Forces de défense de l'Ambazonie
Les Forces de dĂ©fense de l'Ambazonie (FDA ; en anglais Ambazonia Defence Forces, ADF) sont une organisation militaire qui lutte pour l'indĂ©pendance des deux rĂ©gions anglophones du Cameroun â le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Les FDA prĂŽnent la constitution de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d'Ambazonie, rĂ©publique autoproclamĂ©e qui occupent les rĂ©gions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Elle est officiellement crĂ©Ă©e par le Conseil de gouvernement de l'Ambazonie (AGovC) le , le mĂȘme jour que le groupe armĂ© dĂ©clare une guerre d'indĂ©pendance[1].
Forces de défense de l'Ambazonie | |
Idéologie | Séparatisme, indépendantisme |
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Objectifs | IndĂ©pendance des rĂ©gions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, oĂč vit la minoritĂ© anglophone du pays en une « RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d'Ambazonie ». |
Statut | Actif |
Fondation | |
Date de formation | 2017 |
Pays d'origine | Cameroun |
Fondé par | Conseil de gouvernement de l'Ambazonie (AGovC) |
Actions | |
Mode opératoire | Lutte armée, guérilla, raid, attentats à la bombe, attentat à la voiture piégée |
Zone d'opération | Cameroun (Région du Nord-Ouest, Région du Sud-Ouest) |
Période d'activité | depuis 2017 |
Organisation | |
Chefs principaux | ⹠Lucas Ayaba Cho (« Commandant en chef ») ⹠Benedict Nwana Kuah (« Président du Conseil des FDA ») ⹠Capo Daniel (Ex-« Chef adjoint de la défense ») |
Membres | 1 500 (2018)[1] - [2] 200-500 (2019)[3] |
Financement | ImpÎt révolutionnaire[4] |
Groupe relié | Peuple indigÚne du Biafra (IPOB) |
RĂ©pression | |
Considéré comme terroriste par | Cameroun |
Crise anglophone au Cameroun | |
Alors que d'autres milices séparatistes se sont abstenues de porter la lutte armée en dehors des régions anglophones du Cameroun, les FDA adoptent une position différente. Depuis , les FDA sont alliées au Peuple indigÚne du Biafra et à sa branche armée, l'Eastern Security Network[5]. En outre, le chef des FDA Lucas Ayaba Cho déclare que si les Camerounais se soulÚvent contre le gouvernement du président Paul Biya, les FDA les soutiendront[6].
Histoire
Les FDA mÚnent une guérilla contre l'armée camerounaise dans les régions anglophones du pays depuis [7]. En , elles affirment avoir 1 500 combattants sous leur commandement, répartis dans 20 bases à travers les régions anglophones[1] - [2].
Numériquement et matériellement inférieurs à leur adversaire, ils s'appuient sur des tactiques du hit-and-run, des embuscades et des raids, profitant de leur familiarité avec le terrain. Les FDA ont pour objectif d'élever le coût de la présence militaire du Cameroun, dans les régions anglophones à un niveau supérieur aux bénéfices que le pays en tire[8]. Les autorités camerounaises reconnaissent qu'elles ont peu de contrÎle en dehors des villes des régions anglophones. Selon Emmanuel Freudenthal, un journaliste étranger qui a passé du temps avec les FDA, cela est dû en partie à la mauvaise infrastructure des régions, qui rend difficile la traque des guérilleros[1].
Les FDA sont fidÚles au Conseil de gouvernement de l'Ambazonie (AGovC), qui ne fait pas partie du gouvernement intérimaire de l'Ambazonie. Cela engendre une relation compliquée avec le gouvernement intérimaire, qui n'a initialement pas approuvé une lutte armée.
Le , le gouvernement intérimaire condamne les attaques des FDA qui tuent trois gendarmes[9].
Début 2018, la position non-violente du gouvernement intérimaire évolue, ouvrant la possibilité d'une coopération entre lui et les FDA. Les FDA déclinent les offres d'intégration dans le Conseil d'autodéfense de l'Ambazonie, une organisation parapluie, créée par le gouvernement intérimaire afin d'unir toutes les milices séparatistes sous une seule banniÚre.
à la suite de la mort du commandant des FDA, Ivo Mbah en , Samuel Ikome Sako, président de l'Ambazonie non reconnue fait l'éloge du séparatiste décÚdé et exhorte toutes les milices séparatistes à « ignorer nos petites différences » et à s'unir[10].
En mars 2019, un dirigeant des FDA annonce qu'elles vont exporter la lutte armĂ©e dans les rĂ©gions francophones du Cameroun. Une semaine plus tard, des sĂ©paratistes, peut-ĂȘtre membres des FDA, mĂšnent un raid Ă Penda Mboko, dans la rĂ©gion du Littoral, et blessent trois gendarmes, au mĂ©pris de la politique du gouvernement intĂ©rimaire, qui affirme que le conflit doit se dĂ©rouler uniquement dans les rĂ©gions anglophones[11].
à la fin du mois d', les FDA annoncent qu'un couvre-feu d'un semestre est décrété. Celui-ci fait suite aux peines de prison à vie qui sont prononcées à l'encontre de Sisiku Julius Ayuk Tabe et de neuf autres leaders séparatistes, détenus par le tribunal militaire de Yaoundé[12].
En , des villageois en colĂšre attaquent des camps sĂ©paratistes Ă la suite de cinq opĂ©rations les visant. Les FDA condamnent alors ouvertement les crimes de guerre commis par des Ă©lĂ©ments sĂ©paratistes. Les combattants des FDA reçoient l'ordre d'arrĂȘter toute personne prise en train de terroriser des civils, y compris des combattants sĂ©paratistes[13]. Plus tard dans le mois, les Forces de restauration de l'Ambazonie, dirigĂ©es par le gĂ©nĂ©ral Chacha, enlĂšvent 40 combattants des FDA, dont six sont exĂ©cutĂ©s[14].
Lorsque les Forces de défense du Cameroun méridional déclarent un cessez-le-feu de quatorze jours fin , en raison de la pandémie de Covid-19, l'AGovC déclare que les FDA vont également en prononcer un à condition que les forces camerounaises soient confinées dans leurs bases, pour la durée du cessez-le-feu[15].
En réponse à l'opération Bamenda Clean, les FDA appelent la population locale à se soulever contre l'armée camerounaise[16].
En , le « Général Efang » des FDA présente ses excuses à la population pour les crimes de guerre, commis par certains éléments séparatistes. Il affirme que les combattants séparatistes qui violentent des civils sont souvent sous l'emprise de drogue, et déplore que cela a conduit à la création de milices paramilitaires locales pro-gouvernementales[17].
Le , l'AGovC conclue officiellement une alliance avec le Peuple autochtone du Biafra. Selon le chef adjoint de la défense des FDA, Daniel Caapo, cela implique des opérations militaires ainsi que des bases d'entraßnement conjointes pour s'emparer de la frontiÚre mutuelle et assurer une libre circulation des armes[18]. L'alliance est dénoncée par le gouvernement intérimaire de l'Ambazonie ainsi que par d'autres groupes séparatistes biafrais[19].
En avril 2023, Capo Daniel démissionne de l'AGovC et par extension des FDA afin de poursuivre un activisme indépendant. Lucas Ayaba Cho prend acte de sa démission et le remercie pour ses années de travail[20]. En mai, Capo Daniel crée un nouveau groupe séparatiste, les Forces obscures de l'Ambazonie, et a ouvertement appelé ses combattants à enlever des journalistes pour obtenir une rançon[21].
Idéologie et objectifs
Les FDA sont sĂ©paratistes et indĂ©pendantistes. Ils prĂŽnent l'indĂ©pendance des rĂ©gions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, oĂč vit la minoritĂ© anglophone du pays, avec la crĂ©ation de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d'Ambazonie. Les militants sĂ©paratistes prĂŽnent d'abord la non-violence entre 2016 et 2017, mais cette posture disparaĂźt Ă la suite de la rĂ©pression des manifestations camerounaises de 2016-17 par le gouvernement. En consĂ©quence, les FDA et d'autres groupes adoptent une doctrine plus radicale, prĂŽnant la sĂ©cession par la violence. Les FDA considĂšrent les protestations pacifiques et la dĂ©sobĂ©issance civile comme Ă©tant inefficaces pour protĂ©ger les intĂ©rĂȘts des rĂ©gions anglophones du Cameroun[22]. Les objectifs les plus immĂ©diats de l'organisation comprennent la protection des anglophones du Cameroun contre la rĂ©pression du gouvernement[23].
Largement dépassées en nombre, en armement et en approvisionnement dans le conflit qui l'oppose au gouvernement camerounais, les FDA se tournent vers les pratiques traditionnelles de sorcellerie. Les membres des FDA croient en une magie connue sous le nom d'Odeshi, dans laquelle les amulettes et les colliers sont considérés comme ayant un pouvoir protecteur. Les amulettes sont généralement fabriquées par des guérisseurs traditionnels et sont conçues pour protéger les combattants des FDA peu armés contre les balles des forces armées camerounaises[24]. Chaque amulette est censée produire un effet spécifique, telle que l'invisibilité du porteur ou le blocage de l'arme de l'adversaire. Pour que l'Odeshi soit efficace, les croyants doivent suivre un ensemble de rÚgles, comme se battre pour une cause juste ou adopter un régime alimentaire particulier[25]. Le systÚme de croyance des militants des FDA comprend également une potion connue sous le nom de juju, qui est censée conférer une protection similaire au combat.
Voir aussi
Article connexe
Bibliographie
- (en) DeLancey, Mark Dike; DeLancey, Mark W.; Mbuh, Rebecca Neh, Historical Dictionary of the Republic of Cameroon, Rowman & Littlefield, (ISBN 978-1538119679)
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Ambazonia Defence Forces » (voir la liste des auteurs).
- (en) « Cameroon: I spent a week embedded with Anglophone armed separatists », sur RFI, (consulté le ).
- Le nombre avancé n'est qu'une estimation d'un journaliste en se basant sur le nombre de combattants dans un seul camp par rapport au nombre de camps (soit 100 combattants par camp et 20 camps)
- (en) « Cameroonâs Anglophone Crisis: How to Get to Talks? », .
- (en) Soulemanu Buba, « Northwest: Batibo population decry extortion by Ambazonia Defence Forces », .
- (en) « AGovC Joins Forces With IPOB », sur Cameroon News Agency (consulté le ).
- (en) « Ayaba Calls On Cameroonians To Overthrow Paul Biya », sur Cameroon News Agency (consulté le ).
- (en-US) « Emuparadise 2022 », sur Emuparadise 2022 (consulté le ).
- (en) Peter Zongo, « This is a genocide: villages burn as war rages in blood-soaked Cameroon | Peter Zongo », sur the Guardian, (consulté le ).
- (en-US) « âAmbazoniaâ Interim âPresidentâ Condemns Violence Amid Claims By ADF of Masterminding Gendarme Killing », sur Cameroon News Agency (consultĂ© le ).
- (en-US) « Opinion: Ambazonia âActing Presidentâ Says General Ivo Died A Hero », sur Cameroon News Agency (consultĂ© le ).
- (en-US) Mark Bareta, « Interim Government Warns Cameroun Against Propagating Inter-Citizen War Between Both Cameroons », sur BaretaNews, (consulté le ).
- (en-US) « After Life Imprisonment Sentence: Ambazonians Promise Tough Days Ahead », sur Cameroon News Agency (consulté le ).
- (en) « Cameroon Anglophone Villagers Attack Separatist Camps Over Abuse », sur VOA (consulté le ).
- (en) « Cameroonâs Anglophone Separatists Turn to Infighting », sur VOA (consultĂ© le ).
- (en-US) « COVID19: IG, AGovC Will Declare COVID19 Ceasefire Only When All Parties Agree To Internationally Binding Terms », sur Cameroon News Agency (consulté le ).
- (en) « Cameroon Military Sweeps Northwest City to Weed Out Separatists », sur VOA (consulté le ).
- Lebledparle.com, « Un « général » ambazonien présente ses excuses aux populations du Nord-ouest et du Sud-ouest », sur Le Bled Parle : L'actualité africaine de derniÚre minute du jour (consulté le ).
- (en-US) Jess Craig, « Separatist Movements in Nigeria and Cameroon Are Joining Forces », sur Foreign Policy (consulté le ).
- (en-US) « Internal crisis threatens IPOB, Cameroon separatist union », sur The Sun Nigeria, (consulté le ).
- (en) « Frontline separatist commander, Capo Daniel, resigns from AGOVC », sur Cameroon News Agency (consulté le )
- (en) « Cameroon: 'Ambazonians' threaten journalists â DW â 05/11/2023 », sur dw.com (consultĂ© le )
- (en) Dionne Searcey, « As Cameroon English Speakers Fight to Break Away, Violence Mounts », The New York Times,â (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consultĂ© le )
- « Ambazonie: nomination d'un successeur au Géneral Ivo », sur CamerounWeb, (consulté le )
- (en) Gareth Browne, « Cameroonâs Separatist Movement Is Going International », sur Foreign Policy (consultĂ© le )
- « « The Lord will fight for us »: les usages de la rhétorique religieuse dans la crise anglophone au Cameroun », sur sciencespo., (consulté le )