Accueil🇫🇷Chercher

JATO

Le décollage assisté par réaction (de l'anglais : Jet-Assisted Take-Off, JATO) est un système de moteurs-fusées qui permet de fournir une puissance supplémentaire lors du décollage d'un avion. L'autre désignation, plus précise, mais moins fréquemment utilisée, est décollage assisté par fusée (Rocket-Assisted Take-Off, RATO).

Utilisation

Le C-130 Hercules « Fat Albert » des Blue Angels décollant à l'aide de fusées JATO.

Ce système est utilisé essentiellement sur les avions militaires, dans les contextes suivants :

  • dĂ©collage Ă  une masse Ă©levĂ©e (gĂ©nĂ©ralement combinĂ©e aux deux raisons suivantes) ;
  • piste de dĂ©collage trop courte par rapport Ă  la masse de l'avion ;
  • dĂ©collage sur des terrains inappropriĂ©s ou "collants" (glace, neige, terre) ;
  • dĂ©collage tactique sur des distances très courtes (transport militaire) ;
  • compensation de la perte de puissance et de portance de l'avion en raison de l'altitude et/ou la tempĂ©rature.

Description

Une fusée JATO.

Les fusĂ©es JATO se prĂ©sentent sous la forme de grosses bouteilles, gĂ©nĂ©ralement fixĂ©es sous les ailes ou sur les cĂ´tĂ©s du fuselage. Cas particulier, le Boeing B-47 Stratojet disposait d'un espace Ă  l'arrière du fuselage pour monter 18 puis 33 fusĂ©es dans un conteneur largable. La poussĂ©e n'est pas modulable et chaque fusĂ©e est Ă  usage unique, fonctionnant pendant une durĂ©e d'environ 10 Ă  15 secondes.

Ă€ titre d'exemple, chacune des 12 fusĂ©es JATO utilisĂ©es par le bombardier français Mirage IV pesait 65 kg et fournissait une poussĂ©e de 454 kgp[1] - [2], soit au total 5 488 kgp, augmentant la puissance disponible au dĂ©collage de 41 %.

Historique

Un Mirage III suisse décollant avec des fusées JATO.
B-47 utilisant des fusées JATO pour réduire la distance de décollage en 1954.
Un Dassault Mirage IVP décollant avec 12 JATO en 1997.

L'Allemagne développa une série de systèmes JATO durant la Seconde Guerre mondiale. Le plus connu est le Walter HWK 109-500, destiné aux Messerschmitt Me 262 et Arado Ar 234. Aux États-Unis, les premières fusées JATO ont été conçues par une équipe de chercheurs américains dirigée par Theodore von Kármán. Les essais commencèrent en [3] et, en 1942, la compagnie Aerojet Engineering Corp. fut créée pour fabriquer ces fusées en série.

Après la Seconde Guerre mondiale, les JATO restèrent utilisĂ©s principalement pour les bombardiers lourds, voire pour des avions de transport (Lockheed C-130 Hercules)[4] ou dans d'autres cas particuliers. Concernant les bombardiers lourds, les JATO furent principalement utilisĂ©es jusque dans les annĂ©es 1950, pour pallier le manque de puissance des moteurs ne permettant pas les dĂ©collages Ă  pleine charge. Une fois que les moteurs montèrent en puissance, les JATO ne furent plus guère utilisĂ©es. Parmi les bombardiers plus rĂ©cents, seul le Dassault Mirage IV fut Ă©quipĂ© de JATO. L'utilisation de ces aides au dĂ©collage Ă©tait nĂ©cessaire sur les pistes standard de 2 400 mètres (Saint-Dizier, Luxeuil, Cambrai, Orange, Cazaux...) pour les dĂ©collages Ă  la masse maximale « guerre » dans certaines conditions climatiques (tempĂ©rature Ă©levĂ©e dĂ©passant les 40 °C[5], pression atmosphĂ©rique faible).

Concernant les avions de chasse, l'usage des JATO a Ă©tĂ© moindre. On peut citer les Douglas A-4 Skyhawk pendant la guerre du ViĂŞt Nam (lors de missions depuis des bases cĂ´tières pourvues d'une piste de 600 mètres de long seulement) et le Mirage IIIS utilisĂ© par la Suisse (dĂ©collage sur une portion de piste ou de route dans un contexte montagneux). Concernant les avions d'attaque au sol, seuls les Blackburn Buccaneers S.50 utilisĂ©s en Afrique du Sud utilisèrent rĂ©gulièrement des JATO, compte tenu de l'altitude et de la chaleur sur leur base AFB Victoria.

Un chapitre particulier de l'utilisation des JATO pour l'aviation embarquĂ©e sur porte-avions. On note son usage après la Seconde Guerre mondiale sur des monomoteurs. Concernant les avions plus lourds, le Lockheed P2V Neptune en fut dotĂ© pour permettre son dĂ©collage sur toute la longueur de l'USS Franklin D. Roosevelt (CV-42), Ă  l'Ă©poque encore dĂ©pourvu de piste oblique. Des essais furent conduits avec le Lockheed C-130 Hercules sur l'USS Forrestal, permettant un dĂ©collage sur 220 m. Toutefois, vu le volume du C-130, cela conduisit plutĂ´t au dĂ©veloppement du Grumman C-2 Greyhound (un dĂ©rivĂ© des avions de guet aĂ©rien E-2 Hawkeye) de taille plus rĂ©duite et donc mieux adaptĂ© au contexte d'un porte-avions. L'utilisation de JATO sur les E-2 Hawkeye a Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e mais non clairement concrĂ©tisĂ©e, sans doute du fait de la taille importante des porte-avions de l'United States Navy. Les chasseurs bombardiers Douglas AD Skyraider furent Ă©quipĂ©s de deux fusĂ©es ventrales, et plus tard avec des A3D Skywarrior sont dotĂ©s de 12 bouteilles.

Une variante extrême des JATO est le développement d'avions à décollage par moteur-fusée ZLL ou ZELTO (pour Zero Length Take-Off) qui étaient montés sur des rampes et propulsés par un moteur fusée, dans l'idée de pouvoir décoller au plus près de la zone de combat sans infrastructure lourde, ou de pouvoir disséminer des avions à distance de bases aériennes qui auraient été des cibles privilégiées de bombardement. Testé par l’USAF et la Luftwaffe, un F-104G Starfighter est équipé avec une fusée à poudre ventrale produisant près de 30 tonnes de poussée pour décoller directement qui en 8 secondes portait le chasseur à 600 mètres d’altitude à la vitesse de 595 km/h. Le projet jugé peu pratique fut abandonné mais le concept fut aussi testé avec des F-100D Super Sabre.

Le principal problème ne fut pas celui du décollage, rapporté comme moins pénible qu'avec une catapulte, mais celui de l'atterrissage. En effet des essais avec un matelas gonflable furent plutôt tumultueux (voir F-84 Thunderjet, projets expérimentaux par exemple). À partir des années 1960, le développement d'avions à décollage et atterrissage vertical sonnèrent le glas de ces essais.

Douze avions de ligne Boeing 727-200 de la compagnie aérienne Mexicana - qui en utilisera un total de 51 entre 1970 et 2003 - peuvent avoir utilisé des JATO [6].

Jusqu'aux années 2000, le C-130 Hercules de la patrouille acrobatique américaine Blue Angels, surnommé « Fat Albert », a fait de l'utilisation des fusées JATO l'un des moments phares de ses shows publics[7] - [8] - [9] - [10] jusqu’à une dernière représentation en novembre 2009 à la NAS Pensacola, le stock datant de la période de la guerre du Viêt-Nam étant épuisé[11].

LĂ©gende urbaine

Une légende urbaine qui ne se rapporte à aucun fait réel ayant remporté un prix Darwin Awards 1995 parlait de cela [12].

Notes et références

  1. « Fusées JATO » (consulté le )
  2. [vidéo] Décollage d'un Mirage IV à l'aite de fusées JATO. sur YouTube
  3. Fact Sheets: Rocket-Assist Takeoff
  4. (en) [vidéo] JATO take-off sur YouTube
  5. Alexandre Paringaux, Dans le souffle du Rafale : Saint-Dizier, Zephir Ă©ditions, , 155 p. (ISBN 978-2361180324), p. 28.
  6. (en) J.P. Santiago, « Boeing Actually Tried Rocket Assisted Takeoffs On the 727 », sur avgeekery.com, (consulté le ).
  7. (en) [vidéo] The Blue Angels Jet Assisted Fat Albert C-130 sur YouTube
  8. (en) [vidéo] Fat Albert "JATO" Take-Off 2009 sur YouTube
  9. (en) [vidéo] C-130 "Fat Albert" Jet Assisted Take Off (JATO), NAS Miramar Air show sur YouTube
  10. (en) [vidéo] Blue Angles C-130 'Fat Albert' Reno 2009 sur YouTube
  11. http://classicwarbirds.net/berts-last-jato-launch-nas-pensacola-2009-home-coming-air-show
  12. (en) Paul Kamrath, « 1995 Darwin Awards : JATO Rocket Car », Darwin Awards (consulté le )

Voir aussi

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.