Accueil🇫🇷Chercher

Innocent VIII

Giovanni Battista Cybo-Tomasello, né à Gênes en 1432 et mort à Rome le , est un ecclésiastique catholique génois, qui devint le 213e pape de l’Église catholique le sous le nom d'Innocent VIII (en latin Innocentius VIII, en italien Innocenzo VIII).

Innocent VIII
Image illustrative de l’article Innocent VIII
Portrait du XVIIIe siècle. Anonyme. MusĂ©e du Monastère des Ursulines de Calvi dell'Umbria.
Biographie
Nom de naissance Giovanni Battista Cybo
Naissance
GĂŞnes, Drapeau de la RĂ©publique de GĂŞnes RĂ©publique de GĂŞnes
Décès
Rome, États pontificaux
Pape de l'Église catholique
Élection au pontificat
Intronisation
Fin du pontificat
(7 ans, 10 mois et 26 jours)
Évêque de l'Église catholique
EvĂŞque de Comminges
–

Blason
.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Il est connu pour la bulle Summis desiderantes affectibus qui étendit le rôle de l'Inquisition à la chasse aux sorcières ainsi que pour son soutien à l'Inquisition espagnole menée par Torquemada.

Biographie

Jeunesse et carrière

Fils d'Arano Cybo (ou Cibo) et d'une patricienne génoise, Giovanni Battista Cybo passe sa jeunesse à la cour de Naples. Il entre ensuite dans les ordres et reçoit en 1432 l'évêché de Comminges, puis de Savone des mains de Paul II en 1467. En 1472, il est nommé évêque de Molfetta. Grâce à la protection du cardinal Giuliano della Rovere, futur Jules II, il entre à la Curie romaine. En 1473, il est élevé à la dignité de cardinal. À la mort de Sixte IV, il est élu pape lors du conclave de 1484, en partie grâce aux intrigues des cardinaux della Rovere (futur Jules II) et Borgia (futur Alexandre VI).

NĂ©potisme

Sous son pontificat, il recule les limites de l'opprobre par une vénalité effrénée des charges. Corruption, vénalité, népotisme (jugé « aussi somptueux qu'éhonté »[1]), faux privilèges, fausses bulles, intrigues sont des mesures courantes[2]. Il est le premier pape à reconnaître ses enfants illégitimes, cependant nés avant qu'il ne devienne clerc[3] pour lesquels il organise des noces au Vatican[4] - [5]. Il marie son fils aîné Franceschetto Cybo à la fille de Laurent de Médicis, qui en échange use de ses relations pour créer cardinal son fils Giovanni, alors âgé de treize ans. Ce dernier deviendra pape en 1513 sous le nom de Léon X. Son frère Maurizio Cibo est gouverneur de Pérouse, et père du cardinal Lorenzo Cibo[5] - [6] . Le prédicateur Jérôme Savonarole fustigea ses ambitions mondaines[5].

Affaires italiennes

En Italie, il fait appel Ă  Florence, dirigĂ©e par Laurent le Magnifique, pour obtenir des finances. En remerciement, il marie son bâtard Franceschetto Ă  la fille de Laurent, Maddalena, ce qui fait murmurer ses contemporains, et il Ă©lève Ă  la dignitĂ© de cardinal le fils de Laurent, Giovanni, âgĂ© seulement de 13 ans — le futur LĂ©on X.

Il mène la guerre contre Ferdinand Ier de Naples, qui avait refusé à plusieurs reprises de payer le tribut d'investiture au pape. Une première campagne se solde par une paix mitigée en 1486, qui n'apaise pas l'hostilité entre les deux monarques. En 1489, Innocent VIII excommunie son adversaire et demande l'intervention de Charles VIII de France, lui promettant officiellement le royaume de Naples. Le conflit ne prend fin qu'en 1492.

Islam et chrétiens d'Orient

Djem, frère cadet du sultan Bajazet II, avait dĂ» fuir Constantinople pour Ă©chapper Ă  son frère. Après diverses pĂ©rĂ©grinations, Ă  Rhodes, Ă  Nice, Ă  Bourganeuf, il est confiĂ© au pape Ă  Rome. Le sultan, dĂ©sireux de tenir Ă©loignĂ© un rival pour son trĂ´ne, offre au pape la somme de 120 000 ducats pour le retenir prisonnier dans ses États. Par cupiditĂ© , Innocent VIII accepte aussitĂ´t la proposition.

Paradoxalement Innocent VIII tente, à l'instar de ses prédécesseurs, de lancer une croisade contre les Turcs. Mais ce pragmatique est peu convaincu du succès de celle-ci. Il finit par nouer des relations diplomatiques lucratives avec le sultan Bayezid II, qui, en gage d'amitié, lui remet la Sainte Lance, censée avoir transpercé Jésus-Christ. Pour les chrétiens d'Orient, abandonnés aux Turcs, tout espoir d'un quelconque soutien par l'Église de Rome est désormais enterré.

Il reconnaît Henri VII comme monarque légitime au sortir de la guerre des Deux-Roses.

Durcissement de l'Inquisition

Mosaïque du pape Innocent VIII (mosaïque du milieu du XIXe siècle). Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs.

Ce pape superstitieux a attaché son nom à la chasse aux magiciens et sorcières. Il publie la bulle Summis desiderantes affectibus (), autorisant l'Inquisition à agir en matière de sorcellerie, pratiquée à la fois par les hommes et les femmes. Plus précisément, elle autorise Henri Institoris et Jacques Sprenger à instruire le procès de deux sorcières présumées en Allemagne. À leur retour, les deux dominicains publient le fameux Malleus Maleficarum (Le Marteau des sorcières) en 1486 avec le soutien d'Innocent VIII, mais qui en raison de ses excès et de ses aberrations, est peu après interdit par l'Église elle-même en 1490.

Il approuve la très dure répression menée par l'Inquisition espagnole dirigée par Torquemada contre les marranes, juifs convertis et soupçonnés de continuer à pratiquer leur religion originelle. Il le confirme dans ses fonctions de Grand Inquisiteur et supprime la possibilité pour les accusés de faire appel auprès de l'évêque de Séville[7].

Il accorde le titre de « Rois catholiques » à Ferdinand II d'Aragon et Isabelle de Castille et leur confère le droit de nommer les successeurs du grand Inquisiteur.

Lorsque l'humaniste Pic de la Mirandole suggère de réunir à ses propres frais un congrès de philosophes pour instituer un projet de paix universelle où il se propose de prononcer un discours sur la dignité de la personne humaine, le pape s'y oppose et les thèses de Pic de la Mirandole sont condamnées.

Mécénat

Il restaure plusieurs églises romaines. Il fait bâtir le palais du Belvédère. Il fait travailler Antonio Pollaiolo, le Pinturicchio, Andrea Mantegna ou encore le Pérugin.

Mort

Innocent VIII meurt Ă  Rome le . Son corps repose Ă  Rome dans la basilique Saint-Pierre.

Le Pape agonisant aurait bénéficié de la première tentative de transfusion recensée dans l'Histoire : un médecin juif, Giacomo di San Genesio, aurait tenté de lui injecter le sang de trois enfants, ce qui aurait provoqué leur mort[8]. Cependant, selon le médecin et essayiste Gérard Tobelem, « aucun récit historique fiable ne permet d'authentifier » l'événement[9].

Descendance

Innocent VIII (alias Giovanni Battista Cybo) a eu sept enfants dont deux nés avant son entrée dans le clergé[10] - [6].

Sceau

Matrice en amande en bronze (49 mm), prise diamĂ©trale Ă  double ressaut percĂ©. Deux saints religieux, l'un tenant un livre, l'autre les mains levĂ©es paumes vers les fidèles, dans une double niche sommĂ©e de deux blasons aux clefs croisĂ©es ; dans la partie infĂ©rieure le blason : « bande Ă©chiquetĂ©e, chef chargĂ© d'une croix », timbrĂ© de la tiare Ă  double fanon crucifère dont la lĂ©gende est : « Scti coffessores XPI orate p nobis »[11].

Notes et références

  1. (en) Encyclopædia Britannica, .
  2. « L'Histoire du christianisme », Le Temps [lire en ligne].
  3. (en) Nicholas Weber, « Pope Innocent VIII », sur Catholic Encyclopedia, (consulté le ).
  4. L'obligation de célibat.
  5. (en) Roberto Ridolfi, The Life of Girolamo Savonarole, Alfred A. Knopf, , 325 p..
  6. (en) « La famille Cibo (Cybo), p. 57-58 », sur Généalogie papale : familles et descendance des papes, par George L. Williams, chez McFarland & Company, à Jefferson (Caroline du Nord), 1998.
  7. Joseph Pérez, Brève histoire de l'Inquisition en Espagne, Fayard, , p. 19.
  8. Denis Varaschin, Risques et prises de risques dans les sociétés industrielles, Peter Lang, , p. 171.
  9. GĂ©rard Tobelem, Histoires du sang, Plon, .
  10. (en) Nicholas Weber, « Pope Innocent VIII », The Catholic Encyclopedia, vol. 8, New York, Robert Appleton Company, 1910 (consulté sur newadvent.org le ).
  11. Matrice décrite par René Grandilhon, « Inventaire des sceaux-matrices antérieurs à 1789, conservés dans les collections publiques et privées du département du Cher », Mémoires de la Société historique, littéraire et scientifique du Cher, 4e série, vol. XLII, 1936, p. 17.

Annexes

Bibliographie

  • A. Esposito, Philippe Levillain (dir.), Dictionnaire historique de la papautĂ©, Paris, Fayard, (ISBN 2-213-618577).

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.