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Georges Vallerey (1927-1954)

Georges Vallerey est un nageur français né le à Amiens et mort le à Casablanca. Membre d'une famille de nageurs, il commence la compétition en 1943, peu de temps après avoir été décoré de la croix de guerre pour avoir sauvé des marins français de la noyade. En 1945, il bat les records d'Europe des 100 et 200 m dos. Au total, durant sa carrière sportive, entre 1945 et 1949, il s'adjuge sept records d'Europe. En 1946, il devient recordman du monde du 3 × 100 m trois nages, puis des 4 × 100 NL et 4 × 200 NL. Aux Jeux olympiques d'été de 1948, il remporte le bronze sur 100 dos. Il est alors repéré par un entraîneur américain, mais il préfère rester en France. En 1950, il est atteint d'une néphrite qui lui interdit la pratique de la natation. Après quatre ans de traitements très douloureux, il meurt à Casablanca.

Georges Vallerey
Informations
Nages Dos
Période active années 1940
Nationalité Française
Naissance
Lieu Amiens (France)
Décès
Lieu Casablanca (Maroc)
Club Dauphins du TOEC, Club de la Plage de l'Isle-Adam
Palmarès
Jeux olympiques 0 0 1
Ch. d'Europe grand bassin 1 1 0

Biographie

Georges-Urbain Vallerey, surnommĂ© « Yoyo Â» naĂ®t le Ă  Amiens. Il est le second fils d'une famille de six enfants. Sa famille est très liĂ©e et au milieu militaire et Ă  la natation. Un de ses grands-pères Ă©tait colonel et commandeur de la LĂ©gion d'honneur. Son père, dont il porte le prĂ©nom, Georges Vallerey, a nagĂ© le 200 m brasse aux Jeux olympiques d'Ă©tĂ© de 1924. Son frère Jehan est champion de France du 400 NL et du 1 500 NL en 1946. Il en dĂ©tient aussi un temps le record d'Europe, de France et d'Afrique du Nord. Sa sĹ“ur Gisèle nage aux Jeux olympiques d'Ă©tĂ© de 1948 ; en 1950, elle bat mĂŞme le record du monde du 100 brasse, mais en utilisant le papillon (la FINA n'ayant pas encore distinguĂ© les deux nages)[1] - [2].

En 1932, la famille Vallerey déménage à Casablanca. Il est initié à la natation par son père dans les eaux du port. En 1936, il s'entraîne au club de Rabat, créé par son père. Il pratique aussi le tennis à l'Union sportive musulmane de Casablanca où il rencontre Marcel Cerdan[3].

Lors du dĂ©barquement amĂ©ricain Ă  Casablanca, le , les combats sont acharnĂ©s entre les forces amĂ©ricaines et les troupes fidèles Ă  Vichy. Les navires français ne sont pas de taille Ă  rĂ©sister aux bombardements de la flotte alliĂ©e. Georges « Yoyo Â», âgĂ© de 14 ans, et un de ses amis, Robert GuĂ©net sont allĂ©s assister aux combats quand Georges se rend compte que les marins français ne savent pas nager et que leurs navires coulent. Les deux adolescents se dĂ©shabillent et se jettent Ă  l'eau, recouverte de mazout en feu, et oĂą tombent balles et obus. Ils doivent souvent la vie au rĂ©flexe de nager sous la surface. Ils font un va-et-vient entre les navires et la cĂ´te (entre 300 et 500 mètres) pour ramener le plus de marins possible. Georges rĂ©ussit mĂŞme Ă  amener une barque jusqu'Ă  un navire en feu. Cependant, les deux adolescents se contentent de rentrer chez eux le soir. Ils sont reconnus plus tard par des marins rescapĂ©s. Six mois plus tard, les deux adolescents sont dĂ©corĂ©s de la croix de guerre, avec Étoile de bronze, et citĂ©s Ă  l'ordre du rĂ©giment par Charles Noguès, rĂ©sident gĂ©nĂ©ral de France au Maroc. Selon la tante de Georges Vallerey, AndrĂ©e-Marie Legangneux, il aurait sauvĂ© une cinquantaine de marins, mais la citation ne lui en accorde que dix[4]. En 1944, Georges « Yoyo Â» s'engage dans l'aviation et s'entraĂ®ne au vol libre Ă  Mostaganem. Cependant, la guerre se termine avant qu'il puisse rejoindre le théâtre d'opĂ©rations du Pacifique comme il l'espĂ©rait[3].

En 1946, Ă  Tunis, les Vallerey rencontrent M. Ders, le prĂ©sident des Dauphins du TOEC, alors entraĂ®nĂ© par Alban Minville qui a fait du club toulousain le meilleur de France, avec ses nouvelles techniques. M. Ders rĂ©ussit Ă  convaincre les deux fils aĂ®nĂ©s Vallerey de rejoindre son club. Jehan et Georges « Yoyo Â» s'y installent en 1946 et sont rejoints par le reste de la famille en 1947. Cependant, il y a des dissensions entre les nageurs et leur entraĂ®neur. Après les JO de 1948, la famille retourne Ă  Casablanca tandis que Georges « Yoyo Â» rejoint le Club de la Plage de l'Isle-Adam. Il a refusĂ© d'aller s'entraĂ®ner aux États-Unis, Ă  la demande de Bob Kiputh (en), l'entraĂ®neur de Yale. Pour vivre, Georges Vallerey monte un commerce de chemises près de la gare Montparnasse[3].

En 1949, Georges Vallerey est le héros d'un documentaire de 22 minutes de Julien Duvivier, Au Royaume des eaux, qui sert de première partie pour la projection au Grand Rex de Au royaume des cieux. Il est filmé à l'entraînement, puis poursuivi par une douzaine d'admiratrices à qui il n'échappe qu'en plongeant du haut d'un pont. Il s'agit d'un clin d'œil à l'immense succès du nageur auprès des jeunes femmes, principalement les nageuses, qu'il séduit sans vergogne, même lors des compétitions internationales[5].

En , lors d'un entraĂ®nement, Georges Vallerey souffre des deux jambes, gonflĂ©es par un Ĺ“dème. Le diagnostic, une nĂ©phrite, lui interdit immĂ©diatement et dĂ©finitivement toute pratique de la natation. Un rĂ©gime très strict lui est prescrit. Il rentre au Maroc en octobre. L'aggravation de son Ă©tat amène Ă  penser Ă  une insuffisance rĂ©nale grave. Il supporte mal d'ĂŞtre clouĂ© au lit et de subir lymphangites et phlĂ©bites Ă  rĂ©pĂ©tition. En 1952, il reprend contact avec Bob Kiputh, puis avec le prĂ©sident de la fĂ©dĂ©ration amĂ©ricaine de natation. Il espère que des mĂ©decins amĂ©ricains pourraient le soigner. Il ne peut finalement traverser l'Atlantique. En , un rebouteux d'Arras rĂ©ussit, temporairement Ă  le remettre sur pied. Georges Vallerey consulte alors toutes sortes d'autres herboristes ou chiropracteurs, lui coĂ»tant très cher. Des souscriptions et galas de bienfaisance sont organisĂ©s en France et au Maroc. Ainsi, Gilbert Bozon organise une rencontre de natation le ; elle rapporte 120 000 Francs. L'argent rĂ©coltĂ© permet Ă  Georges Vallerey d'aller se faire soigner en Suisse Ă  partir de . Son traitement est une alternance de jeĂ»nes et de lavements. Il en sort très affaibli, mais il continue Ă  grossir et Ă  enfler. Le traitement suisse lui coĂ»tant trop cher, il doit rentrer en France en septembre. Un Ĺ“dème aux yeux lui fait alors perdre la vue. En , Ă  Lyon, 40 litres d'eau lui sont ponctionnĂ©s : il redescend alors Ă  110 kg et retrouve en partie la vue. DĂ©but 1954, le traitement lyonnais le ramène Ă  67 kg. Une nouvelle souscription Ă  l'initiative de L'Équipe et une nouvelle rencontre de natation permettent de financer les traitements. Cependant, en juillet, son taux d'urĂ©e atteignant 1,9 g/l de sang, il est condamnĂ© Ă  très court terme. Il rentre au Maroc et meurt Ă  Casablanca, le lundi . Il est inhumĂ© dans le cimetière d'El-Hank Ă  Casablanca[6].

Carrière sportive

La carrière sportive de Georges Vallerey débute réellement en 1943. Cette année-là, il devient recordman d'Afrique toutes catégories du 100 dos, lors des championnats d'Afrique du Nord[4]. Après sa période militaire, il revient à la compétition en 1945. Il bat d'abord le record d'Afrique du Nord du 400 NL détenu par son frère. Le , il bat un record d'Europe sur 200 m dos[7]. Deux semaines plus tard, il bat celui du 100 dos. De 1945 à 1949, il bat un total de sept records d'Europe[8]. Sous les couleurs du club de Rabat, Georges Vallerey se rend à Paris, aux Tourelles, pour disputer les championnats de France de natation de 1945, où il remporte son premier titre sur 100 m dos. Il est alors demandé par de nombreux clubs qui veulent profiter de sa réputation pour se faire connaître. Il effectue une tournée d'exhibitions de deux mois et demi à travers la France. Il entre en équipe de France (la première de ses quatorze sélections) et participe au Grand Prix de la Libération[3] - [8].

Dès l'année suivante, mais sous les couleurs des Dauphins du TOEC, le , à Toulouse, Georges, Alfred Nakache et Alex Jany établissent le record du monde du 3 × 100 m 3 nages (dos, brasse, crawl). Cette nouvelle marque mondiale ne passe pas l'été car la même équipe porte la barre encore plus haute pour la franchir avec succès, le à Marseille[8] - [9]. Dans les semaines qui suivent, avec le frère de Georges, à Cannes, le trio bat le record du monde du 4 × 200 NL ; puis, Georges et Jehan Vallerey avec Alex Jany et Charles Babey, battent le record du 4 × 100 NL. Georges Vallerey bat ensuite son propre record d'Europe du 100 dos en 1 minute 5 secondes et 2/10e. Il termine la saison 1946 avec un titre lors du championnat d'Angleterre et du championnat d'Égypte[8].

En 1947, Georges Vallerey est sélectionné dans l'équipe de France de water-polo masculin. Il y est sélectionné au total quatre fois. Cette même année 1947, il remporte le titre européen sur 100 dos à Monaco[8].

Aux Jeux olympiques de 1948 à Londres, pour lesquels il est considéré comme l'une des rares chances de médaille françaises, Georges Vallerey gagne la médaille de bronze sur 100 m dos (la seule médaille olympique française en individuel). En 1949, il bat une dernière fois son propre record d'Europe du 100 dos, en 1 minute 3 secondes et 8/10e lors d'une tournée au Maroc[8].

Postérité

Plusieurs lieux et établissements portent aujourd'hui son nom, comme la piscine Georges-Vallerey[10], dans le 20e arrondissement de Paris, la piscine Georges-Vallerey à Amiens, les rues Georges-Vallerey, à Berlin[11], à Champagnole[12], à Cholet ou à Créteil[13].

Il intègre l'International Swimming Hall of Fame en 2017.

Anecdotes

Alors âgĂ© de onze ans seulement, Georges Vallerey sauve une jeune fille de la noyade. Cette mĂŞme annĂ©e 1938, un SuĂ©dois tĂ©moigne son enthousiasme devant les prouesses nautiques du jeune Georges en criant « vas-y Yoyo ! Â». Ce surnom ne le quitte plus[14]. Éclectique dans sa pratique sportive, Yoyo pratique aussi le plongeon.

Notes et références

  1. Terret 2012, p. 411-412
  2. « DĂ©cès de Gisèle Vallerey Â», La Provence, Ă©d. Aix-en-Provence, 30 septembre 2010, p. 26.
  3. Terret 2012, p. 412
  4. Terret 2012, p. 413
  5. Terret 2012, p. 418
  6. Terret 2012, p. 412-416
  7. avec le chrono suivant : 2 min 26 s 8
  8. Terret 2012, p. 414
  9. en réalisant 3 min 12 s 3
  10. Piscine Georges-Vallerey, sur le site Internet nageurs.com.
  11. (de) « Rue Georges-vallerey, Ă  Berlin (Allemagne). Â»
  12. « Espace aquatique Â», site Internet de la ville de Champagnole.
  13. Liste des rues de Créteil, site Internet de la ville de Créteil.
  14. « Londres 1948 : L'équipe de France Olympique », sur FranceOlympique.com (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • AndrĂ©e-Marie Legangneux, Georges Vallerey : La vie et la mort d'un grand champion, Casablanca, Maropoint,
  • Thierry Terret, « Construire le hĂ©ros sportif en contexte de guerre et d'après-guerre : Georges Vallerey (1927-1954), masculinitĂ©, exploit et dramaturgie », dans Luc Robène, Le Sport et la guerre. XIXe et XXe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-2126-1)

Liens externes

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