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Grand Prix automobile de la Marne 1952

Le Grand Prix automobile de la Marne 1952 (XIIIe Grand Prix de la Marne), disputé sous la réglementation Formule 2 sur le circuit de Reims-Gueux le , est le quatrième des huit Grands Prix de France organisés en 1952, disputé après Pau, Marseille et Paris, et précédant ceux de Rouen, Les Sables-d'Olonne, Saint-Gaudens et La Baule[1]. Il fut remporté par Jean Behra, sur Gordini.

Grand Prix de la Marne 1952
Tracé de la course
Données de course
Nombre de tours 71 (3 heures de course)
Longueur du circuit 7,198 km
Distance de course 511,058 km
Résultats
Vainqueur Jean Behra,
Gordini,
3 h 0 min 53 s
(vitesse moyenne : 169,521 km/h)
Pole position Alberto Ascari,
Ferrari,
2 min 26 s 2
(vitesse moyenne : 177,242 km/h)
Record du tour en course Alberto Ascari,
Ferrari,
2 min 28 s 2
(vitesse moyenne : 174,850 km/h)

Le circuit

Par rapport à l'année précédente, le rapide circuit de Reims a été modifié, une bretelle évitant maintenant le village de Gueux, réduisant le développement de la piste d'environ 600 mètres. L'extension du circuit par la réalisation d'une bretelle nord est également prévue, mais ces travaux ne seront terminés qu'en 1953. La course réservée aux voitures de Sport et le Grand Prix 1952 se déroulent donc sur le tracé provisoire de 7,2 km.

Coureurs inscrits

Liste des pilotes inscrits
no Pilote Écurie Constructeur Châssis Moteur Pneumatiques
2 Robert Manzon Equipe Gordini Gordini Gordini T16 Gordini L6 E
4 Jean Behra Equipe Gordini Gordini Gordini T16 Gordini L6 E
6 Prince Bira Equipe Gordini Gordini Gordini T16 Gordini L6 E
8 Maurice Trintignant Equipe Gordini Simca-Gordini Simca-Gordini T15 Gordini L4 E
10 Alberto Ascari Scuderia Ferrari Ferrari Ferrari 500 Ferrari L4 P
12 Giuseppe Farina Scuderia Ferrari Ferrari Ferrari 500 Ferrari L4 P
14 Luigi Villoresi Scuderia Ferrari Ferrari Ferrari 500 Ferrari L4 P
16 Lance Macklin HW Motors HWM HWM 52 Alta L4 D
18 Peter Collins HW Motors HWM HWM 52 Alta L4 D
20 Yves Giraud-Cabantous HW Motors HWM HWM 52 Alta L4 D
22 Emmanuel de Graffenried Enrico Platé Maserati-Platé Maserati-Platé Maserati L4 P
24 Harry Schell Enrico Platé Maserati-Platé Maserati-Platé Maserati L4 P
26 Stirling Moss HW Motors HWM HWM 52 Alta L4 D
28 Gianfranco Comotti Scuderia Marzotto Ferrari Ferrari 166 Ferrari V12 P
30 Piero Carini Scuderia Marzotto Ferrari Ferrari 166 Ferrari V12 P
32 Alan Brown Ecurie Richmond Cooper Cooper T20 Bristol L6 D
34 Eric Brandon Ecurie Richmond Cooper Cooper T20 Bristol L6 D
36 Élie Bayol Privé O.S.C.A. OSCA MT4 O.S.C.A. L4 P
38 Louis Rosier Écurie Rosier Ferrari Ferrari 500 Ferrari L4 D
40 Robin Montgomerie-Charrington WS Aston WS Aston Aston NB41 Butterworth F4 D
42 Mike Hawthorn Archie Bryde Cooper Cooper T20 Bristol L6 D
44 Johnny Claes Écurie Belge Simca-Gordini Simca-Gordini T15 Gordini L4 E
46 Peter Whitehead Privé Alta Alta F2 Alta L4 D

Grille de départ du Grand Prix

Ferrari 500
Nouvelle pole position pour la Ferrari 500 d'Alberto Ascari.
Grille de départ du Grand Prix et résultats des qualifications
1re ligne Pos. 3 Pos. 2 Pos. 1

Manzon
Gordini
2 min 28 s 3

Farina
Ferrari
2 min 28 s 0

Ascari
Ferrari
2 min 26 s 2
2e ligne Pos. 5 Pos. 4

Villoresi
Ferrari
2 min 32 s 0

Behra
Gordini
2 min 28 s 6
3e ligne Pos. 8 Pos. 7 Pos. 6

Carini
Ferrari
2 min 37 s 3

Brown
Cooper
2 min 37 s 1

Bira
Gordini
2 min 34 s 0
4e ligne Pos. 10 Pos. 9

Moss
HWM
2 min 40 s 2

Hawthorn
Cooper
2 min 40 s 1
5e ligne Pos. 13 Pos. 12 Pos. 11

Cabantous
HWM
2 min 41 s 9

Brandon
Cooper
2 min 41 s 4

Rosier
Ferrari
2 min 40 s 7
6e ligne Pos. 15 Pos. 14

Whitehead
Alta
2 min 42 s 2

Trintignant
Simca-Gordini
2 min 42 s 1
7e ligne Pos. 18 Pos. 17 Pos. 16

Macklin
HWM
2 min 43 s 5

Comotti
Ferrari
2 min 42 s 7

Collins
HWM
2 min 42 s 5
8e ligne Pos. 20 Pos. 19

Graffenried
Maserati
2 min 44 s 1

Claes
Simca-Gordini
2 min 43 s 8
9e ligne Pos. 22 Pos. 21

Schell
Maserati
2 min 48 s 3

Montgomerie
Aston
2 min 44 s 5
  • Seuls vingt-deux pilotes s'alignent au départ (sur vingt-trois inscrits), l'O.S.C.A. du Français Élie Bayol n'ayant pu être préparée à temps pour l'épreuve.

La course

En lever de rideau du Grand Prix est organisée une course de voitures de sports, dont le départ est donné à onze heures. Robert Manzon y participe au volant d'une Gordini 19 GCS. Au cours du seizième tour, alors qu'il domine nettement l'épreuve, la roue avant droite de la Gordini se bloque; incontrôlable, la voiture se dirige droit vers un pylône et Manzon n'a d'autre recours que de sauter de la voiture pour éviter le choc. Il s'en tire avec des blessures superficielles au bras gauche[2], un incident fâcheux pour celui qui s'était montré le plus rapide de l'équipe Gordini au cours des essais du Grand Prix.

Ce n'est d'ailleurs pas l'unique souci de la petite équipe Gordini : la veille, Jean Behra avait signalé des grognements du pont arrière en sortie de virage serré au chef mécanicien Robert Aumaitre. Au petit matin, celui-ci, après avoir essayé lui-même la monoplace de Behra sur route ouverte et effectué quelques travers, a pu également constater qu'il y avait un bruit inquiétant à ce niveau. Le démontage du nez de pont fait apparaître un sérieux problème de montage, et faute de temps l'équipe des mécaniciens effectue une réparation de fortune, espérant qu'elle tienne toute la course. Robert Aumaitre donne pour consigne de n'en souffler mot ni à Behra (pour ne pas le démotiver), ni à Amédée Gordini dont il redoute la colère[2].

Déroulement du Grand Prix

Le départ du Grand Prix est donné à quinze heures, sous un soleil de plomb[3], devant cinquante mille spectateurs[4]. Malgré son accident survenu le matin même, Robert Manzon s'aligne courageusement sur la grille, à l'extérieur de la première ligne, l'avant-bras gauche complètement bandé[2]. Parti en seconde ligne, Jean Behra (Gordini) est le plus prompt et se porte immédiatement à la hauteur de son coéquipier Manzon et d'Alberto Ascari (Ferrari). À la fin du premier tour, il compte une quarantaine de mètres d'avance sur Ascari. Les deux hommes se détachent rapidement du reste du peloton. Au second passage, Ascari est revenu à la hauteur de Behra; l'Italien prend la tête au début du troisième tour, mais le Français parvient à reprendre l'avantage peu après. Au quatrième passage devant les tribunes, les deux voitures sont toujours roues dans roues, avec un mince avantage pour Ascari. Plus loin suivent Giuseppe Farina et Luigi Villoresi (Ferrari), talonnés par Manzon. Behra augmente alors la cadence, reprend la tête et commence à se détacher de son adversaire. Il termine ce cinquième tour avec quelques longueurs d'avance sur Ascari, tandis que Villoresi a abandonné, allumage défaillant.

Behra améliore régulièrement le record de la piste et compte désormais plusieurs secondes d'avance sur Ascari, qui s'arrête à son stand à la fin du quatorzième tour pour remplacement des bougies. L'opération est relativement longue, et la Ferrari a perdu de nombreuses places lorsqu'elle repart, maintenant pilotée par Villoresi. En seconde position, Farina compte alors une quinzaine de secondes de retard sur la Gordini de tête, alors que Manzon, malgré sa blessure, occupe la troisième place, loin devant son coéquipier Bira. Farina augmente le rythme et se lance à la poursuite de l'homme de tête, mais celui-ci, bien renseigné par son stand, parvient à conserver son avance. Après une heure de course, seize secondes séparent les deux hommes de tête. Manzon est toujours troisième, devant Bira et la Ferrari privée de Louis Rosier.

Au cours de la seconde heure, la situation reste inchangée. À un record du tour de Farina, Behra réplique par un autre, si bien qu'aux deux tiers de la course il a porté son avance à vingt-quatre secondes. Inquiétude tout de même dans le camp Gordini car Manzon, qui se maintenait en troisième position, vient d'abandonner sur casse du pont arrière, et les mécaniciens savent qu'un problème similaire peut survenir à tout moment sur la monoplace de Behra. Bira occupe maintenant la troisième place, devant Villoresi, bien remonté au classement.

Au début de la troisième heure, Ascari reprend le volant de sa voiture. Il vise la troisième place alors détenue par Bira. Farina se contente désormais d'assurer sa deuxième place, ce qui permet à Behra, qui dispose maintenant d'une cinquantaine de secondes d'avance, de lever également le pied, permettant à Ascari, maintenant troisième et auteur du meilleur tour en course, de se dédoubler. Malgré la réparation succincte du pont arrière, la Gordini va jusqu'au bout de l'épreuve et Behra remporte une très belle victoire sur les Ferrari de Farina et Ascari.

Classements intermédiaires

Classements intermédiaires des monoplaces aux premier, quatrième et dixième tours, une heure et deux heures de course[5].

Classement de la course

Première victoire pour la Gordini T16 (vue ici lors d'une course historique)
Pos No Pilote Voiture Tours Temps/Abandon Grille Points
1 4 Jean Behra Gordini 71 3 h 00 min 53 s 4 8
2 12 Giuseppe Farina Ferrari 70 + 1 tour 2 6
3 10 Alberto Ascari
Luigi Villoresi
Ferrari 70 + 1 tour 1 3
2
4 6 Prince Bira Gordini 69 + 2 tours 6 3
5 38 Louis Rosier Ferrari 65 + 6 tours 11 2
6 44 Johnny Claes Simca-Gordini 64 + 7 tours 19
7 42 Mike Hawthorn Cooper-Bristol 64 + 7 tours 9
8 20 Yves Giraud Cabantous HWM-Alta 64 + 7 tours 13
9 22 Emmanuel de Graffenried Maserati 61 + 10 tours 20
10 26 Stirling Moss HWM-Alta 60 + 11 tours 10
11 34 Eric Brandon
Alan Brown
Cooper-Bristol 58 + 13 tours 12
Abd. 2 Robert Manzon Gordini 49 Pont arrière 3
Abd. 24 Drapeau des États-Unis Harry Schell Maserati 24 ? 22
Abd. 16 Lance Macklin HWM-Alta 23 Allumage 18
Abd. 30 Piero Carini Ferrari 17 ? 8
Abd. 40 Robin Montgomerie-Charrington Aston-Butterworth 15 Transmission 21
Abd. 18 Peter Collins HWM-Alta 13 Moteur 16
Abd. 28 Gianfranco Comotti Ferrari 11 Moteur 17
Abd. 32 Alan Brown Cooper-Bristol 5 Radiateur 7
Abd. 14 Luigi Villoresi Ferrari 4 Allumage 5
Abd. 46 Peter Whitehead Alta 3 Boîte de vitesses 15
Abd. 8 Maurice Trintignant Simca-Gordini 2 Moteur 14
Np. 36 Élie Bayol O.S.C.A. - Forfait (voiture non prête) -

Légende :

  • Abd.=Abandon
  • Np. =Non partant
  • Les points sont comptabilisés pour le classement global des Grands Prix de France, suivant le même principe que le championnat du monde des pilotes[6].

Pole position & Record du tour

Évolution du record du tour en course

Le record du tour fut amélioré à maintes reprises au cours de l'épreuve[5], révélant l'intensité de la lutte en tête.

Tours en tête

À noter

Notes et références

  1. Revue L'Automobile n°77 - septembre 1952
  2. Christian Huet, Gordini Un sorcier une équipe, Editions Christian Huet, , 485 p. (ISBN 2-9500432-0-8)
  3. Revue L'Automobile n°76 - août 1952
  4. Revue Moteurs Courses - 15 juillet 1952
  5. Edmond Cohin, L'historique de la course automobile, Editions Larivière, , 882 p.
  6. Revue Automobile Historique n°50 - septembre 2005
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