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Jane Berbié

Biographie

Son désir de chanter était déjà très important à l'âge de quatre ans :

« J'ai toujours eu envie de faire de la musique, du chant. Mais comme j'étais malingre, mes parents me faisaient une sorte de chantage : "Si tu manges, tu chanteras à l'église dimanche, et tu tiendras l'harmonium." Malgré le refus de toute carrière artistique de la part de ma mère (qui me destinait à la comptabilité), je me suis tournée d'abord vers le piano pour arriver au chant par la suite. J'ai donc commencé des études de piano et je suis entrée au Conservatoire à treize ans et demi, dans la classe de Raymonde Blanc-Daurat[1]. »

Malgré un emploi du temps des plus complets (lever tous les jours à 6 h 15 pour l'école de comptabilité le matin, et piano et solfège au conservatoire de Toulouse l'après-midi pour un retour à Villefranche-de-Lauragais à 19 h 30), elle obtiendra une première médaille de piano, et une première médaille d'harmonie avec Edmond Gaujac, alors directeur du Conservatoire, ainsi que le premier prix en solfège, en chant et en art lyrique.

Après l'avoir entendue dans l'Ave Maria de Charles Gounod, l'avionneur Didier Daurat l'encourage à s'orienter exclusivement vers le chant. Elle suit les cours de Mme Chauny-Lasson, épouse de Louis Izar, alors directeur du Capitole.

Ayant auparavant déjà décroché de petits rôles (le petit page de Tannhäuser, une jeune fille des Noces de Figaro, le pâtre dans la Tosca), elle obtient son premier prix de chant en 1953 ; elle joue alors dans Pampanilla de Jacques-Henri Rys avec le baryton Lucien Lupi. Ce dernier lui conseille de « monter à Paris », ce qu'elle fait, pour passer le concours à L’École des vedettes, émission animée par Aymée Mortimer en direct du théâtre de Paris que dirigeait alors Elvire Popesco ; celle-ci lui prédit une belle carrière. Elle obtient le premier prix. À ce propos, elle se souvient : « Une dame m'a donné une croix, me disant "je viendrai t'applaudir à l'Opéra-Comique dans quelques mois ; prends cette croix, elle te portera bonheur !" »

Mais c'est la maison-mère, l'Opéra Garnier, qu'elle intègre quelques mois après. « De fait, quelques mois après, je jouais dans Mignon. » Elle fera partie de la troupe de 1958 à 1970. Georges Hirsch, l'administrateur général, voit en elle la « soubrette » idéale de Mozart.

Elle rencontre celle qui deviendra son professeur Maria Branèze, qui organise une audition devant Gabriel Dussurget, directeur du festival d'Aix-en-Provence et conseiller artistique à l'Opéra de Paris. À partir de cette rencontre commence une carrière sur les grandes scènes d'Europe et de l'étranger : Capitole de Toulouse (1953-1957), Scala de Milan (1958 et 1971), Salzbourg (1965), Glyndebourne (1967, 1969, 1971, 1972), Carnegie Hall (1965), Metropolitan (1976), etc.

Elle chante sous la direction des plus grands chefs d'orchestre : Paul Ethuin, Pierre Dervaux, Jean Fournet, Pierre-Michel Le Conte, Ionel Perlea, Georg Solti, Herbert Von Karajan, Lorin Maazel, Riccardo Muti, Riccardo Chailly, Colin Davis, Claudio Abbado, Seiji Ozawa, avec une reconnaissance particulière pour Georges Prêtre, avec qui elle chante entre autres Lakmé (1962). Elle reprend cette œuvre en 1968 sous la direction de Richard Bonynge avec Joan Sutherland, Gabriel Bacquier et Alain Vanzo.

On l'entend notamment dans le répertoire français : outre Mignon (1954), on peut citer Nicklausse dans Les Contes d'Hoffmann (1954), Malika dans Lakmé à Oran (1955), Mercédès dans Carmen, plusieurs rôles dans L'Enfant et les Sortilèges (dirigé par Maazel en 1961 et par Ozawa en 1979 à l'Opéra de Paris), Gontran dans Une éducation manquée (1965), Roméo et Juliette, Ascanio dans Benvenuto Cellini, Concepción dans L'Heure espagnole de Ravel, ainsi que de nombreuses opérettes.

Mais elle s'illustre aussi dans le répertoire italien et mozartien Rosina, Dorabella, Zerlina, Marcellina, Orsini dans Lucrèce Borgia, etc.

Elle collabore aussi à des émissions de l'ORTF de 1958 à 1970 et reçoit l'Oscar du chant en 1960.

De 1983 à 1996, elle enseigne au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, ainsi qu'à l'École normale de musique de Paris. Depuis sa retraite du CNSM, elle continue l'enseignement du chant en cours privé à Toulouse.

Elle explique ainsi sa découverte de la respiration qu'elle enseigne pour le chant : « Je suis asthmatique et c'est pour ça que j'ai découvert la respiration en accordéon, comme si nous disposions d'un bandonéon en guise d'appareil respiratoire »[2].

Discographie sélective

Jane Berbié sur scène.

Notes et références

  1. « La chanteuse Jane Berbié à 90 ans (Arabesques) », France musique, .
  2. « Jane Berbié | Académie internationale de musique française Michel Plasson », sur academiedemusiquefrancaise.fr (consulté le )
  3. « Tout concourt à faire de cet enregistrement une référence : la direction pétillante de Marc Soustrot, un orchestre fin et léger, la distribution vocale très soignée dans premiers comme dans les seconds rôles […] »Diapason 1988, p. 11.
  4. « La réalisation de Colin Davis est à la hauteur de l'entreprise. Ses chanteurs sont très bien choisis : Christiane Eda-Pierre est une Teresa touchante à la voix pure, Jane Berbié prête sa voix chaude au rôle travesti d'Ascanio. Du côté des hommes, Nicolai Gedda, irremplaçable dans le rôle-titre, Robert Massart qui se tire de l'ingrate partie de Fieramosca en la jouant plus qu'en la chantant […] »Diapason 1988, p. 109.

Bibliographie

Liens externes

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