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Hydnum rufescens

Hydne roussissant, Pied-de-mouton roux

L'Hydne roussissant (Hydnum rufescens) est une espèce de champignons basidiomycètes de la famille des Hydnaceae. Comme tous les hydnes, il porte des aiguillons, plutôt que des lames ou des tubes. On l'a longtemps considéré comme une variété du Pied-de-mouton, dont il se distingue notamment par sa taille plus réduite et les couleurs rousses de son chapeau. Il est tout aussi comestible que ce dernier, mais pas aussi recherché car moins charnu et un peu plus amer. Alors qu'on le croyait plus largement réparti, c'est un champignon exclusivement européen, qui est surtout commun dans le Nord, sous les feuillus et les conifères.

DĂ©nominations et taxinomie

Illustration de 1932 par Giacomo Bresadola.

L'espèce a Ă©tĂ© dĂ©crite pour la première fois en 1799 par le mycologue sud-africain Christiaan Hendrik Persoon sous le nom Hydnum rufescens. En français, il est appelĂ© « Hydne roussissant[1] Â», qui est la traduction de son nom scientifique, ou « Pied-de-mouton roux[2] Â», par analogie au Pied-de-mouton (Hydnum repandum), dont il a longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme une simple variĂ©tĂ©[3].

Plusieurs Ă©tudes phylogĂ©nĂ©tiques ont rĂ©cemment Ă©tĂ© conduites pour comprendre la diversitĂ© du genre Hydnum. Pendant près de 250 ans qui ont suivi sa crĂ©ation par Carl von LinnĂ© en 1753, seulement sept espèces ont Ă©tĂ© distinguĂ©es selon des critères morphologiques macro- et microscopiques. Parmi elles, Hydnum repandum et Hydnum rufescens ont longtemps Ă©tĂ© les seuls reprĂ©sentants europĂ©ens. Mais depuis 2004, plusieurs nouvelles espèces ont Ă©tĂ© identifiĂ©es au sein de ce complexe, et il apparaĂ®t que leur diversitĂ© avait Ă©tĂ© fortement sous-estimĂ©e. Hydnum rufescens, auquel on attribuait une distribution holarctique, fait en rĂ©alite partie d'un clade Ă©ponyme qui comprend plusieurs espèces, dont l'amĂ©ricaine Hydnum umbilicatum, et au moins trois nouveaux taxons : Hydnum ellipsosporum (2004), Hydnum ovoideisporum (2012) et Hydnum magnorufescens (2013)[4].

En 2018, une révision globale du genre Hydnum reconnait 49 espèces au total, dont 22 nouvelles. Elle formalise aussi la création de quatre sous-genres, dont Rufescentia nommé à partir de Hydnum rufescens[5]. Un épitype est également proposé pour cette dernière, à partir de matériel récolté en Finlande[6]. L'espèce Hydnum rufescens sensu stricto est désormais considérée comme endémique au continent européen[7].

Description

Plan rapproché sur les aiguillons, qui ne sont jamais décurrents.

Le chapeau, qui est d'abord convexe puis s'étale, est souvent circulaire et bosselé, parfois troué en son centre[2]. Il est orangé à roux orangé, devenant plus pâle en séchant, avec parfois des zones concentriques. Sa surface est finement tomenteuse au début, puis glabre et opaque[8]. La marge est flexueuse, lobée, un peu veloutée et souvent plus claire. Les aiguillons sont fins, mous et cassants[2]. Ils sont adnés et de couleur crème avec des reflets orangés[9]. Le stipe est souvent central, plein puis creux à la fin[2]. Il est blanc ou rose carné pâle, et devient jaune foncé au toucher[8]. La chair est blanche, ferme et très cassante. Son odeur est agréable et fruitée, et sa saveur douce ou plus ou moins amère[9]. La sporée est blanche[8].

Espèces proches

L'Hydne roussissant ressemble beaucoup au Pied-de-mouton (Hydnum repandum), mais il est plus petit et nettement moins robuste, et son pied étiré est bien plus grêle. Son chapeau a en outre une coloration plus foncée, et ses aiguillons ne sont pas décurrents. Il existe néanmoins des formes intermédiaires qui relient les deux espèces[1]. L'Hydne ombiliqué (Hydnum umbilicatum (en)) a une couleur similaire, mais il est plus grand et son chapeau est nettement ombiliqué[8].

Il existe aussi d'autres champignons à aiguillons, dont certains sont couramment appelés hydnes : ceux des genres Phellodon (en), comme l'Hydne tomenteux (en)[1], et Hydnellum, comme l'Hydne ferrugineux (en)[1], ont une chair coriace parfaitement immangeable. Les Bankera (en) sont très proches, mais se distinguent par leur chair qui dégage une forte odeur épicée en vieillissant, semblable à celle du bouillon cube[9]. Les espèces de Sarcodon, comme l'Hydne imbriqué[1], ont quant à elles un chapeau couvert de grosses écailles dressées[9].

Il est également possible de confondre certains spécimens avec des laccaires, mais ces derniers ont des lames à la place des aiguillons[2].

Écologie et distribution

Hydnes roussissants récoltés dans la forêt de Brotonne, en Normandie.

C'est une espèce ectomycorhizienne, qui pousse plutĂ´t isolĂ©e dans les forĂŞts de feuillus ou de conifères, parfois dans les sphaignes. Elle forme parfois des ronds de sorcière dont le diamètre peut atteindre 10 m, et qui sont donc d'un âge considĂ©rable[7]. Le champignon fructifie de juillet Ă  octobre[8].

L'Hydne roussissant est commun et largement distribué en Europe, surtout dans les régions tempérées et boréales du nord du continent. On l'a enregistré de l'Islande au Portugal, jusqu'en Turquie et dans l'Oural[7].

Comestibilité

C'est un champignon comestible, bien que moins estimé que le Pied-de-mouton[3]. Aucun cas d'intoxication n'a été rapporté après sa consommation, et aucun constituant toxique n'a été identifié dans sa chair. Il est cependant probable qu'il contienne les mêmes composés bioactifs in vitro que l'espèce proche Hydnum repandum : un diépoxyde acétylénique, le repandiol, et deux diterpènes, la sarcodonine et la scabronine[10].

Notes et références

  1. Jean-Louis Lamaison et Jean-Marie Polèse, Encyclopédie visuelle des champignons, Artémis, , 383 p. (ISBN 2-84416-399-8 et 978-2-84416-399-8, OCLC 420280993, lire en ligne), p. 321.
  2. Christian Deconchat et Jean-Marie Polèse, Champignons : l'encyclopédie, Artémis Éditions, , 607 p. (ISBN 2-84416-145-6 et 978-2-84416-145-1, OCLC 424011070, lire en ligne), p. 143.
  3. Jean-Marie Polèse, Champignons de France, Artémis, , 159 p. (ISBN 978-2-84416-303-5 et 2-84416-303-3, OCLC 470921134, lire en ligne), p. 66.
  4. (en) Bang Feng, Xiang-Hua Wang, David Ratkowsky, Genevieve Gates, Su See Lee, Tine Grebenc et Zhu L. Yang, « Multilocus phylogenetic analyses reveal unexpected abundant diversity and significant disjunct distribution pattern of the Hedgehog Mushrooms (Hydnum L.) », Scientific Reports, vol. 6, no 1,‎ , p. 25586 (ISSN 2045-2322, PMID 27151256, PMCID PMC4858670, DOI 10.1038/srep25586, lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) Tuula Niskanen, Kare Liimatainen, Jorinde Nuytinck, Paul Kirk et al., « Identifying and naming the currently known diversity of the genus Hydnum, with an emphasis on European and North American taxa », Mycologia, vol. 110, no 5,‎ , p. 890–918 (ISSN 0027-5514 et 1557-2536, DOI 10.1080/00275514.2018.1477004, lire en ligne, consulté le ).
  6. V. Robert, G. Stegehuis and J. Stalpers. 2005. The MycoBank engine and related databases. https://www.mycobank.org/, consulté le 12 avril 2020
  7. (en) Anders Dahlberg, Hydnum repandum: The IUCN Red List of Threatened Species 2019, International Union for Conservation of Nature, (DOI 10.2305/IUCN.UK.2019-3.RLTS.T122090544A122090938.en., lire en ligne).
  8. (en) Timothy J. Baroni, Mushrooms of the northeastern United States and eastern Canada, Portland, Timber Press, , 600 p. (ISBN 978-1-60469-634-9 et 1-60469-634-6, OCLC 960905702, lire en ligne), p. 469.
  9. Guillaume Eyssartier et Pierre Roux, L'indispensable guide du cueilleur de champignons, Belin, , 355 p., p. 164-165.
  10. (en) Jørn Gry et Christer Andersson, Mushrooms traded as food, vol. II, t. 2, Copenhague, Nordic Council of Ministers, , 471 p. (ISBN 978-92-893-2705-3, DOI 10.6027/tn2014-507, lire en ligne), Hydnum rufescens Pers., p. 212-213.

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