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Eugène Deloncle

Antoine Octave Eugène Deloncle est un homme politique français, né à Brest (Finistère) le et mort à Paris le , cofondateur de la Cagoule en 1935.

Eugène Deloncle
Eugène Deloncle vers 1940.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  53 ans)
Paris
Nationalité
Formation
École polytechnique (jusqu'en )
Activité
Père
Louis Deloncle (d)

Famille

Fils du commandant Antoine Charles Louis Deloncle[1] (qui refusa de quitter la passerelle du paquebot La Bourgogne lors de son naufrage, le , et fut englouti en mer avec lui) et d'Anna Ange Marie Grossetti. Il est le neveu de François Deloncle, député des Basses-Alpes et de la Cochinchine, du journaliste Henri Deloncle et de Charles Deloncle, député et sénateur de la Seine. Il est le neveu du général Paul François Grossetti.

Il épouse Mercédès Cahier (1893-1988), fille de médecin, dont il a un fils Louis et une fille Claude.

Après sa mort, sa femme épouse Jacques Corrèze, activiste cagoulard hébergé par le couple Deloncle.

En 1939, sa nièce Édith Cahier, fille de Paul Cahier, épouse Robert Mitterrand, frère de François Mitterrand[2].

Sa sœur Louise qui épousa l'avocat Laurent-Cely fut la mère de l'écrivain Jacques Laurent, son autre sœur fut mariée un temps au joueur de bridge Pierre Albarran.

Carrière et activité politique

Photographie d'identité judiciaire d'Eugène Deloncle après son arrestation en .
Eugène Deloncle.

Polytechnicien (promotion X1910, second), ingénieur du Génie maritime, cadre dirigeant de la société de contrôle technique Bureau Veritas[3], il combat pendant la Première Guerre mondiale : officier d'artillerie, il est blessé sur le front de Champagne. Il est fait chevalier de la Légion d'honneur par arrêté du 7 novembre 1920.

Il adhère à l'Action française avant de la quitter pour fonder avec d'autres dissidents, notamment Jean Filiol, l'Organisation secrète d'action révolutionnaire nationale (OSARN) en 1935. Cette organisation clandestine est ultérieurement connue de la police sous le nom de « Comité secret d'action révolutionnaire » (CSAR) et surnommée la « Cagoule » par la presse. Ce surnom est d'ailleurs attribué avec mépris par Maurice Pujo de l'Action française.

Parmi les activités subversives de l'OSARN, on compte l'attentat terroriste contre la Confédération générale du patronat français et du groupe des industries métallurgiques le . Cette action vise à faire croire à l'opinion publique à un complot communiste menaçant la démocratie. En outre, l'organisation clandestine assassine les frères Sabatino et Carlo Rosselli, deux militants italiens antifascistes réfugiés en France. Ces meurtres sont commis à la demande du régime fasciste italien, en échange de la fourniture d'armes de guerre et d'un soutien financier.

Les chefs des principaux partis collaborationnistes en 1941. De gauche à droite : Costantini (Ligue française), Déat (RNP), Deloncle (MSR) et Doriot (PPF).

Selon le journaliste Pierre Péan, à la fin du mois de , Deloncle rencontre le général Henri Giraud qui lui promet son aide en cas de soulèvement communiste, Deloncle lui assurant que les cagoulards se rangeraient sous ses ordres. Très satisfait, Giraud « est évidemment d'accord pour travailler avec les gens de l'OSARN et souhaite la meilleure réussite à l'entreprise de Deloncle et Duseigneur […] »[4].

En juillet 1938, l'état-major civil et plusieurs militaires, soit un total de 120 personnes, sont arrêtés par la police.

Après l'armistice de juin 1940, Deloncle rejoint l’amiral François Darlan et reprend contact avec d’anciens cagoulards.

Fin 1940, il crée le Mouvement social révolutionnaire pour la Révolution nationale (MSR), soutenant le maréchal Pétain, puis, par le Rassemblement national populaire, se rapproche de Marcel Déat. Dans la nuit du 2 au , sept attentats organisés par le Mouvement social révolutionnaire visent plusieurs synagogues parisiennes[5].

Soutenu par Henry Charbonneau, Jean Filiol intrigue contre son ancien chef cagoulard. Deloncle est finalement exclu du MSR en [6].

Pressentant un tournant dans la guerre, Deloncle poursuit ses intrigues mais tente cette fois de changer de champ en prenant contact avec l'amiral Wilhelm Canaris, responsable du contre-espionnage militaire allemand (l'Abwehr) et opposant à Hitler. L'ex-chef cagoulard assure les liaisons entre Canaris et l'amiral Darlan par le truchement de Jacques Lemaigre Dubreuil[7] mais son activité attire l'attention des services de sécurité nazis. Dans un premier temps, Deloncle est arrêté en , interrogé et détenu pendant un mois à Ville-d'Avray. Une fois relâché, il renoue des contacts avec Canaris. En fin de compte, Helmut Knochen charge le Hauptsturmführer Roland Nosek d'arrêter ou, le cas échéant, d'assassiner Deloncle[8].

Le au matin, Deloncle est abattu à son domicile par des agents allemands du SD[8] - [5]. Son fils Louis, blessé, survit ; après-guerre il dirige la branche espagnole de L'Oréal.

Notes et références

  1. 18 décembre 1854, Cahors- 4 juillet 1898
  2. Mitterrand 1988.
  3. Francis Bergeron, Darnand, Pardès, , 128 p., p. 22
  4. Pierre Péan, Le Mystérieux Docteur Martin : (1895-1969), Paris, Fayard, , 500 p. (ISBN 978-2-213-64467-7, lire en ligne), p. 140.
  5. Bourdrel 2009, p. 149.
  6. Bourdrel 2009, p. 173-174.
  7. Bourdrel 2009, p. 174-176.
  8. Bourdrel 1992, p. 313.

Annexes

Sources primaires

  • Raymond Abellio (Georges Soulès), Ma dernière mĂ©moire, vol. 3 : Sol invictus : 1939-1947, Paris, Gallimard, puis Ramsay, , 497 p. (ISBN 2-85956-189-7).
  • Christian Bernadac (Ă©d.), Les Carnets secrets de la Cagoule : Dagore, Paris, Éditions France-Empire, , 609 p. (prĂ©sentation en ligne).
  • Édith Cahier, Ma famille Mitterrand, Paris, Robert Laffont, , 229 p. (ISBN 2-221-09525-1).
  • Henry Charbonneau, Les mĂ©moires de Porthos, vol. 1, Paris, Éditions du Clan, , 459 p.
  • Henry Charbonneau, Les mĂ©moires de Porthos, vol. 2 : Le roman noir de la droite française, Paris, Éditions du Clan, puis Robert Desroches, , 472 p.
  • MercĂ©dès Deloncle Corrèze, Histoire sans Ă©goĂŻsme, Paris, La PensĂ©e universelle, , 297 p. (ISBN 2-214-04825-1).
  • Robert Mitterrand, Frère de quelqu'un, Paris, Robert Laffont, , 490 p. (ISBN 2-221-04762-1).

Bibliographie

  • (en) Joel Blatt, « The Cagoule Plot, 1936-1937 », dans Kenneth MourĂ© et Martin S. Alexander (dir.), Crisis and Renewal in France, 1918-1962, New York, Berghahn books, , VII-312 p. (ISBN 1-57181-146-X, prĂ©sentation en ligne), p. 86-104.
  • Philippe Bourdrel, La Cagoule : histoire d'une sociĂ©tĂ© secrète du Front populaire Ă  la Ve RĂ©publique, Paris, Albin Michel, (1re Ă©d. 1970), 404 p. (ISBN 2-226-06121-5).
  • Philippe Bourdrel, Les Cagoulards dans la guerre, Paris, Albin Michel, , 282 p. (ISBN 978-2-226-19325-4).
  • (en) Gayle K. Brunelle et Annette Finley-Croswhite, Murder in the MĂ©tro : Laetitia Toureaux and the Cagoule in 1930s France, Baton Rouge, Louisiana State University Press, , XVII-266 p. (ISBN 978-0-8071-3616-4, prĂ©sentation en ligne).
    Recension : Éric Panthou, L’histoire de la Cagoule revisitée. Critique de Murder in the Metro : Laetitia Toureaux and the Cagoule in 1930s France, par Gayle K. Brunelle, Annette Finley-Croswhite, 2010, 8 p., lire en ligne.
  • (en) Gayle K. Brunelle et Annette Finley-Croswhite, « Creating a Holocaust Landscape on the Streets of Paris : French Agency and the Synagogue Bombings of October 3, 1941 », Holocaust and Genocide Studies, vol. 33, no 1,‎ , p. 60-89 (DOI 10.1093/hgs/dcz009).
  • (en) Valerie Deacon, The Extreme Right in the French Resistance : Members of the Cagoule and Corvignolles in the Second World War, Baton Rouge, Louisiana State University Press, , 240 p. (ISBN 978-0-8071-6362-7, prĂ©sentation en ligne), [prĂ©sentation en ligne].
  • Brigitte Delluc et Gilles Delluc, Jean Filliol, du PĂ©rigord Ă  la Cagoule, de la Milice Ă  Oradour, PĂ©rigueux, Pilote 24 Ă©dition, , 171 p. (ISBN 2-912347-53-X).
  • FrĂ©dĂ©ric Freigneaux, Histoire d'un mouvement terroriste de l'entre-deux-guerres : « la Cagoule », , 435 p.
    Mémoire de maîtrise en histoire, Université Toulouse 2, le Mirail.
  • FrĂ©dĂ©ric Freigneaux, « La Cagoule : enquĂŞte sur une conspiration d'extrĂŞme droite », L'Histoire, no 159,‎ , p. 6-17.
  • FrĂ©dĂ©ric Monier, Le complot dans la RĂ©publique : stratĂ©gies du secret, de Boulanger Ă  la Cagoule, Paris, La DĂ©couverte, coll. « L'espace de l'histoire », , 339 p. (ISBN 2-7071-2871-6, prĂ©sentation en ligne), [prĂ©sentation en ligne], [prĂ©sentation en ligne], [prĂ©sentation en ligne].
  • FrĂ©dĂ©ric Monier, « L'imagerie d'une conspiration : l'invention de la « Cagoule » (1936-1939) », dans FrĂ©dĂ©ric Monier (Ă©d.), Complots et conspirations en France du XVIIIe au XXe siècle : actes de la journĂ©e d'Ă©tudes organisĂ©e le 4 mai 2001 Ă  l'universitĂ© de Valenciennes et du Hainaut-CambrĂ©sis, Valenciennes, Presses universitaires de Valenciennes, coll. « Lez Valenciennes » (no 32), , 150 p. (ISBN 2-905725-52-4), p. 91-105.
  • FrĂ©dĂ©ric Monier, « Secrets de parti et suspicion d'État dans la France des annĂ©es 1930 », Politix, no 54,‎ , p. 119-138 (lire en ligne).
  • (en) D. L. L. Parry, « Counter Revolution by Conspiracy, 1935-37 », dans Nicholas Atkin et Frank Tallett (dir.), The Right in France, 1789-1997, Londres / New York, Tauris Academic Studies, coll. « International library of historical studies » (no 15), , XIV-306 p. (ISBN 1-86064-197-0, prĂ©sentation en ligne), p. 161-181.
  • Pierre PĂ©an, Le mystĂ©rieux docteur Martin (1895-1969), Paris, Fayard, , 500 p. (ISBN 2-213-02784-6).
    réédition : Pierre Péan, Le mystérieux docteur Martin (1895-1969), Paris, Librairie générale française (LGF), coll. « Le livre de poche » (no 13935), , 535 p. (ISBN 2-253-13935-1).
  • Pierre PĂ©an, Une jeunesse française : François Mitterrand, 1934-1947, Paris, Fayard, , 615 p. (ISBN 2-213-59300-0).
  • Jean Philippet, « Ultima ratio regis. La « Cagoule » : un mouvement terroriste d’extrĂŞme droite », dans François Audigier et Pascal Girard (dir.), Se battre pour ses idĂ©es : la violence militante en France des annĂ©es 1920 aux annĂ©es 1970, Paris, Riveneuve Ă©ditions, coll. « Actes acadĂ©miques », , 244 p. (ISBN 978-2-36013-076-4, prĂ©sentation en ligne), p. 51-70.
  • (en) Jan A. Stevenson, The Cagoule Conspiracy – Dissertation for Bachelor's Degree (mĂ©moire de licence d'histoire), Yale University, 1972, 79 p.
  • Jean-Raymond Tournoux, L'Histoire secrète : la Cagoule, le Front populaire, Vichy, Londres, 2e bureau, l'AlgĂ©rie française, l'OAS, Paris, Plon, , 384 p.
  • Éric Vial, « Carlo Rosselli et la situation de l'antifascisme italien Ă  la veille de sa mort », MatĂ©riaux pour l'histoire de notre temps, Paris, Association des amis de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) et du musĂ©e, no 57 « Carlo et Nello Rosselli : antifascisme et dĂ©mocratie »,‎ , p. 50-54 (lire en ligne).
  • Éric Vial, La Cagoule a encore frappĂ© ! : l'assassinat des frères Rosselli, Paris, Larousse, coll. « L'histoire comme un roman », , 319 p. (ISBN 978-2-03-584595-5, prĂ©sentation en ligne).

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