Bernardo Prudencio Berro
Bernardo Prudencio Berro y Larrañaga (Montevideo, Vice-royautĂ© du RĂo de la Plata, – Montevideo, Uruguay, ) est un Ă©crivain et homme d'État uruguayen, prĂ©sident de la RĂ©publique entre 1860 et 1864.
Bernardo Prudencio Berro | |
Fonctions | |
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Président de la République orientale de l'Uruguay | |
– (4 ans) |
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Prédécesseur | Gabriel Antonio Pereira |
Successeur | Atanasio Cruz Aguirre (intérim) Venancio Flores |
– Intérim (15 jours) |
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PrĂ©dĂ©cesseur | JoaquĂn Suárez |
Successeur | Juan Francisco GirĂł |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Vice-royautĂ© du RĂo de la Plata, Montevideo |
Date de décès | |
Lieu de décès | Montevideo |
Nationalité | Uruguayenne |
Parti politique | Parti national |
Père | Pedro Francisco Berro Etchebarne |
Mère | Juana MarĂa Josefa Larrañaga Piriz |
Conjoint | Práxedes Rosa Bustamante y Del Puerto |
Enfants | Mariano Balbino, Teodoro Canuto, Carlos BalbĂn Antonio, Mariano Ramon, Bernardo Gervasio, Amanda, Práxedes Rosa, Pedro Mauricio, Pedro Luis, Enrique FermĂn, Pedro Eustaquio, Adolfo Tomás, Arturo MĂłnico, Enrique et Teodoro Berro y Bustamante. |
Profession | Écrivain, homme politique |
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Présidents de la République orientale de l'Uruguay |
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Biographie
L'ascension politique
Fils de Pedro Francisco Berro Etchebarne - un commerçant originaire de Uztárroz en Navarre - et de Juana MarĂa Josefa Larrañaga Piriz – uruguayenne descendante d'immigrants basques originaires de Azkoitia, en Guipuscoa – le jeune Bernardo bĂ©nĂ©ficia d'une solide Ă©ducation sous la tutelle de son oncle, l'Ă©rudit et futur vicaire apostolique de Montevideo Dámaso Antonio Larrañaga[1]. Durant sa jeunesse, il Ă©tudia la poĂ©sie, acquit une solide formation philosophique et s'intĂ©ressa aux sciences naturelles tout en travaillant dans le magasin paternel situĂ© dans le quartier montevidĂ©en de la Aguada.
Il participa, entre 1825 et 1828, Ă la Cruzada Libertadora (rĂ©volte contre la domination brĂ©silienne dans la Province Orientale) et occupa divers postes dans le camp patriote. Il vĂ©cut ensuite sur une exploitation que son père possĂ©dait Ă Casupá dans le dĂ©partement de Minas[2], puis s'installa Ă Montevideo en 1832 oĂą il travailla pour le journal La Diablada, un organe d'opposition au gouvernement du gĂ©nĂ©ral Fructuoso Rivera. En 1836, après avoir Ă©pousĂ© Práxedes Rosa Bustamante y Del Puerto (dont il eut 15 enfants), il rallia le camp gouvernemental lors de la rĂ©volte de Rivera contre le nouveau prĂ©sident, Manuel Oribe, et participa Ă la bataille de CarpinterĂa. La mĂŞme annĂ©e, il fut Ă©lu dĂ©putĂ© du dĂ©partement de Maldonado.
Après la chute de Manuel Oribe (1838) et le début de la Grande Guerre, Berro se retira sur ses terres puis voyagea au Brésil. À son retour, il se joignit aux blancos (partisans de Oribe) qui assiégeaient Montevideo, le dernier refuge des colorados (partisans de Rivera). Il intégra la rédaction du journal El Defensor de la Independencia Americana, occupa diverses fonctions dans l'administration blanca avant d'être nommé ministre de l'Intérieur du gouvernement du Cerrito, le .
La Grande Guerre terminĂ©e, il devint sĂ©nateur du dĂ©partement de Minas puis prĂ©sident de la Chambre Haute, ce qui lui permit d'assurer l'intĂ©rim de la prĂ©sidence de la RĂ©publique entre le (dĂ©part de JoaquĂn Suárez) et le (Ă©lection de Juan Francisco GirĂł). Il fut un proche collaborateur du nouveau prĂ©sident et son ministre de l'IntĂ©rieur et des Affaires Ă©trangères en 1853, mais aussi l'une des principales cibles de l'opposition. Lorsque cette dernière renversa GirĂł en , il participa Ă l'Ă©phĂ©mère et vaine insurrection dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral blanco Diego Lamas pour rĂ©tablir le prĂ©sident dĂ©chu. C'est durant cet Ă©pisode que le colorado CĂ©sar DĂaz ordonna l'exĂ©cution sans jugement de Berro en cas d'arrestation.
Le calme revenu et sa condamnation annulée, Berro devint sénateur du département de Maldonado en 1856, puis président du Sénat (1858-1859) avant d'être élu président de la République le , pour une période de quatre ans.
La présidence
Bien que blanco Ă l'origine, Berro mena une « politique de fusion » qui consistait Ă rĂ©concilier et rassembler les Orientaux, tout en neutralisant ceux qui les avaient trop longtemps divisĂ©s : les caudillos et les partis traditionnels (les partis colorado et blanco). Le prĂ©sident interdit d'afficher les vieilles divisions en public, sous peine d'arrestation et de poursuites judiciaires. Il entreprit Ă©galement d'affaiblir les caudillos en limitant leurs pouvoirs. Dans chaque dĂ©partement, les postes de directions politiques (jefaturas polĂticas) et de commandements militaires (comandancias militares) furent sĂ©parĂ©s et des civils nommĂ©s pour contrebalancer l'influence des caudillos. Respectueux de la Constitution et des lois, Berro dĂ©cida aussi de corriger un système Ă©lectoral marquĂ© par la fraude. Il interdit aux chefs politiques de chaque dĂ©partement d'intervenir dans les Ă©lections.
Berro eut également maille à partir avec l’Église catholique. Tout débuta avec le refus d'enterrer un franc-maçon d'origine allemande – le Dr. Enrique Jacobson[3] – par le curé de San José, en . La famille décida de transporter le corps à Montevideo, où le curé de l'église de la Matriz[4] accepta de procéder à l'inhumation. Mais le vicaire apostolique de Montevideo – Jacinto Vera[5] – interdit que le cadavre fût conduit à l'église et qu'on lui donnât une sépulture ecclésiastique. Il fut, malgré tout, inhumé avec l'autorisation du gouvernement. Considérant que le pouvoir civil avait empiété sur les droits de l’Église[6], le prélat exigea l'exhumation du cadavre et interdit l'accès au cimetière. La réponse du gouvernement fut immédiate ; le , un décret sécularisa les cimetières. Mécontent de l'attitude du desservent de la Matriz, le vicaire apostolique décida de le destituer. Mais le gouvernement s'y opposa au prétexte que la Constitution prévoyait son accord pour la nomination ou la destitution d'ecclésiastiques. Finalement, l'intransigeance du prélat poussa le président Berro à lui retirer l'exequatur et à l'exiler[7].
Le gouvernement multiplia les mesures pour favoriser le retour de la prospérité et mettre en place une administration efficace. Parmi les mesures les plus marquantes, on peut noter la réforme commerciale de 1861 qui diminua les tarifs douaniers sur les importations, la création d'un nouveau système monétaire national en 1862, le renforcement en matière budgétaire des pouvoirs municipaux (les juntas económico-administrativas), une nouvelle loi bancaire pour faciliter l'activité financière, la baisse de la dette publique grâce à un contrôle accru des dépenses de l’État et une meilleure perception des impôts… Le pays connut durant cette période une réelle embellie économique, en raison de la croissance du commerce, des investissements étrangers (essentiellement britanniques) et de la revolución del lanar (la « révolution de la laine », c'est-à -dire le développement très rapide de l'élevage ovin et des exportations de laine).
L'affirmation de l'identité orientale et la défense de la souveraineté nationale constituèrent une autre priorité. Le gouvernement de Berro adopta une stricte neutralité dans les conflits voisins, notamment entre les fédéraux et les unitaires en Argentine. Il résista aux pressions du Brésil, du Royaume-Uni et de la France qui exigeaient des compensions pour leur participation à la Grande Guerre. La forte présence de populations brésiliennes dans le nord du pays le poussa à fonder la ville de Ceballos[8] afin de consolider la frontière. Il n'hésita pas non plus à défendre la liberté des esclaves brésiliens réfugiés sur le territoire oriental malgré les protestations répétées de Rio de Janeiro.
À partir de 1863, il dut affronter une insurrection menée par le colorado Venancio Flores (soutenu par le président argentin Bartolomé Mitre et l'Empire du Brésil). Mais il ne put y mettre fin à cause de la défection de certains de ses collaborateurs (notamment Andres Lamas qui passa du côté des rebelles) et de désaccords avec son état-major, entraînant l'inaction militaire du gouvernement. À la fin de son mandat, le président du Sénat – Atanasio Cruz Aguirre – assura l'intérim de la présidence de la République.
Issu d'un milieu social aisé, Berro faisait pourtant preuve d'une grande simplicité. Il habitait généralement sa quinta[9] de Manga[10] et travaillait lui-même la terre, ce qui provoquait la surprise ou la désapprobation des patriciens de l'époque, étonnés d'une telle attitude de la part de l'un des leurs et, de plus, titulaire de la fonction suprême.
Cabinet de gouvernement
Ministère | Titulaire | Période |
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Intérieur | Carlos San Vicente | 1860 - 1862 |
Juan P. Caravia | 1862 - 1864 | |
Affaires étrangères | Eduardo Acevedo Maturana | 1860 - 1861 |
Enrique de Arrascaeta | 1861 - 1862 | |
Jaime Estrázulas | 1862 - 1863 | |
Juan José de Herrera | 1863 - 1864 | |
Finances | Tomás Villalba | 1860 - 1861 |
Antonio PĂ©rez | 1861 - 1864 | |
Guerre et Marine | Salvador GarcĂa | 1860 |
Diego Eugenio Lamas | 1860 - 1862 | |
JoaquĂn Teodoro Engaña | 1862 - 1863 | |
Cipriano MirĂł | 1863 | |
Luis Rufino de Herrera | 1863 - 1864 | |
L'assassinat de Berro
Berro devint l'une des principales figures de l'opposition durant la présidence de facto du général Flores.
Le , dans un contexte politique particulièrement agité (boycott blanco des élections de suivi d'une forte abstention, divisions au sein du parti colorado, fin du gouvernement de Venancio Flores et présidence par intérim de Pedro Varela), les blancos menés par Berro se soulevèrent contre le gouvernement. Ils s'emparèrent du Fuerte (siège du gouvernement), mais l'insurrection échoua alors que Venancio Flores était assassiné en se rendant sur le lieu des événements. Quant à Berro, arrêté et transféré au Cabildo (l'Hôtel de ville), il périt lui aussi assassiné dans des circonstances peu claires. Son corps dénudé fut transporté sur une charrette à travers la ville et jeté dans une fosse commune du cimentière central.
Activité littéraire
Son activitĂ© littĂ©raire se dĂ©ploya, surtout, entre 1824 et 1837. Seules trois de ses Ĺ“uvres parurent de son vivant dans El Parnaso Oriental o Guirnalda PoĂ©tica de la RepĂşblica Uruguaya, une anthologie de poètes uruguayens imprimĂ©e Ă Montevideo en 1835. Sa poĂ©sie, inspirĂ©e des poètes baroques du XVIIe siècle espagnol, aborde des thèmes philosophiques, moraux, scientifiques, patriotiques et bucoliques. EpĂstola a Doricio, dĂ©diĂ©e Ă son ami Doroteo GarcĂa en 1832, reste l'une de ses compositions les plus apprĂ©ciĂ©es.
Notes
- Il fut le premier vicaire apostolique d'Uruguay, de 1832 Ă 1848.
- Rebaptisé département de Lavalleja en 1927.
- Ou Jacobsen, suivant certaines versions.
- Il s'agissait du prêtre Juan José Brid, un ecclésiastique libéral, sénateur de la République et franc-maçon.
- Jacinto Vera fut vicaire apostolique d'Uruguay (1859-1878), puis le premier Ă©vĂŞque de Montevideo (1878-1881).
- L’Église était à cette époque la gardienne des cimetières. Elle les avait bénis et considérait qu'ils ne pouvaient donc accueillir que les corps des fidèles.
- Jacinto Vera vécut à Buenos Aires du 8 octobre 1862 au 23 août 1863, puis rentra à Montevideo pour y exercer à nouveau sa charge. Entre-temps, l'insurrection de Flores avait obligé Berro à revenir sur sa décision.
- Véritable sentinelle sur la frontière, Ceballos faisait face à la ville brésilienne de Santana do Livramento. Elle se nomme, de nos jours, Rivera (département de Tacuarembó).
- Propriété en périphérie de la ville.
- À l'époque, une zone située dans les faubourgs de la capitale, à une quinzaine de kilomètres du centre. De nos jours, c'est un quartier de Montevideo.
Source
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Bernardo Prudencio Berro » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
Bibliographie
- JosĂ© MarĂa Fernández Saldaña, Diccionario uruguayo de biografĂas (1810-1940), Montevideo, Editorial Amerindia, 1945, 1366 p.