄbri
- Scénario : Zoltån Fåbri
- Musique : AndrĂĄs MihĂĄly
- DĂ©cors : Tilda GĂĄti
- Costumes : Judit SchÀffer
- Maquillage : Lilla Petrovay
- Photographie : György Illés
- Montage : Ferencné Szécsényi
- Production : JĂłzsef Bajusz
- Société de production : Mafilm
- SociĂ©tĂ© de distribution : MOKĂP
- Pays dâorigine : Hongrie
- Langue originale : hongrois
- Format : couleurs (Eastmancolor) â 35 mm â 2,35.1 â son mono
- Genre : comédie dramatique
- Durée : 96 minutes
- Date de sortie :
- Hongrie :
Distribution
- ZoltĂĄn Latinovits : le major VarrĂł
- Imre Sinkovits : Lajos TĂłt, chef de lâĂ©quipe de pompiers
- MĂĄrta FĂłnay : Mariska, Ă©pouse de TĂłt
- Vera Venczel (en) : Ăgika, fille des TĂłt
- Antal Påger : le curé Tónay
- Istvån Dégi : Gyuri, suppléant du facteur
- IvĂĄn Darvas : le narrateur
- JĂĄnos Rajz : SĂłskĂști, mĂ©canicien
- JĂłzsef VĂĄndor : un pompier
- MĂĄria DudĂĄs : postiĂšre au bureau de poste
Antécédents du film
Le sujet du film a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© dâabord par IstvĂĄn ĂrkĂ©ny au dĂ©but des annĂ©es 1960 sous la forme dâun scĂ©nario, qui est arrivĂ© au rĂ©alisateur ZoltĂĄn FĂĄbri, mais celui-ci lâa laissĂ© provisoirement de cĂŽtĂ©, parce quâil travaillait Ă dâautres films. Ensuite, ĂrkĂ©ny a transformĂ© le scĂ©nario en un roman court, paru dâabord dans une revue, en 1966, puis en volume, en 1967, avec dâautres proses courtes. La mĂȘme annĂ©e, lâĂ©crivain a adaptĂ© le texte au thĂ©Ăątre, et la piĂšce a eu un grand succĂšs, y compris international, Ă©tant traduite et jouĂ©e en France, en Pologne, en Finlande, en Allemagne, en Bulgarie, en Union soviĂ©tique. En Hongrie, parmi dâautres acteurs, le rĂŽle du major a Ă©tĂ© jouĂ© par ZoltĂĄn Latinovits, qui lâa jouĂ© dans le film Ă©galement[4]. En France, la piĂšce a Ă©tĂ© publiĂ©e en octobre 1968, chez Gallimard, dans la version française de Claude Roy[5]. ZoltĂĄn FĂĄbri a basĂ© le scĂ©nario de son film sur le roman[4].
Analyse et critique
Selon le critique DĂĄvid KlĂĄg, le film a un message universel. Les TĂłt sont des gens simples forcĂ©s de plaire Ă un homme au psychisme troublĂ© par la guerre, mais abusif, qui se fĂąche et les discipline quand les choses ne se dĂ©roulent pas comme il le veut. Ses hĂŽtes le supportent Ă lâinfini, TĂłt arrivant Ă lâextrĂȘme de lâhumiliation. Le film se remarque par certains procĂ©dĂ©s cinĂ©matographiques qui servent Ă rĂ©aliser le comique absurde : disparition brusque de personnages rĂ©alisĂ©e par le montage, qui rendent en mĂȘme temps le rythme plus rapide, des accĂ©lĂ©rations qui expriment lâhystĂ©risation des personnages (par exemple la prĂ©cipitation de Mariska pour servir la biĂšre), des Ă©lĂ©ments de films muets comiques (insertion de photos et de textes Ă©crits), etc.[4].
Lâhistorienne du cinĂ©ma Györgyi Vajdovich analyse le film du point de vue de lâadaptation au cinĂ©ma du grotesque qui caractĂ©rise la prose dâĂrkĂ©ny, Ă©tant donnĂ© que celui-ci est surtout un grotesque langagier, quâon ne peut guĂšre rendre dans un film. FĂĄbri rĂ©ussit Ă supplĂ©er au grotesque langagier par des procĂ©dĂ©s cinĂ©matographiques. Câest Ă cela que servent de nombreuses scĂšnes, par exemple celle oĂč le major se comporte dans les rues du village comme au front, ou celle oĂč il tire des feux de pistolet dans la maison. Le jeu des acteurs est Ă©galement un procĂ©dĂ© du grotesque. Ăgika, par exemple, est grotesque par sa façon de rĂ©agir Ă tout avec les gestes dâune fillette de 6 Ă 8 ans. Le major est un personnage contradictoire jusquâau grotesque, apparaissant tantĂŽt comme un reprĂ©sentant du pouvoir, tantĂŽt comme un maniaque proche de la folie, tantĂŽt comme quelquâun qui accepte avec humilitĂ© la serviabilitĂ© de ses hĂŽtes. Il tombe si imprĂ©visiblement dâune extrĂȘme Ă lâautre, que la soumission de la famille peut ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme une acceptation de lâabsurditĂ© du monde. LâabsurditĂ© de toute la situation dĂ©coule aussi de ce que les volontĂ©s du major ne peuvent mĂȘme pas ĂȘtre satisfaites Ă cause de leur imprĂ©visibilitĂ©. Le grotesque apparaĂźt aussi par la prĂ©sentation de lâespace, par exemple de lâintĂ©rieur peint en des couleurs criardes par le major, ou par la multiplication des boĂźtes jusquâĂ former un labyrinthe dans la cour. Les Ă©lĂ©ments destinĂ©s Ă dĂ©stabiliser le spectateur se multiplient de plus en plus vers la fin du film, ce qui exprime lâaccentuation de lâabsurditĂ© du monde[6].
Attila Kriston remarque que le film prĂ©sente au moins trois niveaux de sens. Lâun se rĂ©fĂšre Ă lâeffet destructif de la guerre, indirectement prĂ©sente, seulement par la personnalitĂ© dĂ©formĂ©e du major. Un autre signale lâabĂźme social entre le major et les TĂłt. Le premier reprĂ©sente les classes sociales Ă©levĂ©es, lâautre â la petite bourgeoisie. Le troisiĂšme niveau de sens a en vue la question du pouvoir. La situation de base est celle de la confrontation entre un dirigeant conforme aux normes dâune petite communautĂ©, modĂšle de celle-ci, et un dirigeant appartenant au pouvoir Ă©tatique, modĂšle « de principe ». Lâhumiliation du premier est tout aussi extrĂȘme que lâexercice du pouvoir par le second[7].
DĂĄvid KlĂĄg considĂšre que le film, bien quâayant eu un grand succĂšs auprĂšs du public, nâa pas Ă©tĂ© apprĂ©ciĂ© Ă sa juste valeur Ă lâĂ©poque, Ă©tant Ă©clipsĂ© par dâautres films, parmi lesquels Les Garçons de la rue Paul du mĂȘme rĂ©alisateur, nominĂ© pour lâOscar du meilleur film en langue Ă©trangĂšre. La famille TĂłt nâa eu droit quâau prix du meilleur acteur pour ZoltĂĄn Latinovits Ă la Revue du cinĂ©ma hongrois de 1970, et Ă sa prĂ©sentation au Festival international du film de Karlovy Vary (1970)[8] et Ă celui de Moscou (1971)[9].
Notes et références
- En France, le film est diffusĂ© ayant le titre avec le nom sans accent (LA FAMILLE TOT, ALLOCINĂ). En hongrois, le nom sâĂ©crit « TĂłt », variante utilisĂ©e dans la suite de cet article.
- Section dâaprĂšs le contenu dâimage et textuel du film.
- En Hongrie, premier grade dâofficier supĂ©rieur, situĂ© entre celui de capitaine et celui de lieutenant-colonel.
- KlĂĄg 2019.
- IstvĂĄn ĂrkĂ©ny, La famille Tot, Paris, Gallimard, coll. « ThĂ©Ăątre du monde entier », , 120 p. (ISBN 2070303411) (consultĂ© le 31 juillet 2021).
- Vajdovich 2008.
- Kriston 2016.
- Isten hozta örnagy Ășr (1969). Release Info, IMDb (consultĂ© le 31 juillet 2021).
- Moscow International Film Festival 1971 year (consulté le 31 juillet 2021).
Annexes
Sources
- (hu) KlĂĄg, DĂĄvid, « Ătven Ă©ve darabolta fel az Ćrnagyot az Ă©des jĂł Lajosom » [« Cela fait cinquante ans que le bon cher Lajos a mis en piĂšces le major »], sur INDEX, (consultĂ© le )
- (hu) Vajdovich, Györgyi, « Az örkĂ©nyi groteszk filmen. FĂĄbri ZoltĂĄn Isten hozta, Ćrnagy Ășr! cĂmƱ adaptĂĄciĂłja » [« Le grotesque dâĂrkĂ©ny au cinĂ©ma. Lâadaptation de La famille TĂłt par ZoltĂĄn FĂĄbri »], sur ApertĂșra, (consultĂ© le )
- (hu) Kriston, Attila, « Milyen mĂ©ly a NyĂșlbĂ©lĂĄk ĂŒrege? FĂĄbri ZoltĂĄn: Isten hozta, Ćrnagy Ășr! (1969) » [« Quelle est la profondeur de la tanniĂšre des gens comme BĂ©la NyĂșl ? »], sur FILMTETT, (consultĂ© le )
Article connexe
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel (pour La Famille Toth) :
- (en) AllMovie
- (en) British Film Institute
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- (en) LUMIERE
- (mul) The Movie Database