Jules Jaspar
Jules Jaspar belge est né à Schaerbeek (Bruxelles) le et décédé à Soudorgues (France) le .
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Il appartient à une famille renommée en Belgique et célèbre dans le monde politique belge. Son frère, Henri Jaspar est notamment premier ministre de Belgique.
Biographie
Jules Jaspar quitte l'Indochine en 1930, où il exerçait depuis plusieurs années les fonctions de Consul de Belgique mais aussi de ministre plénipotentiaire. Il est titulaire de nombreuses décorations belges et étrangères, dont la Légion d’honneur, des croix et médailles de la Résistance française, belge et tchécoslovaque.
Il est très érudit et passionné d’histoire, de botanique de géographie. Grand voyageur, il vit aussi à Madagascar, au Congo belge et en Afrique du Nord. Il parle couramment l’anglais, et aussi l’arabe ("classique", insistait-il).
À son retour d'Indochine, il passe deux années à Paris puis revient en Belgique. En collaboration avec son ami Léo Grossvogel, directeur commercial de la société "Au Roi du Caoutchouc", il crée en à Bruxelles, la société "Foreign Excellent Trench-coat".
La société constitue d’importants stocks de marchandises diverses qu’elle soustrait à l’emprise allemande et qu’elle transfère dans les pays nordiques comme la Finlande, la Suède, la Norvège, le Danemark mais aussi vers la France et la Belgique (matériel de campement, pansements, gaze, ouate hydrophile, chaussures, etc.).
Par l’intermédiaire de son ami Léo Grossvogel, Jules Jaspar fait la connaissance de Léopold Trepper qui à la demande de Ian K. Berzin (le responsable des services de renseignement de l'armée rouge, le GRU), crée un réseau d'informateurs pour recueillir des informations sur la capacité de production de l'industrie allemande et les préparatifs de guerre de l'ennemi. Cette organisation secrète fut appelée l'Orchestre rouge par les services de renseignements allemands. Tous les membres de ce réseau, communistes ou non, agissent avant tout par conviction anti-nazie. Jules Jaspar qui lutte contre la politique fasciste depuis 1937, adhère rapidement à cette organisation secrète qui lutte contre le fascisme. Les bénéfices réalisés par la société "Foreign Excellent Trench Coat", serviront à financer cette organisation.
Comme le précise Léopold Trepper dans ses mémoires[1], Léo Grossvogel et son épouse Jeanne Pesant, Alfred Corbin et son épouse, Jules Jaspar et Claire Legrand, feront partie des premiers "combattants" de l'Orchestre rouge.
Le , Léopold Trepper crée la société Simexco à Bruxelles, et la Simex à Paris avenue des Champs-Élysées avec une filiale à Marseille, rue Dragon, dont Jules Jaspar sera le directeur.
Recherchés par les Allemands, Jules Jaspar et son ami Léo Grossvogel se voient contraints de fuir la Belgique dès le bombardement de Bruxelles, le . Jules Jaspar s'installe à Marseille.
La Simex à Paris et sa filiale à Marseille, se développent favorablement et continuent de financer le réseau. Elles permettent surtout de pénétrer les services officiels allemands.
Jules Jaspar organise en liaison avec un sénateur belge, des filières d’évasion par l’Algérie et le Portugal qu’utiliseront une centaine de résistants pour échapper à la prison et aux bagnes nazis. En cachant chez lui et chez des amis des transfuges recherchés aussi bien par la police française inféodée à Vichy pour le compte de l'Allemagne que par les autorités d'occupation, il réussit aussi à faire partir plusieurs compatriotes pour l'Espagne, le Portugal, l'Angleterre et le Congo belge.
En , les services de la Gestapo recherchent les membres de l’Orchestre rouge. Dénoncé par un certain Chatelin, le à 11 heures, Jules Jaspar et son épouse, Claire Legrand, sont arrêtés à Marseille. Jules Jaspar avait soixante-cinq ans.
Écroués à la prison Saint-Pierre à Marseille jusqu'au 2.12.1942, ils sont ensuite transférés à la prison de Fresnes où ils resteront 5 mois, gardés au « secret ». Pendant 93 jours, Jules Jaspar sera enchaîné nuit et jour et subira divers interrogatoires pénibles aux Saussaies (cellule de la Gestapo, ancien siège de la sureté française, au no 11 rue des Saussaies), notamment par l’officier SS Joseph Reiser qui appartenait à la cellule de la Gestapo, le «Sonderkommando Rote Kapelle», dirigée par Karl Giering. Cette cellule avait été spécialement créée pour rechercher et démasquer les membres de l’Orchestre rouge.
Après 5 mois d’internement à la prison de Fresnes, Jules Jaspar, sur ordre du "Reichssicherheitshauptamt" (Office Central de Sécurité du Reich, RSHA en allemand), est déporté au camp de concentration de Mauthausen où il sera incarcéré le sous le numéro de matricule 28788. Il y est classé dans la catégorie détenu "Nacht un Nebel" (Nuit et brouillard). Son épouse, Claire Legrand sera déportée vers le camp de concentration de Ravensbrück où elle sera incarcérée le sous le numéro de détenue "politique" 19167. Elle sera ensuite transférée le au camp de concentration de Majdanek, puis encore transférée vers le camp d'Auschwitz à une date inconnue, pour être à nouveau transférée le au camp de concentration de Ravensbrück, cette fois sous le numéro matricule 97308. Claire Legrand sera victime des chambres à gaz nazies fin (probablement au camp d'Uckermark situé à proximité du camp de Ravensbrück).
Le camp de Mauthausen est libéré par les Américains le mais Jules Jaspar, comme beaucoup d'autres détenus, n'a pu quitter le camp que le . Il a survécu à cette dramatique épreuve, notamment grâce à l’aide et au soutien qu’il a reçus de ses amis Maurice Siterman, un compatriote belge affecté à la pharmacie du camp, et Premsyl Dobias, d’origine tchèque, qui le soignait avec un dévouement sans limite.
Durant sa convalescence, Jules Jaspar rédige un manuscrit qui relate ses 917 jours de captivité.
Notes et références
- LĂ©opold Trepper, Le grand jeu : MĂ©moires du chef de l'orchestre rouge, Paris, Albin Michel, , 417 p. (ISBN 978-2-226-00176-4)