Jean Boissel
Anselme Joseph Médéric Marie Boissel dit Jean Boissel, né le à Bains (Haute-Loire) et mort le à la prison de Fresnes (Seine)[1], est un sergent de la Première Guerre mondiale, aviateur, architecte, journaliste et militant d'extrême droite français.
Directeur Le RĂ©veil du peuple |
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Naissance | |
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Décès |
(Ă 60 ans) Fresnes |
Nom de naissance |
Anselme Joseph Médéric Marie Boissel |
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Conflit |
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Il est le fondateur et directeur de l'hebdomadaire collaborationniste parisien Le RĂ©veil du peuple.
Biographie
Fils de gendarme, Jean Boissel est gravement blessé lors de la Première Guerre mondiale. Il reste mutilé à vie et sera pensionné à cent pour cent. Il poursuit ensuite ses réalisations architecturales. Il est l'architecte de nombreux édifices, principalement des villas au Touquet-Paris-Plage dont certaines sont répertoriées à l'inventaire général du patrimoine culturel français[2].
Il publie en 1933 Les Croix de sang, livre qui relate ses souvenirs du front et annonce son programme antisémite et antiparlementaire[3]. En 1934, très imprégné des concepts ethno-racialistes chers à Arthur de Gobineau, il s'engage sur le plan politique : il crée une éphémère Légion frontiste R.I.F., se voulant à la fois « antimaçonnique, antiparlementaire et anti-judéo-métèque », et un périodique, R.I.F. (Racisme international fascisme)[4].
En , il se rend à Nuremberg pour y participer au congrès de la Ligue antijuive universelle aux côtés du propagandiste nazi Julius Streicher[5]. En 1936, il est même reçu par Adolf Hitler[6]. Il entre également en correspondance avec Theodor Kessemeier, responsable du Deutscher Fichte-Bund[7].
Dans Le Réveil du peuple, bimensuel violemment antisémite qu'il dirige depuis , organe de son Front franc[8], il profère des menaces de mort contre Léon Blum alors président du Conseil. Il est condamné à quatre mois de prison en [9]. L'année suivante, il prend la défense de Roger Cazy, délégué régional du Front franc incarcéré pour avoir diffusé de la propagande hitlérienne à Arras[10].
Arrêté et emprisonné à son tour pour intelligence avec l'ennemi en 1939, Boissel est libéré par les Allemands. Contrairement à Marcel Déat, Jacques Doriot ou Eugène Deloncle, il ne tient qu'un rôle de second plan dans la collaboration. Il préside le Front franc, publie à nouveau Le Réveil du peuple et tient quelques conférences, à Paris[11] et en province[12]. Il préside un autre groupuscule collaborationniste, l'Union des forces françaises, qui organise en un « pèlerinage » à la tombe du polémiste antisémite Édouard Drumont[13].
Réfugié à Baden-Baden puis à Sigmaringen, il est arrêté en 1944, condamné à mort le et radié de la Légion d'honneur ; il est en partie gracié en décembre de la même année[14] et sa peine est commuée en emprisonnement.
Il meurt Ă la prison de Fresnes en 1951[15].
Famille
Son épouse, poursuivie pour espionnage au profit de l'Allemagne, est condamnée aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal militaire de Constantine.
Son fils aîné, Maurice, est condamné en à quatre ans de prison, pour son adhésion au Front franc et sa collaboration au Réveil du peuple.
Enfin, son fils cadet, Jean, est condamné à 22 ans en par la Cour de justice de la Seine, pour « intelligence avec l'ennemi », à dix ans de travaux forcés et à la dégradation nationale : il a adhéré lui aussi au Front franc, s'est engagé en 1942 dans le Nationalsozialistisches Kraftfahrkorps (N.S.K.K.), et, en , dans les rangs de la Milice de Joseph Darnand. Il a participé à diverses opérations contre les maquis (le maquis des Glières notamment), puis a gagné l'Allemagne en 1944, où il s'est engagé dans la division Charlemagne, a combattu en Tchécoslovaquie et a été fait prisonnier par les Soviétiques[16].
RĂ©alisations architecturales au Touquet-Paris-Plage
La Poste
L'hôtel des postes du Touquet-Paris-Plage est construit en 1927 par l'entreprise Delcourt Frères. Jean Boissel remporte le concours organisé par la municipalité (les perdants sont les architectes Louis Quételart et Albert Pouthier).
Boissel a voulu garder le souvenir de l'ancienne chapelle Saint-André précédemment édifiée à cet emplacement, d'où la fantaisie architecturale du petit clocher. Ont collaboré à ce projet : le céramiste Delassus de Desvres et le peintre-verrier boulonnais Gaëtan Jeannin. La poste est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du [17].
Villas
- Banco (angle de l'avenue Fernand-Recoussine - avenue de la Paix)
- Blanc-Mesnil
- Carte Blanche
- Clarendon House (avenue Joseph-Louis Sanguet)
- ForĂŞt bleue
- Loin des flots, rebaptisée « Oxer »[18] en 1946. Construite vers 1925[19].
- Mamette
- La Marotte, rebaptisée « Le Manoir des Pins » (avenue John-Whitley). Construite au début du XXe siècle[20].
- L'Oiseau bleu
- Pare-Brise
- Sable d'Or
- Sainte-Thérèse
Publications
- Les Croix de sang, Paris, éditions Rénovation, 1933 ; rééd. sous le titre Les Croix de sang. Recueil d'opinions, Paris, Steff, 1934
- « Le Juif, poison mortel », conférence donnée à la salle des Centraux le , Paris, Éditions R.I.F., coll. « Les grandes conférences de combat », 1935
- L'Appel à la France, lancé par Jean Boissel le , Paris, Éditions du « Réveil du peuple », 1941
- Charte du Front Franc, précédée d'un Appel à la France, introduction de A. Féval, Paris, Éditions du « Réveil du peuple », 1941
- La Crise, œuvre juive : manière de la conjurer, suivi de La Charte anti-judéo-maçonnique, Paris, Éditions du « Réveil du peuple », 1941
- Mon discours de Nuremberg () : « La paix des anciens combattants », préface d'Alphonse de Châteaubriant, Paris, Éditions du « Réveil du peuple », 1941
- Souvenirs de mes prisons, préface de Roger Cazy, Paris, Éditions du « Réveil du peuple », 1941
Dans la littérature
Jean Boissel est « Neuneuil » dans D'un château l'autre de Louis-Ferdinand Céline.
Pour approfondir
Bibliographie
- Beaujour Paul-Louis, Jean Boissel et Le Front Franc ou La vraie vie du « Neuneuil » de Céline, 254 p., 2015, collection pour l’Histoire, éditions Déterna (ISBN 9782360060788)
Articles connexes
Notes et références
- https://www.google.fr/books/edition/Partis_et_mouvements_de_la_collaboration/Mo1YDwAAQBAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=%22Jean+Boissel%22+%22prison+de+Fresnes%22&pg=PT233&printsec=frontcover
- « Quelques réalisations architecturales au Touquet-Paris-Plage de Jean Boissel », sur pop.culture.gouv.fr (consulté le ).
- Le Combattant des Deux-Sèvres, juillet 1933, Le Peuple, 18 octobre 1933, Pierre-André Taguieff (dir.), L'Antisémitisme de plume (1940-1944), Berg International, 1999.
- Notre temps, 3 novembre 1934, Nomenclature des journaux, 1936, Pierre-André Taguieff (dir.), op. cit.
- Pascal Ory, Les Collaborateurs, coll. « Points/Histoire », éd. du Seuil, 1976, p. 25.
- Pascal Ory, op. cit., p. 93.
- Paul Nizan, « M. Jean Boissel s'est donné un maître : Streicher », Ce soir, 21 juillet 1939, p. 3.
- L'Action française, 26 avril 1937
- L'Express de Mulhouse, 11 janvier 1938.
- Ce Soir, 21 juillet 1939.
- Paris-Soir, 19 avril 1941.
- Le Progrès de la Côte d'Or, 17 juin 1942.
- Le Petit Parisien, 3 février 1943, p. 3.
- Le Monde, 3 décembre 1946.
- Pierre-André Taguieff, L'Antisémitisme de plume 1940-1944, Univers Poche, , 817 p. (ISBN 978-2-823-81589-4, lire en ligne).
- Le Monde, 10 octobre 1946, Le Monde, 9 octobre 1946.
- Notice no IA62000154, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- L'oxer est un obstacle sur un champ de courses ; ce nom a été choisi par le propriétaire de la villa, grand amateur d'équitation.
- Notice no IA62000201, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Notice no IA62000163, base Mérimée, ministère français de la Culture.