Accueil🇫🇷Chercher

Guillaume Dubois

Guillaume Dubois, appelĂ© « l'abbĂ© Dubois Â», puis « le cardinal Dubois Â», est un ecclĂ©siastique et un homme d'État français, nĂ© le Ă  Brive-la-Gaillarde et mort le Ă  Versailles. Il est le principal ministre d'État sous la rĂ©gence de Philippe d'OrlĂ©ans.

Guillaume Dubois
Image illustrative de l’article Guillaume Dubois
Hyacinthe Rigaud, Portrait du cardinal Guillaume Dubois (1723),
Cleveland Museum of Art.
Biographie
Naissance
Ă  Brive-la-Gaillarde (France)
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Ordination sacerdotale
Décès
Ă  Paris (France)
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal

par Innocent XIII
Évêque de l'Église catholique
Ordination Ă©piscopale par le
card. Armand Gaston Maximilien de Rohan
Fonctions Ă©piscopales ArchevĂŞque de Cambrai

Blason
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Biographie

Origines

NĂ© Ă  Brive-la-Gaillarde (Limousin), le jeune Guillaume aurait Ă©tĂ©, selon ses ennemis, le fils d'un apothicaire[1]. Il est le fils de Jean Dubois et de Marie de Joyet de Chaumont. Issu d'un milieu d'Ă©diles, son père est en rĂ©alitĂ© docteur en mĂ©decine. C'est son oncle et parrain, Guillaume, qui est maĂ®tre apothicaire (baptĂŞme du  Ă  Saint-Martin de Brive).

C'est le deuxième enfant du ménage. Son frère aîné est Joseph Dubois, né en 1650, mort en 1740, maire perpétuel de Brive et directeur général des ponts et chaussées de France entre 1723 et 1736. Un autre frère, Jean Dubois (1665-1727), a été abbé de Caunes. Une sœur, Jeanne, a épousé le 1er mars 1685 à Saint-Martin de Brive Guillaume de Vielbans d'Aurussac[2].

Très mal connue, en l'absence d'archives substantielles, la jeunesse du cardinal Dubois a fait l'objet d'innombrables anecdotes généralement malveillantes, telles que le fait qu’il aurait versé dans la marmite de la cantine une fiole d’antimoine, laxatif particulièrement puissant, subtilisée dans la boutique paternelle alors qu’il était encore élève du prieuré Saint-Martin, ou qu’il aurait mis enceinte, à l’âge de 13 ans, une servante chez le premier président du parlement de Bordeaux où il avait été engagé comme précepteur, qu’il l’aurait épousée et, qu’une fois la dot dilapidée en beuveries et escapades nocturnes, il aurait quitté précipitamment sa ville natale, à l’âge de 16 ans pour monter dans la capitale[3], mais quelques-unes sont bien documentées. On sait que Dubois, abbé (clerc tonsuré, mais pas prêtre) depuis 1692, obtint en 1720 « un très essentiel service », comme l'écrit le marquis d'Argenson dans ses Mémoires[4] de la part du marquis de Breteuil, alors intendant de Limoges, qui parvint « avec subtilité », à faire disparaître toutes traces d'un mariage contracté par le sieur Dubois, avant son entrée dans les ordres, en vue d'être « créé » cardinal. En contrepartie, Breteuil sera nommé ministre de la Guerre par le Régent sur proposition (fortement soutenue) de Dubois.

Formation

ÉduquĂ© par les frères de la doctrine chrĂ©tienne, il reçoit la tonsure et le « petit collet Â» Ă  l'âge de treize ans. Avec Fleury et, plus tard, Bernis, il appartient Ă  cette « lignĂ©e occitane de grands prĂ©lats semi-libĂ©raux » (Emmanuel Le Roy Ladurie), typique du Midi des Lumières. Il devient l'abbĂ© Dubois, titre de pure courtoisie pour cet abbĂ© de cour et de salon[5].

En 1672, à 16 ans, il obtient une bourse et part, sans doute par la protection du lieutenant-général du Limousin, le marquis Jean de Pompadour, pour Paris, poursuivre sa formation au collège Saint-Michel, aujourd'hui disparu, mais dont il reste quelques vestiges rue de Bièvre (5e arrondissement).

Il est vite remarqué par l'abbé Antoine Faure, directeur de l'établissement, qui obtient pour son compatriote le poste envié de précepteur du neveu du roi, le jeune Philippe, duc de Chartres, futur duc d'Orléans, né en 1674. Aujourd'hui, au musée Carnavalet, un portrait en pied, sans doute apocryphe, le montre au côté de son élève.

DĂ©buts Ă  la cour

En 1692, sous l'insistance de Louis XIV, mais face à l'opposition irréductible de sa mère, la Princesse palatine, le duc de Chartres épouse Mademoiselle de Blois, fille naturelle légitimée que le roi avait eue de Madame de Montespan. Dubois est appelé à la rescousse pour vaincre les hésitations du jeune duc[6] et obtient par la suite l'abbaye de Saint Just en Picardie.

En 1698, au service de la maison d'Orléans en même temps que l'abbé de Saint-Pierre, théoricien de la paix universelle. Dubois effectue une mission diplomatique en Angleterre. Il y découvre une nation capitaliste et libérale en plein essor, visite Oxford, rencontre les exilés français tels que Saint-Évremond et noue sans doute d'utiles relations dans l'entourage de la Cour de Saint-James.

De retour au Palais-Royal, Dubois devient — dans l'entourage des Orléans — un spécialiste de la diplomatie secrète.

RĂ©gence

Guillaume Coustou, Monument funéraire du cardinal Dubois, église Saint-Roch de Paris.

Le début de la Régence en 1715 marque le début de l'apogée dans la carrière de Dubois.

Devenu conseiller du RĂ©gent, il exerce une influence croissante. Il oriente la France vers l'alliance britannique, aidĂ© en cela des renseignements de sa maĂ®tresse en titre, Madame de Tencin, qui, par son fameux salon littĂ©raire et politique, Ă©tait au fait du dessous des cartes de la politique anglaise. Les OrlĂ©ans et les Hanovre devant faire face Ă  de vives oppositions intĂ©rieures, il s'efforce de maintenir la paix qui, seule, peut permettre de maintenir la stabilitĂ© du rĂ©gime et l'Ă©conomie française, bien malmenĂ©e par la longue guerre de Succession d'Espagne qui vient Ă  peine de se terminer. Pour ce faire, l'Angleterre lui versait secrètement, ainsi que nous l'apprend NocĂ©, une pension annuelle de 960 000 livres (soit Ă  peu près 10 millions d'euros actuels)[7]. Le retournement des alliances en faveur de l'Angleterre des Hanovre a pour consĂ©quence l'Ă©loignement des descendants de la dynastie catholique Stuart. C'est ainsi que Jacques Edouard Stuart se rĂ©fugie en Avignon, terre papale, au retour de la dĂ©sastreuse expĂ©dition en Écosse de 1715 (« Fifteen » selon la terminologie anglaise).

Face aux projets du cardinal Alberoni en Espagne, il négocie la Triple Alliance (1717) avec George Ier. Il entre cette même année au Conseil des affaires étrangères. Quand, le 24 septembre 1718, le Régent met fin à la polysynodie, Guillaume Dubois devient secrétaire d'Etat des Affaires étrangères.

En 1719, une guerre limitée contre l'Espagne force Philippe V à renvoyer Alberoni. Après avoir reçu précipitamment les ordres majeurs et mineurs, le [8], Dubois obtient enfin l'archevêché de Cambrai (), un des plus riches du pays, qui lui fournit également le titre prestigieux de prince du Saint-Empire romain germanique. Le , après l'élection d'Innocent XIII, il reçoit enfin la pourpre cardinalice, alors qu'il ne sait pas célébrer une messe. Il n'ira jamais dans son diocèse, l'essentiel de ses préoccupations allant à la politique. Il devint en outre abbé commendataire de l'abbaye de Cercamp, le [9].

Ses ennemis, faisant abstraction de ses qualités de diplomate et du bilan global positif de son action au gouvernement de la France, attribuent l'essentiel de son ascendant sur le Régent à sa capacité à lui trouver des maîtresses à son goût, d'où l'aphorisme rapporté par Roger Peyrefitte à propos de son élévation au cardinalat : « le pape est un fin cuisinier qui sait faire d'un maquereau un rouget[10]. »

La chanson de l'époque Il court, il court, le furet, constituée de contrepèteries[11], raille ses mœurs dissolues.

Ministre principal

Son ascension est parachevée par l'obtention du poste de principal ministre (1722) , que Mazarin avait été le dernier à obtenir, l'entrée à l'Académie française puis la présidence de l'assemblée du clergé.

Durant son bref ministère, par le biais d'un travail acharné, il tente de relancer l'économie par la réduction des droits, de rétablir la situation des finances après les errements du système de Law et ralentit la persécution des protestants.

Doté de sept abbayes, il amasse, comme la plupart des cardinaux de l'époque, une certaine fortune (dix millions de livres) et tente de promouvoir sa famille. On lui prête une vie dissolue — peut-être à cause d'une maîtresse en titre, Mme de Tencin, — et il n'a en tout cas jamais exercé de fonction en rapport avec son état ecclésiastique.

Mort

Il meurt à Versailles le 10 août 1723, suivi de près, trois mois plus tard, par son ancien élève, le duc d'Orléans. Il est inhumé dans la collégiale Saint-Honoré à Paris, mais celle-ci est détruite en 1792, lors de la Révolution. La tombe du cardinal Dubois est transportée quelque temps après dans l'église Saint-Roch à Paris, où elle se trouve toujours.

Bibliographie

Ouvrages anciens

  • Jean-Baptiste HonorĂ© Raymond Capefigue, Le Cardinal Dubois et la RĂ©gence de Philippe d'OrlĂ©ans, Paris, Amyot, 1861.
  • Comte de Seilhac, L'AbbĂ© Dubois, premier ministre de Louis XV, d'après les mĂ©moires manuscrits de l'abbĂ© d'Espagnac, accompagnĂ©s de lettres inĂ©dites Ă©crites par la mère du RĂ©gent et de nombreux papiers de la famille Dubois, Paris, Amyot, 1862, 2 vols. Vol. 1 numĂ©risĂ© &. 2 numĂ©risĂ©.
  • Louis Wiesener, Le RĂ©gent, l’abbĂ© Dubois et les Anglais, 1891.

Études historiques

  • Arnaud de Maurepas, Antoine Boulant, Les Ministres et les ministères du siècle des Lumières (1715-1789). Étude et dictionnaire, Paris, Christian-JAS, 1996, 452 p.
  • Guillaume Lagane, L'AbbĂ© Dubois : diplomate et premier ministre, DEA Paris I, 2000.
  • Guy Chaussinand-Nogaret, Le Cardinal Dubois : une certaine idĂ©e de l'Europe, 2001.
  • Alexandre Dupilet, « Le cardinal Dubois et la fonction de principal ministre : recherches et rĂ©flexions sur le ministĂ©riat au dĂ©but du XVIIIe siècle », Revue du Nord, no 412,‎ , p. 729-745 (DOI 10.3917/rdn.412.0729).
  • Alexandre Dupilet, Le cardinal Dubois : le gĂ©nie politique de la RĂ©gence, Paris, Tallandier, , 410 p. (ISBN 979-10-210-0761-1, prĂ©sentation en ligne).
  • GĂ©rard Valin, Les Jacobites, la papautĂ© et la Provence, L'Harmattan, 2019 (ISBN 978-2-343-16994-1)

Représentation

Iconographie

Filmographie

Au théâtre

Voir aussi

Article connexe

Sources primaires

Les papiers personnels de Guillaume Dubois sont conservés aux Archives nationales sous la cote 145AP[13].

Sources primaires imprimées

  • Saint-Simon, MĂ©moires : une source essentielle mais postĂ©rieure et très hostile Ă  Dubois.
  • Antoine Mongez, Vie privĂ©e du cardinal Dubois, 1789 : mĂ©moires apocryphes d'un de ses secrĂ©taires.
  • Charles-Louis de Sevelinges, MĂ©moires secrets et Correspondance inĂ©dite du cardinal Dubois, 1814-17 : Ă©galement apocryphes.

Liens externes

Notes et références

  1. Jean-Joseph Julaud, L'Histoire de France Pour les Nuls, First, , p. 352.
  2. Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze : Brive-la-Gaillarde au XVIIIe siècle. Le temps des Lumières.
  3. Alexandre Dupilet, Le Cardinal Dubois, Le génie politique de la Régence, Paris, Tallandier, 2015.
  4. MĂ©moires, p. 34, et note 1 en bas de page. Gallica. BnF.
  5. Pierre-André Jamin, Guillaume Dubois, cardinal libertin. Que la fête commence, Artena, , p. 6.
  6. Saint-Simon s'Ă©tend longuement sur l'affaire du mariage du duc de Chartres. Saint-Simon, MĂ©moires, tome 1, chapitre 6.
  7. Jean Haechler, Promenade dans le XVIIIe siècle, éditions Nil, Paris, 2003, p. 58.
  8. Louis de Rouvroy de Saint-Simon, MĂ©moires de Saint-Simon, F. Laurent, , p. 224.
  9. Louis Wiesener, Le régent, l'abbé Dubois et les Anglais, Hachette, , p. 431.
  10. René Héron de Villefosse, L'anti Versailles ou, Le Palais-Royal de Philippe Égalité, J. Dullis, , p. 72.
  11. anagramme de Il fourre, il fourre, le curé, etc.
  12. Ann Tzeutschler Lurie, « Rigaud's Portrait of Cardinal Dubois » dans The Burlington Magazine, Vol. 116, No. 860 (novembre 1974), p. 667-669.
  13. Voir la notice dans la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.