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Jules-Auguste Lemire

L’abbé Jules-Auguste Lemire, né le à Vieux-Berquin, et mort le à Hazebrouck, est un ecclésiastique et homme politique français.

Jules-Auguste Lemire
Illustration.
Fonctions
Député du Nord
(scrutin majoritaire-proportionnel par département)
–
Prédécesseur Lui-même
Successeur René André Faure (Indépendant)
Député de la 1re circonscription d'Hazebrouck
–
Prédécesseur Lui-même
Successeur Lui-mĂŞme
Député de la 1re circonscription d'Hazebrouck
–
Prédécesseur Joseph Bosquillon de Frescheville (Union des droites)
Successeur Lui-mĂŞme
Maire d'Hazebrouck
–
Prédécesseur Eugène Warein
Successeur Henri Bonte (Gauche chrétienne)
Biographie
Nom de naissance Jules-Auguste Lemire
Date de naissance
Lieu de naissance Vieux-Berquin (Nord)
Date de décès
Lieu de décès Hazebrouck (Nord)
Nationalité française
Parti politique Non-inscrit
RDG
GR
Profession PrĂŞtre
Religion Catholique

Jules-Auguste Lemire
Maires d'Hazebrouck
Panneau rue de l'Abbé Lemire, La Madeleine.

Jeunesse

L’abbé Lemire est né dans un petit village à proximité d’Hazebrouck, où ses parents exploitaient une modeste ferme de 14 hectares. Il avait deux sœurs et deux frères. Sa mère meurt alors qu'il n'a que huit ans. Élevé par ses tantes cultivatrices, il obtient son baccalauréat en . Prêtre en , il est nommé à Hazebrouck ; il apprend rapidement le flamand, qu'on ne parle pas dans son village d'origine. Au collège Saint-François-d’Assise, sous la direction de Jacques Dehaene, il enseigne le latin, le grec, la philosophie, la poésie. Dès , il s'associe au projet visant à fonder l'Institution Saint-Jacques, dont la construction se termine en .

L'homme politique

Le jeune professeur Lemire, influencé par la lecture de L'Univers, et du cardinal Pie, commence par suivre le prétendant au trône, le « comte de Chambord ». Il collabore même au journal légitimiste local l’Écho de la Flandre. Après la trentaine, il aspire à une réconciliation de l'Église et des classes populaires, selon les idées d'un modèle de catholicisme social instauré par le cardinal Manning sur lequel il écrit un essai. En fin de compte, il est tout à fait en accord sur ce plan avec la doctrine officielle de l'Église, qui sur l'invitation pressante du cardinal Lavigerie conduit à une reconnaissance par les catholiques, royalistes par tradition, de la République naissante. L’encyclique Rerum Novarum l’a, en outre, très probablement inspiré et, dans une moindre mesure, Albert de Mun, à une époque où le catholicisme social entend faire obstacle au socialisme matérialiste.

Il apparaît d'abord auprès des autorités ecclésiastiques comme l'une des figures marquantes de la démocratie chrétienne. Jusqu'au congrès de Bourges de , il est élu député sans rencontrer d'opposition catholique en et . Partisan de la politique de Waldeck-Rousseau, et bien qu'opposé à celle de Combes, il est favorable à la loi de séparation de 1905, tout en désapprouvant la manière forte. Sa situation près de sa hiérarchie devient, de ce fait, de plus en plus difficile. Il est pourtant réélu en et . Pour la première fois en , il est élu avec les voix des républicains contre un concurrent catholique, Pierre Margerin du Metz, avocat à Hazebrouck. L’évêque de Lille, Mgr Charost, lui ayant interdit toute nouvelle candidature, il est frappé de suspense lorsqu'il se représente en , réélu pour la sixième fois. Le , le doyen d'Hazebrouck refuse de lui donner la communion[1]. Trois semaines plus tard, il n'en est pas moins élu maire d'Hazebrouck. Le pape Benoît XV lèvera la sanction, dès .

Pour sa conduite pendant la guerre, il est fait chevalier de la Légion d'honneur et chevalier de l'ordre de Léopold de Belgique. Il adhère au groupe de la Gauche radicale en , il demeure maire d’Hazebrouck et député du Nord jusqu'à sa mort, le , des suites d’une congestion pulmonaire.

Militant contre la peine de mort, il conduit par exemple une pétition pour la grâce de l'anarchiste Auguste Vaillant qui l’avait blessé, le , en lançant une bombe dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Il lutte aussi pour la limitation du temps de travail à onze heures par jour, la réglementation du travail de nuit des femmes et des enfants, pour le repos hebdomadaire, les allocations familiales, contre le cumul des mandats des élus…

Il a fondé en 1910 et publié un journal hebdomadaire : Le Cri des Flandres.

Les jardins ouvriers

Rue Abbé-Lemire, fondateur des jardins ouvriers, à Caluire-et-Cuire.

L'abbé Lemire est à l'origine du développement des jardins ouvriers en France ; il a fondé en la Ligue française du Coin de Terre et du Foyer, dont est issue la Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs. Il s'inspire du modèle de Félicie Hervieu à Sedan qui a créé L'Œuvre pour la reconstitution de la famille.

Dans l’entre-deux-guerres, il bénéficia d'appui à cette cause dans les milieux politico-administratifs (dont le lieutenant-colonel Riondet, adjoint au commandant militaire du Sénat). En , pour célébrer le 100e anniversaire des jardins ouvriers, une rose Abbé-Lemire, visible dans les jardins de l'Élysée et au jardin botanique de Monaco, est créée.

Postérité

Le , la ville d'Hazebrouck inaugure le monument érigé en son honneur. Dix mille personnes assistent à la cérémonie[2].

L'association Mémoire de l'abbé Lemire « a pour but de pérenniser le souvenir de l’abbé Lemire, de son œuvre sur le plan communal, national et international par tous les moyens de communications » (statuts de l'association).

Elle propose notamment des visites commentées de la maison de l'abbé à Hazebrouck.

En 1981 est créé à Paris le square de l'Abbé-Lemire.

Principales publications

  • L'AbbĂ© Dehaene et la Flandre, Lille, Deman, 1891.
  • Le Cardinal Manning et son action sociale, Paris, Lecoffre, 1893.
  • Le Travail de nuit des enfants, dans les usines Ă  feu continu : compte rendu des discussions, vĹ“u adoptĂ© / rapport de M. l'abbĂ© Lemire, Paris, F. Alcan, (lire en ligne).
  • Cahiers 1893-1928. Édition Ă©tablie et annotĂ©e par Jean-Pierre Delannoy et Jean-Pascal Vanhove.Hazebrouck , 5ter square Saint-Éloi, 59190: MĂ©moire de l'abbĂ© Lemire, DL 2013 ( 59-Steenvoorde : Nord'imprim ) .- 2 vol. (2039 p.) : couv. ill. ; 24 cm. Index I, 1893-1915 II, 1916-1928.

Bibliographie

  • Robert Eftimakis, Hazebrouck et sa rĂ©gion au temps de l'abbĂ© Lemire (1853-1928), Hazebrouck, Marais du Livre, 2006, (ISBN 978-2-95282-900-7).
  • Jean-Marie Mayeur, L'AbbĂ© Lemire, 1853-1928, un prĂŞtre dĂ©mocrate, Ă©ditions Casterman (collection religion et sociĂ©tĂ©s), 1968, 698 pages (thèse de doctorat).
  • Lucien Suel, La Justification de l'abbĂ© Lemire, Ă©d. Mihaly, 1998 (poĂ©sie)[3] - [4]
  • Le fonds d'archives Lemire-Arbelet est conservĂ© aux archives municipales de Hazebrouck.
  • Jean-Pascal Vanhove (prĂ©face de Martin Hirsch), L'AbbĂ© Lemire, Hazebrouck, Marais du Livre Ă©ditions, 2013, (ISBN 978-2-91432-711-4).
  • Marguerite Yourcenar Ă©voque la figure de l'abbĂ© Lemire dans ses mĂ©moires, volume Quoi ? L'ÉternitĂ©, chapitre La terre qui tremble, 1916-1918, p. 1397-1402, collection de la PlĂ©iade, Paris, Gallimard, 1991.
  • « Jules-Auguste Lemire », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960
  • L'AbbĂ© Lemire, Les Hommes du Jour, numĂ©ro 95, datĂ© du 13 Novembre 1909.Texte de Victor MĂ©ric, portrait par Aristide Delannoy.
  • L'AbbĂ© Lemire :  un itinĂ©raire audacieux.- 1 vol. (45 p.) : ill. en coul., couv. ill. en coul. ; 20 x 23 cm, par Sylvie Carton.Illustrations de Yvonne Sassinot de Nesle.
  • La justification de l'abbĂ© Lemire :  poème en quarante-deux Ă©pisodes  Lucien Suel ; avec quatre photographies de Josiane Suel . prĂ©cĂ©dĂ© de la justification de Lucien Suel de l'abbĂ© Lemire  par MichaĂ«l Dumont.- 1998. [6]-XLII p., [6] f. de pl. : ill., couv. ill. ; 24 cm
  • Bulletin de l'Association MĂ©moire de l'AbbĂ© Lemire, numĂ©ro 1, dĂ©cembre 2000-numĂ©ro 43, janvier 2022.
  • Luc Menapace, « L’abbĂ© Lemire et la crĂ©ation des jardins ouvriers », Le blog de Gallica,‎ (lire en ligne)
  • Colette Hus-David (scĂ©nario et illustrations), Jules Lemire, prĂŞtre et Ă©lu du peuple, bande dessinĂ©e, Marais du Livre Ă©ditions, 2022, 48 pages (ISBN 978-2-914327-19-0).

Notes et références

  1. Cent ans de vie dans la région, Tome 1 : 1900-1914, éditions la Voix du Nord, 1998, page 61
  2. Cent ans de vie dans la région, Tome II : 1914-1939, La Voix du Nord éditions, n° hors série du 17 février 1999, p. 51
  3. Guillaume Lecaplain, « Lundi poésie : aujourd'hui, «et vous petits jardins» », Libération,
  4. Xavier Houssin, « « La Justification de l’abbé Lemire », de Lucien Suel : jardins secrets », Le Monde,

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