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Jacques Philippe Bonnaud

Jacques Philippe Bonnaud ou Bonneau, né le à Bras dans le Var et mort le à Bonn, en Allemagne, est un général de division de la Révolution française. Il s'engage en tant que cavalier dans l'armée royale en 1776 et est sous-officier en 1789 lorsqu'éclate la Révolution française. Promu capitaine au 12e régiment de chasseurs à cheval en 1792, Bonnaud participe avec son unité aux batailles de Valmy, Jemappes, Aldenhoven, Neerwinden, Raismes, au camp de César et à Wattignies et est blessé deux fois. En , il est nommé général de brigade.

Jacques Philippe Bonnaud
Surnom Bonneau
Naissance
Bras, Var, France
DĂ©cès (Ă  39 ans)
Bonn, Électorat de Cologne
Origine Drapeau de la France France
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau de la France République française
Arme Cavalerie
Grade Général de division
Années de service 1776 – 1797
Commandement Armée des côtes de Cherbourg
Conflits Guerres de la Révolution française
Hommages Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile, 6e colonne

Trois mois plus tard, il accepte avec réticence le commandement d'une division taillée en pièces quelques jours auparavant à Villers-en-Cauchies et Troisvilles, et cela à une période où les généraux malchanceux étaient souvent envoyés à la guillotine. Il mène ses troupes au combat à Courtrai et Tourcoing et prend part à l'invasion de la République batave. Il sert en Vendée l'année suivante et dirige brièvement l'armée des côtes de Cherbourg. Lors de la campagne de 1796 sur le Rhin, Bonnaud commande une division de cavalerie avec laquelle il se distingue à Amberg, Wurtzbourg et Limburg. Il est mortellement blessé au cours de cette dernière bataille et meurt à Bonn six mois plus tard. Son nom est inscrit sous l'arc de triomphe de l'Étoile à Paris.

Biographie

Les débuts d'une carrière

Jacques Philippe Bonnaud naît le à Bras, un petit village situé dans l'actuel département du Var, et est baptisé le lendemain[1]. Il est le fils d’Étienne Bonnaud et de Claire Julian.

Il entre au service le , comme dragon dans la légion du Dauphiné où il remplit les fonctions de chirurgien. Dans cette unité qui devient plus tard le 12e régiment de chasseurs à cheval, il est nommé brigadier le et fourrier le de la même année. Il participe à une expédition sur Genève en . Il est ensuite successivement élevé au grade de maréchal des logis le , maréchal des logis-chef le , et adjudant le [2]. À cette époque, le colonel Jacques François Menou commande le régiment et un certain Emmanuel de Grouchy en devient le lieutenant-colonel à partir du [3]. Quant à Bonnaud, il passe lieutenant au 12e chasseurs à cheval le et capitaine le suivant[2].

De Valmy Ă  Wattignies, 1792-1793

Les cavaliers du 12e chasseurs à cheval sont présents lors de bataille de Valmy, le . Peinture par Horace Vernet.

Le , le 12e chasseurs Ă  cheval est passĂ© en revue Ă  Sedan par le marquis de La Fayette, qui passe aux Autrichiens quelques jours plus tard après avoir Ă©tĂ© accusĂ© de trahison. Le , l'armĂ©e prussienne du marĂ©chal de Brunswick attaque Longwy[4] et le 23, la garnison française forte de 2 600 soldats se rend aux forces austro-prussiennes qui alignent ensemble 31 931 hommes et 136 canons[5]. Les 4 128 dĂ©fenseurs de Verdun capitulent Ă  leur tour face Ă  Brunswick le [6]. Au milieu de cette crise, le nouveau commandant en chef de l'armĂ©e française, Charles François Dumouriez, dirige le gĂ©nĂ©ral Dillon et une avant-garde comprenant le 12e chasseurs dans une attaque de diversion sur Stenay. De son cĂ´tĂ©, Dumouriez s'avance au sud de Sedan avec le corps principal et atteint GrandprĂ© le pendant que Dillon poursuit sa marche et occupe Les Islettes. Le , Brunswick parvient cependant Ă  enfoncer les lignes françaises en battant la division du gĂ©nĂ©ral Chazot Ă  La Croix-aux-Bois ; trois jours plus tard, alors que la division Chazot effectue sa retraite, les hussards prussiens font leur apparition. Le 12e chasseurs Ă  cheval tente de les arrĂŞter par un feu de pistolets mais les cavaliers ennemis bousculent le rĂ©giment et mettent en fuite les troupes de Chazot[7]. Lors de la bataille de Valmy le , trois escadrons du 12e chasseurs font partie de l'avant-garde du gĂ©nĂ©ral Dillon[8].

Après Valmy, le 12e chasseurs est transféré au nord pour intégrer l'armée de Belgique commandée par le général Beurnonville[9]. Deux escadrons du régiment servent à l'avant-garde de l'armée sous les ordres du général Dampierre au cours de la bataille de Jemappes le [10]. Le 12e chasseurs combat à la bataille d'Aldenhoven le [11] à l'issue de laquelle le général Stengel parvient à sauver le trésor de l'armée avec un escadron du régiment. La présence du 12e chasseurs à l'aile droite de l'armée lors de la bataille de Neerwinden le est évoquée mais n'est pas entièrement certaine[12]. Bonnaud est blessé d'un coup de sabre à la joue le 1er mai au cours d'une action préliminaire à la bataille de Raismes et a la main gauche frappé par un coup de sabre le durant la bataille du camp de César. À cette époque, son unité fait partie de l'armée du Nord[2]. Du 15 au , les 511 cavaliers du 12e chasseurs attachés à la division Fromentin se distinguent à la bataille de Wattignies[13].

Général de la Révolution

Chasseurs à cheval français sous la Révolution, 1793-1799, par Richard Knötel.

Bonnaud est promu au grade de gĂ©nĂ©ral de brigade le [14]. Le , profitant du brouillard matinal, il conduit trois rĂ©giments de cavalerie sur le village d'Abscon et culbute un avant-poste de 70 cavaliers autrichiens. Son coup fait, Bonnaud et ses 2 400 hommes se replient lorsqu'ils sont contre-attaquĂ©s par 630 cavaliers aux ordres du gĂ©nĂ©ral Wurmb. Une mĂŞlĂ©e incertaine s'ensuit pendant laquelle les deux camps essuient de lourdes pertes[15]. Le , 15 000 fantassins et 4 500 cavaliers venus de Cambrai et Bouchain se massent en quatre colonnes pour attaquer les forces de Wurmb couvrant le siège de Landrecies. Cette force d'attaque comprend notamment 5 000 soldats d'infanterie commandĂ©s par le gĂ©nĂ©ral Proteau et 1 500 cavaliers sous les ordres de Bonnaud[16]. Les Français sont battus le Ă  la bataille de Villers-en-Cauchies par la cavalerie coalisĂ©e forte du rĂ©giment de hussards autrichiens no 17 Archiduc LĂ©opold et du 15e dragons lĂ©gers britannique Ă  deux escadrons chacun. Les Autrichiens perdent 20 hommes dont dix sont portĂ©s disparus et les cavaliers anglais laissent sur le terrain 58 tuĂ©s et 17 blessĂ©s[17]. Après quelques manĹ“uvres initiales, les quatre escadrons coalisĂ©s menĂ©s par Otto et MĂ©csery chargent les cavaliers de Bonnaud et les mettent en dĂ©route. L'infanterie de Proteau se forme en un large carrĂ© pour rĂ©sister Ă  l'attaque, mais les cavaliers anglo-autrichiens disloquent la formation et les fantassins français sont dispersĂ©s, laissant quatre pièces d'artillerie aux mains des assaillants. Dans leurs relations, les AlliĂ©s affirment avoir tuĂ© 900 Français et en avoir blessĂ© 400 autres. Le sort infligĂ© aux troupes de Proteau incite les autres colonnes françaises Ă  se replier sur le camp de CĂ©sar[18].

ConformĂ©ment aux instructions du gĂ©nĂ©ral Pichegru, le commandant en chef de l'armĂ©e du Nord, une armĂ©e de 30 000 soldats et 80 canons commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral RenĂ©-Bernard Chapuis quitte Cambrai dans la nuit du afin de libĂ©rer Landrecies. Couvertes par le brouillard, les diffĂ©rentes colonnes françaises s'avancent sur leurs objectifs respectifs : la colonne centrale forte de 18 000 hommes sur Le Cateau-CambrĂ©sis, la colonne de droite alignant 7 000 Ă  8 000 hommes sous le commandement de Bonnaud par Wambaix et Ligny-en-CambrĂ©sis et enfin la colonne de droite, la plus faible avec un effectif de 4 000 hommes, vers Solesmes oĂą elle doit relever la garnison qui s'y trouve. Après avoir refoulĂ© les avant-postes de la Coalition jusqu'Ă  leurs lignes, Chapuis dĂ©ploie son dispositif qu'il oriente au sud-est vers Troisvilles, son flanc gauche ancrĂ© sur le village d'Audencourt. Le gĂ©nĂ©ral français commet cependant l'erreur de ne pas poster de troupes au nord de Beaumont-en-CambrĂ©sis pour garder la vallĂ©e d'Erclin. SimultanĂ©ment, la colonne de droite dirigĂ©e par Bonnaud se rabat sur sa gauche et fait sa jonction avec la colonne centrale Ă  proximitĂ© de Bertry[19]. Lorsque le brouillard se dissipe, le gĂ©nĂ©ral autrichien Otto et le duc d'York remarquent que le flanc gauche français est particulièrement vulnĂ©rable et dĂ©cident de l'attaquer. Otto, avec six escadrons de cuirassiers autrichiens et deux petites brigades de cavalerie lourde britanniques, est dĂ©pĂŞchĂ© sur ce secteur mal protĂ©gĂ© de la ligne française. DĂ©celant trop tard cette manĹ“uvre, Chapuis tente dĂ©sespĂ©rĂ©ment de renforcer sa gauche avec de la cavalerie. La colonne de droite parvient Ă  se replier grâce Ă  l'intervention d'un rĂ©giment de carabiniers conduit par Bonnaud, qui maintient Ă  distance deux unitĂ©s de cavalerie lĂ©gère britanniques[20]. En revanche, chargĂ©e de flanc et sur ses arrières par les cavaliers coalisĂ©s, la colonne centrale est anĂ©antie. Lors de cette bataille de Troisvilles, qui s'est dĂ©roulĂ©e le , les Français laissent sur le terrain 5 000 tuĂ©s ou blessĂ©s, 350 prisonniers dont le gĂ©nĂ©ral Chapuis, 32 canons et 44 caissons. Les AlliĂ©s perdent 396 cavaliers dans cette action, leur infanterie n'ayant jouĂ© pratiquement aucun rĂ´le[21].

Des fantassins français formés en carré résistent à une attaque ennemie, par Felician Myrbach.

Bonnaud est nommĂ© gĂ©nĂ©ral de division le [14]. Le mĂŞme jour, Landrecies se rend aux CoalisĂ©s[22]. Bonnaud, après quelques rĂ©ticences, accepte le commandement de l'ancienne division Chapuis[23]. Si de nombreux officiers bĂ©nĂ©ficient Ă  cette Ă©poque d'un avancement très rapide, beaucoup sont Ă©galement dĂ©noncĂ©s comme traĂ®tres et envoyĂ©s Ă  l'Ă©chafaud[24]. Peu après, Pichegru dĂ©tache la division Bonnaud sur Sainghin-en-MĂ©lantois, près de Lille, oĂą elle absorbe la brigade Osten ce qui porte l'effectif de l'unitĂ© Ă  23 000 hommes. Le , la division Bonnaud attaque les troupes du duc d'York Ă  Marquain, aujourd'hui dans la banlieue sud de Tournai. Le commandant britannique parvient Ă  tourner l'aile droite française Ă  Camphin-en-PĂ©vèle avec trois brigades de cavalerie lourde respectivement aux ordres de David Dundas, Robert Laurie et Richard Vyse. Une partie de la cavalerie française se dĂ©bande mais l'infanterie se retire en bon ordre[25]. Pour la première fois dans l'histoire militaire, les fantassins français adoptent avec succès la formation carrĂ©e, repoussant plusieurs charges de la cavalerie britannique. Le tir Ă  mitraille des canons coalisĂ©s dĂ©sorganise nĂ©anmoins les carrĂ©s et l'un d'entre eux est enfoncĂ© par une charge des Royal Scots Greys. La cavalerie britannique mène ensuite de nouvelles charges qui se soldent par la destruction de deux autres carrĂ©s. L'engagement, qui a eu lieu sur les communes de Baisieux et Willems, coĂ»te aux Français environ 3 000 tuĂ©s ou blessĂ©s, 500 prisonniers et 13 canons. Les pertes britanniques se montent Ă  245 hommes. Ces combats s'inscrivent dans un affrontement plus large opposant les CoalisĂ©s aux Français Ă  Courtrai et dont ces derniers Ă©mergent victorieux[26].

Le , lors de la bataille de Tourcoing, 82 000 soldats français commandĂ©s temporairement par le gĂ©nĂ©ral Joseph Souham battent une armĂ©e coalisĂ©e de 74 000 hommes sous les ordres du prince de Saxe-Cobourg[27]. Face aux divisions de Souham et de Moreau qui ont pris position Ă  Menin et Courtrai, le chef d'Ă©tat-major autrichien Karl Mack dĂ©cide de scinder les forces de la Coalition en six colonnes afin d'envelopper le dispositif français. Le mouvement en tenaille sur la gauche est confiĂ© au gĂ©nĂ©ral Clerfayt qui commande 19 600 hommes. Au sud s'avancent les colonnes des gĂ©nĂ©raux von dem Bussche (4 000 hommes), Otto (10 000 hommes), du duc d'York (10 750 hommes), du comte de Kinsky (11 000 hommes) et de l'archiduc Charles (18 000 hommes). Le plan de Mack se rĂ©vèle très difficile Ă  mettre en Ĺ“uvre car il nĂ©cessite une progression rapide des troupes et une coordination parfaite entre les colonnes. De fait, les colonnes d'York et d'Otto sont les seules Ă  rejoindre leur point de rendez-vous dans la soirĂ©e du . Clerfayt ne franchit l'Escaut que le lendemain matin tandis que Bussche est tenu en Ă©chec par les Français. Kinsky parvient Ă  refouler les hommes de Bonnaud dans son secteur mais arrive très en retard par rapport Ă  l'heure prĂ©vue ; quant Ă  l'archiduc Charles, il est victime d'une crise d'Ă©pilepsie, ce qui met un coup d'arrĂŞt Ă  sa progression. Sous les ordres de Souham, qui a pris le commandement en l'absence de Pichegru, les troupes françaises lancent une contre-attaque. Pendant que Moreau contient les efforts de Clerfayt, Souham et Bonnaud se jettent avec 40 000 hommes sur les colonnes du duc d'York et du gĂ©nĂ©ral Otto. Au nord, la division Souham oblige ces deux gĂ©nĂ©raux Ă  reculer tandis que Bonnaud dĂ©bouche par l'ouest et menace les arrières de York. Dans l'après-midi du , les forces d'Otto sont repoussĂ©es tandis que les soldats de York Ă©chappent de justesse Ă  l'encerclement, abandonnant 32 pièces d'artillerie sur le champ de bataille. Après l'Ă©chec subi par la Coalition au centre, les colonnes de Clerfayt, Kinsky et Charles reçoivent l'ordre de battre en retraite[28].

Le , les CoalisĂ©s prennent leur revanche Ă  la bataille de Tournai[27]. ArrivĂ© au quartier-gĂ©nĂ©ral le lendemain de la bataille de Tourcoing, Pichegru ordonne un assaut sur les lignes alliĂ©es Ă  Tournai. Alors que la division Souham s'en prend Ă  l'aile droite ennemie, Bonnaud tente de progresser sur le centre tout en opĂ©rant une manĹ“uvre de diversion sur le flanc gauche. Après un engagement furieux qui cause de lourdes pertes dans les deux camps, les Français doivent s'avouer vaincus[29]. Le , l'armĂ©e française rĂ©ussit Ă  prendre Ypres ce qui inaugure l'invasion de cette partie de la Flandre[30]. L'armĂ©e du Nord s'empare ensuite successivement de Bruges le 1er juillet et de Bruxelles le 10[31]. S'ensuit une pĂ©riode d’accalmie durant laquelle les Français capturent mĂ©thodiquement les forteresses coalisĂ©es dans le nord de la France. Au , la 5e division commandĂ©e par Bonnaud aligne 9 103 fantassins et 1 558 cavaliers ainsi que 34 canons et cinq obusiers servis par 658 artilleurs[32]. Sa division force les lignes de BrĂ©da le et est la première Ă  entrer dans La Haye le [33]. Bonnaud et Macdonald sont Ă©galement crĂ©ditĂ©s de la capture de la flotte hollandaise au Helder mais cet exploit a Ă©tĂ© accompli en rĂ©alitĂ© par un officier relativement jeune, Louis Joseph Lahure[34].

En Vendée

La promotion de Bonnaud au grade de gĂ©nĂ©ral de division est confirmĂ©e le et il est transfĂ©rĂ© Ă  l'armĂ©e des cĂ´tes de Cherbourg le [33]. Selon une autre source, Bonnaud commande en un dĂ©tachement de l'armĂ©e du Nord envoyĂ© en VendĂ©e pour rĂ©primer le soulèvement royaliste[35]. Le 1er septembre, il est placĂ© Ă  la tĂŞte d'un contingent de 6 000 hommes de l'armĂ©e de Cherbourg pour assister le gĂ©nĂ©ral Hoche dans la dĂ©fense de Nantes et dans la lutte contre le chef vendĂ©en François Athanase Charette de La Contrie. Il dirige ensuite la 3e colonne mobile dans un engagement contre les rebelles Ă  Saint-Florent-le-Vieil le [33]. Du au , Bonnaud sert provisoirement comme gĂ©nĂ©ral en chef de l'armĂ©e des cĂ´tes de Cherbourg[36] en remplacement du gĂ©nĂ©ral Aubert-Dubayet devenu ministre de la Guerre[35]. Le , le Directoire fusionne les armĂ©es de Cherbourg, de l'Ouest et des cĂ´tes de Brest pour donner naissance Ă  l'armĂ©e des cĂ´tes de l'OcĂ©an. Le dĂ©cret entre en application le et le gĂ©nĂ©ral Hoche est dĂ©signĂ© pour exercer les fonctions de commandant en chef[37].

La campagne du Rhin, 1796

Le , Bonnaud prend le commandement de la rĂ©serve de cavalerie Ă  l'armĂ©e de Sambre-et-Meuse, sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Jean-Baptiste Jourdan[33]. La campagne sur le Rhin commence le 1er juin lorsque l'aile gauche de l'armĂ©e dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral KlĂ©ber s'avance par le sud depuis DĂĽsseldorf. KlĂ©ber bat les Autrichiens Ă  Altenkirchen le et Jourdan dĂ©cide d'envoyer sur la rive est du Rhin trois divisions d'infanterie et la cavalerie de Bonnaud sur Neuwied[38]. Les 15 et , une armĂ©e autrichienne supĂ©rieure en nombre aux ordres de l'archiduc Charles dĂ©fait Jourdan Ă  Wetzlar, contraignant Bonnaud et les trois divisions qui l'accompagnent Ă  repasser sur la rive ouest du fleuve. Cette offensive suivie d'une retraite devaient permettre Ă  l'armĂ©e de Rhin-et-Moselle du gĂ©nĂ©ral Moreau de franchir le Rhin plus au sud[39]. Cette dernière ayant rĂ©ussi Ă  Ă©tablir une tĂŞte de pont, l'armĂ©e de Jourdan lance une nouvelle offensive le et les cavaliers de Bonnaud repassent le Rhin Ă  Bonn le . Après la chute de Francfort le , Jourdan dĂ©tache 28 545 soldats sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Marceau pour effectuer le blocus des forteresses de Mayence et d'Ehrenbreitstein tandis que lui-mĂŞme avec le reste des troupes continue de progresser vers l'est[40].

Ă€ la fin du mois d'aoĂ»t, l'armĂ©e de Sambre-et-Meuse se trouve confrontĂ©e aux forces autrichiennes du gĂ©nĂ©ral Wartensleben le long de la rivière Naab, la division Bernadotte surveillant le flanc sud. Jourdan, qui a un moment espĂ©rĂ© que l'armĂ©e de Moreau fixe les Autrichiens en Allemagne du Sud, est déçu. Les 22 et , les 6 000 hommes de la division Bernadotte sont attaquĂ©s par les 28 000 soldats de l'archiduc Charles. Jourdan envoie la cavalerie de Bonnaud au secours de son subordonnĂ© mais la situation Ă©volue rapidement au dĂ©savantage des Français et Bernadotte doit se replier au nord-est vers Forchheim[41]. Bonnaud, qui n'a pas pu faire sa jonction avec Bernadotte, est assailli Ă  son tour par des forces supĂ©rieures alors que ses cavaliers tentent de rallier l'armĂ©e principale. Jourdan tente de dĂ©gager Bonnaud en livrant bataille aux Autrichiens mais il est dĂ©fait le Ă  Amberg[42]. Au cours de sa retraite, le gĂ©nĂ©ral en chef oblique sur Wurtzbourg avec la cavalerie de Bonnaud en tĂŞte mais les troupes autrichiennes atteignent la ville avant les siennes. Le , deux divisions françaises et la cavalerie arrivent devant Wurtzbourg et sont rejointes dans la soirĂ©e par une troisième division[43]. Les hostilitĂ©s dĂ©butent le Ă  7 h du matin lorsque la progression de la division Grenier sur le flanc gauche est brutalement stoppĂ©e par l'intervention de la cavalerie impĂ©riale. Sur un ordre de Wartensleben, 24 escadrons de cuirassiers autrichiens se prĂ©cipitent sur les troupes de Grenier mais une charge de la cavalerie divisionnaire menĂ©e par Bonnaud les repousse. L'arrivĂ©e en renfort de douze escadrons de cuirassiers supplĂ©mentaires fait toutefois pencher l'issue du combat en faveur des Autrichiens et les escadrons de Bonnaud sont rompus et forcĂ©s de trouver refuge derrière leur infanterie. Luttant de plus en plus difficilement face Ă  une armĂ©e autrichienne constamment renforcĂ©e, Jourdan ordonne la retraite[44]. La bataille de Wurtzbourg s'achève donc sur une dĂ©faite française : Jourdan a perdu 3 000 hommes et sept canons contre des pertes autrichiennes deux fois infĂ©rieures[45].

Au , l'armée de Sambre-et-Meuse s'installe sur la défensive derrière la rivière Lahn. La division Grenier occupe Giessen, à l'extrême-gauche du dispositif, non loin des troupes de Lefebvre positionnées à Wetzlar[46]. En remontant le cours sud de la rivière se trouvent respectivement les divisions de Championnet, Bernadotte, Marceau et Castlebert de Castleverd. Voulant faire porter son attaque principale sur Limburg an der Lahn à l'ouest, l'archiduc Charles parvient à persuader Jourdan de transférer le gros de ses forces vers l'est[47]. La bataille de Limbourg qui se déroule le s'achève sur une nouvelle défaite française[48]. Au matin, le général autrichien Kray lance une attaque contre le flanc gauche français et se heurte à Giessen à la division du général Grenier. Les assaillants sont repoussés mais Jourdan envoie tout de même la cavalerie de Bonnaud avec un peu d'infanterie et d'artillerie pour soutenir son aile. Plus tard dans la journée, Kray tente une nouvelle percée et force une des brigades de Grenier à céder du terrain sur la droite. Bonnaud, tirant parti d'un ravin qui le dissimule à la vue de ses adversaires, s'avance avec deux escadrons de cavalerie et charge les Autrichiens par le flanc tandis que l'infanterie de Grenier se regroupe et bouscule les troupes de Kray. Au cours de cette charge victorieuse, le général Bonnaud a la cuisse fracassée par une balle[47]. Il succombe à ses blessures le à Bonn. L'historien Ramsay Weston Phipps considère Bonnaud comme le commandant de cavalerie « le plus satisfaisant » dont ait disposé Jourdan[49]. Dans ses Mémoires, le général Jean-Pierre Dellard affirme que Bonnaud était « brave comme son épée et bon manœuvrier » et loue « son énergie et l'habitude qu'il avait de la guerre »[50]. Son nom est inscrit sous l'arc de triomphe de l'Étoile à Paris.

Distinctions

Notes et références

  1. Registre paroissial de Bras (1730-1776), cote 1 MI EC288R1, Archives départementales du Var, 299 p. (lire en ligne), p. 157
  2. Charavay 1893, p. 39.
  3. Phipps 2011a, p. 103.
  4. Phipps 2011a, p. 106 et 107 ; 111.
  5. Smith 1998, p. 24.
  6. Smith 1998, p. 25.
  7. Phipps 2011a, p. 119 Ă  121.
  8. Smith 1998, p. 26.
  9. Phipps 2011a, p. 138.
  10. Smith 1998, p. 30.
  11. Smith 1998, p. 42.
  12. Phipps 2011a, p. 154 Ă  156.
  13. Dupuis 1909, p. 100.
  14. (en) Tony Broughton, « Generals Who Served in the French Army during the Period 1789-1814: Eberle to Exelmans », sur Napoleon Series, (consulté le ).
  15. Coutanceau et La Jonquière 1907, p. 290 et 292.
  16. Coutanceau et La Jonquière 1907, p. 370.
  17. Smith 1998, p. 74 et 75.
  18. Coutanceau et La Jonquière 1907, p. 377 à 379.
  19. Coutanceau et La Jonquière 1907, p. 412 à 414.
  20. Coutanceau et La Jonquière 1907, p. 415 à 420.
  21. Coutanceau et La Jonquière 1907, p. 421 à 425.
  22. Smith 1998, p. 76.
  23. Phipps 2011a, p. 290.
  24. Phipps 2011a, p. 26 et 27.
  25. Phipps 2011a, p. 294 et 295.
  26. Smith 1998, p. 78.
  27. Smith 1998, p. 79 et 80.
  28. Phipps 2011a, p. 296 Ă  306.
  29. Phipps 2011a, p. 309 Ă  311.
  30. Smith 1998, p. 85.
  31. Phipps 2011a, p. 318.
  32. Phipps 2011a, p. 324.
  33. Charavay 1893, p. 40.
  34. Phipps 2011a, p. 330.
  35. (en) Ramsay Weston Phipps, The Armies of the First French Republic : The Armies in the West 1793 to 1797 And The Armies In The South 1793 to March 1796, vol. 3, Pickle Partners Publishing, 2011c (ISBN 978-1-908692-26-9), p. 47.
  36. Clerget 1905, p. 51.
  37. Clerget 1905, p. 56.
  38. Phipps 2011b, p. 279 Ă  281.
  39. Phipps 2011b, p. 282 Ă  285.
  40. Phipps 2011b, p. 295 Ă  297.
  41. Phipps 2011b, p. 337 et 338.
  42. Phipps 2011b, p. 340 et 341.
  43. Phipps 2011b, p. 350.
  44. Phipps 2011b, p. 351 et 352.
  45. Smith 1998, p. 121 et 122.
  46. Phipps 2011b, p. 353 et 359.
  47. (en) J. Rickard, « Combat of Giessen, 16 September 1796 », sur historyofwar.org, (consulté le ).
  48. Smith 1998, p. 124.
  49. Phipps 2011b, p. 360 et 359.
  50. Alain Pigeard (préf. baron Gourgaud), Les étoiles de Napoléon : maréchaux, amiraux, généraux 1792-1815, Quatuor, , 768 p., p. 240.

Sources

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jacques Charavay, Les gĂ©nĂ©raux morts pour la patrie : 1792-1804, SociĂ©tĂ© de l'histoire de la RĂ©volution française, , 119 p. (lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Michel Coutanceau et ClĂ©ment La Jonquière, La campagne de 1794 Ă  l'armĂ©e du Nord, Paris, R. Chapelot et Cie, (lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Victor Dupuis, La Campagne de 1793 Ă  l'ArmĂ©e du Nord et des Ardennes d'Hondtschoote Ă  Wattignies, Paris, R. Chapelot et Cie, lire en ligne sur Gallica.
  • Charles Clerget, Tableaux des armĂ©es françaises pendant les guerres de la RĂ©volution, Paris, R. Chapelot et Cie, (lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Ramsay Weston Phipps, The Armies of the First French Republic : The ArmĂ©e du Nord, vol. 1, Pickle Partners Publishing, (ISBN 978-1-908692-24-5). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
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