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Jean de Gaigneron

Marie Joseph Paul Jean de Gaigneron-Morin, né le à Paris et mort dans la même ville le , est un peintre français.

Jean de Gaigneron
Naissance
Décès
Nom de naissance
Marie Joseph Paul Jean de Gaigneron-Morin
Nationalité
Activités
Autres activités
Critique d'art (1928-1929)
Formation
Maître
Père
Marie Paul Philippe Maxime de Gaigneron-Morin (d)
Distinction
Ĺ’uvres principales

Biographie

Élie de Gontaut-Biron, grand-père de Jean de Gaigneron

Le , Jean de Gaigneron, le plus jeune fils du second mariage du vicomte Marie Paul Philippe Maxime de Gaigneron-Morin avec Agnès de Gontaut-Biron (fille d'Élie de Gontaut-Biron) voit le jour à Paris[1].

En 1908, il est élève à l'Académie Julian à Paris[2]. En 1910, il devient l'élève d'Othon Friesz.

Il accomplit son service militaire du au et est libéré avec le grade de sergent. Rappelé le , il sera démobilisé le , ayant été blessé deux fois, la seconde fois en 1918 au Maroc. Pendant ce séjour marocain, il expose d'abord à la foire de Rabat en (« ses portraits et ses paysages sont d'une jolie pâte » y observe-t-on)[3], puis l'année suivante à l'hôtel Excelsior de Casablanca dans le cadre du concours agricole général du Maroc[4] - [5].

De retour en France, il participe pour la première fois au Salon d'automne en 1919 – « il a rapporté du Maroc des compositions expressives, réalisées dans une manière sobre, d'une belle tenue » y remarque Émile Sedeyn[6] – et reprend la peinture en recevant les conseils de Jacques-Émile Blanche, développant son goût du portrait et engageant avec ce dernier une longue et profonde amitié : la Fondation Custodia conserve les lettres écrites par Jacques-Émile Blanche à Jean de Gaigneron dont les dates vont de à , ainsi qu'une photo du portrait qu'il en fit[7].

Pendant l'entre-deux-guerres Jean de Gaigneron fait partie de la sociĂ©tĂ© intellectuelle parisienne, comme l'Ă©noncera sa prĂ©sence dans les rĂ©ceptions du Rapprochement intellectuel prĂ©sidĂ© par François-Charles d'Harcourt[8]. Il est l'ami notamment de Marcel Proust (AndrĂ© Maurois[9], Guillaume Perrier[10] et Jean-Yves TadiĂ©, entre autres, Ă©voquent la lettre fervente de celui-ci Ă  Jean de Gaigneron Ă  propos du mot « cathĂ©drale Â» employĂ© par l'artiste pour dĂ©finir Ă€ la recherche du temps perdu[11]), de François Mauriac[12] (le Portrait de François Mauriac par Jean de Gaigneron demeurera dans la collection de l'Ă©crivain jusqu'Ă  ce que celui-ci en effectue la donation Ă  la bibliothèque littĂ©raire Jacques-Doucet[13]), de Paul Morand[14] ou de l'abbĂ© Arthur Mugnier dont, estime Ghislain de Diesbach, le meilleur des portraits est celui qu'a brossĂ© Jean de Gaigneron[15]. En , il fait la connaissance de sir Harold Nicolson et de son Ă©pouse Vita Sackville-West qu'il prĂ©sente Ă  Marcel Proust.

De 1928 Ă  1929, Jean de Gaigneron collabore Ă  la revue de Louise Weiss L'Europe nouvelle[16] dans laquelle il Ă©crit des articles sur les expositions parisiennes, commentant notamment les Ĺ“uvres de Maurice de Vlaminck, Hermine David, Henri Matisse ou Othon Friesz.

Durant l'année 1930, lors d'un séjour en Italie, il réside à Florence chez Violet Trefusis, proche de Vita Sackville-West, à la villa l'Ombrellino (it)[17].

En 1932, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur[18].

Mobilisé en 1939 quand éclate la Seconde Guerre mondiale, il est capitaine au 248e régiment d'infanterie et est fait prisonnier à Saint-Lô (Frontstalag 131) avant d'être déporté en Allemagne[19], puis libéré après l'armistice de 1940. Au Salon des Tuileries de 1944, il présente un Portrait de Francis Poulenc[20].

Il meurt à Paris le . À l'Hôtel Drouot à Paris, la vente de ses collections et d'une partie de son atelier se déroule les 8 et [21], une autre vente de son atelier ayant lieu le [22].

Son neveu Jean-René de Gaigneron étant également peintre, il existe une confusion sur l'attribution de certaines œuvres.

Expositions

Réception critique et témoignages

  • « Quand Jean Cocteau disait du portrait de la princesse Murat, par Gaigneron, que le Louvre est tapissĂ© d'ouvrages de ce genre-lĂ , j'ignore quelle Ă©tait son intention - bienveillante ou non ? Mais Cocteau accordait le plus grand Ă©loge Ă  Gaigneron qui, Ă  peu près seul, aujourd'hui, dans sa gĂ©nĂ©ration, possède l'ingĂ©nuitĂ© "authentique", l'honnĂŞtetĂ© froide et nue, l'une des meilleures qualitĂ©s du portraitiste si celui-ci sait, de plus, peindre et construire une figure. » - Jacques-Émile Blanche[24]
  • « Jean de Gaigneron expose portraits, fleurs et paysages. PlutĂ´t que certaines Ĺ“uvres oĂą le souci de perfection glisse vers le souci du joli, on prĂ©fère les Ă©tudes plus directes : paysages simples, oĂą la lumière se compose par son jeu avec les ombres, - portraits, de femmes surtout, oĂą est caractĂ©risĂ© l'essentiel des traits et de l'attitude. La part la meilleure, ce sont encore les natures mortes, bouquets de fleurs isolĂ©s, oĂą passe parfois un souvenir de l'art de Manet. » - LĂ©onard Beck[39]
  • « Jean de Gaigneron entreprend mon portrait. Semblant, quant au train de vie, rĂ©duit aux miettes du prodigieux gâteau dont s'empiffrèrent ses ancĂŞtres durant nombre de siècles, cet aristocrate de qualitĂ© possède un assez joli talent de peu d'ampleur ; sensible et sans griffre, n'ayant d'ailleurs aucune prĂ©tention supĂ©rieure Ă  son mĂ©rite, il souffre nĂ©anmoins d'ĂŞtre considĂ©rĂ© comme un dilettante douĂ© mais qu'on ne prend guère au sĂ©rieux. Au 2, Rue SĂ©guier, son appartement, qui repose sur la très acadĂ©mique Librairie Perrin, contient quelques restes d'une splendeur passĂ©e. Tout cela ne va pas sans une poignante mĂ©lancolie. Au mur, son portrait, jeune, par Jacques-Émile Blanche. Il me confie mal supporter une solitude qui lui pèse tout particulièrement au retour des mondanitĂ©s nocturnes qui le laissent avec lui-mĂŞme... Nous interrompons l'Ă©bauche par un dĂ©jeuner d'Ă©tudiants qu'avait prĂ©parĂ© la femme de mĂ©nage et que rĂ©chauffe lui-mĂŞme cet homme alliĂ© Ă  des familles rĂ©gnantes... Oncle, cousin ou neveu des porteurs des plus grands noms de France, il n'en fait aucun Ă©talage. Vraiment un charmant homme. » - Michel Ciry[43]

Œuvres référencées

Livre

  • Carnets de guerre de Roger Accaries, Portrait du sous-lieutenant Roger Accaries, 1915[44].

Collections publiques

Le château de Sissinghurst appartint à Harold Nicolson (aujourd'hui propriété National Trust)

Collections privées

  • Collection Lucile Audouy (nl), Portrait de Luisa Casati[46].
  • Localisation inconnue : Portrait de la baronne de Cabrol, 1946[47].

Notes et références

  1. Geneanet, Jean de Gaigneron-Morin
  2. Académie Julian, anciens élèves et professeurs
  3. R. S., « La vie au Maroc - le pavillon de France-Maroc Ă  la Foire Â», France-Maroc - Revue mensuelle illustrĂ©e, n°11, 15 novembre 1917, p.24
  4. France-Maroc - Revue mensuelle illustrée, n°12, 15 décembre 1918.
  5. Mylène ThĂ©liol, « L'association ds peintres et sculpteurs du Maroc (1922-1923) Â», Rives mĂ©diterranĂ©ennes, 2009, pp. 237-249
  6. Émile Sedeyn, « Le Salon d'automne Â», Art et dĂ©coration, tome XXXVI, juillet 1914 - dĂ©cembre 1919, p. 168
  7. Critiques d'art francophones, Jacques-Émile Blanche, sources d'archives identifiées
  8. « Les grandes rĂ©ceptions : le Rapprochement intellectuel Â», Ambassades et Consulats - Revue diplomatique et mondaine, janvier-fĂ©vrier 1939, p. 27
  9. André Maurois, Le monde de Marcel Proust, Hachette, 1960.
  10. Guillaume Perrier, « Architecture mĂ©diĂ©vale et art de la mĂ©moire dans "Ă€ la recherche du temps perdu" de Proust Â», Études littĂ©raires, vol.42, n°1, 2011, pp. 42-43
  11. Jean-Yves Tadié, Proust et le roman, Gallimard, 1971.
  12. Claude Mauriac, Le Temps immobile, Grasset, 1974.
  13. Bulletin des bibliothèques de France, Chronique des bibliothèques : Bibliothèque Jacques-Doucet, mai 1968
  14. Paul Morand, Journal d'un attaché d'ambassade, 1916-1917, Gallimard, 1963.
  15. Ghislain de Diesbach, L'abbé Muhnier : le confesseur du Tout-Paris, Perrin, 2003.
  16. Jean de Gaigneron, « L'activitĂ© artistique Â», L'Europe nouvelle n°263, 24 novembre 1928
  17. Photographie de la villa l'Ombrellino, source 15.
  18. Dossier de LĂ©gion d'honneur sur la base Mistral.
  19. Liste officielle des prisonniers de guerre, p. 25/66.
  20. Musée d'art moderne de la ville de Paris, Salon des Tuileries - XXIe exposition - Catalogue, juin-juillet 1944, n°223, p. 18.
  21. Étude Couturier-Nicolay, Catalogue de la succession du comte Jean de Gaigneron, Drouot Rive Gauche, 8 et 9 avril 1976.
  22. RĂ©my Le Fur S.V.V., Vente de l'atelier Jean de Gaigneron, Drouot-Richelieu, 23 janvier 2019.
  23. P. P., « Une exposition de peinture Ă  Casablanca Â», France-Maroc - Revue mensuelle illustrĂ©e, organe du ComitĂ© des foires du Maroc, n°12, 15 dĂ©cembre 1918, pp. 354-357
  24. Jacques-Émile Blanche, « Les arts et la vie Â», La revue de Paris, 1er juin 1920, p. 634
  25. Albert Flament, « Le Salon de la Nationale Â», Le Monde IllustrĂ©, 24 avril 1920, p. 220
  26. Roger de NereĂżs, « La semaine artistique : salon de la SociĂ©tĂ© nationale des beaux-arts Â», L'homme libre, n°1727, 14 avril 1921, p. 2
  27. François Fosca, « La peinture : le Salon d'automne Â», Le supplĂ©ment illustrĂ© de la revue hebdomadaire, n°47, 25 novembre 1922, p. 497
  28. .Robert Boucard, « Le cycle de la beautĂ© française : l'exposition des "Dames d'ajourd'hui" Â», La Presse, n°3406, 4 juin 1924, p. 1
  29. François Fesca, « Les expositions : les Dames d'aujourd'hui Â», Le supplĂ©ment illustrĂ© de la Revue hebdomadaire, n°29, 21 juillet 1923, p.|418
  30. Raymond Bouyer, « Les expositions : le Salon des indĂ©pendants Â», La revue de l'art ancien et moderne, tome XLV, n°252, janvier 1924, p. 216
  31. Gazette des Beaux-arts, p. 95.
  32. . Salon des indépendants de 1925.
  33. Charles Fegdal, « Salon des Tuileries Â», La Revue des Beaux-arts, n°455, 1er juillet 1926, p. 6
  34. Louis LĂ©on Martin, « Le Salon des Tuileries Â», Paris-Soir, n°1299, 27 avril 1927, p. 1
  35. La Renaissance politique, littéraire, artistique, n°26, 30 juin 1928, p. 8
  36. La semaine Ă  Paris, p. 102.
  37. Raymond Escholier, « Le Salon des Tuileries Â», Le Journal, n°15185, 15 mai 1934, p. 5
  38. La semaine Ă  Paris, p. 48.
  39. Léonard Beck, « Les expositions - Jean de Gaigneron, Galerie Bonjean », L'Amour de l'art, n°11, décembre 1935.
  40. Exposition universelle de 1937, liste des exposants.
  41. L. de Laborde et Raymond Nacenta, Documents autour de l'exposition « Paysages de France Â», centre Georges-Pompidou
  42. Annalisa P. Cignitti, « La Divina Marchesa exhibition at Palazzo Fortuny Â», Rocaille, 10 novembre 2014
  43. Michel Ciry, « 17 et 23 dĂ©cembre 1952 Â», La vie est une ombre - Journal 1945-1952, Éditions Buchet/Chastel, 1992, pages 416-418 ; Michel Ciry Ă©voque Ă©galement Jean de Gaigneron : « 9 septembre 1985 Â», Les nourritures cĂ©lestes - Journal 1985-1986, Plon, 1987, pages 106-107.
  44. Lors de sa première affectation sur le front, il fait le portrait d'un camarade de tranchée le sous-lieutenant Roger Accaries dont les carnets de guerre sont édités par l'Association du Mémorial des batailles de la Marne à Dormans (cf. Dans la fournaise).
  45. « Anna de Noailles », sur Paris Musées (consulté le )
  46. 20 Minutos Editora, Luisa Casati, la primera « femme fatale Â»
  47. Portrait d la baronne de Cabrol.

Annexes

Bibliographie

Fonds d'archives

Liens externes

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