Hélène Miropolsky

La famille Miropolsky[n 2] est originaire de l'Empire russe. Georges Mïropolsky, né le 7 octobre 1857 à Bielaya-Czerkow (aujourd'hui Bila Tserkva en Ukraine), et son épouse polonaise Sophie-Louise de Korab-Brozozwski, née 18 avril 1856 à Antonowka, demeurent à Paris dans les années 1880[1]. Du couple naît une première fille, Marie-Louise, le 27 février 1884 dans le 13^e arrondissement de Paris, puis une seconde, Hélène-Julia, le 14 octobre 1886 dans le 14^e arrondissement de Paris. La famille est naturalisée française par le décret présidentiel n^o 37 518, du 8 décembre 1891[1].

En 1894, le docteur Miropolsky est président de la Société vélocipédique parisienne[2]. En 1895, le couple de médecins vit encore au n^o 133, rue de la Glacière, dans le 14^e arrondissement de Paris[3]. Sophie-Louise de Korab-Brozozwski meurt le 23 janvier 1911 à leur domicile, le n^o 60, rue Ordener, et est incinérée le 26 janvier[4]. Le 28 décembre 1915, Le Journal annonce la mort de Georges Miropolsky[5] - [n 3].

Hélène Miropolsky passe son enfance à Paris et est élève au collège Sévigné[6]. Elle est admise en 1903 au baccalauréat de rhétorique[7] et à la Sorbonne en 1904 avec huit autres bachelières[8].

En février 1906, alors étudiante en droit, Miropolsky fait une conférence saluée, à l'Amicale Causerie des étudiants, pour montrer que « la femme russe vit, pense et agit en égale de l'homme, avec la même liberté et la même indépendance[9]. »

Le 16 août 1907, sa sœur Marie, étudiante en médecine, est victime d'une tentative de viol par un cycliste à la lisière d'un bois près de Vaumoise, où elle est en villégiature. Le cycliste la menace de mort si elle continue de hurler. Ses cris alertent un passant, l'abbé Nicolas, mettant en fuite l'agresseur[10] - [11].

Hélène Miropolsky plaidant la Cour d'assises de Paris, septembre 1908.

M^e Miropolsky prête serment au barreau de Paris le 22 novembre 1907 à dix-neuf ans, confiant à la presse que c'est un « rêve longtemps chéri », voulant sauver « la veuve et l'orphelin »[12]. Elle est consciente du scepticisme des hommes sur les capacités d'un femme à être avocate, mais elle estime que celles victimes ou coupables se confient plus facilement au personnes du même genre[6]. Le lendemain, elle plaide pour la première fois, défendant une femme ayant volé dans un grand magasin. Faisant valoir que l'étalage de luxe est une « terrible séduction » pour les plus pauvres, l'accusée est condamnée à un mois de prison[13].

Elle devient la première femme ayant plaidé à la cour d'assises de Paris, le 25 septembre 1908. Elle est chargée de défendre Hélène Jean, accusée d'avoir tué son enfant de un an car elle était trop pauvre. Miropolsky obtient l'acquittement de sa cliente[14].

M^e Miropolsky est la vice-présidente de la Fédération nationale des avocates dès sa fondation en 1912[15].

Le 18 novembre 1931, elle plaide à la première chambre du Palais de justice de Paris contre l'entreprise Comptoir central de France[16].

Selon l'acte de décès, Hélène Miropolsky meurt sans profession le 25 avril 1976, à son domicile du n^o 34, rue des Vignes, dans le 16^e arrondissement de Paris.

En février 1908, les avocats de la Cour d'appel de Paris doivent se prononcer sur la question : « Si un mari refuse à sa femme le droit d'exercer la profession d'avocat, la femme peut-elle s'y faire habiliter par justice ? » Plusieurs avocats ont soutenu l'affirmative ; mais la vision négative soutenue par M^e Miropolsky, soucieuse du Code civil et la « stabilité des foyers », a été adoptée[24] - [25].

Dans le magazine Femina en 1912, tout en étant consciente de l'esprit d'indépendance des jeunes filles et des femmes de son temps, Miropolsky considère que « malgré les critiques et les paradoxes, le mariage demeure toujours le but, la vraie carrière de la jeune fille. » Elle se nuance en disant que les jeunes filles « ne le conçoi[ven]t plus comme exclusif du développement de [leurs] personnalité[s][26]. »

L'avocate s'est engagée pour le droit des femmes à être jurées d'assises dès 1909[27].

Elle rejoint officiellement la cause féministe en 1914[28] et participe au mouvement suffragiste dès 1918[29]. M^e Miropolsky entretient une correspondance avec Marguerite Durand, directrice de La Fronde[30].

Le Parthénon du 1^er février 1933 la cite parmi les collaborateurs du magazine d'avant la Première Guerre mondiale[31].