Juan Francisco Giró
Juan Francisco José Giró y Zufriategui (né le à Montevideo et mort le ) est un homme d'État uruguayen affilié au Parti blanco (ou Parti National) et président de la République entre le et le .
Juan Francisco Giró | |
Fonctions | |
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Président de la République orientale de l'Uruguay | |
– (1 an, 6 mois et 24 jours) |
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Prédécesseur | Bernardo Prudencio Berro (intérim) JoaquÃn Suárez |
Successeur | Triumvirat de 1853 |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Vice-royauté du RÃo de la Plata, Montevideo |
Date de décès | |
Lieu de décès | Montevideo |
Nationalité | Uruguayenne |
Parti politique | Parti national |
Père | José Giró y Granoleras |
Mère | Antonia MarÃa Zufriategui y Más de Ayala |
Conjoint | MarÃa Dolores Maturana y Durán |
Enfants | Federico Natalio Giró Maturana; SofÃa Giró Maturana et Juan Emilio Giró Maturana |
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Présidents de la République orientale de l'Uruguay |
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Biographie
L'ascension politique
Fils de José Giró – un médecin espagnol – et d'Antonia MarÃa Zufriategui – une Orientale issue d'une famille aisée –, Juan Francisco Giró naquit le à Montevideo, dans la vice-royauté du RÃo de la Plata. Il débuta ses études dans sa ville natale puis intégra le Collège royal Saint-Charles (Real Colegio de San Carlos) à Buenos Aires avant de voyager au Brésil, en Espagne et aux États-Unis où il résida pendant trois ans. De retour en 1815 dans une Bande orientale instable après le départ des Espagnols, Giró commença à s'intéresser à la politique et occupa la charge d'officier municipal de Montevideo (Regidor del Cabildo) lors du premier gouvernement patriote de 1816. Il reçut en la mission, avec Juan José Durán, de négocier l'aide des Provinces-Unies du RÃo de la Plata pour lutter contre l'invasion luso-brésilienne de la Bande orientale. Mais la mission Durán-Giró échoua en raison des divergences entre les autorités de Buenos Aires (dirigées alors par le Directeur suprême Juan MartÃn de Pueyrredón) et le chef des Orientaux, José Gervasio Artigas.
À la suite de la victoire luso-brésilienne, Giró se rallia au nouveau régime. Le , il apposa sa signature sur le « Traité du phare » ; traité par lequel le Conseil Municipal (le Cabildo) de Montevideo – qui n'avait aucune légitimité en la matière – céda le territoire des Missions Orientales au Portugal en échange de la construction d'un phare sur l'île de Flores. Il se rendit, toujours en 1819, à Rio de Janeiro pour réitérer au nom du Cabildo l'adhésion de la Bande orientale au Portugal puis contribua, en 1820, à la reddition des derniers patriotes.
La naissance de l'Empire du Brésil, en 1822, entraîna une période d'instabilité qui vit s'opposer les partisans de Pierre Ier (le premier empereur du Brésil) et de Jean VI (le roi du Portugal). Les séparatistes orientaux profitèrent de l'occasion pour essayer de chasser l'occupant. C'est alors que Giró embrassa la cause révolutionnaire : il adhéra à la loge maçonnique indépendantiste des « Cavaliers orientaux » et prit part, le , à la déclaration du Cabildo de Montevideo en vertu de laquelle les actes d'incorporation au Portugal ou au Brésil étaient sans aucune valeur, et que la Bande orientale relevait en réalité des Provinces-Unies du RÃo de la Plata. Mais la révolte avorta et Giró se retira de la vie politique.
Lorsque Juan Antonio Lavalleja organisa en 1825 une expédition militaire contre la domination brésilienne (épisode appelé la Cruzada Libertadora et qui débuta avec le débarquement des Treinta y Tres Orientales), Giró fut arrêté. Rapidement libéré, il gagna Buenos Aires pour se joindre aux rebelles et intégra le gouvernement révolutionnaire en 1826. Durant la guerre de Cisplatine – qui opposa, entre 1825 et 1828, le Brésil aux Orientaux et à leurs alliés argentins –, il occupa le poste de Secrétaire politique et militaire de l'armée commandée par MartÃn RodrÃguez.
Élu député du département de Maldonado à l'Assemblée Générale Constituante et Législative en 1828, Giró joua un rôle important dans la rédaction et la promulgation, le , de la première constitution de l'Uruguay. Il occupa également le poste de ministre de l'Intérieur et des Affaires étrangères dans les gouvernements provisoires de José Rondeau (1828-1829) et de Juan Antonio Lavalleja (1829-1830). Lorsque Fructuoso Rivera devint le premier président constitutionnel du pays le , Giró rejoignit l'opposition mais refusa de participer aux soulèvements armés de Lavalleja durant les années 1832-1834.
Nommé ministre plénipotentiaire à Madrid sous la présidence de Manuel Oribe, il fut chargé de rétablir des relations officielles avec le gouvernement espagnol ; ce qui signifiait la reconnaissance de l'indépendance de l'Uruguay par l'ancienne métropole. Oribe le désigna également agent confidentiel à Londres pour négocier un emprunt (dans le but de réduire le déficit de l'administration précédente et de financer la lutte contre Rivera), mais la mission échoua en raison des conditions léonines imposées par l'Angleterre.
Durant le siège de Montevideo (1843-1851), il rallia le gouvernement du Cerrito dirigé par Oribe, devint sénateur et membre de la Commission de l'Instruction Publique. En 1852, la Grande Guerre terminée, il fut élu sénateur du département de Colonia puis quatrième président constitutionnel de la République (après le décès inopiné du général Eugenio Garzón, le candidat commun des colorados et des blancos).
La présidence
Giró, blanco modéré, souhaitait tourner la page de la guerre civile. Il mena pour cela une politique de réconciliation – dite « politique de fusion » – consistant à intégrer des personnalités des partis traditionnels dans son gouvernement (ainsi, les colorados César DÃaz et Venancio Flores furent respectivement nommés ministre de la Guerre et chef politique de Montevideo).
La dramatique situation financière du pays obligea le président à adopter des mesures d'exception. La rente douanière, administrée par un Directoire composé de représentants de l’État et de créanciers, constituait l'unique ressource d'importance en dehors de l'aide brésilienne. Le , le président décréta que dorénavant l’État administrerait seul les revenus de la Douane, provoquant la colère des créanciers qui avaient reçu des garanties à l'époque du gouvernement de la Défense.
Toujours en , les autorités brésiliennes – irritées par l'élection d'un président blanco[1] – exigèrent la nomination d'un commissaire pour fixer les nouvelles frontières entre les deux pays, conformément au traité du . Opposé à cet humiliant traité[2], Giró essaya de tergiverser mais Rio de Janeiro réagit avec fermeté. Le ministre Honório Carneiro Leão accorda un délai de trois jours pour que l'Uruguay remplît ses engagements, menace d'autant plus sérieuse que les troupes brésiliennes qui avaient lutté contre Juan Manuel de Rosas durant la Grande Guerre se trouvaient encore sur le territoire oriental.
Justo José de Urquiza intervint dans les négociations. Mais en proie à des difficultés dans son pays, il finit par valider la position impériale et, le , un nouveau traité fut signé : Rio de Janeiro obtenait satisfaction malgré quelques modifications territoriales en faveur de l'Uruguay[3]. Ce nouvel accord fut ratifié par les Chambres orientales même si les députés se montrèrent réticents, donnant leur aval « avec l'espoir de modifications ultérieures en accord avec les véritables intérêts de la République ». Mais l'épisode raviva les vieilles divisions : les blancos dénoncèrent les traités d' et les invraisemblables concessions faites par les colorados, alors que ces derniers se montrèrent de plus en plus hostiles à l'égard du président.
De à , Giró parcourut la campagne accompagné du ministre de l'Intérieur, Florentino Castellanos, et des généraux Lavalleja et Anacleto Medina pour connaître l'état réel du pays. Le – jour anniversaire du serment de la Constitution de 1830 –, un soulèvement colorado dirigé par Melchor Pacheco y Obes éclata. La Garde Nationale (majoritairement blanca et désarmée) défila à Montevideo sur la place Matriz avant d'être attaquée par le deuxième bataillon de chasseurs commandé par León de Pallejas. Il y eut des morts. Finalement, Melchor Pacheco y Obes se dirigea vers le « Fuerte » (siège du gouvernement) où le président fut contraint de céder aux exigences des mutins (nomination de Flores au ministère de la Guerre, d'Herrera y Obes au ministère de l’Économie, dissolution de la Garde Nationale) et de leur confier le maintien de l'ordre : ses jours étaient désormais comptés.
Cabinet du gouvernement
Ministères | Titulaires | Périodes |
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Intérieur et Affaires étrangères | Florentino Castellanos | 1852 - 1853 |
Bernardo Prudencio Berro | 1853 | |
Finances | Manuel Herrera y Obes | 1852 - 1853 |
Guerre et Marine | César DÃaz | 1852 |
Venancio Flores | 1852 - 1853 | |
José de los Reyes Brito del Pino | 1853 | |
Venancio Flores | 1853 |
L'exil et les dernières années
Giró vécut dans une totale incertitude entre juillet et septembre. Mesurant son impuissance, il se réfugia à la légation de France le , renonça à son poste le lendemain et prit le chemin de Buenos Aires. Le général Venancio Flores créa alors un triumvirat composé de lui-même, de Juan Antonio Lavalleja et Fructuoso Rivera. Mais les décès de Lavalleja en et de Rivera en lui permirent de contrôler le pays et d'être élu président de la République le .
Juan Francisco Giró rentra en Uruguay avec le retour au pouvoir du Parti blanco. Élu sénateur du département de Cerro Largo en 1860, il décéda le à Montevideo.
Notes
- Aucun des candidats pro-brésiliens n'accéda à la présidence : Eugenio Garzón décéda la veille de l'élection présidentielle et le colorado Manuel Herrera y Obes fut sèchement battu par Giró.
- Ce traité prévoyait, notamment, le renoncement de l'Uruguay à ses droits historiques sur les Missions orientales (territoire attribué à l'Espagne en 1777, par le traité de San Ildefonso).
- Dans la zone du Chuy et à l'embouchure des rivières Cebollatà et TacuarÃ.
Références
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Juan Francisco Giró » (voir la liste des auteurs).
Bibliographie
- José MarÃa Fernández Saldaña, Diccionario uruguayo de biografÃas (1810-1940), Montevideo, Editorial Amerindia, 1945, 1366 p.