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Gaston d'Orléans (1842-1922)

Gaston d’OrlĂ©ans, comte d'Eu, nĂ© le , au chĂąteau de Neuilly-sur-Seine, et mort Ă  bord du vaisseau Massilia, dans l'ocĂ©an Atlantique, le , est un prince français, membre de la maison d’OrlĂ©ans, petit-fils du roi Louis-Philippe Ier et Ă©poux de la princesse impĂ©riale Isabelle du BrĂ©sil.

Gaston d'Orléans
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Gaston d'Orléans vers 1870.

Titres

Époux de la prĂ©tendante au trĂŽne du BrĂ©sil

–
(29 ans, 11 mois et 9 jours)

Prédécesseur ThérÚse-Christine de Bourbon-Siciles
Successeur Marie-Élisabeth de Baviùre

Époux de la princesse impĂ©riale du BrĂ©sil

–
(25 ans et 1 mois)

Prédécesseur Louis de Bourbon-Siciles
Successeur Marie-Pie de Bourbon-Siciles (de jure)
Fonctions militaires
Grade militaire Capitaine (Armée espagnole)
Maréchal brésilien
Biographie
Titulature Comte d'Eu
Dynastie Maison d’OrlĂ©ans
Nom de naissance Louis Philippe Marie Ferdinand Gaston d'Orléans
Naissance
Neuilly-sur-Seine (France)
DĂ©cĂšs
Océan Atlantique (à bord de son vaisseau)
Sépulture Cathédrale de Petrópolis, Petrópolis (Brésil)
PÚre Louis d'Orléans
MĂšre Victoire de Saxe-Cobourg-Kohary
Conjoint Isabelle du Brésil
Enfants LuĂ­sa Victoire d'Orleans-Bragance
Pierre d'Orléans-Bragance
Louis d'Orléans-Bragance
Antoine Gaston d'Orleans-Bragance
Résidence Maison d'Orléans

Signature

Signature de Gaston d'Orléans
Description de l'image Coat of arms of Prince Gaston, Count of Eu.png.

Biographie

Le jeune Gaston d'Orléans en 1847.

À sa naissance en 1842, le fils aĂźnĂ© du duc de Nemours est titrĂ© comte d’Eu par son grand-pĂšre le roi Louis-Philippe Ier. En , le jeune garçon, ĂągĂ© de 5 ans, fuit la France et les rĂ©volutionnaires avec sa famille. Ses parents s'installent alors en Angleterre auprĂšs de l'ex-roi des Français et c'est dans ce pays que Gaston d’OrlĂ©ans passe ensuite la majoritĂ© de son enfance et de son adolescence.

En 1855, Ă  l'Ăąge de 13 ans, Gaston commence sa carriĂšre militaire dans un cours d'artillerie, se terminant Ă  l'École militaire de SĂ©govie, en Espagne, oĂč il devient capitaine. Il s'Ă©tait installĂ© en Espagne, aprĂšs avoir suivi l'orientation de son oncle, Antoine, duc de Montpensier.

Pendant ce temps, au BrĂ©sil, l’empereur Pierre II, qui n’a pas de garçon, recherche pour ses filles, Isabelle et LĂ©opoldine du BrĂ©sil, des princes europĂ©ens qui pourraient faire office de mari et assurer ainsi la pĂ©rennitĂ© du trĂŽne brĂ©silien. Avec l’aide de sa sƓur, la princesse de Joinville, l’empereur choisit donc comme gendres Gaston d’OrlĂ©ans et le prince Auguste de Saxe-Cobourg-Kohary (1845-1907), tous deux petits-enfants du roi des Français Louis-Philippe Ier.

Guerre contre le Paraguay : l'empereur du Brésil et ses deux gendres, le duc de Saxe-Cobourg-Gotha et le comte d'Eu, au camp d'Alegrete (L'Illustration, vol. XLVL, no 1.186, 1865).

Les deux jeunes gens arrivent ensemble au BrĂ©sil en 1864 : Gaston, pour Ă©pouser LĂ©opoldine et Auguste, pour s’unir Ă  Isabelle. Cependant, les deux princesses prennent la libertĂ© de choisir chacune leur Ă©poux et Gaston Ă©pouse finalement l’hĂ©ritiĂšre du BrĂ©sil.

Naturellement, en Europe, les OrlĂ©ans regardent ce changement de derniĂšre minute avec bienveillance. Pourtant, d’un point de vue dynastique, le mariage n’est pas sans consĂ©quence. Selon les orlĂ©anistes, le comte d’Eu perd en effet ses droits sur la couronne française en devenant Ă©tranger.

ÉvĂ©nements du Paraguay : le comte d'Eu et son Ă©tat-major (L'Illustration, 1870).

À l'Ă©poque du double mariage, le BrĂ©sil est en pleine Guerre du Paraguay (1864-1870) et Gaston d'OrlĂ©ans demande trĂšs vite Ă  son nouveau beau-pĂšre de participer au combat. Il reçoit alors de l'empereur la dignitĂ© de marĂ©chal de l'armĂ©e. Cependant, sa condition d'Ă©tranger lui interdit de se placer Ă  la tĂȘte des troupes brĂ©siliennes et il doit se contenter du commandement de l'artillerie et de la coordination des opĂ©rations de Rio de Janeiro. Mais, en 1869, le duc de Caxias, commandant gĂ©nĂ©ral de l'armĂ©e brĂ©silienne, qui considĂ©rait que la guerre Ă©tait militairement terminĂ©e tombe malade et Pierre II demande Ă  son gendre de le remplacer pour continuer Ă  dĂ©truire les derniĂšres forces paraguayennes jusqu'Ă  la reddition du dictateur Solano LĂłpez. Le comte d'Eu commande ainsi l'armĂ©e brĂ©silienne durant les victoires de Peribebui et de Campo Grande dans une guerre de plus en plus atroce (des vieillards et des enfants sont massacrĂ©s lors de la bataille de NĂč). Avec la mort de Solano LĂłpez, Ă  Cerro Cora, le , la guerre cesse et le comte d'Eu peut ĂȘtre prĂ©sentĂ© en vainqueur glorieux Ă  son retour Ă  Rio.

En politique, le comte d'Eu et son épouse sont proches des libéraux, qu'ils considÚrent sources de progrÚs scientifiques, intellectuels et sociaux. Or, la princesse Isabelle obtient à plusieurs reprises, lors des séjours de son pÚre en Europe, la régence du pays (1871-1872, 1876-1877 puis 1887-1889), ce qui permet au couple d'influer sur la vie politique brésilienne.

Le comte d'Eu (debout, à droite), avec le reste de la famille impériale brésilienne en 1889 (photo d'Otto Hees).

Le , la princesse Isabelle signe ainsi la Loi d'or (Lei Áurea) qui met fin à l'esclavage. Cet événement vaut à l'héritiÚre du trÎne de recevoir le surnom de « Rédemptrice » mais il détache également les oligarchies caféiÚres de la famille impériale. Le baron de Cotegipe, ministre favorable au maintien de l'esclavage, ne s'y trompe pas lorsqu'il déclare à la princesse : « Votre Altesse a libéré une race mais elle a perdu son trÎne ».

À peine un an plus tard, le , la rĂ©publique est proclamĂ©e au BrĂ©sil et la famille impĂ©riale doit s'exiler au Portugal puis en Normandie, au chĂąteau d'Eu.

En 1891, l'empereur Pierre II meurt Ă  Paris et sa fille devient, pour les monarchistes brĂ©siliens, l'« impĂ©ratrice Isabelle Ire » ; par la mĂȘme occasion, le comte d'Eu devient alors « empereur consort ». La prĂ©tendante Ă  la couronne impĂ©riale brĂ©silienne et son mari restent bannis hors de leur pays.

C’est seulement en 1921, alors qu'il est devenu veuf, que le comte d'Eu peut enfin remettre les pieds au BrĂ©sil. Il rapatrie, Ă  cette occasion, les corps de ses beaux-parents pour les faire ensevelir dans le mausolĂ©e impĂ©rial de la cathĂ©drale de PetrĂłpolis.

L'année suivante, le comte d'Eu s'éteint à 80 ans sur le Massilia, le bateau qui devait le ramener au Brésil pour la célébration du centenaire de l'indépendance du pays. Sa dépouille et celle de la princesse Isabelle sont également rapatriées au Brésil le , et inhumées au mausolée impérial de la cathédrale de Petrópolis le .

Famille

Le comte d’Eu est le fils aĂźnĂ© du prince Louis d'OrlĂ©ans (1814-1896), duc de Nemours, et de son Ă©pouse la princesse Victoire de Saxe-Cobourg-Kohary. Par son pĂšre, il est le petit-fils du roi des Français Louis-Philippe Ier (1773-1850) et de la reine Marie-AmĂ©lie de Bourbon, princesse des Deux-Siciles, tandis que, par sa mĂšre, il descend de Ferdinand de Saxe-Cobourg-Saalfeld (1785-1851) et d’Antoinette de KohĂĄry Le , Gaston d’OrlĂ©ans Ă©pouse[1], Ă  Rio de Janeiro, la princesse impĂ©riale du BrĂ©sil, Isabelle de Bragance (1846-1921), fille aĂźnĂ©e et hĂ©ritiĂšre de l’empereur Pierre II du BrĂ©sil (1825-1891) et de sa femme ThĂ©rĂšse-Christine de Bourbon, princesse des Deux-Siciles. De cette union, naissent quatre enfants :

Le mariage ne donne pas au comte d'Eu le titre de prince impĂ©rial, que la constitution ne prĂ©voyait pas d'attribuer au mari de l'hĂ©ritiĂšre prĂ©somptive de la couronne, et que le traitĂ© de mariage[3] ne prĂ©vit pas non plus. La princesse Françoise, deuxiĂšme sƓur de l'empereur Pierre II, intervient nĂ©anmoins en 1870 pour que le monarque fasse donner ce titre de prince impĂ©rial Ă  Gaston (qui est doublement son neveu par alliance, car Françoise est mariĂ©e au prince de Joinville, oncle paternel de Gaston) par les Chambres (la Chambre des dĂ©putĂ©s et le SĂ©nat). Pierre II ne donne pas suite Ă  cette requĂȘte : irritĂ© par cette demande de sa sƓur, il lui intime de ne pas se mĂȘler de cette question (tu nĂŁo tens nada que te meter neste negĂłcio)[4].

Controverse

Ainsi qu'Isabelle d'OrlĂ©ans-Bragance, comtesse de Paris, le rapporte dans ses souvenirs[5], son grand-pĂšre Gaston d’OrlĂ©ans n’a jamais vraiment admis la perte de son statut de prince français – qui le privait aussi de tout droit Ă  succĂ©der au trĂŽne de France (pour les orlĂ©anistes).

Par le pacte de famille des Orléans du , les Orléans-Bragance se sont engagés à ne faire valoir aucune prétention à la couronne de France tant qu'il subsisterait des branches françaises de la maison d'Orléans.

Titulature et décorations

Titulature

  • - : Son Altesse Royale le prince Gaston d'OrlĂ©ans, comte d'Eu ;
  • - : Son Altesse ImpĂ©riale et Royale le prince Gaston d'OrlĂ©ans, comte d'Eu, prince impĂ©rial consort du BrĂ©sil ;
  • - : Son Altesse ImpĂ©riale et Royale le prince Gaston d'OrlĂ©ans, comte d'Eu, prince du BrĂ©sil.

DĂ©corations

Publication

  • Gaston d'OrlĂ©ans, comte d'Eu, Viagem militar ao Rio Grande do Sul, Ed. da universidade de SĂŁo Paulo, Belo Horizonte, Itatiaia, 1981.

Notes et références

  1. (pt) Acte de mariage, dans Almanak administrativo, civil e industrial da provĂ­ncia de Minas Gerais para o anno de 1865, p. 23 (lire en ligne).
  2. Titre de courtoisie.
  3. (pt) Traité de mariage, dans Apontamentos para o direito internacional ou collecção completa dos tratados celebrados pelo Brasil com differentes naçÔes estrangeiras, p. 443 (lire en ligne).
  4. (pt) Marcos Costa, O Reino que NĂŁo Era deste Mundo : CrĂŽnica de uma RepĂșblica NĂŁo Proclamada, Rio de Janeiro, Editora Valentina, , 250 p. (ISBN 9788565859486, lire en ligne), qui cite (pt) Lourenço Luiz Lacombe, Isabel, A Princesa Redentora : biografia baseada em documentos inĂ©ditos, PetrĂłpolis, Instituto HistĂłrico de PetrĂłpolis, , 288 p., p. 135.
  5. Isabelle d'OrlĂ©ans, comtesse de Paris, Tout m'est bonheur, Éditions Robert Laffont, coll. « VĂ©cu », Paris, 1978. 440 p.-[16] p. de pl. ; 24 cm. (ISBN 2-221-00107-9) ; Isabelle d'OrlĂ©ans, comtesse de Paris, Les Chemins creux (souvenirs, suite de Tout m'est bonheur), Éditions Robert Laffont, coll. « VĂ©cu », Paris, 1981. 274 p.-[16] p. de pl. ; 24 cm. (ISBN 2-221-00817-0).
  6. Royal Ark
  7. « Almanach du Royaume de BaviÚre »
  8. « Almanach de Gotha : contenant diverses connaissances curieuses et utiles pour l'année ... », sur Gallica, (consulté le )
  9. Geneall
  10. (de) « Almanach du duché de Saxe-Cobourg-Gotha », sur zs.thulb.uni-jena.de (consulté le )

Bibliographie

  • Isabelle d'OrlĂ©ans, comtesse de Paris, Tout m'est bonheur (souvenirs), Éditions Robert Laffont, coll. « VĂ©cu », Paris, 1978. 440 p.-[16] p. de pl. ; 24 cm. (ISBN 2-221-00107-9).
  • Isabelle d'OrlĂ©ans, comtesse de Paris, Les Chemins creux (souvenirs, suite de Tout m'est bonheur), Éditions Robert Laffont, coll. « VĂ©cu », Paris, 1981. 274 p.-[16] p. de pl. ; 24 cm. (ISBN 2-221-00817-0).

Articles connexes

Liens externes

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