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Jean Boulet

Jean Boulet, né le à Brunoy (Essonne) et mort le [1] à Aix-en-Provence, est un pilote d'essai d'avions et d'hélicoptères, célèbre pour avoir battu 17 records, et en particulier le record mondial d'altitude en hélicoptère (sur Lama en 1972), toujours valable en 2020. Il est diplômé de Polytechnique et de Sup Aéro, et l'auteur de plusieurs ouvrages sur l'aviation.

Biographie

Jean Boulet naît le à Brunoy dans l'Essonne. En 1940, il entre à l'École polytechnique dans la même promotion qu'André Turcat, puis, de 1942 à 1944, il suit les cours de l'École nationale supérieure de l'aéronautique et de l'espace (SupAéro). Il entre ensuite dans l'armée de l'air et dans le cadre des accords passés entre le Gouvernement de la France libre et les États-Unis, il est volontaire pour partir, fin 1944, apprendre à piloter aux États-Unis. Il passe son brevet de pilote de chasse aux États-Unis en , pilotant d'abord sur Boeing-Stearman (en), puis sur T-6 et enfin sur P-47[2]. Démobilisé, il quitte l'armée en 1947 pour rentrer à la SNCASE en tant qu'ingénieur-pilote[1]. Le directeur des essais en vol, Jacques Lecarme, lui demande alors de se charger des essais des hélicoptères. Il retourne alors aux États-Unis pour se former sur hélicoptère. Son premier vol s'effectue sur Sikorsky S.51 mais lors de celui-ci, une erreur de pilotage de l'instructeur entraîne la destruction de l'appareil. Sorti indemne de l'accident, il part pour une autre école et y décroche le brevet de pilote d'hélicoptère le , il est alors le 8e pilote français à obtenir cette qualification de la part de la FAA[2].

Une fois son brevet obtenu, Jean Boulet revient en France, oĂą entre-temps les hĂ©licoptères SE.3000 et SE.3101 ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s. Les essais sont d'abord confiĂ©s Ă  Henri Stackenburg, pilote d'essais spĂ©cialiste des autogires. Mais lors du premier essai du SE.3101, mĂŞme avec le moteur Ă  pleine puissance, l'appareil ne dĂ©colle pas. Jacques Lecarme propose Ă  Jean Boulet, plus lĂ©ger de 15 kg, d'essayer[2]. Lors de cet essai, il le fait dĂ©coller de 30 cm et Ă  rester en stationnaire pendant 15 minutes[3]. Lors des essais suivants, il est dĂ©cidĂ©, au vu des bonnes performances en stationnaire, d'entreprendre des essais en translation, mais alors que l'appareil dĂ©passe 40 km/h l'appareil se cabre sans que Jean Boulet puisse rĂ©tablir l'appareil. Finalement, Ă  seulement quelques mètres du sol, l'appareil redevient contrĂ´lable, et il parvient Ă  le poser Ă  plat mais avec une vitesse arrière de 20 km/h. La conception de l'appareil Ă©tant dĂ©ficiente, il fut modifiĂ© et les essais purent reprendre[3]. Ă€ peine trois mois après le premier vol du SE.3101, Jean Boulet est chargĂ© du premier vol du SE.3000 et, en 1949, il prĂ©sente officiellement le SE.3101 au meeting d'Orly[2].

En 1950, il est prêté à la SNCAN pour effectuer les essais de l'hélicoptère expérimental Nord 1710, cet appareil a la particularité d'avoir une hélice soufflant vers l'arrière sur des empennages verticaux et horizontaux en lieu et place d'un rotor anti-couple. L'appareil effectue son premier vol le [4] à Montesson, mais lors du 11e vol l'appareil s'écrase, Jean Boulet en sort indemne[2].

En 1951, alors que la SNCASE s'installe à Marignane, elle rappelle Jean Boulet pour le charger des vols de réception des Vampire et Mistral qu'elle produit sous licence. Il effectue d'abord au Centre d'essais en vol un stage sur avion à réaction et obtient le brevet no 12[2] en 1952. Le , chargé pour la réception du Mistral no 98 d'effectuer une série de décrochages, il part dans une vrille incontrôlable et est forcé d'utiliser son siège éjectable. Il est alors le premier pilote français à avoir la vie sauve grâce à cet équipement[1].

Le , il devient chef de base Ă  Buc oĂą est installĂ© le dĂ©partement hĂ©licoptères[1]. Le nouvel hĂ©licoptère SE.3120 Alouette, Ă©quipĂ© d'un moteur Salmson 9NH avait fait son premier vol le [5]. Les dĂ©fauts de jeunesse de l'appareil ont Ă©tĂ© rĂ©solus quand il en prend les commandes le pour un parcours Buc-Étampes-Rambouillet-Buc, qu'il rĂ©alise en un temps record : 1 252,57 km en 13 h 56, soit Ă  la vitesse de 107,19 km/h devenant ainsi dĂ©tenteur de ses premiers records du monde[6]. Il bat alors les records dĂ©tenus jusque-lĂ  par un Sikorsky H-5. En 1954, alors que la SNCASE vient d'obtenir la licence de fabrication du Sikorsky S-55, il s'occupe de l'instruction sur cet appareil en compagnie de GĂ©rard Henry.

Le , Jean Boulet effectue le premier vol de l'hĂ©licoptère Ă  succès que sera l'Alouette II. Jean Boulet et Charles Marchetti enchaĂ®nent alors les essais et le , Jean Boulet atteint 8 209 m au-dessus de Buc[6]. Les essais se poursuivent en haute montagne pour vĂ©rifier le comportement des turbines en atmosphère rarĂ©fiĂ©e en oxygène et en conditions mĂ©tĂ©orologiques difficiles[2]. En 1956, Jean Boulet et Henri Petit sauvent un alpiniste au refuge Vallot Ă  4 362 m. Ils remettent ça l'annĂ©e suivante en participant Ă  l'affaire Vincendon et Henry avec deux Alouette II[7]. Il recevra d'ailleurs la MĂ©daille d’honneur pour acte de courage et de dĂ©vouement pour son action.

En 1957, la SNCASE devient Sud-Aviation et, en 1958, elle crĂ©e une nouvelle version de l'Alouette II, dĂ©signĂ©e SE.3150. Celle-ci, Ă©quipĂ©e d'une turbine Astazou – qui Ă©quipera plus tard l'Alouette III – permet Ă  Jean Boulet de battre de nouveaux records le ; il atteint 10 984 m et bat les records de montĂ©e Ă  3 000 m, 6 000 m et 9 000 m, ce dernier est d'ailleurs toujours d'actualitĂ©[6]. Le , il fait dĂ©coller pour la première fois le prototype de l'Alouette III et en il se rend en Inde avec le second prototype pour le prĂ©senter au gouvernement indien. Il y effectue plusieurs essais et rĂ©alise la performance d'atterrir sur le mont Deo Thiba (6 004 m) dans l'Himalaya avec trois personnes Ă  son bord et 250 kg de matĂ©riel[2].

Après l'Ă©chec du SE.3200 Frelon, Sud-Aviation dĂ©veloppe le SE.3210 Super Frelon. Le , Jean Boulet lui fait faire son premier vol. Le , Jean Boulet accompagnĂ© de Roland Coffignot Ă©tablit deux nouveaux records de vitesse sur un Super Frelon modifiĂ© par l'aĂ©rodynamicien Marcel Riffard[2]. Ils atteignent ainsi 350,47 km/h en ligne droite et 334,28 km/h sur un circuit fermĂ© de 100 km[6]. En , c'est au tour du SA.330 Puma d'effectuer son premier vol entre les mains de Jean Boulet, puis en , du prototype de la Gazelle dĂ©signĂ© SA.340-01. Celui-ci sera bientĂ´t modifiĂ© pour recevoir le fenestron inventĂ© par RenĂ© Mouille[1].

Le , c'est au tour du SA.315 Lama, une Alouette II Ă©quipĂ© entre autres de la turbine et du rotor de l'Alouette III, d'effectuer son premier vol avec Jean Boulet aux commandes. Le , c'est aux commandes d'un Lama spĂ©cialement allĂ©gĂ© (pas de second siège, ni de porte, juste le strict minimum pour piloter) qui Ă©tablit un nouveau record d'altitude Ă  12 442 m, record toujours d'actualitĂ©[6]. Et lors de la descente le moteur s'Ă©teint, il descend alors en autorotation pendant près d'une demi-heure, Ă©tablissant ainsi un nouveau record mais celui-ci ne peut ĂŞtre validĂ© faute d'avoir Ă©tĂ© prĂ©vu[1].

En 1974 et 1976, Jean Boulet change de domaine et essaie des hydroptères, les H 890 et H 891 ; il s'agit de maquettes pour des projets plus lourds. Malgré des essais concluants, le projet est abandonné faute de crédits[1] - [2].

En 1975, il prend sa retraite après avoir effectuĂ© plus de 9 000 heures de vol dont 8 000 sur hĂ©licoptères et la majoritĂ© en essais. Il reste tout de mĂŞme chargĂ© de mission auprès de la direction d'Aerospatiale jusqu’en 1983.

En 1979, il remporte la Coupe Henri-Bories à Deauville avec Dominique Orbec sur Écureuil.

En 1982, ayant pu rencontrer presque tous les pionniers de cette industrie au cours de sa longue carrière et ayant pris des notes de ces conversations, il publie aux éditions France-Empire un livre intitulé L'Histoire de l'hélicoptère racontée par ses pionniers 1907-1956 (publié en anglais chez le même éditeur en 1984).

Il meurt le à 23 h 30 dans sa résidence à Aix-en-Provence à l'âge de 90 ans[1].

DĂ©corations

Tout au long de sa carrière, Jean Boulet a reçu de nombreuses décorations[2] :

Notes et références

  1. Jean-Luc Ganivet, « Jean Boulet n'est plus avec nous », helicopassion.com, (consulté le )
  2. Jean-Marie Potell, « Jean Boulet : Pilote aux 17 records du monde », helico-fascination, (consulté le )
  3. Daniel Liron, « Les hélicoptères français : de la SNCASE à Eurocopter - SNCASE SE 3101 », aerostories.free.fr, (consulté le )
  4. B. Parmentier, « S.N.C.A.N. Nord 1710 », aviafrance,
  5. Pierre Gillard, « Alouette et Lama : Chroniques »,
  6. (en) « History of Records: Jean Boulet », Fédération aéronautique internationale (consulté le )
  7. Jean Boulet, Gérard Henry et Jean-Marie Potelle, « Le Drame Vincendon et Henry », helico-fascination, (consulté le )

Bibliographie

Liens externes

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