Jean Thurel
Jean Thurel (ou Theurel) est le seul militaire français à obtenir le triple médaillon de vétérance. Il est également nommé par Napoléon Ier chevalier de la Légion d'honneur un an après la création de l'ordre.
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Médaillon des deux épées (d) () Chevalier de la Légion d'honneur () |
Selon ses nombreuses biographies, il serait né le à Orain (Bourgogne, actuelle Côte-d'Or) et mort le à Tours (Indre-et-Loire). Né sous le règne de Louis XIV et mort sous celui de Napoléon, il aurait connu trois siècles et serait décédé après 72 ans d'activité.
Des travaux récents[1] accréditent la thèse d'une légende et le font naître le à Orain et mourir à Tours le .
Biographie
Une naissance incertaine
Jean Thurel (ou Theurel)[Note 1] naît le en la paroisse Saint-Bénigne d'Orain (Bourgogne, actuelle Côte-d'Or). Calme petit village de quelque deux cents habitants, Orain[Note 2] se situe au nord de la Bourgogne, sur les dernières pentes du plateau de Langres. Son église où une modeste inscription y rappelle le baptême de Thurel[Note 3] dépendait alors de Saint-Maurice-sur-Vingeanne, diocèse de Langres, laquelle est en Champagne[2].
Les parents de Thurel sont Denis Thurel (Theurel), laboureur et Anne Goujet, son épouse. Dans les registres paroissiaux d'Orain on trouve des Rabiet de fondation dans le village, puis de nombreux Goujet, mais les Thurel (Theurel) ne paraissent dans les actes qu'à partir de 1696. Peut-être venaient-ils de la paroisse voisine, Le Prélot, commune de Champlitte, où existent encore des familles Theurel. Comme il était d'usage que l'aîné prenne le nom du père et la fille aînée celui de la mère (plus rarement celui du parrain ou de la marraine), en l'absence de renseignements plus précis on peut penser que Jean Thurel était un cadet[2].
Il n'est pas possible de retrouver l'acte de baptême du nouveau-né, les registres paroissiaux manquant pour cette période[Note 4] - [Note 5]; mais il existe dans les dossiers du régiment de Touraine une requête datée du – dont les éléments sont certifiés exacts par le mestre de camp, colonel du régiment, le vicomte de Poudenx – laquelle donne comme date de naissance le [4] - [Note 6].
Un engagé volontaire de 17 ans
Que pouvait faire une famille de laboureurs et de « manouvriers » qui ne savaient même pas signer ? On peut penser que ce sont ces difficultés qui ont poussé le jeune Thurel, comme beaucoup d'autres à aller chercher fortune dans l'armée. La fortune et non pas la richesse, car si l'on en croit le comte Jacques de Guibert le soldat n'avait au-dessous de lui « dans la classe des malheureux, que l'homme manquant de tout, ou ce journalier de nos campagnes, qui partage, avec sa famille, un pain trempé de sueur et de larmes »[13].
Peut-être aussi parce qu'un capitaine du régiment de Touraine, Henri César Cotte, était originaire d’Orain. Il était courant que les officiers, connus et admirés de tous, entraînent à leur régiment les jeunes gens cherchant à faire leur vie. Il est donc très vraisemblable que ce fut cette famille qui amena Thurel à s'engager au régiment de Touraine comme fusilier le , jour anniversaire de ses 17 ans[2] - [Note 7].
Ce régiment créé en 1625 peut être considéré comme une unité type de l'ancien régime. Fort d'environ 1 100 hommes provenant de toutes les provinces le régiment comportait en majorité des soldats issus des villes. Leur taille était comprise entre 5 pieds 6 pouces (1,67 m) et 5 pieds 9 pouces (1,75 m). Les hommes étaient habillés d'une tenue blanche à parements roses, très seyante, mais demandant beaucoup de soins. Ils étaient équipés d'un fusil à baïonnette système Vauban permettant le tir, la baïonnette en place, et d'un sabre court porté en bandouilière[2] - [Note 8].
Un jeune marié de 50 ans
Le , en l'église Saint-Bénigne Thurel épouse Anne Rabiet, fille de défunt Claude Rabiet, laboureur à Chaume et de défunte Anne Dumoulin, après avoir obtenu dispense de publication du troisième ban de Mgr l'Évêque de Langres (dont dépendait l'église bien que située en Bourgogne)[Note 9]. Il est âgé de 50 ans, sa jeune épouse de 22[Note 10].
Les épouses alors suivent leurs hommes de camps en cantonnements[Note 11]. La solde est régulière mais modeste et les femmes se font un peu d’argent en menus travaux de blanchissage ou de raccommodage. Les garçons nés de ces foyers étaient « enfants du régiment » et admis à la solde en qualité « d’élèves tambours, fifres ou trompettes » en attendant leur engagement comme soldats. Les filles se mariaient généralement au régiment et l'autorité militaire les aidait.
Thurel a-t-il eu une permission pour se marier ? Toujours est-il, qu'il est toujours là pour signer l'acte de baptême de son fils Dominique né le à Orain[20], tué à 32 ans le à côté de son père lors de la campagne d'Amérique ; il est alors mentionné « manouvrier ». Il est témoin et paraphe l'acte de mariage à Orain de Denis Theurel, veuf d'Anne Goujet, avec Anne Boillot le [19]. Puis il disparaît des registres d'Orain, repris par sa vie militaire[2].
On le trouve de nouveau militaire à Strasbourg aux baptêmes de son fils Jean Baptiste le en l'église Saint-Étienne[21] - [Note 12] et de sa fille Jeanne, baptisée deux ans plus tard dans la même église le [23]. Cette dernière épouse le en l'église Saint-Jacques de Perpignan Pierre Frédéric Maréchal, adjudant au régiment de Touraine[24] et, le même jour dans la même église, la dernière fille, Madeleine Nicole, née à Metz[Note 13], se marie à l'âge de 16 ans avec Jean-Baptiste Ménétrier, sergent-major et maître de musique au régiment de Touraine[25]. Pour les mariages de ses deux filles, Thurel qui signe l'acte est mentionné comme « doyen des vétérans de l'armée de France ».
Une carrière de 75 ans
Toujours simple soldat, ayant constamment refusé de l'avancement, Thurel sert 75 ans au régiment de Touraine pratiquement sans interruption, en dehors toutefois de quelques années passées dans la cavalerie, notamment en 1738 aux dragons de Bauffremont et en 1744 au régiment d'Anjou-Cavalerie[Note 14], du – date de son premier engagement – jusqu'à sa radiation officielle des contrôles de l'activité le à 92 ans après 75 ans de service actif.
Le triple médaillon de vétérance
Commencée à l'âge de 17 ans dans l'anonymat le plus complet, la carrière de Thurel se termine en apothéose avec la remise à Rennes le , à 88 ans, du triple médaillon de vétérance créé par Louis XV par ordonnance royale du . Il est le seul militaire français à avoir obtenu cet insigne honneur.
Une célébrité à 92 ans
En possession de sa modique pension de retraité, âgé de 92 ans Jean Thurel se retire ensuite à Tours.
Au moment de la création sous le Consulat des compagnies de vétérans par l'arrêté du 4 germinal an VIII (), il s'engage, à l'âge de 102 ans et sur sa demande, dans la compagnie du département d'Indre-et-Loire et c'est la 3e demi-brigade qui le prend en charge. Logé à la caserne du château avec sa femme, exempté de service en raison de son âge, Thurel va alors mener une agréable retraite, recevant le « prêt du soldat » (la solde) et les rations réglementaires[2].
À Tours on s'intéresse à Thurel devenu un symbole. La Gazette nationale lui consacre un article dans son numéro du 29 thermidor an X () : « Parmi les vétérans qui habitent notre ville en existe un âgé de 103 ans nommé Jean Theurel ... Une remarque particulière est que ce brave homme a vécu dans le cours de trois siècles, né sous Louis XIV, il a servi sous ses deux successeurs et sous la république. Il jouit d'une bonne santé, il y a quatre jours il est revenu de Montauban, dont il a pris plaisir à faire une partie de la route à pied »[Note 15] - [Note 16] ; il est désigné alors comme le plus ancien soldat de l'Europe.
Devenu une personnalité de Tours, Thurel est l'un des commissaires nommés par le préfet Pommereul dans son arrêté du 12 messidor an IX () pour l'inhumation au pied de l'arbre de la liberté des cendres du général Meusnier, défenseur de Mayence ; la cérémonie se déroule le 1er vendémiaire an X ()[26].
Le , année si chaude que l'on trouvait dans les champs des lièvres morts et des œufs de perdrix cuits, Thurel défile malgré la chaleur excessive, et l'on voit « le fils du général Liebert, enfant alors âgé de quatre ans et donnant la main à un ancien soldat du régiment de Touraine alors âgé de cent quatre ans de sorte qu'il y avait juste, et malgré leur contact un siècle entre eux deux »[2] - [Note 16].
Thurel est maintenant l'attraction de Tours. Il fait la connaissance en 1802 du général Thiébault, chef d'état major du général Liebert, qui le reçoit à dîner une fois par semaine. Le 3 nivôse an XII (), le général Liebert fait parvenir au premier consul un rapport à la suite duquel sa solde de retraite de 300 francs est portée à 900 francs. Dès la création de la Légion d'honneur, Bonaparte lui octroie par décret du 1er frimaire an XI () une pension annuelle de 1 200 francs, plus 400 francs sur le fonds de la Légion d'Honneur[2].
La Légion d'honneur
Le 2 Thermidor an XII () le conseil d'administration de la 3e demi-brigade sollicite la Croix pour Thurel. Le 4 brumaire an XIII () il est nommé à 105 ans chevalier de la Légion d'honneur, un an après la création de l'ordre[9].
Avec une grande délicatesse ce même conseil d'administration demande au grand chancelier de la Légion d'honneur la remise rapide des insignes au récipiendaire : « À son âge on a tant de raisons de presser l'instant de sa réjouissance que nous ne pouvons ni blâmer son impatience, ni lui refuser nos soins pour la faire cesser ». Ce fut certainement une des ultimes satisfactions de Thurel[2].
Une mort à 107 ans
Jean Thurel meurt le ayant jusqu'au moment de sa mort conservé sa tête saine et joui d'une très bonne santé[7] - [Note 17]. La Gazette Nationale du rapporte en ces termes le récit de ses funérailles :
« Les obsèques du plus ancien soldat de l'Europe, Jean Thurel, décédé à Tours le 10 de ce mois, à l'âge de cent huit ans, ont été célébrées le lendemain avec une pompe militaire digne de ce respectable vieillard. Tous les membres de la Légion d'honneur, dont il était le doyen par son âge, ont assisté, avec un détachement de la garnison de Tours, à son convoi. MM. les officiers de la garnison se sont fait un devoir de se trouver tous à la cérémonie. Le corps avait été déposé à la caserne ; de là il a été transporté à l'église, au son d'une musique funèbre. Les quatre coins du drap étaient soutenus par M. le général Bonnard[Note 18], M. le général Chabert, M. le général Lynch, inspecteur aux revues, et par M. Deslandes, maire de la ville, membre de la Légion d'Honneur. Une foule de citoyens suivait le cortège ; ils s'étaient empressés de venir honorer, par leur présence, celui qui pendant tant d'années avait servi sa patrie dans la carrière militaire. Le corps, au sortir de l'église, a été transporté au cimetière et inhumé avec tous les honneurs militaires. Le lendemain, un service solennel a été célébré dans l'église de sa paroisse, où se sont trouvées les mêmes personnes qui avaient assisté au convoi[6]. »
La veuve de Thurel ne fut pas oubliée. Sur demande du général commandant la 22e division, le ministre de la guerre proposait à l'Empereur le une demande de pension et le Napoléon la signait, fixant lui-même à 300 francs la pension en sa faveur[2] - [15].
Carrière militaire
Sous le règne de Louis XV
Au début du règne de Louis XV, Thurel s'engage au régiment de Touraine comme fusilier le , jour anniversaire de ses 17 ans, mais doit attendre 1733 pour que la France se trouve reprise dans une guerre, celle dite de « succession de Pologne » et au siège de Kehl, une balle lui traverse le corps.
Il quitte ensuite le régiment de Touraine pour le signer un engagement dans la cavalerie au régiment de dragons de Bauffremont, peut-être encore parce qu'il y avait à Orain un André de Fontenet, lieutenant à ce régiment. Il ne doit guère s'y plaire car le il signe un engagement au régiment d'Anjou-Cavalerie[2].
En 1745, lors de la guerre de Succession d'Autriche, il prend part à la fameuse bataille de Fontenoy (1745) où trois de ses frères sont tués au combat. Toujours exact au service, il n'est jamais puni, sauf une seule fois, pour avoir escaladé les remparts de Berg, afin de rentrer dans la place et ne pas manquer l'appel, les portes étant fermées[Note 19]. Peu après il se fait mettre en congé et revient à Orain puis, juste après son mariage (), il contracte un nouvel engagement au régiment de Touraine, avec lequel il a débuté et qu'il ne quittera plus désormais[Note 20] - [Note 21].
Le , le régiment de Touraine déploie une grande valeur à la bataille de Minden, épisode décisif de la guerre de Sept Ans[Note 22] : il se dévoue pour sauver la cavalerie qui a été mise en désordre. Le chiffre de ses pertes indique assez la part que ce régiment prend au combat : il a six capitaines et six lieutenants tués, dix-sept capitaines et dix-huit lieutenants blessés, soit quarante-sept officiers atteints, dont douze frappés mortellement et trente-cinq plus ou moins grièvement blessés. Malgré ses soixante ans, Jean Thurel se bat comme un lion et reçoit ce jour-là sept coups de sabre dont six sur la tête[6].
Après la guerre de sept ans le régiment de Touraine poursuit sa vie insouciante de camp en camp.
Sous le règne de Louis XVI
Le régiment de Touraine part en 1780 « pour les Amériques » avec la brigade de Saint-Simon. Sous les ordres de Rochambeau et de La Fayette, Thurel prend part à campagne d'Amérique et est probablement le plus vieux soldat français à participer à la bataille de Yorktown (1781), dirigée par le général George Washington, chef d'état-major de l'armée continentale, où un quatrième de ses frères, caporal au même régiment de Touraine, est tué au cours des combats auxquels participe également le cadet de ses deux fils, Jean Baptiste[21] - [22] du même régiment de Touraine. Le , pendant cette même campagne, Thurel voit tuer à côté de lui son fils aîné Dominique[20] caporal dans sa compagnie[6] - [Note 23].
Selon les contrôles, Thurel « part pour la pension » le , après le retour du régiment en France. Mais que faire quand on a 84 ans, une femme et deux filles de 14 et 9 ans ? Il reste au régiment !
Le il fait déposer une requête dans laquelle il « se recommande aux bontés de Monsieur le Baron de Satie et le supplie d'observer qu'ayant été dans le cas d'obtenir deux médaillons de vétérance après 68 années de service sans interruption il ne lui a été accordé (en 1784) que la solde ordinaire de 90 livres par an, insuffisante pour subvenir aux besoins qu'entraînent les infirmités de son âge avancé[4]. ». Il obtient 200 livres de pension.
En 1784 Thurel avait bien plus de 48 ans de service et avait donc le droit à deux médaillons dit « de Vétérance », ou plus exactement « le Médaillon des deux épées », créé par Louis XV par ordonnance royale du [Note 24].
Lorsque son bataillon, qui est à Avesnes, vient rejoindre en 1787 le reste du régiment à Rennes, son lieu de garnison, ses chefs l'incitent à monter dans une des voitures qui accompagnent la colonne. Thurel refuse obstinément en disant: « qu'il n'était jamais monté sur les voitures et qu'il ne commencerait pas »[29]. Mais, en arrivant à Pontoise, il reçoit l'ordre de se rendre à Paris, où son colonel, M. de Mirabeau[30], dit de Mirabeau Tonneau, mestre en second de ce régiment et frère du futur et célèbre député du Tiers-État, qui est alors à la Cour, le fait demander pour le présenter au roi Louis XVI.
La présentation au roi Louis XVI
Dans une lettre adressée le « aux auteurs du Journal de Paris » et reproduite dans la feuille qui se publie alors à Rennes, le colonel Mirabeau retrace d'une façon émue cette présentation qui eut lieu le , d'après une note manuscrite des Archives municipales de Tours :
« Je suis persuadé, Messieurs, que vous voudrez bien rendre publiques les bontés dont le Roi et ses augustes, frères ont comblé hier le plus vieux soldat en activité de service de la France, et peut-être de l'Europe entière ; c'est un encouragement bien honorable pour l'armée, et une preuve bien sensible du prix que met notre Maître aux services qui lui sont rendus. ... »
Après avoir retracé en quelques lignes les principaux traits de la vie de Thurel, le colonel continue :
« ... Il a encore un fils qui sert avec honneur au même régiment. ... Cet homme rare en tous points a une fille, âgée de quatorze ans, de sa femme qui est au corps, et qui en a soixante-trois1. ... Sa famille est digne de lui, sage, respectable et respectée. ... J'ai cru que cet homme pouvoit prétendre à l'honneur d'être présenté à son Maître. L'ayant amené ici de Pontoise, où son régiment a passé, je l'ai conduit hier à l'audience de M. le Comte de Brienne, qui l'a accueilli avec une bonté rare, lui a promis de solliciter auprès du Roi une augmentation de pension pour lui, et quelque grâce pour sa femme et son fils. Je lui demandai la permission de le faire voir au Roi. Fort bien, me répondit-il avec la même bonté, Sa Majesté saura de qui je lui parle. M. le Prince de Luxembourg voulut bien en effet le placer sur le passage du Roi, et le lui montrer. Sa Majesté s'arrêta, le regarda, demanda de quel régiment il étoit, et parut satisfaite. Monsieur et Monseigneur le Comte d'Artois le traitèrent avec la même bonté, et M. le Prince de Luxembourg lui remit cent écus de la part du Roi, et cinquante de la part de chacun de ses augustes Frères, lui annonçant que le Roi avoit fait passer son Mémoire à M. le Comte de Brienne. Une remarque particulière est que ce brave homme a eu six Montmorency de suite pour colonels2, depuis M. le Maréchal de Luxembourg, dernier mort, jusqu'à M. le Duc de Laval, qui est aujourd'hui son Inspecteur, et qu'il a été présenté au Roi par M. le Prince de Luxembourg. Je jouis, comme de droit, Messieurs, du succès de mon soldat ; mais j'ai été inquiet sur son sort hier au soir. Le spectacle imposant qui l'avoit frappé l'avoit fort ému, et il étoit malade ; mais il est bien portant aujourd'hui. J'imagine que le public peut prendre intérêt à la santé de ce vieillard respectable. »
1 Lorsque naquit cette fille, Jean Thurel était âgé de près de soixante-quatorze ans, et sa femme de quarante-neuf ans.
2 Ces six colonels furent : 1°) en 1718, Charles-François-de Montmorency, duc de Luxembourg, devenu maréchal de France en 1757 ; 2°) en 1738, Charles-François-Christian de Montmorency-Luxembourg, prince de Tingry ; 3°) en 1744, Charles-Anne-Sigismond de Montmorency-Luxembourg, duc d'Olonne ; 4°) en 1749, Anne-François, duc de Montmorency ; 5°) en 1761, Louis-François-Joseph, comte de Montmorency ; 6° en 1770, Anne-Alexandre-Marie-Sulpice-Joseph de Montmorency, marquis de Laval
in Lucien Decombe, Jean Thurel : épisode du séjour à Rennes du régiment de Touraine 1788, p. 321-336.
Les faits relatés par le colonel de Mirabeau se résument à :
« Sa Majesté s'arrêta, le regarda, demanda de quel régiment il était, et parut satisfaite. Monsieur et Monseigneur le Comte d'Artois le traitèrent avec la même bonté, et M. le Prince de Luxembourg lui remit cent écus de la part du Roi, et cinquante de la part de chacun de ses augustes Frères, lui annonçant que le Roi avait fait passer son Mémoire à M. le Comte de Brienne[6]. »
Ce succès ne fait pas perdre la tête à Thurel qui profite de la faveur du Roi pour souscrire le un nouvel engagement au régiment de Touraine... ce qui lui donne en 1788 le droit de recevoir son troisième médaillon de vétérance[2].
Le général Thiébault, qui a connu à Tours en 1802 le vétéran qu'il reçoit à dîner une fois par semaine et dont la constante préoccupation avec ses convives est alors de l'empêcher de trop manger, apporte dans ses Mémoires[10] des précisons sur cette présentation au roi ; celle-ci et l'anecdote du vin de Malaga sont le sujet favori de ce centenaire loquace qui jouit de la plénitude de ses facultés.
Ce centenaire se nommait Jean Turrel (sic). Né à Dijon le et entré dans le régiment de Touraine en 1712, il avait servi sous Louis XIV, la Régence, Louis XV, Louis XVI, sous le Comité de salut public, sous le Directoire; il servait sous le Consulat et mourut sous l'Empire, ayant ainsi servi sous huit gouvernements différents. Il s'était trouvé aux batailles de Lawfeld, Raucoux, Fontenoy, où ses deux frères furent tués.
Lorsqu'en 1787 il compléta ses soixante-quinze ans de service, il fut présenté à Louis XVI par le comte de Mirabeau ; Monsieur ; le comte d'Artois, M. de Brienne et M. de Montmorency, capitaines des gardes, étaient présents. On apporta un plateau contenant quatre verres et une carafe de vin de Malaga ; on remplit le premier verre et on le présenta au Roi qui le but ; le second fut pour Turrel, le troisième pour Monsieur, le quatrième pour le comte d'Artois ; et ce vieux soldat contait avec orgueil que, dans cette occasion, c'était lui qui avait été servi le second. Le Roi, qui l'appelait papa, lui demanda s'il voulait la Croix de Saint-Louis ou le troisième chevron : « Sire, lui répondit-il, si votre Majesté a la bonté de me l'attacher elle-même, je préfère le troisième chevron... » Et le Roi le lui attacha1.
Le comte d'Artois lui donna son épée, qu'il vendit dans les temps malheureux de la Révolution. Les dames de France lui donnèrent une voiture pour tout le temps qu'il servit à Paris, mais il refusa un domestique. Le prince de Condé s'empara de lui pendant tout un jour et le mena dans diverses maisons. En suivant la rue de Richelieu, il aperçut un de ses amis entrant dans un cabaret... « Monseigneur, dit-il aussitôt, faites-moi le plaisir de faire arrêter votre voiture, voilà un de mes amis à qui il faut que je dise un mot. » Et le prince fit arrêter, et Turrel mit pied à terre, entra dans le cabaret où il but un coup avec son ami, puis il remonta dans la voiture du prince, qui avait eu la bonté de l'attendre.
Il dîna chez plusieurs grands personnages et notamment chez le duc de Richelieu. On donna aux trois grands théâtres des représentations auxquelles les affiches annoncèrent qu'il assisterait. Il fut de cette sorte vu par tout Paris et reçut de fortes gratifications, de même qu'il figura à des banquets donnés pour lui. C'est à la suite de cette espèce de triomphe qu'il obtint une pension de six cents francs du Roi et des princes, et de trois cents francs des dames de France.
1 Il obtint du Roi, en 1789, la Croix de Saint-Louis pour son gendre, qui servait dans je ne sais quel régiment et qui, en 1801, était sous-lieutenant dans les vétérans à Montauban.
in Paul Thiébault, in Mémoires du général Baron Thiébault : III 1799-1806
(à l'âge de 88 ans)
(par Damame et Tassaert)
(gravure de Bertaux)
Selon les propos rapportés de Jean Thurel, on apporte une carafe de ce vin réconfortant et quatre verres. Le roi est servi le premier, lui le second, avant les comtes de Provence et d'Artois. Le roi l'appelle « papa » et, après mille gracieusetés, lui demande s'il veut la Croix de Saint-Louis ou le troisième chevron[Note 25]. « Sire, lui répond-il, si votre Majesté a la bonté de me l'attacher elle-même, je préfère le troisième chevron[Note 26] ». Le roi accède à sa demande et lui attache son troisième chevron[10] - [31].
Avec l'âge, le vieux soldat de 103 ans prend des libertés avec l'histoire et enjolive quelque peu les faits en se faisant attacher par le roi lui-même ce fameux troisième chevron. Le , les Affiches de Rennes publient en effet, sous la rubrique Nouvelle, et avec la mention finale Note communiquée, les lignes suivantes :
« Le Roi a accordé au nommé Thurel, soldat au régiment de Touraine, dont nous avons fait mention dans notre dernière feuille, 300 livres de pension sur le Trésor Royal, et 100 livres à son fils ; la première pension réversible à sa femme, et par égale portion à ses deux filles, après sa mort. M. le comte de Brienne a adressé à M. le chevalier de Mirabeau la troisième marque de vétérance, avec ordre de la lui attacher devant les drapeaux. Ce vénérable vieillard a été présenté par M. le comte de Brassac à Mesdames, qui lui ont fait donner vingt-cinq louis. Il a été applaudi à tous les spectacles, avec un enthousiasme aussi rare que bien justifié, et M. de la Rive[Note 27] a trouvé le moyen de le complimenter samedi dernier, et l'a couronné dans la tragédie de Gaston et Bayard. MM. les maréchaux de Richelieu, de Biron et de Contades l'ont accueilli avec bonté et admis à leur table. Ce vieillard vient de recevoir l'ordre de rejoindre son corps, et dans peu de jours nous le verrons à Rennes[6]. »
Le triple médaillon de vétérance
Quelques jours après, les habitants de Rennes assistent à une cérémonie aussi illustre que curieuse et intéressante. Le jeudi , les vétérans du régiment de Touraine, précédés de la musique du corps, traversent les rues de la ville et se rendent au-devant de Jean Thurel, qu'ils conduisent à sa demeure au son des fanfares et aux acclamations de la foule. Mais ce n'est là que le prélude du triomphe du vénérable soldat. Laissons encore parler les Affiches de Rennes du :
« Le lendemain, selon l'ordre du Roi, le régiment de Touraine a pris les armes en grande parade, et M. le chevalier de Mirabeau, Mestre de Camp en second, commandant le régiment, lui a attaché le troisième médaillon. L'affluence du peuple était si considérable que les commandements ne pouvaient être entendus et que le régiment n'a pu même défiler. Tous les ordres des citoyens se sont empressés de féliciter, sur le théâtre même de sa gloire, le triple vétéran, et sa présence d'esprit l'a assez bien servi pour remarquer qu'entouré d'un brillant cercle de femmes, il pourrait tirer un parti agréable de la circonstance. Toutes les Dames ont bien voulu se laisser embrasser par le vieillard, qui compte ce jour comme le plus beau de sa vie. Un homme qui a bien servi sa patrie pendant soixante-douze ans, qui a cimenté plusieurs fois de son sang les services qu'il lui a rendus pendant ce long espace de temps, ne pouvait en recevoir la récompense dans un lieu plus propre à lui donner de l'éclat, que dans la capitale d'une nation aussi énergiquement patriote que la nation bretonne. Le brave vétéran nous prie de présenter au public l'hommage de sa reconnaissance, et de l'assurer qu'après l'honneur d'avoir été présenté à son Souverain, celui qui l'a le plus flatté entre tous ceux qu'il a reçus, est l'accueil qu'on a bien voulu lui faire à Rennes[6]. »
Outre la curiosité de la Cour et du peuple, Jean Thurel suscite celle des peintres et des graveurs qui exécutent à cette époque son portrait revêtu de son uniforme blanc et décoré des trois chevrons[Note 28]. Le plus connu est celui de Antoine Vestier exposé au Musée des beaux-arts de Tours[32] - [33] que le peintre retouche en 1804 pour y inclure la toute récente médaille de la Légion d'honneur.
Sous la Révolution française
Le triomphe de Thurel n'efface pas tout à fait le petit incident qui se passe à Laval, lors du passage du régiment de Touraine : des soldats veulent introduire dans la ville des marchandises soumises à droits et une bagarre se produit avec les employés. Le mestre de camp en second d'Iversay sévit mollement et Boniface de Mirabeau, qui vient d'être nommé colonel, est prié de retourner à son régiment pour sévir. Il fait appliquer la nouvelle punition de coups de plat de sabre avec tant de brutalité que les élèves du collège le surnomment carnifex (boucher)[Note 29].
Mais l'affaire de Laval suit son cours, un blâme est donné aux officiers et en 1789, le régiment quitte la garnison de Rennes pour se rendre en disgrâce à Perpignan[Note 30]. En mars 1789 Mirabeau se fait élire député de la noblesse du haut Limousin et part à Paris. Un colonel brutal qui s'absente, un régiment qui commence à prendre des libertés avec les règlements, une ville où fermentent les idées nouvelles, tout est prêt pour l'incident[2].
En mai 1790, à la suite de divers troubles, une véritable sédition éclate au régiment de Touraine. Mirabeau est prié d'aller voir ce qui se passe à son régiment et part le pour Perpignan. Pendant ce temps incidents et bagarres se développent ; finalement, dans un but d'apaisement les drapeaux sont déposés chez le maire. Le 13 juin Mirabeau décide de repartir à l'assemblée pour rendre compte des faits, et au moment de partir, arrache les cravates des drapeaux, c'est-à-dire, la partie la plus respectée et la plus symbolique[Note 31]. Mirabeau est poursuivi, rattrapé, les cravates récupérées et l'affaire portée devant l'Assemblée nationale[Note 32].
Des délégations de Perpignan et du Régiment de Touraine viennent à la barre lors de la séance du . M. Siam, député de la garde nationale de Perpignan y déclare : « On voyait des soldats courant au hasard dans les rues de notre malheureuse ville, les larmes inondaient leurs visages, ils déchiraient leurs vêtements, le célèbre Thurel, le plus ancien soldat de France, à la tête des vétérans, montrant à mes concitoyens son triple médaillon de vétérance, leur redemande les enseignes qu'il avait suivies pendant quatre-vingt ans sous trois rois victorieux. Nous avons été témoins de ce spectacle attendrissant et terrible à la fois ». Mirabeau n'est sauvé que par son frère qui proposa une commission[2].
En 1790 le régiment de Touraine devient le 33e régiment d'infanterie. Thurel figure sur le contrôle de la troupe établi à cette occasion. Affecté à la compagnie Fesaplane, il est muté à la compagnie Retz le . Le régiment vient à Bayeux et à Cherbourg en 1791[2].
Le Thurel part pour la pension, avec 75 ans de service actif derrière lui, et l'Assemblée nationale décrète unanimement qu'il lui est accordé, en considération de ses longs services, la somme de 600 livres par an. Le , dans la répartition des sommes accordées pour secours aux anciens pensionnaires, l'Assemblée nationale ajoute à sa pension 300 francs de plus. Il a alors quatre-vingt-douze ans[2].
Aux sources d'une légende
Deux jeunes mariés mineurs
L'acte de mariage daté du de Jean Thurel (Theurel) [Note 33] contient une information capitale : les deux mariés sont mineurs. Si le futur marié, qui signe l'acte, est âgé de plus de 50 ans comme l'indiquent ses biographies, pourquoi a-t-il eu besoin du consentement de son père ? Selon les usages en vigueur à l'époque, on ne pouvait contracter mariage sans le consentement d'un père ou d'un tuteur que si l'on avait atteint l'âge de la « majorité parfaite » fixé à 25 ans révolus[36].
En feuilletant les registres, on découvre que Denis Theurel[Note 34], laboureur, le père du marié, s'est marié une première fois à Orain le également avec une Anne Goujet[Note 35]. Le couple a notamment un fils Jean Claude né le à Orain[17]. Âgée d'environ 50 ans cette Anne Goujet décède le à Orain[18] et Denis Theurel se remarie ensuite avec Marguerite Boillot le [Note 36]. Le père âgé de 53 ans et son fils Jean (Claude) ont signé l'acte.
La dénommée Anne Rabiet à qui Napoléon accorde le une pension en la fixant lui-même à 300 francs est « née le à Chaumes (hte Marne) » d'après la minute du Décret Impérial. Hubert Gelly[37] nous précise qu'il a retrouvé dans les registres paroissiaux de Chaume qu'Anne Rabiet y était née « le ( ?)[Note 37] de Claude Rabiet (1699 - ) et de Jeanne Dumoulin (1697 - )[15] - [38] ».
La jeune mariée de 1750 est aussi la veuve de 1807 et le jeune marié le même Jean Theurel qui appose sa signature sur son acte de mariage et sur l'acte de secondes noces de son père Denis.
Anne Rabiet, née le , et Jean (Claude), né le [17], n'ont pas encore 25 ans à leur mariage le : il est donc normal qu'ils aient eu besoin du consentement, le marié de son père, la mariée de François Aubert, son oncle et tuteur.
Jean Theurel décédé à Tours le est né à Orain non pas 107 mais 81 ans plus tôt, le .
L'histoire de Jean Thurel (Theurel) que nous rapportent ses biographes n'est pourtant pas une légende. Aurait-il été présenté en 1787 au Roi Louis XVI si le moindre doute existait quant à l'authenticité du personnage ? Cette présentation lui confère une notoriété qui va ensuite lui procurer honneurs et prébendes pendant les vingt dernières années de sa vie. Tous ceux qui les lui ont accordés l'auraient-ils fait s'ils avaient eu le moindre doute sur l'âge de l'intéressé et sur sa crédibilité ? Les officiers qui instruisent son dossier pour lui obtenir – insigne honneur – la toute nouvelle Légion d'honneur se seraient pareillement laissé berner ?
Son dossier a selon toute vraisemblance été passé alors à la loupe, au vu des documents disponibles, par les personnes chargées de l'instruction des demandes dont il était l'objet.
Les contrôles des troupes de l'Ancien Régime
Le Service historique de la Défense (SHD) qui est le centre d'archives du ministère de la Défense et des forces armées françaises comprend en particulier le Centre historique des archives de Vincennes. Elles recèlent une mine de documents permettant de retrouver la trace d'un simple soldat : les registres des contrôles des troupes des régiments de l'Ancien Régime[27].
Institués par ordonnance royale du leur but était de suivre l'état des effectifs et de mieux contrôler l'emploi des fonds destinés à l'armée. Dans cette armée de métier, on s'engageait le plus souvent pour 6 ans sous condition d'un âge et d'une taille suffisants. La nouvelle recrue recevait une prime d'engagement – l'argent du roi – généralement de 30 livres. Il arrivait que le nouvel engagé, après avoir touché la prime, ne se présente jamais au corps. Les déserteurs étaient nombreux (près d'un sur cinq), soit pour fuir la condition militaire, soit pour s'enrôler ailleurs sous un autre nom. Il était donc nécessaire de mettre un peu d'ordre et lorsque survenait une guerre, ce qui était assez fréquent, on surestimait le nombre des victimes, les déserteurs non déclarés étant recyclés en morts sur le champ de bataille[27].
L'ensemble de ces registres contient près d'un million d'individus et constitue une source inépuisable pour l'étude de la société française du XVIIIe siècle. C'est également une possibilité pour suivre la carrière d'un simple soldat à condition de connaître les unités dans lesquelles il a servi. Ces registres étaient mis à jour périodiquement, le plus souvent à l'occasion d'une réorganisation dans le commandement.
La dernière mention de Jean Theurel, signalée par Hubert Gelly, se trouve dans le contrôle du 33e régiment d'infanterie qui va de 1786 à l'an III ; c'est un résumé de ses états de service conforme pour l'essentiel à la biographie publiée plus tard par Charles Thoumas et reprise par le général Duplessis[Note 38]. Il convient de vérifier si des contrôles plus anciens sont en accord avec cette dernière version.
Les contrôles des régiments de cavalerie dans lesquels Jean Theurel a très peu servi au début de sa carrière permettent de le retrouver : Jean (Claude) Theurel, né à Orain le , apparaît dans la compagnie de la Charce du régiment d'Anjou-Cavalerie[Note 39] et est effectivement âgé de 18 ans le , jour de son enrôlement pour 6 ans. On le retrouve ensuite pour son premier enrôlement au régiment de Touraine dans le 2e bataillon, compagnie de Saint-Maurice et le contrôle confirme une naissance en 1725[Note 40].
Jean Theurel se retrouve un peu plus tard comme fusilier « appointé »[Note 41] dans le 1er bataillon compagnie Sainte-Croix du régiment de Touraine avec une autre orthographe Thurelle[Note 42] - [Note 43]. Ce contrôle est daté de 1764 et Jean Theurel est en réalité âgé de 39 ans et non pas 35 ; Jean Thévenot[1] pense que l'on a dû recopier le texte d'un contrôle antérieur sans changer de date. Son fils aîné Dominique y figure également dans la même compagnie[Note 44].
Jean Theurel apparaît encore quelques années plus tard dans la compagnie de Launay, toujours âgé de 35 ans avec la mention supplémentaire « rengagé le après un contrat de 8 ans[43] ». Il a auprès de lui ses deux fils[Note 45]. Les deux fils ont été engagés fort jeunes dans la compagnie de leur père et, contrairement à ce qu'on peut lire dans les contrôles, Dominique[20] est en réalité âgé de 13 ans et Jean-Baptiste[21] n'a pas encore 6 ans. Cette faveur, qui donnait droit à une demi-solde, était accordée aux militaires les plus méritants.
Un peu plus tard on retrouve Jean-Baptiste à la compagne de Pesseplane[Note 46] et, dans la même compagnie, Jean Thurel[Note 47]. Il n'a pas échappé à Hubert Gelly[2] que pour la première fois la date de 1715 figure sur ce contrôle comme année de naissance et l'explication qu'il avance pour ce qu'il appelle une tricherie[Note 48] est : « on voit bien la scène : le sergent major prenant comme argent comptant les dires du conscrit, généralement illettré, et transcrivant phonétiquement ce qui lui était dit[Note 20] » ; il ajoute cependant : « néanmoins, ce contrôle pose un certain nombre de problèmes pour son interprétation ».
Le régiment de Touraine part en 1780 « pour les Amériques » avec la brigade de Saint-Simon. Jean Theurel, toujours simple fusilier « appointé »[Note 41], compte 30 années d'ancienneté dans le régiment ; il est âgé de 55 ans mais le dernier contrôle lui en donne 10 de plus. Il figure dans la liste des combattants de la guerre américaine à la compagnie Charlot avec le même descriptif de carrière que précédemment (naissance en 1715, premier engagement dans le régiment en 1750)[Note 23]. Il est l'un des plus anciens vétérans du corps expéditionnaire.
La genèse d'un faux en écriture
Selon les contrôles, Jean Theurel « part pour la pension » à l'âge de 58 ans le , après le retour du régiment en France. Bien qu'il compte 33 années de service sans interruption au régiment de Touraine auxquelles il faut ajouter 4 ans dans le régiment d'Anjou-Cavalerie, il se voit accorder la pension ordinaire assurée après 24 années de service[Note 49] et malgré ses 37 années de services, cette pension ne se monte qu'à 90 livres. On imagine sa déception et ses regrets sont sans doute partagés par ses officiers.
La participation victorieuse des troupes françaises à la guerre d'indépendance américaine est vécue comme une revanche sur les Anglais après la perte, 24 ans plus tôt et à leur profit, du Canada au traité de Paris (1763) et les rescapés de l'expédition sont honorés comme des héros. Le régiment de Touraine a pris une part active à la bataille de Yorktown (1781). Deux de ses officiers, le mestre de camp en second Mirabeau[Note 50] et le capitaine Charlot[Note 51] ont été cités pour leur conduite exemplaire. Theurel n'a sans doute pas participé activement à la bataille en raison de son âge mais on aimerait faire quelque chose pour lui[1].
Profitant de ce contexte favorable, le mestre de camp, colonel du régiment, le vicomte de Poudenx appuie une requête datée du dont il certifie exacts les éléments[2] et dans laquelle Theurel « se recommande aux bontés de Monsieur le Baron de Satie et le supplie d'observer qu'ayant été dans le cas d'obtenir deux médaillons de vétérance après 68 années de service sans interruption il ne lui a été accordé (en 1784) que la solde ordinaire de 90 livres par an, insuffisante pour subvenir aux besoins qu'entraînent les infirmités de son âge avancé[4]. ». Il obtient 200 livres de pension.
Le moyen est discutable et sans doute dans les usages de l'époque[Note 52]. Jean Theurel compte 37 années de services et il suffit de le vieillir d'un peu plus de dix ans pour réunir les 48 années nécessaires à l'obtention de deux médaillons de vétérance. On comprend mal pourquoi avoir triché à ce point, aux limites du vraisemblable (26 ans), et le faire naître le au risque d'attirer les soupçons sur les 85 ans que lui donne la requête[1].
Les registres d'Orain montrent qu'en 1715[28] il n'y a pas d'autre Jean Theurel que lui qui aurait pu servir d'alibi en cas de demande d'explication. Les registres de contrôle de l'époque sont particulièrement bien tenus au démarrage de l'institution. On y relève en revanche, entre 1715 et 1725, de nombreux enrôlements de jeunes de Percey-le-Grand, Orain, Saint-Maurice, tous sont nés vers l'an 1700. Pas la moindre trace de Theuret, même en élargissant la recherche à toute la province. Le choix de 1699 comme année de naissance fictive de Jean Theurel est peut-être liée à ce groupe de « conscrits » dans le régiment[1] - [Note 53].
Un mestre de camp en second en mal d'avancement
Jean Theurel pouvait espérer une retraite confortable et discrète ; c'était sans compter sur l'intervention intempestive du vicomte de Mirabeau.
André Boniface Louis Riquetti, vicomte de Mirabeau, était presque aussi débauché que son frère aîné le comte de Mirabeau. Obèse, son ivrognerie[Note 54] lui vaut le surnom de « Mirabeau-Tonneau ». Rapidement conscient de n’être que l’ombre de son frère, le malheureux André Boniface constate : « Dans une autre famille, je passerai pour un mauvais sujet et un homme d’esprit, dans la mienne je suis un sot et un honnête homme ».
Ardent défenseur de la monarchie à l'Assemblée constituante où il est envoyé siéger par les nobles de la sénéchaussée de Limoges. Il s'oppose à la réunion des ordres et à l'abolition des privilèges (). Quand il vient lui soumettre un projet de discours, son père le marquis de Mirabeau lui jette comme une gifle à travers la figure : « Quand on a un frère comme le vôtre aux États Généraux et qu’on est vous, on laisse parler son frère et l’on garde le silence ».
Son parti étant minoritaire à l'Assemblée constituante, il donne sa démission de député en juin 1790 et émigre en Allemagne. Il meurt en 1792 des suites d'une attaque d'apoplexie pour les uns, victime d'une bagarre entre ivrognes pour les autres. Il ne manquait cependant ni de courage ni d'esprit d'organisation et fit somme toute un très bon militaire.
Au moment où Jean Theurel devient le plus vieux vétéran de France, Mirabeau, fraîchement décoré pour son comportement sur le champ de bataille, est l'un des deux mestres de camp en second du régiment de Touraine[Note 55] et nourrit l'ambition de devenir colonel.
Lors du mouvement du régiment du nord de la France vers Rennes en 1787, il profite du passage à Pontoise pour présenter le fameux vétéran à la Cour de Versailles et plaider sa propre cause auprès du comte de Brienne, secrétaire d'État à la Guerre. Pour que nul n'en ignore, il adresse alors le la fameuse lettre au Journal de Paris, enrichissant au passage la légende de Theurel de 3 frères morts à Fontenoy[6].
Ces événements ne font pas perdre la tête à Theurel qui profite de la faveur du Roi pour souscrire le un nouvel engagement au régiment de Touraine... ce qui lui donne en 1788 le droit de recevoir son troisième médaillon de vétérance[2]. Son régiment est accueilli triomphalement à Rennes et quelques mois plus tard, le , Mirabeau en devient colonel[30].
C'est l'époque où Theurel pose pour les peintres et les graveurs qui le représentent avec un visage étonnamment juvénile pour un homme censé avoir 88 ans. Il suit les déplacements de son régiment qui devient en 1790 le 33e régiment d'infanterie. Theurel figure sur le contrôle de la troupe établi à cette occasion ; Mirabeau avait pris la précaution auparavant d'y faire inscrire les états de services supposés de son illustre fusilier.
Le Theurel part pour la pension, avec 75 ans de service actif derrière lui, et l'Assemblée nationale décrète unanimement qu'il lui est accordé, en considération de ses longs services, la somme de 600 livres par an. Le , dans la répartition des sommes accordées pour secours aux anciens pensionnaires, l'Assemblée nationale ajoute à sa pension 300 francs de plus[2].
Une vie de château
Comme tous les vétérans pensionnés, Jean Theurel a le droit de porter l'uniforme et accès aux hôpitaux militaires. Il peut choisir de prendre sa retraite au choix chez lui ou au sein de l'armée. Il a quitté son village natal depuis 40 ans où il aurait du mal à y justifier son nouvel état-civil et l'armée est devenue sa véritable famille. Aussi est-ce tout naturellement qu'il choisit de rester à Tours.
Logé à la caserne du château avec sa femme, rattaché à la garnison de la ville mais exempté de service en raison de son âge, Theurel va alors mener une agréable retraite, recevant le « prêt du soldat » (la solde) et les rations réglementaires. Il a la grande satisfaction de suivre la brillante carrière de son fils cadet Jean-Baptiste qui est promu officier en 1793[22].
Comment se comporter lorsque l'on vous attribue 26 ans de plus que votre âge réel ? Déjà avant sa retraite définitive, il avait tenu à faire à pied le trajet à l'occasion d'un mouvement de son régiment, suscitant la surprise et l'admiration de tous[Note 56]. Une telle imprudence n'est plus à renouveler : Jean Theurel est désormais seul, face à la foule des curieux, avec sur les épaules le poids d'une légende qu'il va devoir supporter pendant encore 15 ans. Il n'a pas d'autre choix que de jouer parfaitement le rôle que d'autres ont créé pour lui ; sa pension est en jeu !
Les témoignages que rapportent les chroniqueurs sont éloquents : Jean Theurel s'est montré à la hauteur de la situation. Madré, il ne laisse passer aucune occasion de solliciter quelque avantage pour lui-même et le reste de sa famille. Au moment de la création sous le Consulat des compagnies de vétérans par l'arrêté du 4 germinal an VIII (), il s'engage dans la compagnie du département d'Indre-et-Loire et c'est la 3e demi-brigade qui le prend en charge[2].
Les honneurs ne sont pas non plus pour lui déplaire. Le 4 brumaire an XIII () il est nommé chevalier de la Légion d'honneur, un an après la création de l'ordre, et il attend impatiemment de recevoir sa croix[Note 57].
Son imagination est sans limites pour accréditer sa légende : il s'invente une mère morte à 113 ans et un oncle à 130 ans[Note 15]. Son morceau de bravoure est sa réception le par le roi Louis XVI. Selon lui, on apporte une carafe de vin de Malaga et quatre verres. Le roi est servi le premier, lui le second, avant les comtes de Provence et d'Artois. Le roi l'appelle « papa » et, après mille gracieusetés, lui demande s'il veut la Croix de Saint-Louis ou le troisième chevron. Le roi accède à sa demande et lui attache son troisième chevron[10] - [31].
Jean Theurel est parfaitement à l'aise dans la société tourangelle. Le général Thiébault, qui l'a connu à Tours en 1802, le reçoit à dîner une fois par semaine ; sa constante préoccupation avec ses convives est d'ailleurs de l'empêcher de trop manger[Note 58].
Son décès du est enregistré à la mairie de Tours par un adjoint à l'état civil qui n'est autre que le père de Balzac[2] - [Note 17]. Le futur écrivain, âgé de 8 ans et pensionnaire dans un établissement de la ville, a sans doute vu passer le convoi funéraire, anonyme parmi les enfants des écoles mobilisés pour l'occasion[Note 59].
Après sa mort, ni sa femme, ni ses enfants ne révélèrent la vérité qu'il avait su parfaitement dissimuler pendant si longtemps ; en ce temps-là on savait garder un secret de famille surtout s'il apportait quelque avantage. On ne connut des archives militaires que ce qui avait été inscrit dans les derniers registres par des officiers trop compréhensifs ou trop peu rigoureux. Les portraits officiels, la Légion d'honneur, les funérailles grandioses marquèrent définitivement les mémoires.
C'est ainsi que la légende du plus vieux soldat d'Europe a pu perdurer durant plus de deux siècles après sa mort[Note 60] !
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert, Œuvres militaires de Guibert, publiées par sa veuve sur les manuscrits et d'après les corrections de l'auteur, vol. Tome 1, Paris, Magimel, , 311 p. (lire en ligne).
- Joseph Lavallée, Annales nécrologiques de la Légion d'Honneur : avec 15 portraits de légionnaires, gravés en taille-douce, Paris, F. Buisson, , 403 p. (lire en ligne), p.342-343.
- Lucien Decombe, Jean Thurel : épisode du séjour à Rennes du régiment de Touraine 1788, vol. tome XIV, Rennes, Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, , 358 p. (lire en ligne), p.326-336.
- Joseph Delaville Le Roulx, Jean Theurel, 1699-1807 : les portraits d'un fusilier centenaire, Tours, Rouillé-Ladevèze, , 30 p. (lire en ligne).
- Paul Thiébault, Mémoires du général Baron Thiébault : III 1799-1806, vol. 3e, Paris, E. Plon, Nourrit et Cie, , 569 p. (lire en ligne), p.284-286.
- La Sabretache, Carnet de la Sabretache : Le médaillon de vétérance, vol. 3e, Paris, Berger-Levrault & Cie, , 580 p. (lire en ligne), p.265-270.
- Henri Mérou, Les combattants français de la guerre américaine, 1778-1783 : listes établies d'après les documents authentiques déposés aux Archives Nationales et aux Archives du Ministère de la guerre, Paris, Motteroz-Martinet, , 327 p. (lire en ligne).
- Gaston Darboux, Notice historique sur le général Meusnier, membre de l’ancienne académie des sciences, , 40 p. (lire en ligne), p. 37
- Warrington Dawson, Les 2112 Français morts aux États-Unis de 1777 à 1783 en combattant pour l'indépendance américaine, vol. 28, Paris, Journal de la Société des Américanistes, , 154 p. (lire en ligne), p. 72.
- Robert Duplessis, Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon : Un soldat bourguignon, Jean Theurel (1699-1807), vol. 2, Dijon, Académie de Dijon, , 200 p. (lire en ligne), p.52-62.
- Hubert Gelly, À propos d'un tableau du musée de Tours : Jean Theurel, le vétéran centenaire (1699-1807), vol. 39, Tours, Société archéologique de Touraine, , 1087 p. (lire en ligne), p.927-959.
- Jean Thévenot, Aux sources d'une légende : Jean Theurel, le plus vieux soldat d'Europe (Orain 1699 – Tours 1807), , 20 p. Cette biographie qui n'a fait l'objet d'aucune édition est archivée à la Société archéologique de Touraine.
Iconographie
- Portrait de Jean Thurel : huile sur toile (122 x 90 cm) de Antoine Vestier[35] – Musée des beaux-arts de Tours
- Portrait de Jean Thurel : burin et eau-forte (16,2 x 11,6 cm) de Jean-Joseph-François Tassaert (graveur) et Michel-François Damame de Martrait (dessinateur)[35] – Fonds Château de Versailles et de Trianon
- Portrait de Jean Thurel : eau-forte (14,5 x 11,0 cm) de Jean Duplessis-Bertaux (dessinateur) – Fonds Château de Versailles et de Trianon
- Portrait de Jean Thurel : musée de la Légion d'honneur[34]
- Portrait de Jean Thurel : huile sur toile (61 x 50 cm) de F. Loyer – Musée d'Archéologie de Rennes[35]
- Portrait de Jean Thurel : musée du Sous-officier de Saint-Maixent-l'École
- Portrait de Jean Thurel : biographie de Jean Thurel in Le médaillon de vétérance, p. 267
- Portrait de Jean Thurel : portrait par Gamelin de Jean Theurel en buste de 3/4 dirigé à droite dans une bordure ovale (estampe)
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative aux militaires :
- « Cote LH/2605/2 », base Léonore, ministère français de la Culture
- Médaillon des deux Épées : biographie de Jean Thurel
- Le plus vieux soldat du monde : informations concernant Jean Thurel et "son" peintre Antoine Vestier
- Jean Theurel, le plus vieux soldat d’après la monographie imprimée de Joseph Delaville Le Roulx « Jean Theurel, 1699-1807 : les portraits d’un fusilier centenaire »[35].
Notes et références
Notes
- On trouve dans les divers écrits : Theurelle, Theurel, Thurel, Turrel, Thuret[2].
- Abritant maintenant presque exclusivement des cultivateurs, Orain était du temps de Thurel un village typique de la région, avec ses « laboureurs », ses « manouvriers », son « tisseur en toile » et même un « couvreur en laves », ces plaques calcaires si courantes dans le coin et que l'on trouve encore en couverture sur quelques vieilles maisons.
- « En cette église a été baptisé Jean Theurel, né à Orain le , décédé à Tours le , après 72 ans de service militaire au régiment de Touraine ; trois médailles de vétérans, décoré de la Légion d'Honneur le , à l'âge de 105 ans[1]. »
- « Les registres paroissiaux d'Orain existent aux archives de la Côte-d'Or depuis 1668, mais manquent les années 1673, 1687 à 1695 et 1698 à 1709. À la mairie d'Orain on ne trouve les registres que depuis 1749 ; la période cruciale avoisinant la date de naissance de Theurel est donc manquante. En feuilletant les registres nous avons trouvé une lignée d'un Didier Theurel, manouvrier, et celle d'un Denis Theurel, laboureur, qui marié à Marguerite Demery (Edmery) a eu un fils Denis vers 1698 lequel se marie en 1720 () à Anne Goujet [lire en ligne].
Cette homonymie avec les parents de Theurel, laisse penser, en l'absence de documents paroissiaux manquant pour cette époque, que ce fut un Denis qui fut l'aîné, et que la terre se passait de Denis en Denis. Ainsi un cadet, Jean, n'aurait pris que le nom de son parrain, ne pouvait être que « manouvrier », et aurait dû partir faire seul sa vie[2]. » - Les registres paroissiaux numérisés de la paroisse d'Orain (Bourgogne, actuelle Côte-d'Or) présentent malheureusement une lacune pour les années 1689 à 1699[3]
- À propos de la date de naissance de Jean Thurel (Theurel)Une date difficile à déterminer avec précision !
La requête citée par Hubert Gelly[2] dans les dossiers du régiment de Touraine datée du – dont les éléments sont certifiés exacts par le mestre de camp, colonel du régiment, le vicomte de Poudenx et qui donne comme date de naissance le – est la seule pièce authentique disponible encore aujourd'hui ([lire en ligne]).
Dans son article publié en 1922 par l'Académie de Dijon, le général R. Duplessis apporte cette précision : « D'après les actes de catholicité d'Orain-sur-Vingeanne, Jean Theurel naquit le , dans ce petit village, placé à la limite nord-est du département de la Côte-d'Or, de Denis Theurel et de Anne Gouget. Cette indication est irréfutable, puisque les actes de catholicité, auxquels nous nous référons, tenaient lieu, à cette époque, d'état civil pour tous ceux qui appartenaient à la religion catholique[5]. » [lire en ligne]
Dans sa biographie publiée en 1880 par la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, Lucien Decombe[6] (1838-1905) indique lui-aussi la date du à Orain (Bourgogne, actuelle Côte-d'Or)(1). L'auteur s'est livré à un important travail de recherches, notamment dans les Archives du ministère de la guerre citées plusieurs fois en référence. Il reproduit l'acte de décès de Thurel le dont il a obtenu copie de la mairie de Tours[7] et qui nous indique que le décédé est âgé de 108 ans sans précision de date de naissance. Decombe écrit en conclusion de l'article : « Les recherches que nous avons fait faire tant aux Archives de la Côte-d'Or qu'à la Bibliothèque publique de Tours, sont restées infructueuses, et nous n'avons pu, à notre regret, nous procurer sur Jean Thurel d'autres renseignements que ceux que l'on vient de lire. » Il reprend comme année de naissance celle donnée sans autre précision(2) dans l'article que lui consacre Joseph Lavallée, chef de division à la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur, dans les « Annales nécrologiques de la Légion d'honneur »[8] publiées le (3).
La Légion d'honneur est décernée en effet à Jean Thurel le 4 brumaire an XIII (), soit deux ans après la création de l'ordre et un an après les premières nominations. Son dossier[9] contient en particulier deux lettres permettant d'appréhender la date de naissance du légionnaire. La première datée du 2 thermidor An XII () indique 107 ans d'âge, soit une naissance vers 1697 : « Cent sept ans d'âge, 77 ans de service sous les mêmes drapeaux, dix-sept blessures honorables reçues dans quatre batailles, la qualité de plus ancien des soldats de l'Europe et des vétérans de l'empire français nous paraissant des titres qui rendent digne d'être admis dans la légion d'honneur. Nous prions votre excellence de bien vouloir demander à sa majesté l'Empereur d'y admettre le centenaire Jean Thurel qui les réunit tous. Etc. » [lire en ligne].
La seconde datée du est adressée par le général commandant la 22e division militaire qui dresse les états de service du décédé et précise « Jean Theurel est né à Orain en Bourgogne en 1698. L'extrait de naissance n'existe pas entre les mains de la veuve, mais du vivant du défunt, on lui a entendu dire plusieurs fois qu'il était né le . » ([lire en ligne]).
Enfin le général Thiébault qui l'a connu en 1802, le fait naître le à Dijon[10] [lire en ligne].
On retiendra comme date de naissance la date du mentionnée dans la seule pièce authentique disponible.
(1) Les registres paroissiaux numérisés de la paroisse d'Orain (Bourgogne, actuelle Côte-d'Or) présentent malheureusement une lacune pour les années 1689 à 1699[11]
(2) Impossible de savoir où Decombe a trouvé la précision du
(3) À noter que Lavallée donne comme lieu de naissance la commune d'Orin, Basses-Pyrénées, aujourd'hui Pyrénées-Atlantiques. Les registres paroissiaux numérisés de la paroisse d'Orin (Pyrénées-Atlantiques) ne mentionnent aucune naissance d'un Jean Thurel (ou Theurel) sur les années 1697 à 1700[12]. - D'autres biographes retiennent le .
- « La nourriture à base de pain était suffisante et comportait de la viande.
Les casernes n'existaient alors pratiquement que dans la région parisienne, où elles étaient réservées aux troupes de la Maison du Roi. Les régiments du type Touraine campaient ou logeaient chez l'habitant, changeant de résidence plusieurs fois par an. L'entraînement était intensif et bien surveillé.
Si au cantonnement les soldats allaient au cabaret, jouaient, se battaient ou même commettaient quelques larcins, dès que la troupe était en opération on la voyait soudée, manœuvrière et brave. Les punitions étaient surtout corporelles et jusqu'en 1730 comportaient le fouet. Brimades aux conscrits, chants et traditions faisaient du régiment une vraie famille pour le soldat qui ne recevait que rarement de nouvelles de chez lui.
Tel est le cadre dans lequel notre Theurel commença sa carrière militaire. » (in Jean Theurel, le vétéran centenaire (1699-1807), p. 927-930 [lire en ligne]) - On trouve trace de ce mariage dans les registres numérisés des Archives départementales de la Côte-d'Or[14] et l'acte porte la signature de Theurel [lire en ligne].
« Les registres paroissiaux de Chaume existent aux archives de la Côte-d'Or. Chaume a été appelé Chaume-les-Selongey avant d'être absorbé par la commune de Courchamp. Encore actuellement simple hameau de quelques foyers, cette paroisse n'avait en l'an 1699 qu'un mariage, six baptêmes et un décès. Anne Rabiet y était née le ([15] ?) de Claude Rabiet (1699 - ) et de Jeanne Dumoulin (1697 - ) ; elle a un frère Pierre né le [2] ». [lire en ligne] - À propos du mariage de Jean Thurel (Theurel)Véritable vétéran ou habile imposteur ?« En feuilletant les registres nous avons trouvé une lignée d'un Didier Theurel, manouvrier, et celle d'un Denis Theurel, laboureur, qui marié à Marguerite Demery (Edmery) a eu un fils Denis vers 1698[2] ». Ce même Denis Theurel se marie une première fois à Orain le [16] avec Anne Goujet. Le couple a notamment un fils Jean Claude né le à Orain[17]. Âgée d'environ 50 ans Anne Goujet décède le à Orain[18] et Denis Theurel – peut-être le cousin de Jean lequel est l'un des témoins du mariage et appose sa signature sur l'acte ? – se remarie ensuite avec Anne Boillot le [19]. « Cette homonymie avec les parents de Theurel, laisse penser, en l'absence de documents paroissiaux manquant pour cette époque, que ce fut un Denis qui fut l'aîné, et que la terre se passait de Denis en Denis. Ainsi un cadet, Jean, n'aurait pris que le nom de son parrain, ne pouvait être que « manouvrier », et aurait dû partir faire seul sa vie[2] ».
Cette homonymie de mariages est à l'origine de la thèse que des travaux récents accréditent[1] selon laquelle Jean Thurel ne serait pas né le mais le . Il se serait ainsi marié non pas à 50 mais à 24 ans, un âge plus en rapport avec les 22 ans de sa jeune épouse (Cf. infra). - « Si nous pouvons admirer les exploits militaires des hommes, on ne peut que nous incliner devant leurs modestes épouses qui les suivaient de camp en cantonnement sans jamais pouvoir bénéficier vraiment d'une garnison. Curieuse vie de ces ménages en « camp volant », l'ordonnance pour régler le service des places et dans les parties du royaume du nous permet de nous en faire une idée. » (in Jean Theurel, le vétéran centenaire (1699-1807), p. 927-930 [lire en ligne])
- Jean Baptiste Theurel, né le à Strasbourg (Bas-Rhin), mort le , est le fils de Jean Thurel et d'Anne Rabiet. Enfant de troupe il est admis à la solde au régiment de Touraine infanterie, le et continue son engagement le . Sergent honoraire le , il est nommé sergent en pied au 33e régiment de , puis sergent-major le . Il est promu sous-lieutenant le 18 frimaire An II (8 décembre 1793), puis Lieutenant le 1er pluviôse An II (20 janvier 1794). Il est nommé Capitaine au 96e régiment le 1er nivôse An XI () et passe au 80e régiment le pour revenir au 96e régiment le . Il sert de 1780 à 1783 en Amérique (son frère Dominique est tué à la bataille de Yorktown en 1781), dans l’Armée du Rhin, de Moselle, de Sambre-et-Meuse… Grande Armée, Espagne jusqu’en 1814. Jean Baptiste Theurel est blessé à 4 reprises (boulet, coups de feu). Chevalier de la Légion d’honneur le , Officier le , il prend sa retraite pour ancienneté de service par décision du [22].
- Elle est l'arrière-grand-mère d'Alexandra David-Néel.
- « Le , il quittait le régiment de Touraine pour passer au régiment de Bauffremont (dragons) ; le , il contractait un nouvel engagement pour le régiment d'Anjou (cavalerie). ... À peine congédié du régiment d'Anjou, Jean Thurel reprit du service dans le corps où il avait fait ses premières armes : le il s'engageait au régiment de Touraine, dans lequel il avait déjà servi pendant vingt-deux ans, de 1716 à 1738[6]. »
- Tours, 25 thermidor
« Parmi les militaires vétérans qui habitent cette commune, il en existe un âgé de 103 ans, nommé Jean Thurel, né à Orain, département de la Côte-d'Or, le . Il s'est engagé au régiment de Touraine le ; il a servi depuis ce temps sans interruption, comme fusilier, n'ayant jamais voulu d'avancement. Il a reçu un coup de fusil dans la poitrine au siège de Kehl en 1733, et sept coups de sabre, dont six marquants sur la tête à la bataille de Minden en 1759. Il a eu trois frères tués à la bataille de Fontenoy, un fils tué vétéran et caporal dans sa même compagnie, le , en Amérique. Il en a encore un fils qui sert avec honneur dans la 96e demi-brigade.
Il a fait toutes les guerres d'Allemagne, de Flandre et d'Hanovre. Toujours exact au service, il n'a jamais été puni, sauf une seule fois, pour avoir escaladé les remparts de Berg, afin de rentrer dans la place et ne pas manquer l'appel, les portes étant fermées. Il porte trois marques de vétéran, et jouit d'une pension de 600 Francs.
Une remarque particulière dit que ce brave homme a vécu dans les cours de trois siècles ; né sous Louis XIV, il a servi sous ses deux successeurs et sous la République. Il jouit aujourd'hui d'une bonne santé ; il y a quatre jours qu'il est revenu de Montauban, dont il a pris plaisir à faire une partie de la route à pied. La mère de ce vieillard a vécu 118 ans (sic)", et un de ses oncles 130 ans (sic)". » (in Le Moniteur Universel, n°329 du 29 thermidor an IX ()) - On remarquera que Thurel à Tours est régulièrement vieilli d'un an.
- Registres des actes de décès de la ville de Tours pour l'année 1807, n° 154 : « L'an mil huit cent sept, le onze mars, à neuf heures du matin, par devant nous, adjoint du maire de Tours, officier de l'état-civil soussigné, dûment délégué, sont comparus : Jean Cousin, garde au corps impérial du génie, âgé de cinquante-sept ans, demeurant en cette ville, au Château, et Charles Guérinet, militaire retraité, âgé de soixante-six ans, demeurant à Tours, rue du Cluzel, n° 6, qui ont dit être voisins et amis du deffunt ci-après dénommé. Lesquels ont déclaré que Jean Theurel (sic), soldat au cy-devant régiment de Touraine, âgé de cent huit ans, membre de la Légion d'Honneur, époux de Anne Rabiet, né en la paroisse Saint-Bénigne d'Orain (Doubs) (sic), fils de Denis Theurel, laboureur, et de Anne Goujet, son épouse, est décédé hier, à sept heures du soir, en son domicile, situé en cette ville, caserne dite du Château. – Et nous avons dressé acte que le premier témoin a signé avec nous; le second a dit ne le savoir, après lecture faite. » Le registre est signé : « Cousin; Balzac; et pour M. l'adjoint, Compagnon, 1er commis. » (in Jean Thurel : épisode du séjour à Rennes du régiment de Touraine 1788, p. 334-335)
- « Singulier rapprochement. En 1782, lorsque Jean Thurel faisait la campagne d'Amérique, un jeune volontaire de vingt-quatre ans, simple soldat au régiment d'artillerie d'Auxonne, combattait vaillamment auprès de lui : c'était Ennemond Bonnard, que nous retrouvons, vingt-cinq ans après, devenu général, et conduisant Thurel à sa dernière demeure[6]. »
- « En 1747, son régiment, après avoir victorieusement pris part à l'assaut de Berg-op-Zoom, fut chargé d'occuper cette place. Un soir que Thurel était sorti de la ville, il s'aperçut, au moment d'y rentrer, que les portes étaient fermées. Il allait, pour la première fois, manquer à l'appel de sa compagnie ; il n'hésita pas, et sans calculer le danger et les conséquences de sa témérité, il escalada les fortifications, s'élança dans la ville, et au moment où l'officier de service appelait Jean Thurel, celui-ci répondait : "Présent !" Mais les sentinelles avaient signalé l'audacieux qui avait franchi le rempart, et la garde l'avait poursuivi et reconnu juste au moment où il rejoignait sa compagnie. La discipline était inflexible : Thurel fut puni, mais il n'avait pas manqué à l'appel. La punition, légère qui lui fut infligée fut la seule qu'il eût encourue pendant sa longue carrière[6]. »
- « Pour se donner plus de chances il se donne 1715 comme année de naissance (nous avons connu de semblables tricheries dans les armées françaises qui nous ont libérés lorsque les pièces d'état civil ne pouvaient plus suivre). On voit bien la scène : le sergent-major prenant comme argent comptant les dires du conscrit, généralement illettré, et transcrivant phonétiquement ce qui lui était dit. » (in Jean Theurel, le vétéran centenaire (1699-1807), p. 927-930 [lire en ligne])
- À propos de la présence de Jean Thurel au régiment de Touraine
Contrôle des hommes du régiment de TouraineLes contrôles des hommes du régiment de Touraine qui ont subsisté complets sont peu nombreux au Service historique de l'armée de terre[27]. Il est difficile de suivre d'année en année la présence de Thurel (Theurel). On le retrouve avec son fils Jean Baptiste sur celui qui va de 1786 à l'an III. Il figure auparavant dans le contrôle de 1776 dans les termes suivants : « ... Contrôle du 2e Bon du Rt de Touraine, registre paraphé à Versailles le par de Montbarey Compagnie de Feseplane ... Jean Thurel fils de Denis et d'Anne Gouzel, dit Thurel né à Aurin sa Psse, J-on de Dijon, province de Bourgogne en 1715 taille 5 p 3 p 6 l (1,71 m) les cheveux et sourcils châtains, yeux bleus petits et enfoncés visage ovale maigre et coloré - blanchisseur a servi au Rt d'Anjou cavalerie jusqu'au où il avait été réformé suivant son certificat envoyé à la Cour depuis le .
Engagé le , rengagé le ; rengagé le rengagé le , parti pour la pension militaire le . »
Les registres d'Orain montrent qu'il n'y a pas d'autre Jean Thurel (Theurel) que lui en 1715[28] ; cette date représente donc une tricherie sur sa vraie date de naissance (1699).
D'autre part, comme les textes contemporains le donnent présent à Berg-op-Zoom en 1747 il a dû rester à son régiment d'Anjou même après sa date de réforme (1746). Nous le retrouverons plusieurs fois dans la même situation de rayé des contrôles mais présent au corps ; En ce temps là on ne faisait pas fi des bonnes volontés.
Néanmoins, ce contrôle pose un certain nombre de problèmes pour son interprétation.
(in Jean Theurel, le vétéran centenaire (1699-1807), p. 927-930 [lire en ligne]) - La bataille de Minden est restée célèbre par le mot de M. de Saint Perm, commandant les français, qui, la tabatière à la main, promenait son cheval au petit pas sous les boulets qui décimaient les rangs de ses grenadiers: « Qu'est-ce que c'est, mes enfants ? du canon, eh bien cela tue voilà tout ! ». (in Jean Theurel, le vétéran centenaire (1699-1807), p. 927-930 [lire en ligne])
- La liste officielle des combattants français en Amérique établie en 1903 par les soins du Ministère français des affaires étrangères donne Thurel au régiment de Touraine, à la compagnie Charlot, avec les informations du contrôle de 1776 des hommes du régiment reproduites supra : « Thurel (Jean), né à Orain [Bourgogne] (1715), S. 2 févr. 1750, parti pour la pension le 30 déc. 1783 » (in Les combattants français de la guerre américaine, 1778-1783, p. 296 [lire en ligne]).
En revanche son fils n'est mentionné ni dans cette liste, ni dans la liste des Français tués en Amérique (in Les 2 112 français morts aux États-Unis de 1777 à 1783 combattant pour l'Indépendance américaine, p. 72 [lire en ligne]). La date de sa mort correspond à celle de la bataille des Saintes perdue en avril 1782 par le comte de Grasse. - Par cette ordonnance Louis XV prescrivait : Art. 14 : « À l'égard des vétérans l'intention de Sa Majesté est qu'ils soient distingués par deux épées en sautoir appliquées en laine de la couleur du revers sur le côté gauche de l'habit, et, que, lorsqu'ils se retireront, soit aux invalides, soit chez eux pour y jouir de leur solde entière, ils continueront de porter toute leur vie cette marque distinctive, et qu'ils emportent avec eux le sabre qu'ils portaient au régiment ». Très rapidement ces épées sur fond de laine se transformèrent en un médaillon à entourage doré où deux épées entrecroisées brillent sur un fond de laine rouge. Un diplôme attestait le droit de porter cette distinction accordée pour 24 ans de service. Le médaillon était généralement remis au cours d'une prise d'arme. (in Jean Theurel, le vétéran centenaire (1699-1807), p. 927-930 [lire en ligne])
- Sous l'ancien régime et spécialement sous l'Empire, on appelait chevrons, les galons qui marquaient les années de service des vétérans.
- Ce chevron est en réalité le fameux médaillon dit « de Vétérance », ou plus exactement « le Médaillon des deux épées », créé par Louis XV par ordonnance royale du .
- Jean Mauduit de Larive, acteur tragique, occupa pendant quelques années le premier rang sur la scène du Théâtre-Français, après la mort de Lekain. À l'époque de la Révolution, il fut éclipsé par Talma auquel il céda la place en se retirant du théâtre.
- « Les dessinateurs et les peintres voulurent avoir leur tour ; l'un de ces derniers, nommé Loyer, qui n'était pas sans talent, et qui professait à Rennes depuis peu de temps, peignit le portrait de Jean Thurel revêtu de son uniforme blanc et portant sur la poitrine les trois médaillons de vétérance. ... Quant au portrait du vieux soldat, exécuté par le peintre Loyer, ce tableau appartenait au marquis de Piré, qui en fit don au Museum de Rennes le 18 fructidor an X1 (4 septembre 1794). Il est actuellement exposé dans une des salles du Musée d'archéologie de la ville de Rennes, et porte le n° 1150 du Catalogue raisonné[6]. »
Le portrait d'Antoine Vestier peint en 1788 montre à l'origine Jean Thurel âgé de 89 ans avec ses trois médailles ; l'artiste le modifie en 1804 pour inclure la médaille de la Légion d'Honneur. Ce tableau est entré au Musée des beaux-arts de Tours en exécution d'un legs fait par M. Phidias Vestier, petit-fils du peintre[32] - [33]. Un autre portrait se trouve au musée de la Légion d'honneur à Paris[34].
Un portrait des artistes Damame et Tassaert illustre l'article des Annales nécrologiques de la Légion d'Honneur[8]. « Il est certain, d'après l'ensemble du portrait et la manière dont les marques d'honneur ont été reproduites, que l'auteur a eu sous les yeux, en l'exécutant, le tableau de Vestier[35]. » - L'ordonnance du Comte de Saint Germain (de 1776) accorde une grande attention sur tout ce qui peut intéresser le bien être du soldat. Convaincu que la prison est nuisible à la santé, le Roi veut que cette peine ne soit ordonnée qu'avec ménagement et que les fautes légères se punissent dorénavant par des coups de plat de sabre comme dans les armées prussiennes, châtiment employé par les nations les plus célèbres. (in Jean Theurel, le vétéran centenaire (1699-1807), p. 927-930 [lire en ligne])
- Thurel y marie ses deux filles le même jour, le , en l'église Saint-Jacques de Perpignan.
- Le vicomte de Mirabeau, dit jusqu'alors « Mirabeau-Tonneau » s'enrichit de « Mirabeau-Cravates ».
- « Pourquoi un tel geste? Impulsion irraisonnée d'un colérique? Volonté d'affirmer sa puissance sur son régiment? On ne peut s'empêcher de penser, que, par sa position à l'assemblée il avait eu vent de ce que sera le décret du prescrivant de remplacer les cravates blanches par des cravates aux couleurs de la nation. Ne faut-il pas voir là une première manifestation de son ultra-royalisme qui le conduisit à émigrer deux mois après cette affaire ? » (in Jean Theurel, le vétéran centenaire (1699-1807), p. 927-930 [lire en ligne])
- « Ce jourd'huy 13 janvier mil sept cent cinquante je soussigné prêtre vicaire de l'église paroissiale St Benigne d'orain ay dans la dite église donné la Bénédiction Nuptiale à Jean Theurel fils de Denis Theurel Laboureur au dit lieu et de défunte Anne Goujet ses père et mère, d'une part et Anne Rabiet, fille de défunt Claude Rabiet laboureur à Chaume et de défunte Anne Dumoulin et ce du consentement du père Theurel et de François Aubert, son oncle et tuteur qui ont signé. Les fiançailles ont été auparavant duement célébrées et les deux premiers bans du dit mariage légitimement publiés... les familles ont obtenu dispense de la publication du troisième ban... A la solennité du dit mariage ont assistés les parents et amis soussignés[14]. »
Signature de Jean Theurel au mariage de 1750 - La famille Theuret – l'orthographe Theurel n'apparaît que vers 1750 – est originaire de Mornay. Deux frères, Denis et Didier, épousent vers 1690 respectivement Marguerite et Denise Emery, deux jeunes filles d'Orain. Didier s'installe dans le village de son épouse et sera le père de Pierre (1691-1723).
Denis reste à Mornay jusqu'en 1717, année où il migre à Orain avec toute sa famille. Parmi ses nombreux enfants :- François, né à Mornay en 1693, épouse Anne Aubert à Champlitte en 1719. Installé au Prélot, il y fonde la lignée des Theurel encore présente aujourd'hui ;
- Denis, né à Mornay en 1697, épouse Anne Goujet à Orain le .
- Jean, père d'une petite Véronique morte en bas âge en 1696 ;
- Jean, fils de Denis et Marguerite Emery, décédé en 1720 encore adolescent.
- « Le 6 de febvrier 1720 ont été solennellement conjoints en mariage après les fiançailles célébrées et les trois bans publiés sans opposition ny empèchement, que le 4e degré de consangunité dont dispense a été obtenüe, Denis Theurel fils de Denis Theurel Labr et de Marguerite Edmery ses père et mère, et Anne Goujet fille de feu Pierre Goujet et aussy Laboureur et de Marguerite Rabiet tous de cette paroisse. A la célébration duquel mariage ont assistés comme parents et témoins[16]... »Chronologie des naissances et décès des enfants du coupleLes registres d'Orain complets sur la période permettent de reconstituer l'histoire de la famille :
- : mariage de Denis Theurel et Anne Goujet [lire en ligne]
- : naissance de leur fils Denis [lire en ligne]
- : décès de Denis [lire en ligne]
- : naissance de leur fille Anne [lire en ligne]
- : décès d'Anne [lire en ligne]
- : naissance de leur fils Jean Claude [lire en ligne]
- : naissance de leur fils Nicolas [lire en ligne]
- : naissance de leur fils André [lire en ligne]
- : naissance de leur fille Catherine [lire en ligne]
- : décès de Catherine [lire en ligne]
- : décès d'André [lire en ligne]
- : décès d'Anne Goujet [lire en ligne]
- : mariage de Jean (Claude) Theurel et d'Anne Rabiet [lire en ligne]
- : naissance de Dominique Theurel [lire en ligne]
- : mariage de Denis Theurel et Marguerite Boillot [lire en ligne]
- « Ce jourd'huy premier febvrier 1752 je soussigné prêtre vicaire de la paroisse St Benigne d'orain ay dans l'église du dit lieu donné la Bénédiction Nuptiale à Denis Theurel veuf d'Anne Goujet cy devant Labr à Orain âgé de 53 ans lequel s'est soussigné ; et à Marguerite Boillot fille de défunt Pierre Boillot et de défunte Françoise Martin ses père et mère vigneron à Sauvigney les Pesmes au Comté de Bourgogne ; âgée de 35 ans servante en cette paroisse... Au dit mariage ont assisté Jean Theurel fils de Denis Theurel, André Goujet fils d'Antoine Goujet... Claude Cressot vigneron à Neuvelle Comté de Bourgogne qui se sont tous signés avec notre recteur[19]... »
Signature de Jean Theurel au mariage de 1752 - La minute du Décret Impérial indique le [15] et les registres de Chaume consultables via Internet ne permettent pas la vérification de la date de naissance que donne Hubert Gelly.
- « Jean Thurel, dit Thurel. Engagé dans ce régiment en 1716. A servi 8 ans dans le régiment de Beaufremont et 4 ans dans le régiment Anjou Cavalerie sans interruption. Entré au régiment le où il a servi jusqu'au 30 dec 1783 où il a été congédié pour sa pension. Fils de feu Denis et d'Anne Gouzel. Né en 1699 à Aurin sa paroisse en Bourgogne... Taille 5 pieds 3 pouces 6 lignes. Cheveux et sourcils châtains. Yeux bleus petits et enfoncés. Visage long, maigre et coloré. Entré dans la compagnie Pesseplane à Metz le , rengagé le 14 dec 1787. Vétéran. Congédié pour pension le [5] - [39] »
- « Jean Theret dit d'Orin fils de Denis Theret et d'Anne Goujet, laboureur. Natif d'Orin en Bourgogne, juridiction de Dijon, âgé de 18 ans. Taille 5 pieds 4 pouces, le visage plein, une cicatrice sous le menton, les yeux gris et enfoncés, les cheveux chastains. Enrôlé le pour 6 ans[40]. »
- « Jean Theurel, dit Theurel, fils de Denis et Anne Goujet. Natif d'Aurin juridiction de Dijon en Bourgogne. 25 ans, 5 pieds 4 pouces 6 lignes. Enrôlé le [41] »
- Le fusilier « appointé » recevait une solde augmentée. C'était l'équivalent du soldat de 1re classe.
- « Jean Thurelle, dit Thurelle, fils de feu Denis et Anne Gouzel né d'Aurain en Bourgogne circonscription de Dijon, âgé de 35 ans. Taille 5 pieds 4 pouces 6 lignes, cheveux et sourcils chatains, les yeux bleus et enfoncés, le menton avancé, visage ovale, gros et coloré. A servi dans le régiment de cavalerie d'Anjou d'où il a été congédié le 10 sept 1748. Engagé le , rengagé pour 8 ans le , appointé le [42]. »
- Le cas de la famille Theurel illustre le peu d'attention portée aux noms propres. Le père et les deux fils sont inscrits dans le même registre avec des orthographes différentes. En réalité le soldat était identifié par son surnom, ou nom de guerre, qui jouait le rôle de numéro matricule. Ce nom n'était pas héréditaire et devait être unique dans le régiment. Chaque nouvel arrivant en choisissait un ou, à défaut, conservait son nom si cela était possible. Les fusiliers répondaient donc aux jolis noms de « La Jeunesse », « La Bonté », « La Douceur », « La Patience », « L'Espérance »... « Belle Fleur », « Laviolette », « Larose »... ou plus authentiquement « Tapageur » ou « Prestaboire ». Les plus nostalgiques choisissaient le nom de leur province ou de leur paroisse d'origine, les plus dévots celui de leur saint patron : Saint Laurent, Saint Louis, Saint Antoine[1]...
- « Dominique Turelle, fils de Jean, dit Dominique. Né d'Aurin, sa paroisse province de Bourgogne, âgé de 12 ans. Enrôlé le . »
- « Dominique Thurelle enfant du corps enrôlé pour 8 ans le . Jean Baptiste dit Tourel fils de Jean et Anne Ravier, né à Strasbourg, paroisse de St-Étienne âgé de 10 ans. Engagé le . »
- « Jean-Baptiste Theurel, dit Jean-Baptiste fils de Jean et Anne Rabiet. Né dans les troupes de Strasbourg, paroisse St Etienne en 1767, engagé à l'âge de 16 ans, passé à l'état-major le 24 sept 1784[44]. ».
- « ... Contrôle du 2e Bon du Rt de Touraine, registre paraphé à Versailles le par de Montbarey Compagnie de Feseplane ... Jean Thurel fils de Denis et d'Anne Gouzel, dit Thurel né à Aurin sa Psse, J-on de Dijon, province de Bourgogne en 1715 taille 5 p 3 p 6 l (1,71 m) les cheveux et sourcils châtains, yeux bleus petits et enfoncés visage ovale maigre et coloré - blanchisseur a servi au Rt d'Anjou cavalerie jusqu'au où il avait été réformé suivant son certificat envoyé à la Cour depuis le .
Engagé le , rengagé le ; rengagé le rengagé le , parti pour la pension militaire le [45]. » (in Jean Theurel, le vétéran centenaire (1699-1807), p. 927-930 [lire en ligne]) - Les registres d'Orain montrent qu'il n'y a pas d'autre Jean Thurel (Theurel) que lui en 1715[28] ; cette date représente donc une tricherie sur sa vraie date de naissance (1699).
- Le droit à pension est lié à l'ancienneté : au bout de 24 années de services le soldat a droit à une pension équivalant à la solde. Au bout de 16 années, il a droit à la demi-solde. Lorsqu'il demande à jouir de la pension ou de la demi-pension, on procède à une vérification de ses services dans les contrôles et les difficultés d'identification ne manquent pas[27]. Des gratifications exceptionnelles pouvaient être accordées en faisant valoir les états de service, l'absence de fortune personnelle (surtout pour les officiers) et les charges de famille[1].
- « Un
détachement de Touraine infanterie, dont Mirabeau faisait partie, se trouvait sur ces vaisseaux lors des combats des 17 avril, 15 et 19 mai brillamment soutenus contre l’amiral Rodney. À son tour le comte de Grasse appareille de Brest en 1781 et le 5 août embarque à Saint Domingue, les régiments de Touraine, d’Agenois et de Gatinois pour aller renforcer les troupes de Rochambeau. L’escadre est en baie de la Chesapeake le 15 août et la campagne se terminera glorieusement le 19 octobre par la reddition de Cornwallis à Yorktown. Mirabeau s’y serait illustré comme aide major général, mais il va se distinguer surtout en janvier 1782, lors de la prise de Saint Christophe, où il aura la cuisse déchirée par un biscaïen. Il est rapatrié le 28 mars et le roi lui témoigna sa satisfaction en le nommant mestre de camp en second du régiment de Touraine. Lorsque, le , fut créé aux États-Unis l’ordre de Cincinnatus il en fit naturellement partie...
...Revenons à 1782. Mirabeau a-t-il tenté de rejoindre son régiment aux ‘’Isles’’ à deux reprises, un échouage près de Ré la première fois, un naufrage au large de Madère la seconde ayant mis un terme à ses tentatives ? Quoi qu’il en soit, Touraine infanterie rentre en France l’année suivante et il y a tout lieu de croire que Mirabeau y remplit normalement ses fonctions, puisque rien n’attire l’attention sur lui jusqu’au où il reçoit la croix de Saint Louis. » - Liste des personnalités françaises ayant combattu lors de la guerre d'indépendance des États-Unis
- Voir le traitement des déserteurs non déclarés[27].
- « Nous préférons cependant suivre l'opinion du général Duplessis qui pense que Theurel fut attiré vers le régiment de Touraine, parce qu'un capitaine de ce régiment, Henri César Cotte habitait Orain. Nous n'avons pas retrouvé cet Henri César Cotte, mais les registres paroissiaux montrent que la famille Cotte était depuis toujours une notabilité d'Orain et qu'aux alentours de 1725 existaient dans la paroisse un Nicolas Cotte commandant au 2e Bon du régiment de Touraine, croix de Saint Louis, un François Cotte, capitaine, un Nicolas Cotte et un Jean Baptiste Cotte, tous deux lieutenants au même régiment. Il était courant que les officiers, connus et admirés de tous, entraînent à leur régiment les jeunes gens cherchant à faire leur vie. Il est donc très vraisemblable que ce fut cette famille qui amena Theurel à s'engager au régiment de Touraine le [2]. » [lire en ligne]
- Un jour que son illustre frère lui reprochait son ivrognerie, il répondit : « Cela est vrai, mais inévitable ; de tous les vices de la famille, vous ne m’avez laissé que celui-là. »
- Un régiment était commandé par un colonel ou mestre de camp assisté de deux seconds qui formaient le noyau dur de son état-major.
- Lorsque son bataillon, qui est à Avesnes, vient rejoindre en 1787 le reste du régiment à Rennes, son lieu de garnison, ses chefs l'incitent à monter dans une des voitures qui accompagnent la colonne. Thurel refuse obstinément en disant: « qu'il n'était jamais monté sur les voitures et qu'il ne commencerait pas »[29].
- « À son âge on a tant de raisons de presser l'instant de sa réjouissance que nous ne pouvons ni blâmer son impatience, ni lui refuser nos soins pour la faire cesser » écrit le conseil d'administration de la 3e demi-brigade de vétérans au grand chancelier de la Légion d'honneur[9]. [lire en ligne]
- « Il se trouvait assez souvent invité chez les chefs des autorités militaires et dînait régulièrement chez moi une fois par semaine ; mais nous nous étions donné le mot pour le surveiller et pour l'empêcher de trop manger. Il en était à sa quatrième ou cinquième femme, non maîtresse, mais servante, dont il se faisait très bien obéir et servir. Il n'avait jamais eu qu'une fille et n'éprouvait aucun regret de ne pas avoir de fils.
Espèce de sans-souci, il avait conservé sa gaieté, et au dessert ne demandait pas mieux, que de chanter sa petite chanson. Il était, du reste, fort loin d'être sans esprit. Une dame lui ayant dit un jour, chez moi : « Il faut que Dieu vous aime bien, Turrel, pour vous laisser si longtemps sur la terre. Aussi, suis-je certaine que, vous le priez, et le remerciez souvent. » « Moi, madame, répondit-il avec le sourire le plus malin, je n'ai jamais eu l'habitude de fatiguer mes amis »[10]. » [lire en ligne] - Si le fonctionnaire de père avait découvert la vérité – par exemple en contactant la mairie d'Orain – il n'aurait pas manqué de la conter à son fils... On peut imaginer la suite... Jean Theurel est peut-être passé tout près de la célébrité universelle[1].
- On ne peut être que surpris de découvrir que des longévités aussi extraordinaires ne suscitaient pas à l'époque davantage de curiosité voire de circonspection, et qu'au contraire elles étaient prises pour argent comptant et colportées.À propos de longévités extraordinaires« Vers la fin de 1794, l'hôtel des Invalides de Paris possédait un soldat de cent huit ans, que M. de La Roserie, conduit par M. Sabattier, alla voir ; il ne marchait plus, mais, habillé des pieds à la tête, il passait ses journées sur son lit et causait avec facilité et plaisir. M. Sabattier, ayant permis à sa fille ou à sa petite-fille, jeune et jolie personne, de l'accompagner, sa vue émoustilla ce vieux drille, auquel il fallut imposer silence sur les miracles que. prétendait-il, cette jeune fille pourrait opérer encore sur lui-même.
Le baron de Cramayel se rappelle avoir vu, en 1811 présenter au marquis de Cramayel, son père, un vieillard de cent dix-neuf ans, peu grand, voûté et commençant à marcher avec peine. À cent neuf ans, cet enragé s'était remarié et avait eu un fils qui en 1811 avait neuf ans ; et cet enfant lui ressemblait, mais réunissait, comme la fille du vieux marquis de Montalembert, les traits de l'enfance aux rides du dernier âge.
À propos de ces tristes débris, j'allais dire de cette friperie de l'humanité, je citerai cet autre souvenir. M. de Lahaye a raconté, et un jour raconta devant moi à Berlin, que, se rendant par une assez forte gelée de Paris à Versailles, et obligé de mettre pied à terre à Viroflay, pour je ne sais quel accident arrivé à sa voiture, il était entré chez un forgeron autant pour se chauffer que pour hâter le travail, et que, ayant trouvé près du feu un vieillard de soixante-quinze ans, cassé, rabougri et pleurant, il lui avait demandé la cause d'un si grand chagrin ; en sanglotant, ce vieillard lui avait répondu d'une voix chevrotante : « C'est mon père qui m'a battu ». En effet, survint à ce moment un autre vieillard, qui certes ne paraissait pas plus jeune, mais dont la vigueur était encore extraordinaire, et qui, d'une voix de stentor, avait repris : « Vous êtes trop bon, monsieur, de vous occuper de ce fainéant, qui n'a jamais été bon à rien. J'ai toujours dit, d'ailleurs, que ce n'était pas fait pour vivre[10] ». » [lire en ligne]
Références
- Biographie de Jean Theurel in Aux sources d'une légende : Jean Theurel, le plus vieux soldat d'Europe (Orain 1699 – Tours 1807)
- Biographie de Jean Thurel in Jean Theurel, le vétéran centenaire (1699-1807), p. 927-930
- Archives départementales de la Côte-d'Or, État civil, Orain, Registres paroissiaux et/ou d'état civil : 1650 - 1728, (1688 : vue 117, 1700 vue 128) [lire en ligne]
- Requête en date du in Jean Theurel, le vétéran centenaire (1699-1807), p. 927-930 [lire en ligne]
- Biographie de Jean Thurel in Un soldat bourguignon, Jean Theurel (1699-1807)
- Biographie de Jean Thurel in Jean Thurel : épisode du séjour à Rennes du régiment de Touraine 1788
- Archives départementales d'Indre-et-Loire, collection des registres d'état civil numérisés, Tours, Décès 1807 6NUM8/261/054, (vue 42) [lire en ligne]
- Biographie de Jean Thurel in Annales nécrologiques de la Légion d'honneur
- « Dossier de Jean Thurel », base Léonore, ministère français de la Culture
- Biographie de Jean Thurel in Mémoires du général Baron Thiébault : III 1799-1806
- Archives départementales de la Côte-d'Or, État civil, Orain, Registres paroissiaux et/ou d'état civil : 1650 - 1728, (1688 : vue 117, 1700 vue 128) [lire en ligne]
- e-Archives 64, Registres paroissiaux et d'état civil, Orin, Baptêmes, mariages, sépultures 1697-1792 (vues 6 à 16) [lire en ligne]
- Œuvres militaires de Guibert, Tome 1, Magimel (Paris) in Oeuvres militaires de Guibert., p. 165 [lire en ligne])
- Archives départementales de la Côte-d'Or, État civil, Orain, Registres paroissiaux et/ou d'état civil : 1728 - 1807 (vue 114/754) [lire en ligne]
- Minute du décret impérial du [lire en ligne]
- Archives départementales de la Côte-d'Or, État civil, Orain, Registres paroissiaux et/ou d'état civil : 1650 - 1728 (vue 502/541) [lire en ligne]
- Archives départementales de la Côte-d'Or, État civil, Orain, Registres paroissiaux et/ou d'état civil : 1650 - 1728 (vue 524/541) [lire en ligne]
- Archives départementales de la Côte-d'Or, État civil, Orain, Registres paroissiaux et/ou d'état civil : 1728 - 1807 (vue 105/754) [lire en ligne]
- Archives départementales de la Côte-d'Or, État civil, Orain, Registres paroissiaux et/ou d'état civil : 1728 - 1807 (vue 131/754) [lire en ligne]
- Archives départementales de la Côte-d'Or, État civil, Orain, Registres paroissiaux et/ou d'état civil : 1728 - 1807 (vue 125/754) [lire en ligne]
- Archives départementales du Bas-Rhin, Strasbourg, Paroisse catholique (Saint-Étienne), Registre de baptêmes 1754-1770 [lire en ligne]
- « Dossier de Jean Baptiste Theurel », base Léonore, ministère français de la Culture
- Archives départementales du Bas-Rhin, Strasbourg, Paroisse catholique (Saint-Étienne), Registre de baptêmes 1754-1770 [lire en ligne]
- Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, Perpignan, paroisse Saint-Jacques, BMS 1789, (vue 96/188) [lire en ligne]
- Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, Perpignan, paroisse Saint-Jacques, BMS 1789, (vue 97/188) [lire en ligne]
- Notice historique sur le général Meusnier in Notice historique sur le général Meusnier, p. 37
- Le contrôle des troupes de l'Ancien Régime, par A. Corvisier [lire en ligne]
- Archives départementales de la Côte-d'Or, État civil, Orain, Registres paroissiaux et/ou d'état civil : 1650 - 1728 (vue 479 à 482/541) [lire en ligne]
- Biographie de Jean Thurel in Jean Theurel, 1699-1807 : les portraits d'un fusilier centenaire, p. 14
- André Pagès, « L'Autre Mirabeau », Académie des Sciences et des Lettres de Montpellier, conférence no 3812
- Biographie de Jean Thurel in Le médaillon de vétérance, p. 268
- Portrait de Jean Theurel, doyen des vétérans pensionnés du roi au régiment de Touraine (1788) [lire en ligne]
- Portrait de Theurel par Antoine Vestier (in Jean Theurel, le vétéran centenaire (1699-1807), p. 927-930 [lire en ligne])
- L'Intermédiaire des Chercheurs et Curieux, Volume 18, Paris 1968, page 457
- Portraits de Jean Thurel in Jean Theurel, 1699-1807 : les portraits d'un fusilier centenaire
- Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par Denis Diderot et Jean Le Rond d'Alembert, édition 1751-1765 [lire en ligne]
- Documents disponibles écrits par cet auteur à la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois [lire en ligne]
- Mariage de Jean Theurel in Jean Theurel, le vétéran centenaire (1699-1807), p. 931 [lire en ligne]
- Service historique de l'armée 14YC46 page 227 in Aux sources d'une légende : Jean Theurel, le plus vieux soldat d'Europe (Orain 1699 – Tours 1807)
- Service historique de l'armée 3YC4 in Aux sources d'une légende : Jean Theurel, le plus vieux soldat d'Europe (Orain 1699 – Tours 1807)
- Service historique de l'armée 1YC1000 in Aux sources d'une légende : Jean Theurel, le plus vieux soldat d'Europe (Orain 1699 – Tours 1807)
- Service historique de l'armée 1YC1003 in Aux sources d'une légende : Jean Theurel, le plus vieux soldat d'Europe (Orain 1699 – Tours 1807)
- Service historique de l'armée 1YC1004 in Aux sources d'une légende : Jean Theurel, le plus vieux soldat d'Europe (Orain 1699 – Tours 1807)
- Service historique de l'armée 1YC997 in Aux sources d'une légende : Jean Theurel, le plus vieux soldat d'Europe (Orain 1699 – Tours 1807)
- Service historique de l'armée 997-1-Yo (1YC997 ?)