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Jean Boiteux

Jean Boiteux, nĂ© le Ă  Marseille et mort le Ă  Bordeaux[3], est un nageur et dirigeant sportif français spĂ©cialiste des Ă©preuves de demi-fond en nage libre dans les annĂ©es 1950. Il est le premier champion olympique français de l'histoire des courses de natation en bassin de 50 m grâce Ă  sa victoire sur 400 m nage libre Ă  Helsinki en 1952[4], l'image de son père Gaston sautant tout habillĂ© et coiffĂ© d'un bĂ©ret dans la piscine d'Helsinki après sa victoire a fait le tour du monde. Jean Boiteux demeure durant cinquante-deux annĂ©es l'unique mĂ©daillĂ© d'or français de la discipline, jusqu'au titre de Laure Manaudou en 2004 Ă  Athènes. Il est par ailleurs le sportif français ayant remportĂ© le plus de titres aux Jeux mĂ©diterranĂ©ens avec Franck Esposito.

Jean Boiteux
Image illustrative de l’article Jean Boiteux
Jean Boiteux en 1952.
Informations
Nages Nage libre
Période active Années 1940 et 1950
Nationalité Française
Naissance
Lieu Marseille, France
Décès
Lieu Bordeaux, France
Club Dauphins du TOEC (1947-55)[1] - [2]
GM Oran (55-56)[1]
JUS Oran (56-58)[1]
Girondins de Bordeaux (58-61)[1]
Entraîneur Alban Minville
Palmarès
Jeux olympiques 1 0 1
Ch. d'Europe grand bassin 0 4 0
Jeux méditerranéens 6 0 2
Ch. de France 21 11 5

Licencié tout jeune au sein du club des Dauphins du Toulouse OEC, il rejoint l'Algérie et plus particulièrement Oran après son titre olympique. Il y représente les clubs de la Glorieuse Marine oranaise et celui de la Joyeuse Union Sportive avant de revenir en métropole où il termine sa carrière avec les Girondins de Bordeaux. Il devient rapidement l'entraîneur de ce club et occupe diverses responsabilités fédérales en Aquitaine. Longtemps directeur technique de la FFN dans cette région, il reste président du club girondin jusqu'à son décès accidentel en 2010.

Biographie

Jeunesse

NĂ© Ă  Marseille le , Jean Boiteux grandit dans une famille oĂą la pratique de la natation sportive relève de la tradition. Son père, Gaston Boiteux, est un ancien spĂ©cialiste des courses de traversĂ©e mais s'illustre Ă©galement en bassin lors des Championnats de France 1921 en remportant la mĂ©daille d'argent du 500 m nage libre pour le Stade toulousain[2] - [5]. Sa mère, Bibienne Pellegry, dite Bienna Pellegry, dispute deux fois les Jeux olympiques en 1924 Ă  Paris et en 1928 Ă  Amsterdam, terminant Ă  chaque fois cinquième au titre du relais 4 Ă— 100 m nage libre fĂ©minin[2]. Entre-temps, elle s'approprie le record de France du 800 m nage libre[5]. Le frère de Bibienne, Salvator Pellegry, participe Ă©galement aux Jeux de 1924 en nageant les sĂ©ries Ă©liminatoires des 400 mètres et 1 500 mètres nage libre. Ă€ La Ciotat, dans la propriĂ©tĂ© agricole oĂą la famille Boiteux Ă©lève quelque 800 porcs, un des trois bassins de rĂ©tention d'eau, de 25 mètres sur 7 mètres, a une double utilitĂ©[6]. Jean — et ses frères et sĹ“ur Robert, Henri et Marie-ThĂ©rèse — y apprennent Ă  nager avant de tous pratiquer ce sport en compĂ©tition[2] - [5] - [6]. Des quatre membres de la fratrie, Jean se rĂ©vèle le plus douĂ©[6]. Durant la Deuxième Guerre mondiale, il passe deux annĂ©es dans un internat au Puy[7].

Conscient des dispositions de son fils — Jean Boiteux est le prototype du nageur moderne avec une taille fine, de longs bras et de grands pieds[8] —, Gaston Boiteux contacte en 1946 Alban Minville, cĂ©lèbre entraĂ®neur d'Alex Jany[9]. Une rencontre a lieu Ă  Marseille en septembre Ă  l'occasion de la « Semaine des Records » durant laquelle Jany bat le record du monde du 200 m sous les yeux d'un Jean Boiteux fascinĂ©[10]. Convaincu, Gaston prend alors la dĂ©cision d'envoyer son fils âgĂ© de quatorze ans Ă©tudier au lycĂ©e Saint-Joseph de Toulouse et de rejoindre l'effectif des Dauphins du TOEC, le meilleur club national dans lequel officie Minville qui prend donc l'adolescent sous son aile dès [2] - [6]. Ce dernier, dĂ©crit Ă  la fois comme autoritaire et protecteur et dont les talents de formateur sont reconnus, a l'habitude de mener de jeunes nageurs au haut niveau[11] - [note 1]. L'un de ses autres Ă©lèves, Alfred Nakache, de dix-sept annĂ©es l'aĂ®nĂ© de Boiteux, joue un rĂ´le similaire auprès de son cadet durant cette pĂ©riode[12]. Deux ans après son arrivĂ©e dans la Haute-Garonne, Jean Boiteux remporte ses premières mĂ©dailles aux Championnats de France 1949. Après s'ĂŞtre illustrĂ© en prenant la troisième place du 100 m nage libre cadets[6], il dispute avec succès des Ă©preuves Ă©lites de relais. Effectuant le parcours de dos, il remporte son premier titre de champion de France lors du relais 3 Ă— 100 m trois nages (dos, brasse ou brasse papillon, et libre) avec ses partenaires de club Nakache et Alex Jany[2]. Ce dernier, dĂ©tenteur de records du monde et multiple mĂ©daillĂ© en championnat international, est l'idole dĂ©clarĂ©e du jeune Jean Boiteux[2]. Dans la piscine parisienne des Tourelles, il ajoute deux autres titres en relais. L'annĂ©e suivante, il est victime d'un accident de ski qui l'empĂŞche de s'entraĂ®ner normalement mais lui permet, ne pouvant se servir de ses jambes un moment, de muscler le haut de son corps et ainsi d'augmenter sa puissance, son point faible jusqu'alors[7]. Quelque temps après, lors des Championnats de France disputĂ©s Ă  Paris, il dĂ©croche deux premiers titres individuels sur 400 et 1 500 m[2], des performances lui permettant d'honorer une première sĂ©lection internationale pour un match France-Angleterre organisĂ© Ă  Exmouth[5]. Peu après, il participe aux Championnats d'Europe Ă  Vienne en Autriche. Il y remporte trois mĂ©dailles d'argent (400 m, 1 500 m, relais 4 Ă— 200 m) prenant entre autres la deuxième place du 400 m nage libre derrière son compatriote Jany qu'il avait pourtant battu aux Championnats de France quelques semaines plus tĂ´t[13] - [14].

En 1951, Jean Boiteux bat plusieurs records chronomĂ©triques. Le , dans le petit bassin du Cercle des nageurs de Marseille, il rĂ©alise un temps de 4 min 33 s 3 sur 400 m nage libre signant ainsi les records de France et d'Europe[13]. Moins d'un mois plus tard, le 2 aoĂ»t, toujours Ă  Marseille, il fait partie du relais 4 Ă— 200 m — avec Joseph Bernardo, Willy Blioch et Alex Jany — qui s'approprie le record du monde en 8 min 33 s contre 8 min 40 s 6 pour le prĂ©cĂ©dent record Ă©tabli quatre mois plus tĂ´t au BrĂ©sil par le Tokyo Swimming Club des Japonais Hironoshin Furuhashi et Shiro Hashizume[13]. Ă”tant sept secondes et six dixièmes au temps de rĂ©fĂ©rence nippon, le relais français se montre constant sous les 2 minutes et 10 secondes par nageur, une moyenne record[15]. En octobre, se tiennent Ă  Alexandrie en Égypte les premiers Jeux mĂ©diterranĂ©ens. Le Français y remporte trois mĂ©dailles d'or en rĂ©alisant le doublĂ© 400–1 500 m nage libre[5] - [14].

Titre olympique Ă  Helsinki

Le stade nautique d'Helsinki, théâtre des épreuves de natation sportive des Jeux olympiques de 1952.

Aux Jeux olympiques de 1952 organisĂ©s Ă  Helsinki en Finlande, la dĂ©lĂ©gation française se prĂ©sente ambitieuse Ă  la suite des nombreux records du monde battus par les nageurs tricolores durant l'olympiade[5]. Vingt ans après la dĂ©cevante mĂ©daille d'argent de Jean Taris aux Jeux d'Amsterdam (deuxième Ă  un dixième du vainqueur), Jean Boiteux reprĂ©sente l'espoir d'un premier titre olympique français dans l'histoire des courses de natation. MalgrĂ© la meilleure performance mondiale de l'annĂ©e sur 400 m, son objectif se veut modeste, uniquement chronomĂ©trique rĂ©vèle-t-il après coup[16]. Quelque temps avant le rendez-vous, Jean Boiteux se distingue en battant six records de France et trois records d'Europe en l'espace d'un mois de dĂ©but juin Ă  dĂ©but juillet, d'oĂą un lĂ©gitime statut de favori sur les Ă©preuves individuelles[17].

Les Boiteux père et fils dans la piscine olympique d'Helsinki.

Mais d'abord alignĂ© au sein du relais 4 Ă— 200 m nage libre avec Aldo Eminente, Joseph Bernardo et Alex Jany, il dĂ©croche la mĂ©daille de bronze Ă  plus de quatorze secondes du quatuor amĂ©ricain vainqueur de la mĂ©daille d'or. En lutte pour cette troisième place avec le relais suĂ©dois, Jean Boiteux est lancĂ© au pied du podium par Jany avec six mètres de retard sur le SuĂ©dois Johansson[18]. Auteur d'un parcours lancĂ© de 2 min 6 s 4, le Français rattrape et dĂ©passe son vis-Ă -vis[18]. Vient ensuite le 400 m nage libre[16]. AisĂ©ment qualifiĂ© pour les demi-finales, le nageur reçoit le conseil de son entraĂ®neur Alban Minville. Ce dernier demande Ă  son Ă©lève de prendre l'avantage psychologique sur l'un de ses principaux adversaires, le SuĂ©dois Per-Olof Ă–strand, en le devançant lors de leur demi-finale commune[16]. Celui-ci venait en effet de clamer son statut de favori après avoir rĂ©alisĂ© le meilleur temps des sĂ©ries, record olympique Ă  la clĂ©[19]. Jean Boiteux s'exĂ©cute en la remportant en 4 min 33 s 1 contre 4 min 33 s 6 pour le SuĂ©dois[16], amĂ©liorant de plus de cinq secondes le record olympique et approchant d'un dixième de seconde le meilleur temps mondial du Japonais Hironoshin Furuhashi sur la distance, datant de 1949[5]. La finale a lieu le avec sept concurrents : le SuĂ©dois Ă–strand, les AmĂ©ricains Ford Konno, Wayne Moore, James McLane, le Japonais Furuhashi, le Sud-Africain Peter Duncan et le Britannique John Wardrop[20]. Jean Boiteux est lui plus que jamais favori d'une finale stratĂ©giquement prĂ©parĂ©e par Alban Minville[9].

Jean Boiteux sur le podium du 400 m nage libre, 1952 (JO).

Suivant les consignes de son entraĂ®neur, le nageur français dĂ©marre l'Ă©preuve tranquillement sur les 200 premiers mètres faisant course Ă©gale avec Konno, Ă–strand suivant un mètre derrière[20] - [9]. Passant en tĂŞte au virage, il accĂ©lère comme convenu durant les cinquième et sixième longueurs de bassin afin d'user l'AmĂ©ricain et de faire craquer le SuĂ©dois[9]. Fameux pour ses retours en fin de course, l'HawaĂŻen Konno actionne son effort dans les 50 derniers mètres, insuffisant toutefois pour rattraper Boiteux qui remporte la course, tandis qu'Ă–strand termine Ă©puisĂ© Ă  plus de quatre secondes du duo[9] - [20]. Avec un temps de 4 min 30 s 7, Jean Boiteux rĂ©alise le nouveau record olympique de la distance[20], ainsi que la meilleure performance mondiale en grand bassin, non reconnue toutefois comme Ă©tant le nouveau record du monde[note 2]. Ă€ peine la course finie, son père se jette Ă  l'eau entièrement habillĂ© et bĂ©ret sur la tĂŞte pour l'embrasser et le fĂ©liciter alors que les autres nageurs terminent leur course[16]. Son père avait en effet pariĂ© avec un photographe qu'il plongerait de la sorte dans la piscine en cas de victoire[16]. Les clichĂ©s photographiques de cette scène sont parmi les plus mĂ©morables de l'histoire de la natation et font la une de la plupart des quotidiens le lendemain[9] - [21] - [22] - [note 3] ; sponsor olympique, Coca-Cola demandera mĂŞme Ă  utiliser cette scène dans un spot publicitaire plus tard[23]. De mĂŞme, en 2000, le MusĂ©e olympique prĂ©sente un clichĂ© de cette scène durant l'exposition « Cent photos pour un siècle de sport »[24]. Dès le lendemain, Jean Boiteux dispute sans succès les sĂ©ries Ă©liminatoires du 1 500 m nage libre, une vĂ©ritable dĂ©ception avoue-t-il après car, plus que le 400 m, il avait avant tout prĂ©parĂ© cette course[6]. Ayant choisi de s'Ă©conomiser mais aussi « dĂ©concentrĂ© » par sa mĂ©daille d'or, il remporte sa sĂ©rie avec aisance mais ne rĂ©alise que le neuvième temps global et ne peut donc accĂ©der Ă  la finale que disputent les huit meilleurs temps[5] - [6] - [7] - [25]. Après cette Ă©limination, il refuse la proposition de son compatriote Bernardo, qualifiĂ© lui pour la finale, qui souhaite alors lui cĂ©der sa place[7]. Ford Konno en profite donc pour remporter la course, sa troisième mĂ©daille et son premier titre individuel. Le titre olympique vaut Ă  Jean Boiteux d'ĂŞtre invitĂ© Ă  l'ÉlysĂ©e par le prĂ©sident de la RĂ©publique Vincent Auriol et d'ĂŞtre sacrĂ© Ă  la fin de l'annĂ©e Champions des champions français par le quotidien sportif L'Équipe[13].

Suite et fin de carrière

Durant l'annĂ©e 1953, Jean Boiteux dĂ©cide de prendre du recul avec le sport en prenant une annĂ©e sabbatique[26]. Avant son retour l'annĂ©e suivante, il Ă©pouse une femme elle aussi nageuse mais se fâche avec son père[27] - [28]. En 1955, il quitte la mĂ©tropole pour rejoindre l'AlgĂ©rie, Ă  Oran, y effectuer son service militaire tout en reprĂ©sentant le club de la Grand Marine oranaise Ă  partir des « France » 1955[8] - [26]. Ces Ă©vĂ©nements influencent grandement les performances du nageur et l'Ă©loignent progressivement du niveau qu'Ă©tait le sien en 1952[8]. Ainsi, deux ans après son titre olympique, lors des Championnats d'Europe 1954 se tenant Ă  Turin, il ne remporte qu'une seule mĂ©daille au titre du relais français 4 Ă— 200 m nage libre, battu par le quatuor hongrois. En individuel, loin de la forme qui lui avait permis de triompher en Finlande, il termine cinquième de la finale du 400 m nage libre Ă  plus de deux secondes du podium et quatre de la victoire[29]. Il justifie alors son Ă©chec en arguant s'ĂŞtre disputĂ© avec un juge avant la course[26]. En , Ă  Bellerive-sur-Allier, il est battu pour la première fois sur 400 m nage libre aux Championnats de France, par Guy Montserret, sociĂ©taire de l'UNI Constantine[30]. Il s'impose cependant sur la distance infĂ©rieure. Un mois plus tĂ´t, il avait remportĂ© trois mĂ©dailles aux IIes Jeux mĂ©diterranĂ©ens disputĂ©s Ă  Barcelone, gagnant le 400, le 1 500 et le relais 4 Ă— 200 m nage libre[5] - [29].

DĂ©but , après qu'il a quittĂ© le GM Oran pour le JUS Oran[26], les Championnats de France servent d'Ă©preuves sĂ©lectives pour dĂ©signer les membres de la dĂ©lĂ©gation française en partance pour les Jeux olympiques prĂ©vus en dĂ©cembre Ă  Melbourne en Australie[31]. Théâtre de ces sĂ©lections olympiques, la piscine des Tourelles est rĂ©novĂ©e est rebaptisĂ©e en l'honneur de Georges Vallerey, ancien Ă©quipier de Boiteux Ă  Toulouse, dĂ©cĂ©dĂ© des suites d'une maladie deux ans plus tĂ´t[31]. Jean Boiteux y signe un probant triplĂ© 200–400–1 500 m nage libre, battant au passage le record de France du 200 m mais surtout le record d'Europe du 1 500 m[5]. Une semaine après ces championnats, il amĂ©liore le record d'Europe du 400 m nage libre Ă  Marseille[5]. Pour autant, et puisque le 200 m ne figure pas au programme olympique, le Français se prĂ©sente en Australie avec de maigres espoirs de succès car la natation australienne se rĂ©vèle au meilleur niveau de performances en cette annĂ©e 1956[32]. Preuve en est son Ă©limination prĂ©maturĂ©e en sĂ©ries du 400 m nage libre olympique Ă  Melbourne, et donc l'impossibilitĂ© de dĂ©fendre son titre olympique. Auteur d'un temps de 4 min 37 s 9, un chrono largement suffisant pour passer en finale en 1952, Boiteux ne se positionne qu'au neuvième rang global et ne participe donc pas Ă  la finale[5]. Celle-ci est facilement remportĂ©e par l'Australien Murray Rose qui, en 4 min 27 s 3, bat le record du monde officiel et subtilise le record olympique au nageur français, alors ancien record du monde officieux en grand bassin[32] - [33]. Sur 1 500 m, Jean Boiteux est le seul EuropĂ©en rĂ©ussissant Ă  atteindre la finale. Mais il ne termine que sixième de celle-ci dans un temps bien supĂ©rieur Ă  son record d'Europe qui ne pouvait de toute façon pas rivaliser avec les temps des trois premiers de cette course, en tĂŞte desquels Murray Rose dĂ©croche un troisième titre olympique.

Doublement battu aux Championnats de France 1957 par Guy Montserret[5] - [34], Jean Boiteux retrouve le succès au niveau national l'annĂ©e suivante en rĂ©alisant pour la troisième fois de sa carrière le triplĂ© 200–400–1 500 m, bien loin cependant des meilleurs temps mondiaux. Il remporte Ă  cette occasion les derniers titres de champion de France de sa carrière. Il monte pour la dernière fois sur un podium en 1961 en prenant la troisième place du 200 m papillon[5]. L'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, en 1960, il participe pour la troisième fois aux Jeux olympiques Ă  Rome. Seulement alignĂ© au sein du relais 4 Ă— 200 m, il est Ă©liminĂ© en rĂ©alisant avec ses partenaires le douzième temps des sĂ©ries. Il se retire des bassins en 1961 après une ultime mĂ©daille individuelle aux Championnats de France sur 200 m papillon[26].

Reconversion

À son retour d'Algérie et avant les Jeux olympiques de 1956, Jean Boiteux prépare sa reconversion en réclamant une activité professionnelle aux autorités fédérales[8]. L'année suivante, il est nommé Conseiller technique régional (CTR) auprès de la Fédération française en région Aquitaine, poste qu'il occupe jusqu'à sa retraite[8]. Dans les années 1980, il assure dix années durant des responsabilités syndicales en présidant le Syndicat national des activités physiques et sportives (SNAPS)[7] - [23]. Actif au niveau fédéral, il se présente sans succès à la présidence de la FFN en 1995 afin d'empêcher la destruction de la Piscine du Grand-Parc où s'entraîne son club[23]. Parallèlement, il intervient régulièrement dans les colonnes du quotidien régional Sud Ouest en qualité de consultant mais aussi de pigiste[23].

Pratiquant le water-polo dans les dernières annĂ©es de sa carrière sportive, il fait quelques infidĂ©litĂ©s remarquĂ©es Ă  sa retraite en nageant par exemple en 1987, Ă  54 ans, le relais 10 Ă— 100 m des Championnats de France Ă  la suite du forfait de dernière minute d'un nageur de son club des Girondins de Bordeaux (il rĂ©alise alors 1 min 11 s 8 au 100 m lancĂ©[13]). De mĂŞme, en 2006, Ă  73 ans, il participe Ă  un relais 100 Ă— 100 m organisĂ© par le club rival de la citĂ© bordelaise, l'Union Saint-Bruno[35]. Longtemps entraĂ®neur de la section natation des Girondins de Bordeaux, il en devient le prĂ©sident en 1998[13]. Toujours dans la rĂ©gion bordelaise, il crĂ©e et organise le Grand Prix de Bordeaux dès 1973[36] - [37], et demeure jusqu'Ă  son dĂ©cès Ă©ducateur et entraĂ®neur dans les sections d'enfants au sein des Girondins qu'il prĂ©side Ă©galement jusqu'Ă  son dĂ©cès[35]. Fait officier de la LĂ©gion d'honneur en 1996[38], il est aussi dĂ©signĂ© Champions des champions français par le quotidien L'Équipe en 1952 après son titre olympique. Il a Ă©galement le titre de « Gloire du sport » attribuĂ© par la FĂ©dĂ©ration des internationaux du sport français[7]. Enfin, en 1982, l'International Swimming Hall of Fame, l'intègre Ă  son panthĂ©on de la natation mondiale[39] - [40].

Le , à deux jours du début des Championnats de France, il décède accidentellement en chutant d'une échelle dans le quartier de Caudéran à Bordeaux où il réside. Plusieurs hommages lui sont rendus durant les jours suivants[41]. Il avait 76 ans, était marié et père de deux enfants. Il est inhumé dans le caveau familial au cimetière Sainte-Croix de La Ciotat.

Palmarès

Jeux olympiques

En trois participations aux Jeux olympiques d'Ă©tĂ©, Jean Boiteux a remportĂ© deux mĂ©dailles dont une en or. SacrĂ© en 1952 Ă  Helsinki sur 400 m nage libre, il devient le premier champion olympique de l'histoire de la natation de course française. Il demeure jusqu'en 2004, et la victoire de Laure Manaudou sur 400 m nage libre Ă  Athènes, l'unique champion olympique français dans cette discipline. Quatre ans plus tard, en 2008 Ă  PĂ©kin, il est rejoint au palmarès masculin par Alain Bernard titrĂ© sur 100 m nage libre.

Épreuve / Édition Helsinki 1952 Melbourne 1956 Rome 1960
400 m nage libreOr
4 min 30 s 7 – RO
9e des séries
4 min 37 s 9
—
1 500 m nage libre9e temps des sĂ©ries
19 min 12 s 3
6e
19 min 38 s 3
—
4 Ă— 200 m nage libreBronze
8 min 45 s 9
9e des séries
8 min 56 s 5
9e des séries
8 min 41 s 2

Championnats d'Europe et Jeux méditerranéens

En deux participations aux Championnats d'Europe, Jean Boiteux n'a pas remporté la moindre médaille d'or mais a décroché quatre médailles d'argent dont deux en épreuve individuelle. Ayant par ailleurs participé aux trois premières éditions des Jeux méditerranéens, il compte dans cette compétition huit médailles, six en or dont quatre en individuel.

Épreuve / Édition Championnats d'Europe Jeux méditerranéens
Vienne 1950 Turin 1954 Alexandrie 1951 Barcelone 1955 Beyrouth 1959
100 m nage libre——Bronze
1 min
——
400 m nage libreArgent
4 min 50 s 1
5e
4 min 43 s 2
Or
4 min 47 s 50
Or
4 min 42 s 2
4e
4 min 49 s
1 500 m nage libreArgent
19 min 48 s 5
—Or
19 min 32 s 9
Or
19 min 14 s 1
—
4 Ă— 200 m nage libreArgent
9 min 10 s
Argent
8 min 54 s 1
Or
9 min 5 s 2
Or
9 min 3 s 8
Bronze
9 min 9 s 7

Championnats de France

Jean Boiteux a été médaillé aux Championnats de France de natation en grand bassin à 37 reprises lors de douze différentes éditions entre 1949 et 1961. Il compte en tout et pour tout 21 titres dont 15 remportés dans des épreuves individuelles[5] - [42].

Édition / Épreuve Nage libre Papillon Medley
100 m 200 m 400 m 1 500 m 4 Ă— 200 m 10 Ă— 100 m 200 m 3 Ă— 100 m
1949
Paris
————Or
9 min 33 s 2
Or
10 min 49 s 8
—Or
3 min 29 s 3
1950
Paris
—BronzeOr
4 min 49 s 8
Or
20 min 3 s 2
Or
9 min 27 s 8
Argent—Or
3 min 30 s
1951
Bordeaux
—Or
2 min 10 s 5
Or
4 min 41 s 2
Or
19 min 47 s
—Argent——
1952
Paris
BronzeOr
2 min 10 s 8
Or
4 min 51 s 8
ArgentOr
9 min 31 s 4
Bronze—Argent
1954
Paris
—ArgentOr
4 min 50 s 1
Argent————
1955
Bellerive-sur-Allier
—Or
2 min 11 s 2
Argent
4 min 42 s 6[30]
—————
1956
Paris
—Or
2 min 8 s 3 – RF
Or
4 min 41 s 7
Or
18 min 25 s 2 – RE
————
1957
Paris
——ArgentArgent————
1958
Paris
—Or
2 min 11 s
Or
4 min 41 s 8
Or
19 min 10 s 7
————
1959
Alger
—ArgentArgent—————
1960
Paris
—Bronze——————
1961
Paris
——————Bronze—

Records

Record du monde

Jean Boiteux n'a battu qu'un record du monde reconnu par la FĂ©dĂ©ration internationale. Le , dans le bassin d'eau de mer de 25 mètres du club du Cercle des nageurs de Marseille, il fait partie du relais 4 Ă— 200 m nage libre français qui bat le record du monde en 8 min 33 s[5] - [13] - [15]. Le quatuor, composĂ© outre Boiteux de Joseph Bernardo, de Willy Blioch et Alex Jany, enlève sept secondes et six dixièmes au prĂ©cĂ©dent record Ă©tabli le Ă  MarĂ­lia par les Japonais du Tokyo Swimming Club, Ă©galement dans un bassin de 25 mètres[15]. Le temps français est battu le par le relais de l'universitĂ© Yale qui, dans son bassin de 25 mètres de New Haven, rĂ©alise un temps de 8 min 29 s 4[15].

Bien qu'Ă©tant le temps le plus rapide de l'histoire en bassin de 50 mètres, les 4 min 30 s 7 rĂ©alisĂ©es en finale du 400 mètres nage libre lors des Jeux olympiques de 1952 Ă  Helsinki ne peuvent constituer un record du monde. En effet, il faut attendre 1957 pour que les performances en petit et en grand bassin soient considĂ©rĂ©es diffĂ©remment pour Ă©tablir les tableaux de records. Ainsi, Ă  l'Ă©poque de la performance d'Helsinki, c'est l'Australien John Marshall qui dĂ©tient le record du monde officiel en 4 min 26 s 9, une performance rĂ©alisĂ©e le dans un bassin de 25 yards[43]. Record du monde officieux en grand bassin, le temps de Boiteux est lui qualifiĂ© de « meilleure performance mondiale en grand bassin »[20].

Records d'Europe

Considérant le record du monde du relais 4 × 200 m nage libre comme étant également le temps de référence européen, Jean Boiteux a battu dix records d'Europe durant sa carrière dont neuf dans des épreuves individuelles[44] - [45].

Records d'Europe individuels
Épreuve Temps Information / Compétition Lieu Date
400 m nage libre 4 min 33 s 3 Bassin de 25 mètres Marseille, France
4 min 32 s 6 Bassin de 25 mètres Toulouse, France
4 min 30 s 7 Jeux olympiques de 1952
(bassin de 50 mètres)
Helsinki, Finlande
4 min 29 s Bassin de 25 mètres Marseille, France
500 m nage libre 5 min 46 s 10 Piscine Georges Louis[46] Casablanca, Maroc
800 m nage libre 9 min 38 s 2 Toulouse, France
1 500 m nage libre 19 min 7 s 8 Duel France-Yougoslavie Paris, France
18 min 40 s 8 Toulouse, France
18 min 25 s 2 Championnats de France 1956 Paris, France

Records de France

Considérant les records du monde et d'Europe battus par Jean Boiteux comme étant également des temps de référence nationaux, le nageur français a battu au moins treize records de France listés ci-dessous[45].

Records de France individuels
Épreuve Temps Information / Compétition Lieu Date
200 m nage libre 2 min 8 s 3 Championnats de France Paris, France
400 m nage libre 4 min 33 s 3 Bassin de 25 mètres Marseille, France
4 min 32 s 6 Bassin de 25 mètres Toulouse, France
4 min 30 s 7 Jeux olympiques de 1952 (bassin de 50 mètres) Helsinki, Finlande
4 min 29 s Bassin de 25 mètres Marseille, France
500 m nage libre 5 min 52 s 20 Marseille, France
5 min 46 s 10 Piscine Georges Louis[46] Casablanca, Maroc
800 m nage libre 10 min 5 s 9 Duel France-Yougoslavie Paris, France
9 min 51 s 5 Toulouse, France
9 min 38 s 2 Toulouse, France
1 500 m nage libre 19 min 7 s 8 Duel France-Yougoslavie Paris, France
18 min 40 s 8 Toulouse, France
18 min 25 s 2 Championnats de France 1956 Paris, France

Hommages posthumes

Son nom a été donné à six piscines en France :

Son nom a aussi été attribué à une rue de Champcevinel, et à une allée de Périgueux. Stade Jean Boiteux à Aubagne


Notes et références

Notes

  1. Une relation plus filiale entre Alfred Nakache et Alban Minville est décrite dans l'ouvrage Alfred Nakache, le nageur d'Auschwitz de Denis Baud.
  2. Ă€ l'Ă©poque, la FINA reconnaissait les records en petit bassin et l'Australien John Marshall avait rĂ©alisĂ© un temps de 4 min 26 s 9 en petit bassin. L'Australien Ă©tait donc considĂ©rĂ© comme le dĂ©tenteur du record du monde sur 400 m nage libre.
  3. À titre d'exemple, le , le quotidien sportif français L'Équipe fait de l'événement sa une avec le titre « Jean Boiteux, l'incomparable triomphe ».

Références

  1. François Oppenheim, Histoire de la natation mondiale et française, Paris, Chiron, 1977, page 350. (ISBN 2-7027-0265-1)
  2. Gilles Navarro et Sophie Kamoun, 100 ans de natation française, Anglet, Atlantica, 2003, page 42. (ISBN 2-8439-4573-9)
  3. « Natation : décès de Jean Boiteux, premier champion olympique français », sur lemonde.fr, avec AFP, 12 avril 2010. Consulté le 15 avril 2010.
  4. CIO, « Jean Boiteux, le premier champion olympique français de natation », sur International Olympic Committee (consulté le )
  5. [PDF] Marc Planche, « Disparition brutale de Jean Boiteux »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur ffnatation.fr, 13 avril 2010. Consulté le 15 avril 2010.
  6. Michel Dalloni, « Destin olympique - 1952 à Helsinki, Jean Boiteux entend un énorme « plouf ! » », Le Monde, 2 octobre 2000.
  7. Éric Lahmy, « À jamais le premier », L'Équipe, 13 avril 2010, page 11.
  8. Michel Fradet, « Jean Boiteux, militant nautique », sur sudouest.fr, 13 avril 2010. Consulté le 16 avril 2010.
  9. François Oppenheim, Des nageurs et des records, histoire des courses de natation, Paris, La Table ronde, 1961, pages 148-150.
  10. Jean-Louis Meyer, Dieux et déesses de la natation mondiale au cours du XXe siècle, Anglet, Atlantica, 2005, pages 67-68. (ISBN 2-84394-867-3)
  11. Denis Baud, Alfred Nakache, le nageur d'Auschwitz, Portet-sur-Garonne, Loubatières, 2009, pages 46-47. (ISBN 978-2-86266-591-7)
  12. Denis Baud, op. cit., page 118.
  13. Gilles Navarro et Sophie Kamoun, op. cit., page 43.
  14. François Oppenheim (1961), op. cit., page 146.
  15. François Oppenheim (1961), op.cit., page 145.
  16. Gilles Navarro et Sophie Kamoun, op. cit., page 44.
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  18. François Oppenheim (1961), op. cit., page 153.
  19. François Oppenheim (1961), op. cit., pages 148-150.
  20. Gilles Navarro et Sophie Kamoun, op. cit., page 45.
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  22. (es) Guillem Alsina, « Juegos Olímpicos. Helsinki 1952 », sur notinat.com.es, 1er juillet 2007. Consulté le 30 avril 2010.
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  30. « Rétro : Bellerive 1955 : cure de Vichy », sur liveffn.com, 2001. Consulté le 16 avril 2010.
  31. « Rétro : 1956, Tourelles rénovées et rebaptisées », sur liveffn.com, 2001. Consulté le 16 avril 2010.
  32. François Oppenheim (1961), op. cit., page 167.
  33. François Oppenheim (1961), op. cit., page 169.
  34. « Rétro : 1957, Renouvellement partiel des cadres », sur liveffn.com, 2001. Consulté le 16 avril 2010.
  35. Hervé Maturin, « Jean Boiteux incarnait la natation girondine », sur sudouest.fr, 13 avril 2010. Consulté le 16 avril 2010.
  36. Michel Fradet, « Une belle vague bleue », Sud Ouest, 8 février 2008.
  37. Historique du Grand Prix de Bordeaux, sur girondins-natation.info. Consulté le 16 avril 2010.
  38. « Horizons, Légion d'honneur », Le Monde, 17 juillet 1996.
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  41. « Disparition de Jean Boiteux, premier champion olympique français de natation », Associated Press, sur yahoo.com, 12 avril 2010. Consulté le 16 avril 2010.
  42. Gilles Navarro et Sophie Kamoun, op. cit, page 130.
  43. François Oppenheim (1961), op. cit., page 143.
  44. Gilles Navarro et Sophie Kamoun, op. cit., pages 118-119.
  45. [PDF] Palmarès de Jean Boiteux, sur girondins-natation.com. Consulté le 23 avril 2010.
  46. (es) « Jean Boiteux ha batido el record de Europa de los 500 metros », El Mundo Deportivo, 27 septembre 1952, page 1 (lire en ligne).
  47. « Attribution de la dénomination « Jean Boiteux » à une piscine municipale du 12e arrondissement parisien. ».

Annexes

Bibliographie

Cette bibliographie liste les ouvrages généraux utilisés pour la rédaction de l'article.

  • François Oppenheim, Des nageurs et des records – Histoire des courses de natation, Paris, La Table Ronde, , 312 p.
  • François Oppenheim, Histoire de la natation mondiale et française : depuis les origines, du sprint au marathon, Paris, Chiron, , 350 p. (ISBN 2-7027-0265-1)
  • Jean-Louis Meyer, Dieux et dĂ©esses de la natation mondiale au cours du XXe siècle, Anglet, Atlantica, , 520 p. (ISBN 2-84394-867-3)
  • Gilles Navarro et Sophie Kamoun, 100 ans de natation française, Anglet, Atlantica, , 144 p. (ISBN 2-84394-573-9)

Liens externes

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