Henriette-Marie de France
Henriette Marie de France, née le à Paris et morte le à Colombes, est une reine consort d'Angleterre. Benjamine du roi de France Henri IV et de la reine Marie de Médicis, elle épousa en 1625 le roi d'Angleterre Charles Ier Stuart. Elle est la sœur du roi de France Louis XIII, la belle-mère du Grand Pensionnaire des Pays-Bas Guillaume d'Orange, la mère de deux rois d'Angleterre, Charles II et Jacques II. La guerre civile anglaise, qui culmine en 1649 par la décapitation à Londres de son mari, l'amena à se réfugier en France.
Titre
Reine consort d'Angleterre,
d'Écosse et d'Irlande
–
(23 ans, 7 mois et 17 jours)
Prédécesseur | Anne de Danemark |
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Successeur | Catherine de Bragance |
Titulature |
Fille de France Reine d'Angleterre Reine d'Écosse Reine d'Irlande Reine douairière |
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Dynastie | Maison de Bourbon |
Naissance |
Palais du Louvre, Paris (France) |
Décès |
Château de Colombes (France) |
Sépulture | Basilique de Saint-Denis |
Père | Henri IV de France |
Mère | Marie de Médicis |
Conjoint | Charles Ier d'Angleterre |
Enfants |
Charles II Marie Henriette Stuart Jacques II Élisabeth Stuart Anne Stuart Henry Stuart, duc de Gloucester Henriette Stuart |
Religion | Catholicisme |
Signature
L'État du Maryland, au nord-est des États-Unis, fut baptisé en son honneur, ainsi que la rue de la Reine-Henriette dans la ville de Colombes, en France.
Biographie
Enfance
Née au palais du Louvre à Paris le , Henriette Marie est le dernier et sixième enfant et la troisième fille du roi de France Henri IV et de la reine Marie de Médicis.
La princesse n'a quasiment pas connu son père, assassiné au mois de mai suivant sa naissance et est élevée avec son frère Gaston, duc d'Orléans, d'un an son aîné, par leur mère. Cela ne l'empêche pas pour autant d'hériter du caractère entreprenant, courageux de son père. Elle possède également des traits de caractère de sa mère : pieuse, généreuse, intellectuelle[1], avec un goût prononcé pour l'art.
Elle est baptisée le en la chapelle de la Reine au palais du Louvre en même temps que son frère Gaston, duc d'Orléans : son parrain est le Cardinal de La Rochefoucauld et sa marraine est Madame Élisabeth, sa sœur aînée[2].
Mariage
Henriette Marie est séparée de sa mère entre 1617 et 1620 (période où la reine mère est exilée loin de Paris). Son frère, le roi Louis XIII, donne sa main au prince Charles Stuart, futur roi Charles Ier d'Angleterre et d'Écosse, le (soit à seize ans)[3]. Grâce à son parrain, la fiancée peut épouser l'héritier du trône d'Angleterre, bien que Charles soit protestant et non catholique. Ainsi, elle part pour se marier avec un cortège de douze prêtres de l'Oratoire. C'est George Villiers de Buckingham, favori de son époux, qui vient en France négocier son mariage, c'est à cette occasion qu'il courtise la reine Anne d'Autriche, ce qui provoque l'ire de son époux le roi Louis XIII (frère d'Henriette).
- Bustes de Charles Ier et d'Henriette-Marie de France, XVIIe siècle.
- Charte de Charles Ier relative à son mariage, , Archives nationales.
Reine consort d'Angleterre
Jusqu'en 1628, George Villiers de Buckingham fait barrage entre la reine et le roi, mais après l'assassinat de Buckingham, Henriette Marie peut se rapprocher de Charles Ier. La naissance de leurs enfants, à partir de 1629, rapproche les deux époux, et Henriette Marie acquiert beaucoup d'influence sur son mari.
Française, elle le pousse dans le sens d'une politique autoritaire et centralisatrice, ainsi que vers une plus grande tolérance envers les catholiques. En effet, Henriette, fort pieuse et opiniâtre comme sa mère, pratique ostensiblement le catholicisme, ce qui irrite les puritains anglais. Suivant les clauses de son contrat de mariage négocié entre les cours de France et d'Angleterre elle est venue de France avec un certain nombre de prêtres, dont son aumônier, Jean Paumart. En outre, la Reine exerce une influence sur les spectacles à la Cour.
Elle devient de plus en plus impopulaire car les puritains la soupçonnent de vouloir éradiquer le protestantisme au profit du catholicisme. La famille royale est même obligée de se réfugier un temps à Oxford, car Cromwell menace d'arrêter la souveraine, ayant déjà fait arrêter certains de ses fidèles. Simultanément, les Écossais se rassemblent pour marcher droit sur la capitale pour prendre la défense de la reine.
Lors de la guerre civile, elle profite de son voyage en 1642 dans les Provinces-Unies où elle accompagne sa fille Marie qui épouse Guillaume II d'Orange-Nassau pour réunir des fonds et une petite armée gagnée à la cause royale. Elle revient à Newcastle en , après avoir survécu à une tempête au cours de laquelle la reine a un mot qui manifeste son courage et rappelle les manières de son père : « Les reines ne se noient pas. » Arrivée à bon port, elle est accueillie à coups de canons par cinq vaisseaux rebelles. Afin de se protéger, elle est contrainte de passer la nuit dans un fossé sale qui la couvre de sable. Grâce à l'armée qu'elle a réunie, elle parvient à rejoindre le roi à Oxford. Cependant, celui-ci décide de diviser les troupes en deux dans le but de réprimer les rébellions, ce qui se révèle une erreur, diminuant ainsi les forces de son armée.
Une nouvelle grossesse éloigne la reine des conflits en . Elle se retire à Exeter pour donner le jour, dans une chaumière, à une fille : Henriette Anne.
Portrait d'Henriette de France, vers 1632.
Palais de Buckingham, Royal Collection.Henriette Marie, 1632-1635.
National Portrait Gallery.La Reine Henriette Marie, 1632-1635.
Dulwich Picture Gallery.Portrait d'Henriette de France avec Sir Jeffrey Hudson, 1633.
National Gallery of Art, Washington.
Charles Ier et son épouse Henriette Marie avec leurs enfants Charles et Élisabeth, 1633.
Royal Collection.Portrait d'Henriette de France, vue de face, 1638
Royal Collection, château de Windsor.Portrait d'Henriette Marie, reine d'Angleterre, de profil, 1638
Royal Collection.
Exil en France
Malgré la fatigue de l'accouchement, elle est déterminée à rejoindre Paris car le Parlement de Londres offre cinquante mille écus à quiconque rapporte la tête de la souveraine. Elle finit par s'embarquer à Plymouth et réussit à s'enfuir, même avec les voiles de son navire déchirées par les boulets de canons. Devant la fureur de ses assaillants et ne voulant pas tomber en leurs mains vivante, elle ordonne au capitaine : « Quand vous ne pourrez plus me défendre, tuez-moi. »
Le , Henriette de France, reine d'Angleterre en fuite, débarque « en un petit havre nommé Mellon [Melon, en Porspoder] ». Son navire croise toute la journée devant la grève, ce qui inquiète les habitants, craignant une attaque, ce qui la force à parlementer. « Toute la coste estant en armes l'obligea de faire mettre un mouchoir au bout d'un baston ». La reine débarque en piteux équipage ; elle loge dans une petite maison couverte de toit de chaume. Elle est cependant solennellement accueillie à Brest, puis dans d'autres villes bretonnes (dont Vannes, rue des Chanoines, dans l'Hôtel de l'Archidiaconat), le long de son trajet vers la capitale[4].
Elle ne revoit plus jamais le roi son mari, qui est emprisonné puis condamné à mort. Il est décapité le . Henriette Marie, apprenant la nouvelle en France, est effondrée et décide de créer un couvent de la Visitation, à Chaillot, dans lequel elle se retire tout en parachevant l'éducation de ses enfants dans la foi catholique. Quelques années plus tard, elle marie la fille qu'elle mit au monde dans la détresse, Henriette Anne, au frère de Louis XIV : Philippe de France, duc d'Orléans.
Elle a la joie de revoir ses fils Charles et Jacques, qui parviennent à s'enfuir d'Angleterre, mais elle perd sa fille Élisabeth, prisonnière des puritains (). La reine veuve reste en France avec sa fille Henriette Anne, tandis que le cardinal Mazarin, principal ministre du jeune Louis XIV, neveu d'Henriette, oblige Charles et Jacques à quitter le Royaume, voulant l'alliance de la république anglaise contre l'Espagne. Henriette Marie vit près de Paris, à Colombes, dans une certaine gêne matérielle, restant des journées entières au lit faute de pouvoir acheter du bois pour chauffer sa demeure.
En 1660, elle accompagne son fils Charles II à Londres lors de la restauration anglaise et assiste à son mariage avec l'infante Catherine de Portugal, richissime et catholique. Cependant, elle ne supporte plus le climat humide d'Angleterre. Elle décide de rentrer en France pour se préparer à la mort dans son monastère de Chaillot. Malade et insomniaque elle est soignée par les médecins que Louis XIV lui envoie. Le , elle meurt au château de Colombes.
Sur ordre du Roi, elle est inhumée à Saint-Denis, et son cœur envoyé au couvent des Visitandines de Chaillot, où Bossuet prononce à cette occasion l’Oraison funèbre de Henriette-Marie de France (à ne pas confondre avec l'Oraison funèbre de Henriette-Anne d'Angleterre, sa fille et belle-sœur du Roi).
Son château de Colombes est aujourd'hui détruit, mais une rue et une école de la ville sont dédiées à la « Reine Henriette ».
Descendance
Le roi Charles et la reine Henriette Marie ont neuf enfants :
- Charles Jacques, duc de Cornouailles ( - ) ;
- Charles II (1630-1685), épouse en 1662 Catherine de Bragance (1638-1705) sans postérité ;
- Marie Henriette (1631-1660), épouse en 1641 Guillaume II, prince d'Orange (1626-1650) ;
- Jacques II (1633-1701), duc d'York puis roi d'Angleterre, épouse en 1661 Anne Hyde (1637-1671) puis en 1673 Marie de Modène (1658-1718) d'où postérité ;
- Élisabeth (1635-1650) ;
- Anne (1637-1640) ;
- Catherine (mort-née le ) ;
- Henri (1640-1660), duc de Gloucester ;
- Henriette Anne (1644-1670), épouse en 1661 Philippe de France, duc d'Orléans (1640-1701).
Ascendance
Titulature
Née fille de France, Henriette Marie porta durant sa vie différents titres :
- - : Son Altesse royale Henriette Marie de France, fille de France.
- - : Sa Majesté la reine d'Angleterre.
- - : Sa Majesté la reine mère.
Bibliographie
- Arnault Pfersdorff, Le destin tragique d'Henriette d'Angleterre, roman, Éditions Publibook 2002 (ISBN 978-2748319965).
- Micheline Dupuy, Henriette de France, reine d'Angleterre, Paris, Perrin, 1994, 380 pages.
- Jacqueline Duchêne, Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans, Paris, Fayard, 1995, 464 pages (ISBN 978-2213648804).
- Charles de Baillon, Henriette-Marie de France reine d'Angleterre 1609-1669, Paris, France-Empire, 2013, 244 pages (ISBN 978-2704811960).
- André Maurois, Trois portraits de femmes, Paris, Hachette-les soirées du Luxembourg, 1967, 136 pages.
- Encyclopédie Universalis, « Henriette Marie de France (1609-1669) reine d'Angleterre ».
- Bossuet, Madame se meurt ! Madame est morte ![5].
Notes et références
- http://www.abbaye-saint-benoit.ch/bossuet/volume012/024.htm.
- L'acte de baptême a disparu dans l'incendie des archives de Paris en 1871 mais l'information se trouve dans Henri IV, roi de cœur, Société des amis du château de Pau, 1971, p. 92.
- (en) Frank Kitson, Prince Rupert : Admiral and General-at-Sea, Constable, , p. 21.
- Alexandre Masseron (citant des travaux de l'historien Henri Bourde de la Rogerie), « Henriette de France en Bretagne », Journal des débats politiques et littéraires, no du , consultable sur Gallica.
- Oraison funèbre.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Royal Academy of Arts
- (en) British Museum
- (en) ECARTICO
- (en) National Portrait Gallery
- (en + sv) Nationalmuseum
- (nl + en) RKDartists
- (de + en + la) Sandrart.net
- (en) Union List of Artist Names
- Ressource relative à la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :