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Fort de Villey-le-Sec

Le fort de Villey-le-Sec est un ouvrage de fortification du XIXe siècle appartenant au système Séré de Rivières de la place forte de Toul, se situant sur le territoire de la commune de Villey-le-Sec, en France. Il s'agit de l'unique exemple d'une enceinte fermée autour d'un village de cette ligne de défense des frontières conçu après la défaite de 1871. Situé en dehors des zones de combat de la Première Guerre mondiale, il est resté quasiment intact.

Fort de Villey-le-Sec
Image illustrative de l’article Fort de Villey-le-Sec
Description
Type d'ouvrage fort Ă  enveloppe
Dates de construction de 1875 Ă  1879
Ceinture fortifiée place forte de Toul
Utilisation fort de ceinture
Utilisation actuelle musée
Propriété actuelle département de Meurthe-et-Moselle
Garnison 1 300 hommes
Armement de rempart 24
Armement de flanquement 12
Organe cuirassé une tourelle Mougin
Modernisation béton spécial 1888
Programme 1900
Dates de restructuration 1903 ; 1909 et 1914
Tourelles 2 tourelles de 75 mm,
1 tourelle de mitrail.
Casemate de Bourges néant
Observatoire 9
Garnison
Programme complĂ©mentaire 1908 2 tourelles de 155 mm en construction
CoordonnĂ©es 48° 39′ 29″ nord, 5° 58′ 26″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Fort de Villey-le-Sec
GĂ©olocalisation sur la carte : Meurthe-et-Moselle
(Voir situation sur carte : Meurthe-et-Moselle)
Fort de Villey-le-Sec

Histoire

dome de béton dépassant légèrement du sol au milieu d'une pelouse
Observatoire de commandement de la batterie cuirassée à proximité du réduit.

Il a Ă©tĂ© construit de 1875 Ă  1879 puis modernisĂ© en 1888 puis de 1903 Ă  1914. S'Ă©tendant sur 40 000 m2, il prĂ©sente un raccourci saisissant de 40 annĂ©es de fortification.

Construction

Le camp retranchĂ© de Toul venait clore le rideau dĂ©fensif des Hauts de Meuse. La dĂ©claration d'utilitĂ© publique (DUP) du prĂ©voit de le protĂ©ger par quatre forts : Écrouves, Domgermain, Saint-Michel et Villey-le-Sec. Le fort de Villey-le-Sec devait verrouiller l'accès sud-est de la ville. Il Ă©tait placĂ© sur le plateau de Haye, appuyĂ© au sud sur les cĂ´tes escarpĂ©es creusĂ©es par la Moselle. Sa position Ă©tait initialement prĂ©vue 1 000 m plus Ă  l'ouest, sur l'emplacement actuel de la redoute de Chaudeney[1].

L'étude commença à partir du et la construction le . Les travaux, confiés à l'entreprise Morel, durèrent quatre ans et nécessitèrent des centaines d'ouvriers. C'est le fort le plus onéreux de la région.

En 1885 la mise au point des obus à mélinite rend obsolète les fortifications en pierre. Il est nécessaire de renforcer le fort de Villey à l'aide de béton et de cuirassements en métal. On estime aussi que l'artillerie n'est plus suffisamment protégée par le fort et on la disperse sur le plateau.

En 1890, on ajouta aussi quatre casernes en béton spécial : dans le réduit, le redan et les deux batteries.

Vers 1900, un champ de tir est créé à Gondreville, en bordure de la forêt de Haye, pour tester les armes du fort. Un autre, dans le bois de l'Embanie, servait de camp d'entraînement pour les militaires[2].

En 1912, des travaux dĂ©butent pour Ă©quiper le fort d'une batterie Ă©quipĂ©e de deux tourelles de 155 mm. Ils sont interrompus par la Première Guerre mondiale.

Guerre de 1914-1918

rails dans une prairie passant près d'un arbre
À proximité du fort

Au début de la guerre, après la défaite française à la bataille de Morhange, les troupes allemandes progressent rapidement vers l'ouest. À partir de la mi-septembre, après la bataille du Grand-Couronné de Nancy, la ligne de front se stabilise à quelques dizaines de kilomètres, suivant un axe Saint-Mihiel, Pont-à-Mousson, Nomeny, Moncel-sur-Seille, Arracourt. Elle n'évoluera plus guère dans ce secteur.

La population est évacuée pour ne laisser que la garnison et les hommes indispensables aux travaux des fermes.

Après guerre

Après le rattachement de l'Alsace-Moselle, le fort perd de son intérêt stratégique. L'armée y installe un gardien de batterie mais n'assure plus d'entretien. Durant la Seconde Guerre mondiale, les éléments métalliques sont récupérés par l'armée allemande[2].

Aujourd'hui

Les travaux de l'association La Citadelle ont renouvelĂ© l'intĂ©rĂŞt portĂ© au fort[2]. C'est, depuis le , un site inscrit au sens de la loi du 2 mai 1930, sur une superficie de 21 hectares[3]. Il est aujourd'hui possible de visiter le fort du 1er mai jusqu'en septembre au cours d'une visite guidĂ©e durant environ deux heures. L'association La Citadelle a pour objet la prĂ©servation et de la mise en valeur du fort. Afin d'entretenir les dessus du fort et les 20 hectares du site, l'association a fait appel Ă  des bovins de race highlands.

Ouvrages du fort

Le village occupant déjà l'emplacement le plus favorable, il fut décidé de construire le fort tout autour pour limiter les délais et les frais qu'auraient entraînés la destruction des habitations et le relogement de leurs occupants. Les habitants s'étaient par ailleurs opposés à cette éventualité car la zone du village est l'un des seuls points de la commune où l'eau est disponible de par la présence d'une couche d'argile qui retient l'eau en surface[2].

RĂ©duit

Allée d'herbe entre deux murs de pierre
Le fossé du réduit

Construit Ă  l'angle sud-ouest du fort (48° 39′ 29″ N, 5° 58′ 26″ E), le rĂ©duit forme un carrĂ© de 180 m de cĂ´tĂ©. C'est un fort Ă  lui seul concentrant l'ensemble des ressources, magasins, casernement. Son plan est similaire au fort de Lucey. Cependant sa modernisation fut diffĂ©rente et modifia considĂ©rablement l'aspect de l'ouvrage. Il s'organise autour d'une coupole Mougin Ă©quipĂ©e de deux pièces de 155 L, l'une des deux seules tourelles de 155 mm en Ă©tat de marche avec le fort du Barbonnet. Quatre cours rectangulaires constituent les casernements d'origine. Deux casernes bĂ©tonnĂ©es ont Ă©tĂ© construites ; l'une en 1888 en bĂ©ton spĂ©cial, l'autre en 1910 en bĂ©ton armĂ©, c'est l'entrĂ©e actuelle du rĂ©duit.

En 1914, une batterie cuirassĂ©e pour deux tourelles de 155 mm court Ă©tait en construction et n'a jamais Ă©tĂ© achevĂ©e.

Redan

SituĂ© entre les deux batteries nord et sud (48° 39′ 36″ N, 5° 58′ 46″ E) Ă  l'opposĂ© du rĂ©duit, il Ă©tait Ă©quipĂ© d'une tourelle de 75 mm et de deux observatoires cuirassĂ©s. Un casernement a Ă©tĂ© ajoutĂ© en 1890 sous la tourelle.

Batterie nord

champs, village puis forêt en arrière-plan
Vue aérienne de la batterie nord et du village

En forme de V, elle possĂ©dait une tourelle de 75 mm et une tourelle de mitrailleuse, ainsi que deux observatoires cuirassĂ©s. Sa situation (48° 39′ 43″ N, 5° 58′ 38″ E) permettait de contrĂ´ler la plaine. L'entrĂ©e est protĂ©gĂ©e par un pont-levis modèle Pilter. Elle a conservĂ© en outre sa caponnière double.

Batterie sud

Plus imposante que la batterie nord, elle avait pour vocation de couvrir la route de Maron, de prendre en enfilade la vallĂ©e de la Moselle et fait face Ă  la forĂŞt domaniale de Bois l'ÉvĂŞque (48° 39′ 27″ N, 5° 58′ 47″ E).

Elle n'a pas Ă©tĂ© renforcĂ©e en bĂ©ton après 1885 et permet donc de dĂ©couvrir l'architecture initiale des forts de pierre. Il Ă©tait prĂ©vu qu'elle reçoive un canon de 75 mm qui ne sera finalement jamais installĂ©.

L'entrée était équipée d'un pont roulant escamotable latéralement.

La batterie sud a été utilisée par l'École nationale supérieure de géologie appliquée et de prospection minière de Nancy pour stocker une collection de minéraux radioactifs.

Virage de chemin longeant une barrière, entre deux hauts murs de pierre
Batterie sud

Le centre de résistance

Le fort s'inscrivait dans un ensemble d'ouvrages, destinés à sécuriser le plateau pour verrouiller l'accès sud-est au camp retranché de Toul.

Batterie de Chaudeney

Il Ă©tait prĂ©vu quatre batteries sur les arrières de la redoute (48° 39′ 28″ N, 5° 57′ 14″ E). Il semble que seule la batterie numĂ©ro 2, 250 m Ă  l'ouest, ait Ă©tĂ© construite en 1912. Elle Ă©tait Ă©quipĂ©e de quatre canons de 155 mm[4].

Magasin Ă  poudre de Bois sous roche

Ruines sans toit couvertes de lierre dans une forĂŞt
Bâtiments de surface du magasin à poudre
Passage entre deux murs vers une porte, sous le niveau du sol
Accès aux magasins à poudre

Ce magasin Ă  poudre Ă©tait situĂ© Ă  1 800 m au sud-ouest du fort (48° 39′ 00″ N, 5° 57′ 10″ E). Construit en 1890-1891, il Ă©tait Ă©quipĂ© d'un puits d'eau potable (aujourd'hui tari)[5].

Aujourd'hui en ruines il abrite des chauves-souris : grand murin, oreillard et vespertilion à moustaches. La température et l'humidité stable des souterrains sont favorables à leur hibernation.

Il est ainsi devenu une réserve naturelle du programme LIFE et l'accès aux galeries a été clos pour assurer la tranquillité des animaux.

Batteries de Bois sous roche

Un ensemble de six batteries Ă©tait prĂ©vu le long de la voie menant de la poudrière au fort (48° 39′ 16″ N, 5° 57′ 48″ E). Il semble que seules les quatre les plus Ă  l'ouest aient Ă©tĂ© construites en 1888, totalisant actuellement 24 plateformes de pièces pour 120 ou 155 mm[6].

Une levĂ©e de terre, situĂ©e Ă  100 m en arrière (au Nord), abrite les niches Ă  munitions et permettait de dĂ©rober le chemin de fer Ă  voie de 0,60 m aux vues directes.

Un avant-poste : l'ouvrage du Fays

C'est une petite installation d'infanterie situĂ©e Ă  1 000 m au nord du fort (48° 40′ 17″ N, 5° 58′ 34″ E). Construit par DUP du , il est prĂ©sumĂ© avoir Ă©tĂ© lĂ©gèrement modernisĂ© entre 1907 et 1914.

Ligne de chemin de fer

Un train Ă  voie de 0,60 m système PĂ©chot permettait de ravitailler le fort. On trouve encore aujourd'hui un wagon PĂ©chot. De multiples traces de cette voie subsistent Ă  proximitĂ© comme le talus de protection de la voie ferrĂ©e Ă©troite.

Porte arquée murée formant un thalus dans une forêt
Magasin d'artillerie dans talus de protection de la voie de 0,60 m

La desserte du môle fortifié de Villey-le-Sec est effectuée entre 1889 et 1891. Des extensions sont réalisées en 1906 (redoute de Chaudeney) et 1913-1914 (ligne des affûts-trucks entre la route de Toul à Villey-le-Sec et Gondreville).

L'association a recréé une section de voie pour les visites touristiques : le chemin de fer touristique du fort de Villey-le-Sec.

Autres ouvrages

Plus loin sur le plateau, on trouve aussi : la redoute de Dommartin (48° 39′ 56″ N, 5° 55′ 45″ E), la batterie de Dommartin (48° 39′ 56″ N, 5° 57′ 05″ E), l'ouvrage du Haut-des-Champs (48° 41′ 01″ N, 5° 58′ 11″ E), la batterie du Charmois (48° 40′ 27″ N, 5° 56′ 34″ E), le fort de Gondreville (48° 40′ 58″ N, 5° 56′ 21″ E).

Références

  1. Pascal Thiébaut, « La boucle de la Moselle : Un enjeu stratégique (1873 - 1914) », Études touloises, Association des Boucles de la Moselle, no 111,‎ , p. 3–7 (lire en ligne).
  2. René Jolin et Jean-Pierre Uriot, « Villey-le-Sec, un village du Toulois à travers les âges : Les fortifications », Études touloises, Association des Boucles de la Moselle, no 22,‎ , p. 51–57 (lire en ligne).
  3. Sites inscrits et classés : Ensemble fortifié de Villey-le-sec, no SI54583A, DIREN de Lorraine, 29 mars 2006.
  4. « Index de la fortification française 1874 - 1914 : Chaudeney (batteries de) », sur Fortiff'Sere.
  5. « Index de la fortification française 1874 - 1914 : Bois sous Roche (magasin de) », sur Fortiff'Sere.
  6. « Index de la fortification française 1874 - 1914 : Bois sous Roche (batteries de) », sur Fortiff'Sere.

Voir aussi

Liens internes

Bibliographie

  • RĂ©gis Berger (photogr. Pascal Noslier), Le Fort de Villey-le-Sec : un chef-d'Ĺ“uvre de la fortification au XIXe siècle, Villey-le-Sec (2 Pl. de l'Église, 54840, Association la Citadelle, , 43 p. (ISBN 978-2-951-18050-5, OCLC 468046482)
  • StĂ©phane Gaber, Les forts de Toul : Histoire d'un camp retranchĂ©, 1874-1914, Metz, Serpenoise, , 179 p. (ISBN 2-87692-598-2), « Le fort de Villey », p. 24 et suiv.
  • RĂ©gis Berger, « Du village fortifiĂ© de Villey-le-Sec Ă  l'organisation dĂ©fensive de Villey-Saint-Etienne », Études touloises, Association des Boucles de la Moselle, no 111,‎ , p. 9–18 (lire en ligne)

Liens externes

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