Summis desiderantes affectibus
Summis desiderantes affectibus (en français : « Désireux d'ardeur suprême »)[1] est une bulle promulguée par le pape Innocent VIII le .
Contexte historique
La bulle est rédigée en réponse à la demande de l'inquisiteur Heinrich Kramer à disposer de pouvoirs explicites à poursuivre la sorcellerie en Allemagne, après avoir essuyé un refus d'aide par les autorités ecclésiastiques locales[2]. Cette bulle pontificale conduit les deux inquisiteurs Heinrich Kramer et Jacques Sprenger à mener en Allemagne, une chasse aux sorcières cruelle[3]. Ceux-ci rédigeront, en 1486 ou 1487, le Malleus Maleficarum (Le Marteau des sorcières), un traité sur la sorcellerie et les moyens pour lutter contre la sorcellerie (livre toujours édité de nos jours)[4]. Innocent VIII, donne une pleine approbation pontificale à l'inquisition afin de procéder à la correction, l'emprisonnement, punition et châtiment de ces personnes « selon leurs mérites ». La bulle reprend essentiellement les vues de Kramer, sur le fait qu'une épidémie de sorcellerie et une hérésie se produisent dans la vallée du Rhin en particulier dans les diocèses de Mayence, Cologne, Trèves, Salzbourg et Brême, comprenant les accusations de certains actes.
La bulle exhorte les autorités locales à coopérer avec les inquisiteurs et menace ceux qui entravent leur travail d'excommunication[5]. Malgré cette menace, la bulle omet de s'assurer que Kramer obtienne le soutien qu'il espérait, l'obligeant à se retirer et rassembler son point de vue sur la sorcellerie dans son livre Malleus Maleficarum. Summis desiderantes affectibus est publié dans la préface du livre pour signaler l'approbation papale de son travail.
La bulle, qui synthétise les crimes spirituels et séculaires de la sorcellerie, est souvent considérée comme ayant ouvert la porte à la chasses aux sorcières de l'époque moderne. La bulle est également considérée comme « clairement politique », inspirée par des conflits de compétence entre les prêtres catholiques allemands et les clercs de l'office de l'inquisition qui répondent plus directement au pape.
Sources
- Inquisition d'Espagne : Annie Molinié-Bertrand (p. 96 & s.)
- Les Grandes Affaires criminelles d'Alsace : Laurent Lallemand
- Malleus Maleficarum (version (en)) document en ligne format pdf
- Compte rendu de Dedieu Jean-Pierre (1991) sur Henri Institoris et Jacques Sprenger, Le marteau des sorcières (Malleus Maleficarum) en ligne
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Summis desiderantes affectibus » (voir la liste des auteurs).
Bibliographie
- Classifications et nosologies des troubles psychiques: approches : Gérard Pirlot
- La Femme : objet de la gent masculine et des diktats sociétaux : Florence Samso
- La Police religieuse dans l'ancienne France : Gabriel Le Bras
- Église et société en Occident : XIIIe-XVe siècles : Catherine Vincent
- Éros, blessures et folie. Détresses du vieillir publié par Alain Montandon
- Les Diables de Loudun : sorcellerie et politique sous Richelieu : Michel Carmona
- L'Envers du Vatican : récit agrémenté de quelques cantiques : Reitlag
- Refonder l'Église : Dissentiment et Leadership : Gerald A. Arbuckle
- Fictions du Diable: Démonologie et Littérature de saint Augustin à Léo Taxil publié par Françoise Lavocat, Pierre Kapitaniak, Marianne Closson
- Érasme et l'Italie : Augustin Renaudet
Liens internes
Références
- Le nom est parfois résumé à Summis desiderantes (Kors et Peters, p. 180; Burr, p. 7). Burr se réfère parfois à cette bulle en tant que Bulle des sorcières de 1484
- (en) Kors, Alan Charles; Peters, Edward (2000). Witchcraft in Europe, 400-1700: A Documentary History. Philadelphie, University of Pennsylvania Press. (ISBN 0-8122-1751-9) p. 177
- La Police religieuse dans l'ancienne France : Gabriel Le Bras
- Henri Institoris et Jacques Sprenger, Le Marteau des sorcières (Malleus Maleficarum)
- (en) Darst David (Sorcellerie en Espagne ⇒ Witchcraft in Spain: The Testimony of MartÃn de Castañega's Treatise on Superstition and Witchcraft (1529)