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Hypothèses généalogiques sur les Mérovingiens

Les Hypothèses généalogiques sur les Mérovingiens regroupent les études proposées tout au long des derniers siècles autour de l'arbre généalogique des rois Mérovingiens.

Les origines

Ascendance des Mérovingiens

L'ascendance de Clodion, le plus ancien roi de la dynastie des Mérovingiens est un problème qui restera probablement sans solution. Elle fait l'objet d'un débat qui est loin d'être clos, comme le signale un article de Martin Heinzelmann paru en 1982[1].

  • Le premier à mentionner les prédécesseurs de Clodion est Grégoire de Tours qui raconte, en 592, que l'invasion des Francs dans l'Empire a été menée par trois ducs, Génobaud, Marcomir et Sunnon. Il parle ensuite du roi Théodomir, exécuté par les Romains vers 420, puis de Clodion le Chevelu[2].
  • Puis la Chronique de Fredegaire déclare en 660 que Theodomir a eu pour successeur son fils Clodion[3].

La valeur de ces différents documents a été discutée au cours du temps. Pharamond est considéré comme mythique par la critique historique moderne. Godefroid Kurth rejette sa qualité de roi des Francs et d'ancêtre des Mérovingiens, position suivie par la plus grande majorité des historiens, mais ne remet pas vraiment en cause son historicité[Note 1]. La filiation entre Théodomir et Clodion est considérée comme une interpolation faite par Frédégaire à partir du texte de Grégoire de Tours.

Christian Settipani résume en exposant les deux hypothèses existantes, qui sont exclusives[1] :

  1. Clodion est fils de Pharamond, lui-même fils de Marcomir,
  2. Clodion est fils de Théodomir, lui-même fils de Richomer.

Il affirme sa préférence pour la seconde hypothèse, mais sans être catégorique, avec pour principal argument que les composantes onomastiques de Richomer et de Théodomir se retrouvent plus souvent dans la descendance de Clodion que ceux de Pharamond et de Marcomir[1].

Richomer
Consul en 384
(† 393)
Ascyla
Marcomir
Roi franc
(† Après 400)
Théodomir
Roi franc
(† 420)
Pharamond
Roi franc
Clodion le Chevelu

Liaison avec les premiers roitelets francs

Il n'y a pas de certitude concernant la descendance de Clodion le Chevelu et son lien avec les premiers roitelets francs. Selon Grégoire de Tours[5], « On prétend que le roi Mérovée, qui eut pour fils Childéric, était né de sa race [celle de Clodion] ». Godefroid Kurth considère Mérovée comme le fils de Clodion[6], et est suivi par plusieurs historiens, bien que Pierre Riché et Patrick Périn soient plus circonspects et disent que Mérovée « fut peut-être le fils de Clodion »[7].

Les historiens disposent de plusieurs sources mentionnant des princes et des rois francs vivant entre l'époque de Clodion et celle de Clovis :

  • 469 : Sidoine Apollinaire relate la visite de Sigemer, prince franc rhénan, venu à Lyon pour se marier, probablement avec une princesse burgonde[8] - [9].
  • 592 : Grégoire de Tours mentionne Clodion, puis écrit que « certains prétendent que de sa lignée est sorti le roi Mérovée, de qui Childéric fut le fils », Childéric qu'il précise plus loin comme étant le père de Clovis Ier[10].
  • entre 629 et 639[Note 2] : Une généalogie de rois francs, rédigée en Austrasie, mentionne que « Chloio est le premier roi des Francs. Chloio engendre Glodobode. Ghlodobedus engendre Mereveo. Mereveus engendre Hilbricco. Hildebricus engendre Genniodo. Genniodus engendre Hilderico. Childericus engendre Chlodoveo... »[11] - [12].
  • entre 612 et 629[Note 3] : Une généalogie de rois francs, rédigée en Neustrie, mentionne que « On dit que le premier roi des Francs est Faramond. Faramond engendre Clenus et Clodion. Clodion engendre Clodebaud. Clodebaud engendre Clodéric. Clodéric engendre Clovis et Clodomir. Clovis engendre Childebert, Thierry et Clotaire. Clotaire engendre Gonthaire, Caribert, Gontran, Chramn et Sigebert. Sigebert engendre Childebert. Childebert engendre Thibert, Thierry et Chilpéric. Chilpéric engendre Clotaire »[13] - [14].
  • Enfin, Grégoire de Tours signale plusieurs rois francs, tous parents de Clovis et tués à l'instigation de ce dernier. Il s'agit de :
  1. Sigebert le Boiteux, roi des Francs de Cologne, et son fils Chlodéric[15] - [16] - [17],
  2. Ragnacaire, roi des Francs de Cambrai, et ses frères Richer et Rignomer[18] - [19] - [20],
  3. Cararic, roi franc[18] - [21].

Godefroid Kurth écrit que ces différents royaumes sont issus du partage de celui de Clodion, tout en émettant une réserve sur celui de Cologne[Note 4].

Effectivement, après la migration des Francs saliens vers la Belgique sous la conduite de Clodion, les Francs rhénans se sont trouvés coupés de ces derniers, et il est peu probable que Clodion ait eu la possibilité de gouverner les deux branches de la ligue franque. Les Francs rhénans se sont trouvés coupés de leurs frères Saliens et isolés face à leurs ennemis alamans et n'ont eu d'autre solution que de se regrouper en un royaume, à une date indéterminée entre 431 et 469. Peut-être ont-ils demandé à Clodion d'envoyer un de ses fils pour qu'il devienne leur roi.

En effet Karl Ferdinand Werner constate « un sentiment très fort de l'unité du regnum Francorum : le seul garant de cette unité, c'est la dynastie dont les membres, seuls, ont le droit d'être roi à l'Est comme à l'Ouest »[22] et Franz Staab (de) parle de la « dynastie mérovingienne rhénane »[23] ou de « la branche rhénane de la dynastie mérovingienne »[24].

D'après le généalogiste Christian Settipani, ce qui milite en faveur de cette hypothèse de royaume des Francs Rhénans confié à un fils de Clodion du nom de Chlodebaud, ce sont deux généalogies composées au début du VIIe siècle et mentionnant ce Clodebaud comme un fils de Clodion. Certes ces généalogies ne sont pas à prendre au pied de la lettre, mais elles sont trop dissemblables pour que l'une soit une variante de l'autre. Toujours selon Settipani, la généalogie neustrienne est à prendre comme une interpolation d'une liste de rois rhénans puis austrasiens[Note 5], où les filiations auraient été ajoutées par la suite[25]. La généalogie austrasienne serait à corriger de la manière suivante « Clodion engendre Clodebaud et Mérovée. Mérovée engendre Childéric, Genniod et Childéric. Childéric engendre Clovis »[1]. Godefroid Kurth a contesté l'historicité de Clodebaud[Note 6], mais Erich Zöllner constate que son nom est proche de celui de Clodion et se retrouve ensuite chez les Mérovingiens en la personne de Clodoald[26].

Settipani ajoute à la descendance de Clodion les princes suivants[8] :

  1. Mundéric, qui prétend au trône d'Austrasie en 534 et "qui se prétendait parent du roi" Thierry Ier. Une partie du peuple le suit et Thierry Ier se dit prêt à partager le royaume avec lui, même s'il ne s'agit que d'une ruse pour vaincre son rival. Au XIIe siècle, la Vita Gundulfi mentionne « Le jugement de Dieu a commencé quand il a permis que Mundéric pérît par le glaive, lui, le fils du parricide Clodéric »[27].
  2. Sigivald, duc d'Auvergne, qualifié de "parent" du roi Thibert[8],

Enfin, il propose cette reconstitution généalogique[8] :

Clodion
roi des Francs
(† v.450)
Mérovée
roi des Francs saliens
(† v.456)
Clodobaud
roi des Francs rhénans
Childéric Ier
roi des Francs saliens
(† 481)
Genniod
(Gennebaud ?)
Childebrict
(Childebert ?)
Sigemer
x princesse
burgonde
Sigebert le Boiteux
roi de Cologne
(† 508)
Cararic
roi franc
(† 508)
Clotilde
princesse burgonde
(† 545)
Clovis Ier
roi des Francs
(† 511)
N
princesse rhénane
Ragnacaire
roi de Cambrai
(† 508)
Richomer
prince
(† 508)
Richer
prince
(† 508)
Clodéric
roi de Cologne
(† 509)
N
Prince

Mérovingiens
Thierry Ier
roi d'Austrasie
Mundéric
prétendant austrasien
(532)
Sigivald
duc d'Auvergne
(532)

Cependant, cette généalogie n'est pas exempte de critique :

  • Il n'est pas certain que Sigivald, conseiller du roi Thierry Ier en 532 soit frère de Mundéric, révolté contre ce même Thierry durant la même année.
  • La localisation du royaume de Cambrai, en pays des francs saliens, voudrait que Ragnacaire et ses frères soient des rois saliens donc issus de Genniod ou de Childebrict plutôt que de Clodebaud.
  • Il est difficile de savoir à quel titre Clodobaud est devenu roi des Francs rhénans. Ce ne peut pas être par héritage, la situation respective des Francs saliens et des Francs rhénans après l'occupation de la Belgique romaine rend improbable que Clodion fût roi des Francs rhénans.

Les filiations des derniers rois

Childebert l'adopté

L'auteur anonyme du Liber Historiae Francorum raconte que Childebert était fils de Grimoald, maire du palais d'Austrasie au nom du jeune roi Sigebert III. Ce dernier avait épousé Chimnechilde vers 647, mais aucun enfant n'était né au bout de cinq ans et Sigebert, âgé de vingt et un ans, décide en 652 d'adopter Childebert, le fils de son maire du palais. Peu après, Chimnechilde donne naissance à un fils, Dagobert II, puis à une fille, Bilichilde. Quand Sigebert meurt, en 656, Grimoald écarte Dagobert, qu'il fait tonsurer, le confie à Didon, évêque de Poitiers lequel l'envoie en Angleterre, et place Childebert sur le trône. Clovis II, roi de Neustrie et demi-frère de Sigebert III voulant réunir l'Austrasie à son royaume de Neustrie, aurait laissé faire l'exil de son neveu, mais voit ses ambitions contrariées par celles de Grimoald. Au bout de six ans, Ébroïn, maire du palais au nom de Clotaire III, fils aîné de Clovis II attire Grimoald et Childebert en Neustrie, les fait tuer et place sur le trône d'Austrasie le fils cadet de Clovis II, Childéric II, qui épouse Bilichilde[28].

Malgré une inexactitude chronologique (Grimoald est exécuté en 657, et Childebert meurt seulement en 662, soit cinq ans plus tard[29]), cette histoire est encore acceptée de nos jours. Cependant, elle a récemment été remise en cause.

En effet, Richard Gerberding considère que le récit du Liber Historiae Francorum contient une invraisemblance de taille : il est difficile d'admettre que Sigebert III ait pu craindre à l'âge de 21 ans de ne pouvoir avoir de fils, crainte d'autant plus surprenante qu'il lui en naît un peu après[30].

L'historien Matthias Becher, après avoir étudié les textes mérovingiens contemporains et les diplômes de Childebert, remarque qu'aucun d'entre eux ne le mentionne comme un roi non mérovingien. En dehors du Liber Historiae Francorum, rédigé vers 720-730, soit un demi-siècle après, la mention d'adoptif n'apparaît que sous le règne de Charlemagne, à la fin du VIIIe siècle et sous la forme Childebertus adoptivus filius Grimoald(i) ou Childebertus i(d est) adoptivus Grimoaldus, formulation qui a plutôt tendance à signifier « Childebert fils adoptif de Grimoald » ou « Childebert c'est-à-dire l'adoptif de Grimoald »[31].

Christian Settipani conclut en considérant que Childebert était en fait un fils de Sigebert, légitime ou naturel, qui fut confié en tutelle à Grimoald au moment de sa mort. L'auteur du Liber Historiae Francorum, un moine neustrien, aurait alors rédigé un récit erroné mais conforme aux intérêts neustriens[32].

Clotaire IV

Aucun document d'époque ne mentionne la filiation de Clotaire IV, qui fut roi d'Austrasie de à , à l'exception d'un diplôme de Childebert III de 710 dans lequel ce dernier se dit frère d'un Clotaire. Le problème est que ce Clotaire est supposé avoir déjà régné, alors que Clotaire IV n'est monté sur le trône qu'en 717. Léon Levillain a supposé qu'il a été associé au trône du vivant de son père, puis détrôné avant de remonter sur le trône, hypothèse critiquée par Louis Dupraz et Karl August Eckhardt (de), lequel a démontré que le nom de Chlotharius dans le diplôme est une erreur et qu'il faut y voir Chlodoveus[33].

Karl August Eckhardt a ensuite analysé plusieurs témoignages tardifs qui proposent une filiation pour Clotaire IV :

Pour Karl August Eckhardt, la proposition de la Chronicon Vedastinum résulte d'une confusion avec Thierry IV, le vrai successeur de Dagobert III, qui fut effectivement élevé à Chelles. L’Historia Regum Francorum, quant à lui, est victime d'une autre confusion avec Childéric III. Clotaire IV ne pouvait pas être le fils d'un de ses successeurs. La filiation attribuée par Adémar de Chabannes correspond à celle de Clotaire III et non à celle de Clotaire IV[33].

En conclusion Karl August Eckhardt estime possible le témoignage d'Albéric de Trois-Fontaines, affirmant Clotaire IV comme fils de Thierry III. Le rédacteur de l’Historia Regum Francorum se serait en fait trompé de Thierry. Un argument renforçant la filiation en faveur de Thierry III est la mention d'Adémar de Chabannes qui indique Clotaire IV comme cousin de Charles Martel : Thierry III a épousé Clotilde Doda, dont le second prénom montre une parenté possible avec Sainte Dode, épouse de Saint Arnoul et arrière grand-mère de Charles Martel[33].

Childéric III

Aucun document contemporain ne précise la filiation de Childéric III, le dernier roi mérovingien. La Gesta Abbatum Fontanellensium rédigée vers 830 précise qu'il était fils de Thierry IV. La fiabilité de cet ouvrage est inégale, mais ce point peut être véridique, étant donné que c'est à Fontenelle que fut cloîtré le fils de Childéric, et l'auteur de la Gesta a pu le connaitre. Une généalogie du Xe siècle mentionne également ce lien de parenté, mais Adhémar de Chabannes, au XIe siècle, le dit frère de Thierry IV. Cependant le moine et historien Jean Mabillon (1632-1707) ignore ces documents et s'appuie sur un diplôme de Childéric III qui nomme Thierry comme son parens. Pour Mabillon, le fait qu'il y ait le terme de parens plutôt que genitor laisse supposer un lien de parenté plus éloigné et considère Childéric III comme fils de Chilpéric II, bien qu'aucun texte ne laisse supposer une telle filiation, pourtant reprise dans la plupart des généalogies mérovingiennes. Jules Doinel, s'appuie sur un diplôme de 749, reconnu depuis comme faux, où Childéric III mentionne son sobrinus Dagobert III, et en déduit que les deux rois étaient cousins germains. Mais Léon Levillain conteste cette analyse en démontrant que de nombreux diplômes usent de ce terme dans un sens de cousin pas forcément germain, et montre que le texte de ce diplôme est une reprise d'un acte de Chilpéric II, cousin germain du père de Dagobert III. Bien qu'aucun acte mérovingien n'utilise le terme de parens dans le sens de « père », Christian Settipani pense qu'il faut suivre le témoignage de Fontenelle[34].

Les descendances possibles

Les rois de Kent

Deux rois de Kent ont épousé des princesses franques. Le premier, Æthelberht (vers 560 ? † 616), a épousé Berthe, fille du roi de Paris Caribert Ier. Le fait est moins certain pour leur fils Eadbald. Bède le Vénérable dit qu'il s'est fait chrétien en 618 et a répudié sa première épouse, veuve de son père. Des traditions plus tardives, du XIIe siècle disent qu'il s'est remarié avec une fille du roi des Francs. Le nom d'Emma provient d'une charte qui s'est révélée par la suite fausse. Le seul roi des Francs en 618 est Clotaire II, ce qui exclut une hypothèse faisant d'Emma une fille de Thibert II, roi d'Austrasie[35]. Cependant, une hypothèse récente propose de voir en Emma une fille d'Erchinoald, maire du palais de Neustrie[36] - [37].

Par le mariage d'Æthelberht et de Berthe, le sang mérovingien s'est transmis à plusieurs lignées royales anglo-saxonnes, dont celles de Northumbrie et de Mercie. À la fin du VIIIe siècle, une branche cadette de la famille royale du Wessex semble avoir des liens avec la monarchie de Kent : Ealhmund, qui est devenu roi de Kent, et son fils Egbert, fondateur de la monarchie anglaise, qui porte le même prénom que deux rois de Kent[38]. De cette branche cadette de Wessex est issue la première dynastie des rois qui régnèrent sur l'Angleterre de 802 (avec Egbert de Wessex) à 1066.

Clotaire Ier
roi des Francs
(† 561)
Caribert Ier
roi des Francs à Paris
(† 567)
Chilpéric Ier
roi des Francs à Soissons
(† 584)
Richomer
patrice (607)
Gertrude
abbesse d'Hamage
(† 649)
Æthelberht
roi de Kent
(† 616)
Berthe
(† 612)
Clotaire II
roi des Francs
(† 629)
Bertrude
(† 619)
Gerberge
Erchinoald
maire du palais
Edwin
roi de Northumbrie
(† 634)
Æthelburg
Eadbald
roi de Kent
(† 640)
Emma
Oswiu
roi de Northumbrie
(† 670)
Eanflæd
Penda
roi de Mercie
(† 655)
Eorcenberht
roi de Kent
(† 664)
Eormenred
Ecgfrith
roi de Northumbrie
(† 685)
Osthryth
Æthelred
roi de Mercie
(† 709)
Wulfhere
roi de Mercie
(† 675)
Eormenhild
Ecgberht Ier
roi de Kent
(† 673)
Hlothhere
roi de Kent
(† 685)
plusieurs
fils
Ceolred
roi de Mercie
(† 716)
Cenred
roi de Mercie
(† 709)
Wereburgh
abbesse d'Ely
Eadric
roi de Kent
(† 687)
Wihtred
roi de Kent
(† 725)
Oswine
roi de Kent
(† 690)
Alric
roi de Kent
Eadberht Ier
roi de Kent
(† 748)
Æthelberht II
roi de Kent
(† 762)
Ealhmund
roi de Kent
Egbert II
roi de Kent
(† 784)
Eardwulf
roi de Kent
(† 765)
Egbert
roi de Wessex
(† 839)
Maison de Wessex

Rois wisigoths d'Espagne

Les filles de Sigebert Ier et Brunehaut, Ingonde et Clodoswinthe, ont respectivement été fiancées à des princes wisigoths d'Espagne, Herménégild et Récarède Ier; le mariage ne fut réellement conclu que pour Herménégild et Ingonde, mais le couple, catholique subit l'hostilité du roi et du peuple wisigoth, majoritairement arien : Herménégild est exécuté et Ingonde meurt en exil à Carthage, laissant un fils envoyé en otage à Byzance. Selon le généalogiste Luis Salazar y Castro, ce fils, nommé Athalagild, aurait épousé une certaine Flavia Juliana, nièce de l'empereur byzantin Maurice[39] ou, selon Christian Settipani, une princesse arménienne Mamikonian dont la mère serait issue du général byzantin Philippicos, beau-frère de l'empereur Maurice. De ce mariage est issu Ardabast qui vint en Hispanie durant le règne du roi Chindaswinthe (642-653), dont il épousa la nièce, laquelle donne naissance au roi wisigoth Ervige[40] - [41] - [42]. La Chronique d'Alphonse III (IXe siècle) mentionne bien la venue d'Ardabast de Grèce, mais ne donne aucune précision sur sa filiation ; celle-ci n'est donnée que par Salazar y Castro au XVIIe siècle, qui ne cite pas de sources plus anciennes.

Selon Salazar y Castro, Ervige serait père de Pierre de Cantabrie, le père d'Alphonse Ier des Asturies, fondateur de la monarchie espagnole[39], mais cette affirmation est actuellement mise en doute[43], même si la Chronique d'Albelda précise que Pierre de Cantabrie est issu des rois Léovigild, Reccared et Hermenegil[44].

Léovigild
(530 - † 586)
roi wisigoth
Sigebert
(535 - † 575)
roi des Francs
Récarède
(† 601)
roi wisigoth
Herménégild
(560 - † 585)
prince wisigoth
Ingonde
(† 585)
Swinthila
(590 - † 635)
roi wisigoth
Chindaswinth
(575 - † 653)
roi wisigoth
N
Athanagild
prince wisigoth
exilé à Byzance
Nne
Ardabast
noble byzantin
exilé en Espagne
Liubigotona
Ervige
(c. 645 - † 687)
roi wisigoth
Égica
(† 702)
roi wisigoth
Cixilo
Pierre
duc de Cantabrie
Wittiza
(† 710)
roi wisigoth
Oppas
év. de Séville
Alphonse Ier
(† 757)
roi des Asturies

Les descendances rejetées

Notes et références

Notes

  1. « Est-il (Faramond) purement et simplement inventé pour fournir un anneau de plus à la chaine un peu trop courte qui fait de Clodion un arrière-petit-fils de Priam ? Cela est peu probable : l'invention proprement dite, consistant à créer de toutes pièces un nom imaginaire pour les besoins de la cause, ne peut guère être supposée chez des écrivains aussi simples que nos chroniqueurs mérovingiens, et je ne consentirai à l'admettre qu'à bon escient. (...) Reste une dernière supposition : Faramond est un nom que l'auteur de Liber Historiae a trouvé dans quelque autre série de récits francs, et qu'il a cru pouvoir considérer comme un roi, pour des motifs que nous ignorons, mais qui sont sans doute aussi futiles que les précédents. Faramond, si je ne me trompe, a une royauté de même aloi que Marcomir et Sunnon, et, probablement, n'a pas été inventé plus qu'eux » (Kurth 1896, p. 135-136).
  2. « Elle présente deux caractères d'antiquité : 1° elle s'arrête à Dagobert I, ce qui ferait croire qu'elle a été composée de son temps » (Kurth 1893, p. 517).
  3. Cette liste se termine avec Clotaire II, elle a donc été rédigée avant 629. Le prédécesseur de Clotaire II en Austrasie est mort en 612.
  4. « La monarchie qu'il [Clodion] avait créée eut le sort de toutes les royautés barbares : elle fut morcelée. Si nos sources ne le disent pas, en revanche les faits l'indiquent. En 486, il y avait un roi franc à Tournai, il y en avait un autre à Cambrai; un troisième semble avoir eu pour lot ce pays de Thuringia, où était la mystérieuse Dispargum, la plus ancienne capitale des Francs de ce côté-ci du Rhin. Et non savons que les rois de Tournai et de Cambrai étaient parents, c'est-à-dire que Clodion était leur ancêtre commun. (...) S'il était permis de croire que l'autorité de Clodion s'est étendue aussi sur les Francs Ripuaires, on pourrait dire que le royaume de Cologne échut à un quatrième héritier : ainsi du moins s'expliquerait le lien de parenté qui reliait, au commencement du VIe siècle le roi des Ripuaires de Cologne à celui des Saliens de Tournai » (Kurth 1896, p. 171-172).
    « Il [La Tongrie] devait avoir à sa tête un descendant de Clodion, partant un parent de Clovis », « Chararic dont le domaine n'est pas indiqué. Sera-ce abuser de la conjecture que d'attribuer au seul de ces rois qui n'ait pas de royaume connu le seul de ces trois royaumes dont nous ignorons le roi ? » (Kurth 1896, p. 253).
  5. liste d'ailleurs incomplète, puisqu'il y manque au moins Sigebert le Boiteux.
  6. « Qu'est-ce que ces mystérieux personnages Chlodebaud, Chilpéric et Genniod [...]. Je ne les ai jamais rencontrés, ni dans les sources, ni dans les traditions fabuleuses du Moyen Âge. En attendant que de nouvelles recherches, peut-être destinées à rester infructueuses, me permettent de parler plus catégoriquement à leur sujet, je me borne à placer ici un point d'interrogation, et je passe outre » (Kurth 1893, p. 518).

Références

  1. Settipani 1990, p. 8.
  2. Grégoire de Tours, Histoire des Francs, livre II, IX, 592 - traduction Robert Latouche.
  3. Frédégaire, Chronique, 2-9.
  4. Liber Historiae Francorum, Livre I - chapitre 4.
  5. Histoire des Francs, Livre 2, chapitre 9
  6. Kurth 1896, p. 173.
  7. Riché et Périn 1996, p. 228-229, notice « Mérovée ».
  8. Settipani 1996, p. 31.
  9. Staab 1997, p. 546-550.
  10. Settipani 1990, p. 5-6.
  11. Settipani 1990, p. 7.
  12. Settipani 1996, p. 26.
  13. Monumenta Germaniae Historica, Scriptores, II, p 307.
  14. Kurth 1893, p. 517-518.
  15. Kurth 1896, p. 436-445.
  16. Rouche 1996, p. 304.
  17. Riché et Périn 1996, p. 308, notice « Sigebert le Boiteux ».
  18. Kurth 1896, p. 251-253.
  19. Rouche 1996, p. 187, 206, 326-329.
  20. Riché et Périn 1996, p. 280, notice « Ragnacaire ».
  21. Rouche 1996, p. 206 et 326
  22. Werner 1984, p. 360.
  23. Staab 1997, p. 550.
  24. Staab 1997, p. 561.
  25. Settipani 1996, p. 96.
  26. (de) Erich Zöllner, Geschichte der Franken bis zur Mitte des sechsten Jahrhunderts, Munich, .
  27. Settipani 2000, p. 203.
  28. Riché 1983, p. 30-34.
  29. Grimoald sur le site de la Fondation pour la généalogie médiévale
  30. (en) Richard Gerberding, The rise of the Carolingiens and the Liber Historiae Francorum, Oxford, .
  31. (de) Matthias Becher, Der sogenannte Staatsstreich Grimoalds. Versuch einer Neubewertung, .
  32. Settipani 1993, p. 106-108.
  33. Settipani 1993, p. 116-118 et 130-131.
  34. Settipani 1993, p. 126-128.
  35. Settipani 1993, p. 98.
  36. (en) D.W. Rollason, The Mildrith legend : a study in early Medieval hagiography in England, Atlantic Highlands, Leicester University Press, , 171 p. (ISBN 0-7185-1201-4), p. 9.
  37. (en) Barbara Yorke, Kings and Kingdoms of Early Anglo-Saxon England, Londres, Seaby, , 218 p. (ISBN 1-85264-027-8), p. 32-33.
  38. Settipani 1993, p. 134.
  39. Salazar y Castro (1696), Vol 1, p. 45.
  40. Chronicon Albeldense III.
  41. Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les princes caucasiens et l'Empire du VIe au IXe siècle, Paris, de Boccard, , 634 p. [détail des éditions] (ISBN 978-2-7018-0226-8), p. 224-231.
  42. Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les princes caucasiens et l'Empire du VIe au IXe siècle, Paris, de Boccard, , 634 p. [détail des éditions] (ISBN 978-2-7018-0226-8), p. 217-219.
  43. (en) Charles Cawley, « Asturias, Leon kings », sur Medieval Lands, Foundation for Medieval Genealogy, 2006-2016 (consulté le ).
  44. Christian Settipani, La Noblesse du Midi Carolingien, Oxford, Linacre College, Unit for Prosopographical Research, coll. « Occasional Publications / 5 », , 388 p. (ISBN 1-900934-04-3), p. 124-130

Voir aussi

Bibliographie

  • Godefroid Kurth, Histoire poétique des Mérovingiens, (lire en ligne)
  • Godefroid Kurth, Clovis, Tours, Alfred Mame et fils, , XXIV-630 p. (présentation en ligne, lire en ligne)
    Réédition : Godefroid Kurth, Clovis, le fondateur, Paris, Tallandier, coll. « Biographie », , XXX-625 p. (ISBN 2-84734-215-X)
  • Pierre Riché, Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe, Paris, Hachette, coll. « Pluriel », (réimpr. 1997), 490 p. (ISBN 2-01-278851-3, présentation en ligne)
  • Karl Ferdinand Werner, Les Origines : Avant l'an mil, Paris, Le Livre de poche, coll. « Histoire de France », (réimpr. 1996) [détail des éditions] (ISBN 978-2-253-06203-5)
  • Christian Settipani, Les Ancêtres de Charlemagne - Addenda, Paris,
  • Christian Settipani, La Préhistoire des Capétiens (Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1), Villeneuve-d'Ascq, éd. Patrick van Kerrebrouck, , 545 p. (ISBN 978-2-95015-093-6)
  • Pierre Riché et Patrick Périn, Dictionnaire des Francs - Les temps Mérovingiens, Paris, Bartillat, (ISBN 2-8410-0008-7)
  • Christian Settipani, « Clovis, un roi sans ancêtre ? », Gé-Magazine, no 153,
  • Michel Rouche, Clovis, Paris, Éditions Fayard, (ISBN 2-2135-9632-8)
  • Franz Staab (de), « Les royaumes francs au Ve siècle » dans Clovis - Histoire et Mémoire - Actes du colloque international d'histoire de Reims, vol. 1, Presses Universitaires de la Sorbonne, (ISBN 2-84050-079-5, lire en ligne), p. 541-566
  • Christian Settipani, « L'apport de l'onomastique dans l'étude des généalogies carolingiennes », dans Onomastique et Parenté dans l'Occident médiéval, Oxford, Linacre College, Unit for Prosopographical Research, coll. « Prosopographica et Genealogica / 3 », , 310 p. (ISBN 1-900934-01-9), p. 185-229

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