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Louis Bethléem

Louis Bethléem, né le à Steenwerck, dans le département du Nord, et mort le à Perros-Guirec, dans celui des Côtes-d'Armor, est un prêtre catholique français qui s'est illustré dans la censure sous la Troisième République.

Louis Bethléem

Biographie

Issu d'une famille modeste de laboureurs flamands très croyants et culturellement francophones[Note 1] - [1], Louis Bethléem est bachelier à 19 ans, élève du petit puis du grand séminaire de Cambrai de 1888 à 1894, ordonné prêtre le et est affecté en 1898 à la paroisse Sainte-Catherine de Lille.

Il est le frère de René Bethléem, également prêtre et auteur d'ouvrages religieux.

Il s'engage dans le mouvement des congrès catholiques qui combattent la Loi de séparation des Églises et de l'État et devient un des porte-paroles de la Fédération nationale catholique.

Il est l'auteur en 1904 d'un ouvrage, Romans Ă  lire et romans Ă  proscrire[2], sorte d'Index personnel[3] qui atteindra 140 000 exemplaires en tirage cumulĂ© (onze Ă©ditions successives dans le monde entier, notamment en Belgique et en Afrique) entre la date de sa parution et les annĂ©es 1930. Le pape Pie X, qui le reçoit en audience privĂ©e en 1912[4], qualifie son Ĺ“uvre d'« Opus mirificum » (Ĺ“uvre magnifique)[3].

Le , il lance une revue bibliographique Romans-revue, transformĂ©e en 1919 en un guide pĂ©riodique au titre susceptible de lui assurer une plus grande audience, la Revue des lectures. Il est le rĂ©dacteur en chef de ce magazine culturel qui atteint 145 000 abonnĂ©s (bibliothèques paroissiales mais aussi 6 000 Ă©diteurs, libraires et hommes du livre)[5] en 1932 et qui traite de littĂ©rature, de presse quotidienne, de radio et de cinĂ©ma. Paternaliste, il se prĂ©sente en dĂ©fenseur de la moralitĂ© et en pourfendeur du vice dans la littĂ©rature, notamment illustrĂ©e et destinĂ©e Ă  la jeunesse[6]. Il dĂ©nonce alors ceux qu'il qualifie de « gredins des lettres[4] » dont Émile Zola et sa « rhĂ©torique des Ă©gouts[4] », George Sand « la communiste[4] » ou encore Sigmund Freud[4]. Dans la littĂ©rature pour la jeunesse, Les Pieds nickelĂ©s mais aussi Le Journal de Mickey[7] sont ses bĂŞtes noires. Mais trouvent grâce Ă  ses yeux la Bibliothèque rose ou Charles Dickens[4]. L'abbĂ© BĂ©thleem est alors vu comme « le père Fouettard de la littĂ©rature » par les caricaturistes de l'Ă©poque, « le garde champĂŞtre chargĂ© d'y maintenir l'ordre », associant antimaçonnisme, antisĂ©mitisme et antirĂ©publicanisme[7]. Il est plusieurs fois arrĂŞtĂ© pour flagrant dĂ©lit de destruction de magazines qu'il juge licencieux[8]. En rĂ©action, des surrĂ©alistes comme le poète Robert Desnos briseront des statuettes de saints, place Saint-Sulpice[4] Ă  Paris.

Son influence sur les acteurs du contrôle littéraire au Québec, notamment par le biais de Romans à lire et romans à proscrire et de la Revue des lectures est significative[9].

Avec l'arrivée du Front populaire au pouvoir et l'apparition des premiers congés payés, il lutte contre la « nudité » sur les plages, obligeant des communes à construire des cabines de bain[4].

Il meurt en août 1940 à 71 ans, juste au début de l'Occupation. Sous la plume d'Émile Pouresy, le mensuel de la Ligue pour le relèvement de la moralité publique lui consacre alors un hommage vibrant.

Postérité

Sa pensée et son prosélytisme ont inspiré le décret-loi du (Code de la famille qui donne aux associations, notamment les ligues de moralité, le droit d'ester en justice) et la Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence créée par la loi du 16 juillet 1949[10].

Écrits

Notes et références

Notes

  1. Le nom Bethléem, qui pourrait suggérer une ascendance juive fermement contestée par cet abbé antisémite et nationaliste, est en fait une déformation par la prononciation locale du nom Beddelem, peut être dérivé du mot flamand bedelen signifiant « mendier ».

Références

  1. Pierre Hébert, Kenneth Landry et Yves Lever, Dictionnaire de la censure au Québec : littérature et cinéma, Fides, , p. 74
  2. Sous-titré « Essai de classification au point de vue moral des principaux romans et romanciers de notre époque (1800-1914) » ; l'abbé y distingue trois catégories de livres : les romans mauvais, les romans « intermédiaires » et les bons romans.
  3. Jacques de Saint Victor, « L'abbé Bethléem, ou du « bon » usage de la censure », sur Le Figaro,
  4. Le père Fouettard, article de L'Express, n° 3267 du 12 février 2014.
  5. Jean-Yves Mollier, op. cité, p. 27
  6. Pierre Hébert, op. cité, p. 75
  7. Thierry Crépin, « Haro sur le gangster ! » : La moralisation de la presse enfantine, 1934-1954, Paris, CNRS Éditions, , 493 p. (ISBN 2-271-05952-6), p. 221
  8. Pascal Ory, La Censure en France à l'ère démocratique, éditions Complexe, , p. 85
  9. Pierre Hébert, Kenneth Landry et Yves Lever, Dictionnaire de la censure au Québec : littérature et cinéma, Fides, (ISBN 2-7621-2636-3 et 978-2-7621-2636-5, OCLC 63468049, lire en ligne), p. 74-78
  10. Julie Clarini, « L'abbé Bethléem, spectre des lettres », sur Le Monde,

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Yves Mollier, La Mise au pas des Ă©crivains : l'impossible mission de l'abbĂ© BethlĂ©em au XXe siècle, Fayard, , 512 p.

Liens externes

Articles connexes

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