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Jean-Baptiste Millière

Jean-Baptiste Millière, né le à Lamarche-sur-Saône et fusillé le à Paris, est un journaliste et député français.

Jean-Baptiste Millière
Portrait photographique de Millière par Nadar.
Fonction
Député français
Assemblée nationale
Seine
-
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Formation
Activités
Conjoint
Joséphine-Louise Fourès
Autres informations
A travaillé pour

Biographie

Fils d’un ouvrier tonnelier, Millière parvient à étudier jusqu’à l’obtention d’un diplôme de docteur en droit à Dijon et commence une carrière d’avocat. Socialiste, à la révolution de 1848, il part s’installer à Clermont-Ferrand où il est rédacteur en chef de L’Éclaireur Républicain et fonde le journal Le Prolétaire. Accusé d’« excitation à la haine », il doit fuir Clermont-Ferrand en 1850.

À Paris, il s’oppose au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte du 1851 et est arrêté et condamné à la déportation en Algérie. Revenu en France avec l’amnistie de 1859, il travaille plusieurs années dans la compagnie d’assurance Le Soleil comme chef du contentieux, avant d’être congédié pour ses opinions politiques.

En 1869, il devient rédacteur et administrateur de La Marseillaise dont Henri Rochefort est le rédacteur en chef. Impliqué par le pouvoir impérial dans plusieurs affaires de « complots contre la sûreté de l’État », il est relaxé, le , par un arrêt de non-lieu. En septembre, il applaudit à la chute de l’Empire.

Au cours du siège de Paris par les troupes prussiennes durant la guerre de 1870, il commande le 108e bataillon de la Garde nationale et participe au soulèvement du 31 octobre 1870 contre le gouvernement.

Le , il publie, dans Le Vengeur, la preuve des faux commis par le ministre Jules Favre afin d’obtenir un héritage[1]. Le même jour, il est élu député de la Seine à l’Assemblée nationale et siège dans l’opposition à Bordeaux, où il vote contre les préliminaires de paix, puis à Versailles.

Il soutient la Commune de Paris lorsqu’elle s’impose en et il se trouve dans la capitale lorsque commence la guerre entre la Commune et le gouvernement versaillais. N’occupant aucune fonction, administrative ni militaire, sous la Commune, dont il n’avait pas été élu membre, il ne prend pas part aux hostilités.

L’exécution de Millière au Panthéon.

Le vendredi , il loge chez son beau-père, 38, rue d’Ulm, voisine du Panthéon, lorsque les Versaillais reprennent Paris[2]. Arrêté par un peloton de soldats, il est emmené devant la porte du Luxembourg, sous les fenêtres du restaurant Foyot où le général Cissey, commandant le 2e corps, le marquis de Quinsonas, député royaliste de l’Assemblée, le capitaine Garcin chargé d’interroger les prisonniers, et d’autres, étaient en train de déjeuner. Malgré l'immunité parlementaire, Cissey donne l'ordre à Garcin de faire fusiller Millière « au Panthéon, à genoux, pour demander pardon à la société du mal qu’il lui avait fait… » ; le député refusant de se mettre à genoux, c'est un soldat qui l'y force. Millière tombe aux cris de « Vive la République ! » et « Vive l'humanité ! »[3].

Joséphine-Louise Millière, veuve du député.

Sa femme est également arrêtée à la suite de l'exécution sommaire de son mari. Le , Le Figaro révèle, à l’occasion de la libération de Joséphine-Louise Millière, en vertu d’une ordonnance de non-lieu, que son époux n’avait pas été fusillé comme membre de la Commune, ni comme fonctionnaire à un titre quelconque de l’insurrection, puisqu’il n’y avait joué aucun rôle, mais comme colonel de la garde nationale[4]. Le journal précise de plus que le député Millière n’avait pas plus été colonel dans la garde nationale que lors de la Commune : c’est la similitude de nom, jointe à la fâcheuse notoriété de l’ex-gérant de La Marseillaise, qui lui a valu d’être pris pour un obscur homonyme galonné, et exécuté à sa place[4].

Gustave Lefrançais va plus loin encore, accusant à mots couverts Jules Favre d’avoir fait assassiner Millière, pour se venger d'avoir dévoilé ses activités de faussaire[5].

En 1873, JosĂ©phine-Louise Fourès, veuve Millière, intenta un procès au capitaine Garcin Ă  raison de la fusillade de son mari, lui rĂ©clamant 150 000 francs de dommages et intĂ©rĂŞts. Le capitaine Garcin ne prit pas la peine de constituer avouĂ©. Il fut couvert par un mĂ©moire du prĂ©fet de Seine-et-Oise et par une note du Ministère de la Guerre Ă©manant de Cissey lui-mĂŞme, alors ministre. La plaignante fut donc dĂ©boutĂ©e, par le tribunal qui se dĂ©clara incompĂ©tent, le . Une correspondance du Progrès de Lyon de cette Ă©poque rapporte que Cissey, outrĂ© de cette audace d’oser rĂ©clamer contre la mise Ă  mort de son mari, aurait demandĂ© son arrestation avec insistance, et qu’il aurait fallu l’opposition obstinĂ©e de Jules Dufaure, alors ministre de la Justice, pour que la demande du ministre de la guerre ne fĂ»t pas accordĂ©e. Garcin sera promu gĂ©nĂ©ral[6].

Notes et références

  1. Jules Favre avouera sa culpabilité des années plus tard, sans en souffrir les conséquences, l’ayant fait, dit-il, « pour assurer un avenir à ses fils », Prosper-Olivier Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871, 1962, p. 481-482.
  2. « Biographie de Jean-Baptiste Millière », Assemblée nationale (consulté le ).
  3. Pelletan 1880, p. 140-146.
  4. Le Masque de fer, « Échos de Paris », Figaro : journal non politique, no 153,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  5. Gustave Lefrançais, Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871, Paris, Guillaume, , 500 p. (lire en ligne), p. 351.
  6. Pelletan 1880, p. 147-148.

Sources

Liens externes

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