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Grotte de l'Arbreda

La grotte de l'Arbreda est une grotte contenant un gisement archéologique préhistorique, située dans la commune de Serinyà (comarque Pla de l'Estany) au nord-est de la Catalogne. Il s'agit du plus important des sites archéologiques découverts dans une série de cavités au sud du quartier El Reclau, l'ensemble étant appelé coves de Serinyà (ca) (parfois appelé coves dels Reclau) ou parc des grottes préhistoriques de Serinyà[1].

Grotte de l'Arbreda
Localisation
Coordonnées
42° 09′ 39″ N, 2° 44′ 47″ E
Pays
Communauté
Province
Commune
Massif
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Les neandertaliens y ont vĂ©cu entre -150 000[2] et -39 000 ans avant le prĂ©sent (PalĂ©olithique moyen)[3]. Les humains modernes l'ont occupĂ© Ă  leur tour entre -39 000 et -16 000 ans avant le prĂ©sent (palĂ©olithique supĂ©rieur)[3] puis au NĂ©olithique. L'ensemble des gisements prĂ©historiques du Reclau couvre une longue et riche chronologie, qui renseigne sur l'occupation humaine dans la rĂ©gion pendant près de 140 000 ans. Les cavitĂ©s principales sont la grotte de l'Arbreda, la grotte de Mollet, la grotte du Reclau Viver et la grotte de Pau. Les grottes d'Arbreda II, de Mollet III et le Cau del Roure sont de taille plus modeste, mais possèdent des gisements archĂ©ologiques de mĂŞme qualitĂ©.

GĂ©ologie

Toutes les grottes s'ouvrent dans une frange de travertins karstifiés d'une ancienne cascade. Ces travertins se sont formés par la précipitation de carbonate de calcium (CaCO3) transporté par des eaux de surface qui descendaient en forme de cascades et de ruisseaux depuis le plateau d'Usall (Porqueres) jusque dans la passe étroite de Serinyà. Ces dépôts de carbonate de calcium ont généré des voûtes naturelles de travertin couvrant des cavités. Ensuite, le travertin s'est karstifié et des orifices de différentes tailles sont alors apparus.

La grotte de l'Arbreda se situe à l'extrémité de l'ancien lac de Espolla. Dans un contexte géologique, l'Arbreda ainsi que les autres grottes du Reclau se trouvent à la marge ouest du plateau d'Usall (Porqueres). Ce plateau est principalement formé de roches calcaires d'origine lacustre datant du Pliocène-Quaternaire, et recouvertes par un sol brun constitué de terres rouges. Le plateau d'Usall est l'une des unités géo-morphologiques qui forment le bassin sédimentaire d'origine lacustre de Banyoles-Besalú. Ce bassin est situé entre :

Histoire des découvertes

La grotte de l'Arbreda fut découverte en 1947 par le Dr. Corominas alors qu'il fouillait la grotte du Reclau Viver, mais l'excavation de cette nouvelle cavité fut abandonnée parce qu'elle donnait trop peu de résultats[4] - [5] - [6]. En décembre 1972, d'autres excavations furent menées et se prolongèrent jusqu'en avril de 1973, cette fois avec des résultats très positifs[7]. En 1975, après que la Députation de Gérone (ca:Diputació de Girona) ait acheté et protégé cette zone dite du Reclau, les excavations reprirent sous la direction de Narcís Soler avec la collaboration initiale d'Henry de Lumley et Enric Ripoll, puis se poursuivirent de façon interrompue jusqu'en 1987. Entre 1988 et 1995, les matériaux des anciennes excavations furent triés et étudiés. Ces travaux ont suscité de nombreuses investigations, collaborations et publications scientifiques. Les excavations reprirent en 1996, sous la responsabilité de l'Université de Gérone et du Musée d'Archéologie de Catalogne à Gérone sous la direction de Narcís Soler-Masferrer et de Julià Maroto-Genover. Depuis, la grotte a été fouillée sans interruptions et les campagnes annuelles continuent ainsi que l'étude des matériaux[8].

En 2009, deux dents néandertaliennes ont été retrouvées dans les niveaux datés de -150000 ans par la méthode Uranium-Thorium[2].

Chronologie du gisement, stratigraphie

Il est difficile d'estimer la taille totale de la grotte parce que le remplissage en cache les formes, mais par sa morphologie on suppose qu'elle mesure environ 18 mètres dans le sens nord-sud et 12 mètres d'est en ouest. Son sol est irrégulier. Sa puissance stratigraphique totale n'est pour le moment connue que pour les strates supérieures. Elle mesure plus de 11 mètres et contient des dépôts de l'Holocène, du Paléolithique supérieur et du Paléolithique moyen.

La grotte est divisée en trois secteurs: alpha, bêta et gamma. Le secteur alpha est constitué d'une profonde anse ouverte par le Dr. Corominas en creusant à travers les sédiments et les blocs tombés. Il descend jusqu'à 8,80 mètres de profondeur. Le secteur gamma est situé au nord de l'alpha et représente la partie septentrionale du gisement, il mesure 5 mètres du nord au sud et 2 mètres d'est en ouest. Le secteur bêta se trouve au sud du secteur alpha[9].

La stratigraphie de l'Arbreda se divise en cinq périodes culturelles (du plus récent au plus ancien): Néolithique, Solutréen, Gravettien, Aurignacien évolué et Moustérien[10]. Narcís Soler décrit la stratigraphie selon quatre grandes sections bien différenciées[11] :

  1. Des argiles rouges qui occupent l'espace que laissent les grands blocs de travertin postglaciaire, ils contiennent des artefacts du NĂ©olithique.
  2. Des argiles plus ou moins sableuses avec artefacts du Solutréen et Gravettien. La proportion de fragments et blocs de stalagmite augmente graduellement jusqu'à trouver énormes blocs de travertin entre 4 et 5 m de profondeur. Sous les blocs, se trouvent des terres noires résultant de la présence de foyers Aurignaciens et Moustériens.
  3. Des argiles plus claires sans pierre et avec la présence de phosphates, entre 6,30 et les 7,50 m de profondeur, et qui contiennent des éléments Moustériens.
  4. Des sédiments très altérés, avec des concrétions de manganèse que lui donnent une couleur noire. Le dernier tronçon contient du sable de grenat sans cohésion, avec une quantité extraordinaire d'industrie lithique et de restes osseux. Moustérien ancien.

La séquence stratigraphique de l'Arbreda couvre l'ensemble de la dernière glaciation: les stades et inter-stades de la glaciation de Würm y sont observables à première vue rien qu'à la coloration des terres et par l'abondance des pierres et des blocs.

Découvertes archéologiques[12] :

La grotte a aussi livré du matériel Châtelperronien, situé entre les strates supérieures finales du Moustérien (Paléolithique moyen) et les strates inférieures de l'Aurignacien (Paléolithique supérieur), soit un niveau de transition compris entre 5,8 et 6 mètres de profondeur. Les outils et restes caractéristiques de cette industrie de transition sont : des éclats levallois, des racloirs, des denticulés sur des supports de quartz et quartzite et des instruments en silex typique du Châtelperronien (3 pointes de Châtelperron, burins busqués, lamelles Dufour, etc)[12].

L'environnement

L'analyse des restes faunistiques de micro-mammifères révèle un paléo-paysage végétal dominé par les espaces ouverts, avec des zones boisées très réduites. La présence continue d'espèces dominantes de la macrofaune montre une faible influence des changements climatiques. Les analyses polliniques concluent de la même manière à la prédominance d'espèces non arborées, et la présence sporadique d'espèces arborées[13].

Pendant le Paléolithique moyen, les carnivores abondent comme l'ours des cavernes. Plus tard, le lapin devient l'espèce dominante suivie par les herbivores. Les restes faunistiques dans la grotte indiquent quatre sources possibles d'apport des os: l'activité humaine, l'apport par les carnivores (ours des cavernes, hyène, panthère, lynx et renard), des rapaces (faucon hobereau, faucon crécerelle, faucon crécerellette, hibou des marais et la chevêche d'Athéna), et enfin les animaux qui ont choisi cette cave comme terrier et y sont morts[14].

Références

  1. « Localisation de la grotte de l'Arbreda et de l'ensemble des caves del Reclau », sur icc.cat, Institut Cartogràfic i Geològic de Catalunya (consulté le ).
  2. « Nouveaux Néandertaliens dans l'Arbreda », Musée d'archéologie de Banyoles (consulté le ).
  3. « Consell comarcal del pla de l'Estany ».
  4. Corominas, Diari, 2, 3-V- 1947
  5. [Corominas 1950] (es) J. M. Corominas, « Las puntas pedunculadas asimétricas del nivel solutrense del Reclau-Viver de Serinà » (Ve Congreso Nacional de Arqueología, Almería, 1949. Cartagena (Spain)), Congreso Arqueológico del Sudeste, vol. 1,‎ , p. 41-45.
  6. [Corominas 1952] (es) Josep Maria Corominas, « La excavación de la cueva “ Reclau-Viver ” de Seriñá. Otros yacimientos de la comarca de Baño-las-Seriñá », dans L. Pericot & M. Oliva (éd.), Actividades de la Comisaría Provincial de Excavaciones Arqueológicas en Gerona en 1952, Gerona, Instituto de Estudios Gerun-denses, , p. 23-55.
  7. [Maroto & Terrades 1985] (ca) Julià Maroto et Xavier Terrades, « La utilització dels còdols en el solutrià de la cova de l'Arbreda (Serinyà) », Quaderns del Centre d’Estudis Comarcals de Banyoles, no 1,‎ , p. 111-124 (lire en ligne [sur academia.edu], consulté le ).
  8. Ortega 2000, 2005
  9. [Soler & Soler 2005] (ca) Narcís Soler et Joaquim Soler, Memòria d'excavació de la Cova de l'Arbreda, coll. « Memòries d’Intervenció Arqueològica » (no 5362), , 69 p., sur portalgironi.cat (lire en ligne).
  10. Soler, 1978, p.148.
  11. [Soler & Maroto 1987] Narcís Soler et Julià Maroto, « L'estratigrafia de la cova de l'Arbreda (Serinyà, Girona) », Cypsela, no VI,‎ , p. 53-66 (lire en ligne [sur academia.edu], consulté le ).
  12. [Canal et al. 1989] (ca) Josep Canal, Eudald Carbonell, Jordi Estévez et Joan Abadal-Arbussé, Catalunya Paleolítica, Girona, éd. Patronat Fransesc Eiximen, , 443 p..
  13. [Alcalde, Estevez & Vila 1981] (ca) Gabriel Alcalde, Jordi Estevez et Assumpció Vila, « Algunes precisions sobre l'estratigrafia de la Cova de l'Arbreda (Serinyà - Girona) », Revista de Girona, no 96,‎ , p. 189-193 (présentation en ligne, lire en ligne [sur raco.cat], consulté le ).
  14. [Estevez 1987] (ca) J. Estevez, « La fauna de l'Arbreda (sector Alfa) en el conjunt de faunes del Plistocè Superior », Cypsela, no VI,‎ , p. 73-87 (lire en ligne [PDF] sur core.ac.uk, consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • [Ortega et al. 2005] David Ortega, NarcĂ­s Soler et JuliĂ  Maroto, « La production des lamelles pendant l'Aurignacien ArchaĂŻque dans la grotte de l'Arbreda: organisation de la production, variabilitĂ© des mĂ©thodes et des objectifs », dans Productions lamellaires attribuĂ©es Ă  l’Aurignacien : ChaĂ®nes opĂ©ratoires et perspectives technoculturelles (Annales du XIVe congrès de l'UISPP, Liège 2-8 Septembre 2001), Ă©d. ArchĂ©oLogiques 1 Luxembourg, , sur researchgate.net (lire en ligne), p. 359-373.
  • [Soler et al. 2014] (es) Joaquim Soler Subils, Narcisse Soler Masferrer, Alba SolĂ©s Coll et Xavier Niell Ciurana, « La cueva de la Arbreda del PaleolĂ­tico medio al NeolĂ­tico », dans El registro arqueolĂłgico pleistoceno español (Project: « The Prehistoric Caves of SerinyĂ  »), (lire en ligne [PDF] sur researchgate.net), p. 48-58.
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