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La Famille Tot (film)

La Famille Tot[1] (Isten hozta, Ƒrnagy Ășr! « Soyez le bienvenu, mon major ! ») est une comĂ©die dramatique hongroise sortie en 1969, rĂ©alisĂ©e par ZoltĂĄn FĂĄbri. Son scĂ©nario, Ă©crit par le rĂ©alisateur, est basĂ© sur le roman TĂłtĂ©k (La famille TĂłt) de l’écrivain hongrois IstvĂĄn ÖrkĂ©ny.

La Famille Tot

Titre original Isten hozta, Ƒrnagy Ășr!
RĂ©alisation ZoltĂĄn FĂĄbri
Scénario Zoltån Fåbri
Acteurs principaux

ZoltĂĄn Latinovits
Imre Sinkovits
MĂĄrta FĂłnay
Vera Venczel

Sociétés de production Mafilm
Pays de production Drapeau de la Hongrie Hongrie
Genre comédie dramatique
Durée 96 minutes
Sortie 1969

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film a eu un grand succÚs auprÚs du public, ses personnages les plus importants étant interprétés par Zoltån Latinovits et Imre Sinkovits (en).

Résumé détaillé

Le film commence par la prĂ©sentation du lieu de l’action par un narrateur, dans le style des contes[2]. C’est un village agrĂ©able, tranquille, du Nord de la Hongrie. L’un des personnages principaux et Lajos TĂłt, le chef de l’équipe de pompiers, homme important du village, respectĂ© de tous les habitants, Ă©tant amical et plein de dignitĂ©. Il a une vie de famille exemplaire. Sa femme, Mariska, l’adore, et pour sa fille grande adolescente, Ágika, il reprĂ©sente tout ce qui est beau dans le monde.

C’est l’époque de la Seconde guerre mondiale. Le facteur du village est mobilisĂ© sur le front russe, Ă©tant remplacĂ© par Gyuri, un jeune homme handicapĂ© mental, lui aussi plein d’adoration pour TĂłt. Dans le village, on ne reçoit pas de mauvaises nouvelles du front, parce que Gyuri, qui sait quand mĂȘme lire, ne distribue pas le courrier par lequel elles sont annoncĂ©es.

Un jour, Gyuri apporte plein de joie une carte postale du fils de la famille Tót, instituteur dans la vie civile, qui est lui aussi sous-lieutenant sur le front. Il annonce à sa famille que le major[3] Varró, son supérieur, a les nerfs fragilisés par les attaques des partisans, et envoyé en congé pour deux semaines. Gyula lui a proposé de les passer chez sa famille. Il avertit ses parents que le major ne supporte pas le bruit et certaines odeurs, sans les préciser. En tout cas, Tót appelle les vidangeurs pour faire nettoyer les latrines du jardin.

Le narrateur dit que les parents sont trĂšs fiers de Gyula. Tous leurs visiteurs doivent admirer ses photos depuis qu’il Ă©tait bĂ©bĂ©, exposĂ©es sur un mur.

Gyuri apporte une nouvelle carte, par laquelle Gyula annonce que le major partira dans deux jours et qu’il tient beaucoup Ă  la propretĂ©. La famille nettoie chaque recoin de la maison et envoie Ágika emprunter aux habitants du village toutes sortes d’objets dont ils pensent que le major pourrait avoir besoin. Ainsi, tout le village est impressionnĂ© par l’honneur qu’on fait Ă  la famille TĂłt, et Ágika fabule de plus en plus au sujet du major. Une autre carte vient annoncer que le major est insomniaque, ce qui fait TĂłt prier le chauffeur de l’autocar qui dessert le village de ne pas klaxonner pendant deux semaines, et enjoindre Ă  Gyuri de ne pas exciter les chiens comme il le fait d’habitude.

La famille va, avec la petite fanfare des pompiers, accueillir le major Ă  l’arrĂȘt du car. Ils s’imaginent qu’il doit ĂȘtre grand et avoir un maintien plein de prestance. Un tel officier descend bien du car, mais ce n’est pas le major. AprĂšs le dĂ©part du car, ils aperçoivent de l’autre cĂŽtĂ© de la route un homme assis recroquevillĂ© sur une valise. C’est lui le major. Son comportement est bizarre. Par moments, il se retourne brusquement, en portant la main Ă  l’étui de son pistolet. Il dit Ă  la famille de mener sa vie habituelle, comme s’il n’y Ă©tait pas, qu’il reste si seulement il ne les dĂ©range pas, mais Ă  un moment, il reproche Ă  TĂłt de regarder derriĂšre le major. Pour qu’il ne soit pas dĂ©rangĂ©, Ágika a l’idĂ©e que son pĂšre tire son casque de pompier sur les yeux. Il renĂącle Ă  faire quelque chose qui est contre le rĂšglement, mais il le fait finalement Ă  l’insistance de sa femme et de sa fille. C’est une compromission de sa part, et il est conscient qu’il nuit ainsi Ă  sa propre dignitĂ©.

En chemin vers la maison, le major s’imagine qu’il est sur le front et se comporte en consĂ©quence, une fois tirant mĂȘme un feu de pistolet, puis il tombe et s’endort brusquement.

À la maison, on lave le major et on le couche. Le lendemain, il est frais et dispos. Il est content, mange avec appĂ©tit et promet Ă  la famille d’avoir soin que Gyula aille bien. Le soir, la famille, contente, reste assise sur le banc de la cour. À un moment, selon une habitude qu’il a, TĂłt s’étire et gĂ©mit bruyamment, avec voluptĂ©. Le major sort irritĂ©. TĂłt doit cĂ©der une nouvelle fois, en renonçant Ă  cette habitude.

Au beau milieu de la nuit, on entend le coucou de la pendule de la salle de sĂ©jour. Le major se prĂ©cipite de sa chambre, son pistolet Ă  la main, arrĂȘte la pendule, puis il a l’impression qu’un ennemi a pĂ©nĂ©trĂ© Ă  l’intĂ©rieur et il tire. Ensuite, il n’a plus sommeil, et ne se recouche pas. La famille, rĂ©veillĂ©e, lui tient compagnie. Le major propose Ă  TĂłt de jouer aux Ă©checs, aux cartes ou au dominos, mais aucun de ses jeux n’est familier Ă  TĂłt. Le major attire son attention sur le danger du manque d’activitĂ©. Il dit que lui, pour refaire l’équilibre psychique de ses soldats, quand ils n’ont rien Ă  faire, il leur ordonne de couper leurs boutons et de les recoudre. Pour assurer au major qu’ils ne sont pas inactifs, Ágika dit qu’elle et sa mĂšre, quand elles n’ont pas autre chose Ă  faire, elles font des boĂźtes en carton pour une usine qui leur fournit la matiĂšre premiĂšre. Elle montre aussitĂŽt au major comment elles les font. L’idĂ©e plaĂźt au major. Il se met lui aussi Ă  faire des boĂźtes, en fredonnant, ravi. Pendant ce temps, TĂłt somnole assis sur une chaise. Le major l’invite Ă  participer mais TĂłt s’esquive, en demandant ce qu’on dirait dans le village si on savait qu’il s’occupe d’une chose pareille. Le major lui reproche de mĂ©priser cette activitĂ© et menace de partir le lendemain. TĂłt cĂšde Ă  nouveau mais ses boĂźtes ne sont pas trĂšs rĂ©ussies. De plus, la famille a sommeil, contrairement au major. TĂłt pique du nez et baille une fois avec bruit, Ă  quoi le major dit qu’il s’en va tout de suite et se met Ă  faire ses valises. La famille le prie de ne pas se fĂącher et, quand le major lui demande ce qu’il aimerait faire, TĂłt rĂ©pond qu’il voudrait faire encore des boĂźtes. Ils ne s’arrĂȘtent de travailler qu’à l’aube.

Ce jour-lĂ , il arrive au bureau de poste un tĂ©lĂ©gramme annonçant la mort de Gyula, et en mĂȘme temps une carte de sa part. Gyuri dĂ©cide que seule la derniĂšre est valable et la porte avec joie Ă  la famille.

La vie continue au rythme imposĂ© par le major. Lui, il dort dans la journĂ©e, pendant que les membres de la famille essayent de vaquer Ă  leurs occupations en somnolant, et la nuit, ils font des boĂźtes. De plus, le major a une idĂ©e qu’il met en application Ă  des moments de la journĂ©e oĂč il ne dort pas : il peint en des couleurs criardes les portes et les lambris de l’intĂ©rieur.

Une nuit, quand ils font des boĂźtes, le major a de nouveau l’impression que TĂłt regarde derriĂšre lui. L’autre dit qu’il suivait un papillon du regard. Le major lui fait avouer qu’il pensait aussi Ă  Ă©craser le papillon, puis il dĂ©veloppe l’idĂ©e qu’il n’est pas bon que les subordonnĂ©s rĂ©flĂ©chissent pendant qu’ils doivent faire quelque chose, et que TĂłt se permet de penser parce que pendant ce temps lui, le major, travaille le plus. Il demande quelle est la cause de cette situation, Ă  quoi c’est encore Ágika qui a une idĂ©e : il faudrait avoir un coupe-cartons plus grand, pour que tous soient bien occupĂ©s. Le major est enchantĂ© de l’idĂ©e et Ágika aussi, parce que le major lui donne un bisou sur la joue. À l’aube, avant de se coucher, le major fait comprendre Ă  TĂłt ce qu’il a Ă  faire. TĂłt, sa fille et un ouvrier vont chercher des matĂ©riaux sur un tas Ă©norme de ferraille. L’ouvrier cherche et trouve quelque chose qui correspond au but, pendant que TĂłt dort dans un grand tuyau de mĂ©tal.

Cette nuit-lĂ , Mariska et Ágika peuvent enfin dormir, cette derniĂšre ayant des rĂȘves romantiques impliquant le major, pendant que celui-ci et TĂłt travaillent au dispositif. La nuit suivante, elles peuvent encore dormir mais seulement jusqu’à minuit, quand le major les rĂ©veille, le coupe-cartons Ă©tant prĂȘt. Le major est ravi, le nouveau dispositif pouvant couper dix cartons d’un coup. Il manifeste sa reconnaissance Ă  la famille en disant qu’il hĂ©bergera leur fils dans sa chambre, le bĂątiment en cause ayant une garde doublĂ©e. Il se met aussitĂŽt au travail. La productivitĂ© augmente considĂ©rablement. La maison et la cour s’emplissent de plus en plus de boĂźtes.

Le major se sent rajeuni, les nerfs tranquilles. Il va avec TĂłt au bistrot, oĂč il fait l’éloge de la confection de boĂźtes comme activitĂ© qui donne un sentiment d’élĂ©vation, d’une beautĂ© pure, la meilleure qui soit, la plus digne de l’ĂȘtre humain. Il expose devant tous les clients rassemblĂ©s autour de lui l’idĂ©e qu’il faudrait convaincre toute l’humanitĂ© de se consacrer Ă  cette activitĂ©, mais non pas de maniĂšre uniforme. Chaque nation ferait des boĂźtes de formes et de couleurs spĂ©cifiques. Les Russes aussi auraient le droit d’en faire, aprĂšs leur dĂ©faite, certes, mais seulement des petites, comme les boĂźtes d’allumettes. Si cette idĂ©e vainc, toute l’humanitĂ© bĂ©nira le nom de celui qui l’a eue.

Une nuit, TĂłt ne peut pas se retenir de bailler pendant la confection des boĂźtes et le major, fĂąchĂ©, va faire ses valises. Mariska et Ágika implorent TĂłt de demander pardon, mais il refuse. Sa femme ne le respecte plus. Elle lui reproche d’ĂȘtre orgueilleux et de n’ĂȘtre prĂ©occupĂ© que de son prestige, alors que pour elle, c’est seul son fils qui est important. TĂłt finit tout de mĂȘme par demander pardon et le major l’oblige Ă  tenir dans la bouche un objet qui l’empĂȘche de bailler. Le matin, TĂłt s’en va de chez lui.

Chez le curĂ© du village, celui-ci fait sa sieste sur son canapĂ©. Il se rĂ©veille en entendant des ronflements. C’est TĂłt qui dort sous le canapĂ©. Le curĂ© le rĂ©veille et TĂłt lui confie qu’il a tout le temps envie de se cacher, mĂȘme Ă  ce moment-lĂ , sous la soutane du curĂ©. À l’église, Mariska prie pour que les quatre jours qui restent du congĂ© du major passent sans accroc et que son fils soit sain et sauf. Pendant qu’elle prie, elle entend des ronflements. Ils viennent de sous l’autel oĂč dort cette fois TĂłt. Sa femme le reconduit chez eux, en lui faisant des reproches. Il se retire dans les latrines, oĂč il reste jusqu’au dĂźner. La nuit, il participe Ă  la confection des boĂźtes, et le matin, il se retire de nouveau dans les latrines.

Mariska va Ă  l’église aprĂšs avoir dit Ă  Ágika d’avoir soin que le major et TĂłt ne se rencontrent pas. Le major sort le chercher et, pendant ce temps, Ágika enlĂšve sa robe et se met dans le lit de celui-ci. Le major trouve TĂłt, qui ne veut pas sortir des latrines. Furieux, le major rentre dans sa chambre. Il voit Ágika mais ne fait qu’exprimer sa colĂšre et il se met Ă  faire ses valises. Ágika sort en courant et va chercher sa mĂšre Ă  l’église. Ensemble, elles cherchent Ă  empĂȘcher le major, qui est dĂ©jĂ  sur le point de quitter la cour, ses valises Ă  la main, de partir. NĂ©anmoins, Ă  la demande de la femme, il va parler Ă  TĂłt. Il l’accuse de rester lĂ -dedans pour rĂ©flĂ©chir et ourdir qui sait quels plans, mais TĂłt rĂ©pond qu’il ne fait qu’y rester pour profiter du calme. Il dit au major d’essayer lui aussi de voir comme on est bien dans les latrines. Celui-ci s’y assoit et TĂłt Ă  cĂŽtĂ© de lui. Le major apprĂ©cie le bruissement des feuilles et le bourdonnement d’un insecte. Mariska leur apporte de la biĂšre. Le major dit sa satisfaction que les mĂ©sententes qu’il y a eu entre eux sont passĂ©es, et il est trĂšs gai et amical. TĂłt feint d’ĂȘtre gai lui aussi.

Les trois derniers jours, il semble que les choses ont trouvĂ© leur Ă©quilibre. TĂłt arrive Ă  faire des boĂźtes parfaites, mais on ne vient pas assez souvent de l’usine pour les prendre, ce qui fait qu’elles n’ont plus de place, ni dans la maison ni dans la cour, et les deux femmes vont en jeter une partie dans le ruisseau. À cause de la fatigue, la famille fait tout de travers pendant que le major dort, mais ils font trĂšs attention Ă  ne pas le fĂącher.

Le jour du dĂ©part, la famille accompagne le major Ă  l’arrĂȘt de car, celui-ci part et ils sont soulagĂ©s. ArrivĂ©s chez eux, ils jettent les boĂźtes de l’intĂ©rieur dans la cour et TĂłt remet la pendule en fonction. Il sort aussi le coupe-cartons de la maison, content que tout revienne Ă  la normale. Le soir, la famille s’assoit sur son banc de la cour. TĂłt s’étire comme autrefois, mais son gĂ©missement est interrompu par l’apparition du major. Celui-ci dit qu’en ville on a communiquĂ© que les trains vers le front ne rouleraient pas pendant trois jours Ă  cause d’un pont dĂ©truit par les partisans. Il veut se remettre tout de suite Ă  faire des boĂźtes mais s’aperçoit que le coupe-cartons n’est plus dans la piĂšce. TĂłt lui dit qu’il est derriĂšre la maison et l’invite Ă  aller le rapporter. Les deux sortent et un moment aprĂšs on entend trois coups de coupe-cartons. Quand TĂłt rentre, Mariska lui demande s’il l’a coupĂ© en trois. Il rĂ©pond qu’il l’a coupĂ© en quatre parts Ă©gales, et Mariska rĂ©plique que son bon et cher Lajos a toujours su quoi faire et comment.

Le film finit par la photo de Gyula qui brĂ»le lentement, sur le fond de laquelle le narrateur relate que ce jour-lĂ  il est arrivĂ© de l’hĂŽpital de campagne la liste des quelques objets personnels du jeune homme, qu’il Ă©numĂšre.

Fiche technique

  • Titre français : La famille TĂłt
  • Titre original hongrois : Isten hozta, Ƒrnagy Ășr!
  • RĂ©alisation : ZoltĂĄn FĂĄbri
  • ScĂ©nario : ZoltĂĄn FĂĄbri
  • Musique : AndrĂĄs MihĂĄly
  • DĂ©cors : Tilda GĂĄti
  • Costumes : Judit SchĂ€ffer
  • Maquillage : Lilla Petrovay
  • Photographie : György IllĂ©s
  • Montage : FerencnĂ© SzĂ©csĂ©nyi
  • Production : JĂłzsef Bajusz
  • SociĂ©tĂ© de production : Mafilm
  • SociĂ©tĂ© de distribution : MOKÉP
  • Pays d’origine : Drapeau de la Hongrie Hongrie
  • Langue originale : hongrois
  • Format : couleurs (Eastmancolor) – 35 mm – 2,35.1 – son mono
  • Genre : comĂ©die dramatique
  • DurĂ©e : 96 minutes
  • Date de sortie :

Distribution

  • ZoltĂĄn Latinovits : le major VarrĂł
  • Imre Sinkovits : Lajos TĂłt, chef de l’équipe de pompiers
  • MĂĄrta FĂłnay : Mariska, Ă©pouse de TĂłt
  • Vera Venczel (en) : Ágika, fille des TĂłt
  • Antal PĂĄger : le curĂ© TĂłnay
  • IstvĂĄn DĂ©gi : Gyuri, supplĂ©ant du facteur
  • IvĂĄn Darvas : le narrateur
  • JĂĄnos Rajz : SĂłskĂști, mĂ©canicien
  • JĂłzsef VĂĄndor : un pompier
  • MĂĄria DudĂĄs : postiĂšre au bureau de poste

Antécédents du film

Le sujet du film a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© d’abord par IstvĂĄn ÖrkĂ©ny au dĂ©but des annĂ©es 1960 sous la forme d’un scĂ©nario, qui est arrivĂ© au rĂ©alisateur ZoltĂĄn FĂĄbri, mais celui-ci l’a laissĂ© provisoirement de cĂŽtĂ©, parce qu’il travaillait Ă  d’autres films. Ensuite, ÖrkĂ©ny a transformĂ© le scĂ©nario en un roman court, paru d’abord dans une revue, en 1966, puis en volume, en 1967, avec d’autres proses courtes. La mĂȘme annĂ©e, l’écrivain a adaptĂ© le texte au thĂ©Ăątre, et la piĂšce a eu un grand succĂšs, y compris international, Ă©tant traduite et jouĂ©e en France, en Pologne, en Finlande, en Allemagne, en Bulgarie, en Union soviĂ©tique. En Hongrie, parmi d’autres acteurs, le rĂŽle du major a Ă©tĂ© jouĂ© par ZoltĂĄn Latinovits, qui l’a jouĂ© dans le film Ă©galement[4]. En France, la piĂšce a Ă©tĂ© publiĂ©e en octobre 1968, chez Gallimard, dans la version française de Claude Roy[5]. ZoltĂĄn FĂĄbri a basĂ© le scĂ©nario de son film sur le roman[4].

Analyse et critique

Selon le critique DĂĄvid KlĂĄg, le film a un message universel. Les TĂłt sont des gens simples forcĂ©s de plaire Ă  un homme au psychisme troublĂ© par la guerre, mais abusif, qui se fĂąche et les discipline quand les choses ne se dĂ©roulent pas comme il le veut. Ses hĂŽtes le supportent Ă  l’infini, TĂłt arrivant Ă  l’extrĂȘme de l’humiliation. Le film se remarque par certains procĂ©dĂ©s cinĂ©matographiques qui servent Ă  rĂ©aliser le comique absurde : disparition brusque de personnages rĂ©alisĂ©e par le montage, qui rendent en mĂȘme temps le rythme plus rapide, des accĂ©lĂ©rations qui expriment l’hystĂ©risation des personnages (par exemple la prĂ©cipitation de Mariska pour servir la biĂšre), des Ă©lĂ©ments de films muets comiques (insertion de photos et de textes Ă©crits), etc.[4].

L’historienne du cinĂ©ma Györgyi Vajdovich analyse le film du point de vue de l’adaptation au cinĂ©ma du grotesque qui caractĂ©rise la prose d’ÖrkĂ©ny, Ă©tant donnĂ© que celui-ci est surtout un grotesque langagier, qu’on ne peut guĂšre rendre dans un film. FĂĄbri rĂ©ussit Ă  supplĂ©er au grotesque langagier par des procĂ©dĂ©s cinĂ©matographiques. C’est Ă  cela que servent de nombreuses scĂšnes, par exemple celle oĂč le major se comporte dans les rues du village comme au front, ou celle oĂč il tire des feux de pistolet dans la maison. Le jeu des acteurs est Ă©galement un procĂ©dĂ© du grotesque. Ágika, par exemple, est grotesque par sa façon de rĂ©agir Ă  tout avec les gestes d’une fillette de 6 Ă  8 ans. Le major est un personnage contradictoire jusqu’au grotesque, apparaissant tantĂŽt comme un reprĂ©sentant du pouvoir, tantĂŽt comme un maniaque proche de la folie, tantĂŽt comme quelqu’un qui accepte avec humilitĂ© la serviabilitĂ© de ses hĂŽtes. Il tombe si imprĂ©visiblement d’une extrĂȘme Ă  l’autre, que la soumission de la famille peut ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme une acceptation de l’absurditĂ© du monde. L’absurditĂ© de toute la situation dĂ©coule aussi de ce que les volontĂ©s du major ne peuvent mĂȘme pas ĂȘtre satisfaites Ă  cause de leur imprĂ©visibilitĂ©. Le grotesque apparaĂźt aussi par la prĂ©sentation de l’espace, par exemple de l’intĂ©rieur peint en des couleurs criardes par le major, ou par la multiplication des boĂźtes jusqu’à former un labyrinthe dans la cour. Les Ă©lĂ©ments destinĂ©s Ă  dĂ©stabiliser le spectateur se multiplient de plus en plus vers la fin du film, ce qui exprime l’accentuation de l’absurditĂ© du monde[6].

Attila Kriston remarque que le film prĂ©sente au moins trois niveaux de sens. L’un se rĂ©fĂšre Ă  l’effet destructif de la guerre, indirectement prĂ©sente, seulement par la personnalitĂ© dĂ©formĂ©e du major. Un autre signale l’abĂźme social entre le major et les TĂłt. Le premier reprĂ©sente les classes sociales Ă©levĂ©es, l’autre – la petite bourgeoisie. Le troisiĂšme niveau de sens a en vue la question du pouvoir. La situation de base est celle de la confrontation entre un dirigeant conforme aux normes d’une petite communautĂ©, modĂšle de celle-ci, et un dirigeant appartenant au pouvoir Ă©tatique, modĂšle « de principe ». L’humiliation du premier est tout aussi extrĂȘme que l’exercice du pouvoir par le second[7].

DĂĄvid KlĂĄg considĂšre que le film, bien qu’ayant eu un grand succĂšs auprĂšs du public, n’a pas Ă©tĂ© apprĂ©ciĂ© Ă  sa juste valeur Ă  l’époque, Ă©tant Ă©clipsĂ© par d’autres films, parmi lesquels Les Garçons de la rue Paul du mĂȘme rĂ©alisateur, nominĂ© pour l’Oscar du meilleur film en langue Ă©trangĂšre. La famille TĂłt n’a eu droit qu’au prix du meilleur acteur pour ZoltĂĄn Latinovits Ă  la Revue du cinĂ©ma hongrois de 1970, et Ă  sa prĂ©sentation au Festival international du film de Karlovy Vary (1970)[8] et Ă  celui de Moscou (1971)[9].

Notes et références

  1. En France, le film est diffusĂ© ayant le titre avec le nom sans accent (LA FAMILLE TOT, ALLOCINÉ). En hongrois, le nom s’écrit « TĂłt », variante utilisĂ©e dans la suite de cet article.
  2. Section d’aprùs le contenu d’image et textuel du film.
  3. En Hongrie, premier grade d’officier supĂ©rieur, situĂ© entre celui de capitaine et celui de lieutenant-colonel.
  4. KlĂĄg 2019.
  5. IstvĂĄn ÖrkĂ©ny, La famille Tot, Paris, Gallimard, coll. « ThĂ©Ăątre du monde entier », , 120 p. (ISBN 2070303411) (consultĂ© le 31 juillet 2021).
  6. Vajdovich 2008.
  7. Kriston 2016.
  8. Isten hozta örnagy Ășr (1969). Release Info, IMDb (consultĂ© le 31 juillet 2021).
  9. Moscow International Film Festival 1971 year (consulté le 31 juillet 2021).

Annexes

Sources

Article connexe

Liens externes

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