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Jacques de Jullien

Jacques de Jullien[1], né à Orange en 1660 et mort le , est un officier général français.

Jacques de Jullien
Jacques de Jullien
Portrait de Jacques de Jullien réalisé en 1705.
(musée de l’Hôpital d’Orange)

Naissance
Orange, Vaucluse, France
DĂ©cès (Ă  51 ans)
Orange, Vaucluse, France
Allégeance Drapeau de la Savoie Duché de Savoie
Drapeau du royaume de France Royaume de France
Grade Maréchal de camp
Années de service 1691 – 1708
Conflits Guerre de la Ligue d'Augsbourg
Guerre des CĂ©vennes
Distinctions Chevalier de l'Ordre de Saint Louis

Origine familiale

Jacques de Jullien naît dans une famille d'avocats et de parlementaires professant la religion réformée et dont la noblesse acquise par fonction fut confirmée par lettres patentes le .

Le grand-père, Sébastien de Jullien, seigneur de Mons (Gard), fut l'un des premiers pasteurs et un des plus vaillants huguenots lors de l'implantation du calvinisme à Orange. Jacques de Jullien fut le second fils de noble Gédéon de Jullien notaire et viguier d'Orange en 1655. Sa mère, Françoise de Caritat de Condorcet, d'une très ancienne famille resta fidèle à sa religion, se réfugia à Erlanger et revient à Orange où elle meurt le .

Carrière militaire

Guerre de la Ligue d'Augsbourg

Comme beaucoup de cadets des familles nobles d'Orange, Jacques de Jullien est page du prince d'Orange Guillaume III. En 1688, Guillaume III devenu roi d'Angleterre, lui confie un régiment d'infanterie pour aider le Duc de Savoie Victor-Amédée II à soutenir le parti des Vaudois. Aussi ingénieux qu'habile, il se fait remarquer lors de la défense de la Savoie et notamment au siège de Coni le . Passé au service du roi de France, en 1690, pour des raisons inconnues, il abjure le protestantisme avant d'être nommé brigadier des armées du roi par brevet du . Il sert dans les armées de Catinat, cette fois-ci contre les Vaudois. Il défend avec succès le fort de Barcelonnette puis sert dans l’armée du Piémont. Il se trouve ainsi au siège de Valence en 1696. Déployé en Provence, par lettre du , le brigadier Jullien est responsable du cordon de troupes qui doit isoler la principauté d'Orange, rendue à Guillaume III après le Traité de Ryswick. Il veille avec attention à tous les postes de garde, est informé de tous problèmes et de toutes les arrestations. C'est dans ces conditions qu'il participe aux arrestations qui conduisent une centaine de protestants aux galères. Il n'a de comptes à rendre qu'à l'intendant du Languedoc Basville et au ministre de la Guerre Michel Chamillart.

Il est nommé, par lettre du , à l'armée d'Allemagne et participe ainsi à la bataille des Flandres. Il contribue ensuite à la défaite des troupes hollandaises près de Nimègue et commande à Bruges, sous les ordres du comte de la Mothe, durant l’hiver 1702-1703. En récompense de ses services, il est nommé maréchal de camp le .

Guerre des CĂ©vennes

En , il rejoint sa nouvelle affectation : l'armée des hautes Cévennes, sous le commandement du maréchal de Montrevel. C'est à Versailles qu’il reçoit, le , les ordres du roi Louis XIV à cet égard, et le 8 du même mois, bien qu’il n’ait servi que dix ans dans les troupes françaises et que le roi ne reçoive plus de chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis qui n’ait servi vingt ans au moins, Louis XIV le fait chevalier de cet ordre.

Ă€ peine arrivĂ© en CĂ©vennes, il signe une première victoire sur les troupes de Jean Cavalier le Ă  Vagnas, en infligeant une lourde dĂ©faite en rase campagne Ă  une colonne de plus de 800 camisards, les empĂŞchant ainsi de pĂ©nĂ©trer en Vivarais. Le , venant au secours de la population de Mialet, 1 200 camisards se joignent Ă  Saumane oĂą elles couchent le 27 et le 28 au soir. Jullien apprenant leur prĂ©sence le 29 Ă  son retour Ă  Saint-Jean du Gard rassemble aussitĂ´t 500 soldats et marche sur Saumane. Il arrive au petit matin mais les rebelles prĂ©venus se sont retirĂ©s du cĂ´tĂ© des Plantiers et de Saint-Marcel de Fonfouilhouse. Jullien encercle le bourg et arrĂŞte les habitants prĂ©sents, il leur rappelle l’interdiction d’accueillir les rebelles et l’obligation d’avertir les autoritĂ©s. Pour punition et afin de servir d’exemple les maisons sont pillĂ©es et incendiĂ©es. Seules quelques habitations sont Ă©pargnĂ©es. Le groupe de personnes arrĂŞtĂ©es se compose de 175 femmes et 90 enfants des deux sexes gardĂ©s Ă  vue dans une maison proche du Pont de Saumane.

Afin de pouvoir atteindre les Camisards et les exterminer, Montrevel lance une campagne de ratissage et d’encerclement menĂ©e par le marĂ©chal de camp Jullien. Du 4 au , des dĂ©tachements de 150 Ă  200 soldats de diffĂ©rents rĂ©giments cernent un important pĂ©rimètre : Sauve, Saint-Hippolyte-du-Fort, Quissac, fouillent tous les endroits susceptibles d’abriter les Camisards, visitent les creux des rochers, les taillis touffus, les maisons suspectes. MalgrĂ© les moyens mis en place l’opĂ©ration connaĂ®t un insuccès total. Julien, Ă  son retour, rend compte de son Ă©chec Ă  Montrevel qui Ă©crit au ministre Chamillart : « les rebelles paroissent au nombre de huit Ă  neuf cents hommes qui Ă©gorgent tout ce qu’ils rencontrent d’anciens catholiques ou de soldats qui marchent en petit nombre, et le moment d’après ils se divisent en cent pelotons de six ou huit qui sont reçus dans les villages comme les enfans de la maison, laissant pendant le jour des femmes et des enfans en sentinelles Ă  plus d’une lieue pour estre avertys dès qu’il paraĂ®t la moindre troupe.» [2] Dès lors, Jullien comprend que la Guerre des CĂ©vennes est celle de tout un peuple.

Pour soumettre le pays, MarĂ©chal de Montrevel propose trois directives : le brĂ»lement, la dĂ©portation massive et le renseignement. Son but : dĂ©truire les ressources des camisards en anĂ©antissant toute la population qui les soutient. Ce plan consiste Ă  dĂ©truire les CĂ©vennes de Mende, en d’autres termes dĂ©molir les maisons de 31 paroisses avec 466 villages et hameaux et dĂ©porter vers la plaine 13 300 personnes. Cela obligerait ainsi les camisards, privĂ©s de soutiens, Ă  mourir de faim ou Ă  descendre dans la plaine oĂą ils seraient plus aisĂ©ment anĂ©antis. Tout d’abord rejetĂ© par Louis XIV, ce plan est finalement adoptĂ©, vers la mi-. Pour mener Ă  bien cette opĂ©ration, le Roi y affecte 8 000 hommes de troupe et ordonne au marĂ©chal de camp Jullien de bruler le pays. C’est une rĂ©gion de quarante lieues carrĂ©es de superficie qui est livrĂ©e aux flammes ! L’expĂ©dition commence le 1er octobre et ne se terminera que . Les villages et les maisons isolĂ©es des CĂ©vennes sont livrĂ©es aux flammes, Ă  l'exception de Florac, Barre, Saint-Germain-de-Calberte et Saint-Étienne-de-Valfrancesque[3]. Jullien n'a de cesse d'isoler le pays pour Ă©viter toute extension de la rĂ©bellion vers le Vivarais. Il redoute toute aide pouvant venir par la Suisse ou la Savoie. Mais l'intendant de Basville, qui voit d’un mauvais Ĺ“il la destruction de la rĂ©gion qu’il administre, se plaint Ă  Versailles des moyens employĂ©s par Jullien. Le ministre Chamillart conseille alors au fougueux marĂ©chal de camp la modĂ©ration, l'obligeant mĂŞme Ă  Ă©crire une lettre d'excuses au MarĂ©chal de Montrevel. Après avoir terminĂ© sa mission, Jullien, qui fut contraint d’employer cette mĂ©thode, Ă©crit, avec une respectueuse libertĂ©, au ministre Chamillart : « J’ai entièrement terminĂ© la longue et laborieuse besogne qui m’a Ă©tĂ© confie. […] Mon expĂ©dition est finie mais je ne prĂ©vois pas que tous ces dĂ©sordres et ces troubles soient près de l'ĂŞtre. Je crains vĂ©ritablement, Monseigneur, que ce grand châtiment que je viens d'appliquer Ă  un vaste et Ă©tendu pays, ne fasse plus de bruit et d'Ă©clat dans le monde qu'il n'apportera d'adoucissement Ă  la rĂ©volte et d'utilitĂ© au service du roi. »

Après l'anéantissement militaire des chefs camisards, Jullien occupe un rôle plus diplomatique que stratégique. Ses relations et sa connaissance de la région lui permettent de contrôler le trafic des armes et de la poudre qui transitent par le Comtat Venaissin et la Principauté d'Orange. Il est chargé de déjouer la moindre tentative d'incursion et d'aide par la vallée du Rhône. Toujours préoccupé par l'évolution de sa carrière, il n'hésite pas à solliciter des promotions et obtient le , le grade de lieutenant-général. À plusieurs reprises entre 1704 et 1705, il est chargé de transactions plus ou moins secrètes avec le légat du pape en Avignon. En 1705 il s'acquitta avec brio de la levée de la taille dans le Vivarais. Basville bien que réticent quant à la méthode employée, le félicite d'avoir réussi à faire payer les paysans. Il sert dans les Cévennes jusqu’en 1708.

Dernières années de sa vie

Malade, hypocondriaque, Jacques de Jullien se plaint beaucoup et sollicite plusieurs fois des permissions de repos. Entre deux courriers, pour rétablir son estomac et sa poitrine, il se médicamente avec du lait d'ânesse. Il passe l'été 1704 en Vivarais, à Saint-Agrève, "canton élevé où les chaleurs sont supportables". Il se plait à loger dans les vieilles demeures féodales et fréquente la petite noblesse du Vivarais et du Dauphiné. Lors d'un séjour au Château de Vogüé, le notaire Rimbaud rédige son testament le . Il décède à Orange, le , âgé de 51 ans et est enseveli dans la chapelle de la Miséricorde de l'église cathédrale.

Notes et références

  1. Parfois retrouvé avec l'orthographe Julien. Notons, qu'au XVIIIe siècle l'orthographe des patronymes n'était pas aussi fixe qu'aujourd'hui et des variations pouvait être enregistrées. Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles dans sa Généalogie de la famille JULLIEN, originaire de Bourgogne de 1826, précise que l'orthographe exacte est bien celle qui comprend 2L.
  2. L'Ouvreleul, t. II, p. 109
  3. Journal du Curé Mingaud http://www.camisards.net/Mingaud.htm

Bibliographie

  • AimĂ©-Daniel Rabinel, La tragique aventure de Roux de Marcilly, Privat, 1969, p. 212.

Liens externes

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